A force d’entendre dire (notamment je ne sais plus qui, mais il se disait grand admirateur de Mizayaki, sur le Masque et la Plume il y a un mois) que Ponyo était un dessin animé pour les enfants de cinq ans, j’avais prévu de l’acheter en DVD pour le leur montrer, et puis voilà, en passant hier avec mes deux filles devant un cinéma dont la séance allait débuter, j’ai cédé aux cris de ces dernières.
C’était une bonne idée et j’ai vu le Miyazaki qui m’a le plus convaincu avec
le Voyage de Chihiro. Si j’ai beaucoup aimé Chihiro, c’est pour l’onirisme. Ponyo, c’est plus pour la séduction du dessin et le fait de me sentir, cette fois, complètement en accord avec le cinéaste sur le plan du souci écologique.
J’aime bien les films de Miyazaki, mais son insistance à mettre en conflit les forces de la nature et les hommes, notamment dans
Princesse Mononoké, me le faisait passer pour un de ces intégristes de la Nature et autres bouffeurs de graines qui nous expliquent que l’homme n’est sur terre qu’un animal parmi les autres et ainsi de suite. Bref, je le rangeais un peu comme un misanthrope à la Capitaine Némo, justement. Quand j’ai vu le poisson Ponyo se saisir du jambon de Sôsuke en dédaignant le pain qu’il lui tendait, j’ai déjà été bien rassuré de voir que Miyazaki ne se nourrissait pas de graines comme je le soupçonnais.
Attention : GROS SPOILERS
Je ne sais pas si l’inspiration de Ponyo sur la Falaise vient du tsunami de 2004 ou tout simplement de la volonté de faire un film pour les enfants, donc moins « didactique » que les autres, mais le message de ce film, de la tentation du Capitaine Némo pour aller carrément à la transformation définitive de Ponyo en être humain, me plaît beaucoup.
Un peu comme peut l'évoquer le tsunami qui avait fait 300 000 morts en quelques heures en 2004, Ponyo déclenche une catastrophe naturelle majeure, du fait de la méconnaissance des forces qu’elle déchaîne. Obnubilé par son désir de retrouver son ami Sôsuke, elle provoque un raz-de-marée énorme en déclenchant à l’avance, donc heureusement de façon incomplète, l’expérience que préparait son père, le sorcier Fujimoto, pour redonner à la Terre l’aspect et la faune de l’ère secondaire, à l’époque des dinosaures et avant l’apparition de l’homme.

L’image que j’avais de Miyazaki (et qui est peut-être fausse car je ne connais pas grand-chose de lui), c’était un peu celle d’un Fujimoto occasionnel ou du Capitaine Némo dont il s’inspire visiblement pour ce personnage de sorcier. Mais Fujimoto a des enfants et c’est finalement de façon innocente, et pour devenir un être humain, comme ceux que son père à décidé de détruire, que Ponyo met en route la catastrophe, sans en être consciente d’ailleurs, toute à la joie de retrouver Sôsuke. J’aime beaucoup la façon dont la petite fille à, jusqu’à la toute fin du film et sa transformation définitive, un air sauvage, inconscient, quelquefois dangereux et même un peu monstrueux (sa version poulet entre le poisson et la petite fille).

La façon dont Fujimoto cède le pas à la déesse de la Mer pour rétablir l’équilibre me semble assez juste, d’autant qu’il collabore au projet et qu’il n’était pas si méchant que ça. Harmonie, tout le message du film est là, alors que je sentais souvent la confrontation dans les films précédents. Mais harmonie à retrouver vite, d’où peut-être le « sur la falaise » du titre, comme s’il indiquait que sous la falaise, il y a la chute.
Roy Neary a écrit :De plus, on nous annonçait une épreuve terriblement difficile pour Susuke, dont l'échec causerait la fin de tout, et on aboutit à... "Tu aimes Ponyo, même si tu sais que c'est un poisson ?" "Ben oui, j'aime Ponyo" Et hop, c'est fini ! Mouais...
Ca, ce n’est que la conclusion ! Il y a trois vraies épreuves : le tunnel à traverser, la tentation de rendre Ponyo à son père et le trajet jusqu’à la bulle où il est d’ailleurs aidé par les petits poissons puisque nous sommes sous l’eau et qu’il ne peut pas y avoir de petits oiseaux !
Sinon, cinq ans, c’est trop juste et le critique du Masque et la Plume n'a pas été le voir avec des enfants. Pour celle de huit ans, c’était parfait mais celle de cinq ans n’a rien compris et s’est un peu ennuyée à la fin. Mais elle a quand même bien aimé les images, notamment la montée des méduses au début. Elle trouve aussi que Lisa conduit n'importe comment et elle a bien raison.