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Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 15 mai 10, 12:13
par hansolo
Le Roman d'un tricheur (1936)
Film d'une elegance extreme!
Avec des formules immortelles comme "provision sans chèque", "mon sauveur m'avait guéri de mon vice en me passant le sien" ...
Tout y est remarquable:
- le générique!
- la figuration de l'hécatombe subite d'une famille provençale
- la narration
- l'intégration d'images d'archive
- les mouvements (et absence de mouvement) de caméra
- la séquence sur son épouse (dans le film et dans la vie) simplement envoutante
- l'utilisation du miroir
- les jeux de lumière
J'attends avec impatience de mettre la main sur son "
Pasteur" que j'ai découvert en Vhs il y a quelques années, et toujours introuvable en Dvd
Y a t il un moyen de se le procurer? (je suppose que les droits sont dans le domaine public à présent ...)
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 15 mai 10, 12:47
par Korea
le probleme est que Pasteur , n'existe pas en France sur support dvd, peut etre a l'etranger .
Mais je ne suis pas certains qu'il existe pour le moment en dvd,
donc , comme vous , j'attends la sortie de ce film soit en dvd ou brd.
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 15 mai 10, 14:27
par hansolo
Korea a écrit :le probleme est que Pasteur , n'existe pas en France sur support dvd, peut etre a l'etranger .
Mais je ne suis pas certains qu'il existe pour le moment en dvd,
donc , comme vous , j'attends la sortie de ce film soit en dvd ou brd.
a t il ete diffusé à la TV?
J'ai retrouvé les réferences de la VHS
Pasteur / Sacha Guitry, réal. - cass. vidéo (1 h 11 min) : n. et bl., SECAM ; 1/2 pouce VHS ; Éditeur : René Château, 1996.
etonnant que RC ne l'ai pas édité en Dvd.
D'ailleurs si, comme on peut le penser, les droits du film sont dans le domaine public, qu'est ce qui empeche un éditeur indépendant de le diffuser?
Pour en revenir au
Roman d'un tricheur, en bonus du Dvd, commentaire très interessant de Denys Podalydes sur le cinéma de Guitry, qui mentionne notamment le film en plan fixe "De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain" tourné en 1944; quasiment invisible aujourd'hui.
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 15 mai 10, 18:32
par Miguelito Loveless
Pour en revenir au Roman d'un tricheur, en bonus du Dvd, commentaire très interessant de Denys Podalydes sur le cinéma de Guitry, qui mentionne notamment le film en plan fixe "De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain" tourné en 1944; quasiment invisible aujourd'hui.[/quote]
"De Jeanne d'Arc à Phillipe Pétain" figure dans le coffret DVD "Sacha Guitry-Né pour séduire" édité par LMLR, ainsi que le fameux Ceux de chez nous de 1915 où il a filmé les amis peintres de son père...
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 23 mai 10, 21:59
par hansolo
Suite de mon cycle Guitry:
La Vie d‘un honnête homme (1952)
Satyre sociale assez implacable avec un Michel Simon simplement excellent!
"Je ne sais ce qu'est la vie d‘un coquin, je ne l‘ai jamais été: mais celle d‘un honnête homme est abominable." - Joseph de Maistre.
Une reflexion sur le bonheur & le cynisme.
Petit bémol néanmoins, le jeu des acteurs interpretant le fils et de la fille du notable est en retrait ...
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 1 juin 10, 19:18
par hansolo
Faisons un rêve... (1937)
Le Guitry que j'ai le moins aimé des 3 que j'ai découvert récemment; mais il n'en demeure pas moins un film très agréable
avec une Jacqueline Delubac délicieuse!
Le trio Guitry-Delubac-Raimu est assez souvent irressistible mais il m'est arrivé d'être agacé par le "sur-jeu" de Guitry, notamment au téléphone.
Mais les répliques, comme toujours, font mouche!
Re:
Publié : 3 août 10, 13:31
par joe-ernst
Nestor Almendros a écrit :LE DIABLE BOITEUX (1948)
C'est toujours un grand plaisir de retrouver Guitry, dont ce film m'amène toujours les mêmes remarques, à savoir que c'est (pour moi) un film qui s'écoute davantage qu'il ne se suit comme un film classique. Ici, le scénario ne m'a pas capté autant que les dialogues, même si l'histoire est intéressante. Dans le bonus intéressant (au début) de Jean Douchet, celui-ci fait des remarques extrêmement importantes et que j'ignorais.
Après la guerre, Guitry est mis en prison pour ses relations apparemment sans équivoque avec les allemands pendant l'Occupation. Sa réputation est au plus bas, et il décide quelques années après, de revenir sur le devant de la scène avec une sorte de biopic historique prenant pour sujet un homme conspué à son époque mais qui était en fait un vrai stratège diplomatique au service, d'abord, de son pays. Un personnage dont l'analogie avec Guitry lui-même, et ses mésaventures, sont effectivement évidentes (pour qui était au courant).
Si les dialogues m'enchantent, en revanche j'ai un peu de mal à m'intéresser au scénario sur toute la longueur. J'ai trouvé, par exemple, que le film manquait de plus en plus de rythme au fur et à mesure de sa progression (je ne parle que de la 2e heure).
Mais il est vrai, comme le précise Douchet, que Guitry faisait du cinéma théatralisé. D'où, parfois, un certain sentiment ambigu face à un récit délibérément appuyé, au jeu insistant, aux décors et costumes ouvertement factices. Peut-être est-ce cela qui m'a un peu lassé. Je ne sais pas... En tout cas, si le film n'est pas mon Guitry préféré, je n'ai pas pour autant boudé mon plaisir...
Master Mk2 non restauré (pourquoi ne suis-je pas surpris?). Le télécinéma date visiblement, les poussières, points blancs, etc. sont légion. les blancs sont brûlés, et la copie n'est pas spécialement stable. Mais enfin, c'est déjà pas mal que le film soit dispo en dvd.
Je l'ai visionné hier soir et je suis beaucoup plus enthousiaste que toi. Tout d'abord les dialogues, comme toujours chez Guitry, sont étincellants et je regrettais de ne pas pouvoir les relever au fur et à mesure. C'est un feu d'artifice de l'esprit et de la langue. De plus, de parvenir à rendre toute la complexité du personnage de Talleyrand de manière presque objective est un tour de force et c'est passionnant. Certaines séquences sont épatantes, pour ne pas dire surprenantes. Ainsi cette longue scène de la fête donnée en l'honneur des infants d'Espagne "invités" de la France, avec ce flamenco "endiablé". Je n'ai que deux réserves : tout d'abord Lana Marconi, au jeu ultra limité qu'il en devient presque gênant. Puis les costumes : comment Guitry a-t-il pu accepter des costumes aussi anachroniques pour les femmes, que ce soit ceux de Lana Marconi ou de Jeanne Fusier-Gir ? Pour la première, on a droit à une robe et à une perruque Marie-Antoinette pour sa première scène et à une robe que l'on croirait chipée à la dernière collection de Jacques Fath ou de Lucien Lelong dans la scène de la "présentation" à Napoléon. Quant aux robes et perruques de Jeanne Fusier-Gir, elles sont de style Biedermeier ! Guitry détestait-il la mode Empire, pourtant ravissante ?
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 3 août 10, 23:25
par Federico
Un cinéaste total et totalement à part et de plus un véritable inventeur, un avant-gardiste comme seuls peuvent l'être des artistes (doués) qui passent à la réalisation en venant d'un autre domaine (ce qui fut le cas de Cocteau et aussi de certains acteurs passés à la réalisation).
Le ton Guitry et celui de sa voix peuvent agacer et je comprends ceux qui y sont allergiques. Moi-même, parfois, je trouve qu'il en rajoute. Mais rien que pour Le roman d'un tricheur, Debureau et, celui que je préfère, Le diable boiteux, chapeau bas !
Le Guitry dramaturge et dialoguiste aura énormément influencé un génie comme Lubitsch (qui même le surpassera, à mon avis) et le Guitry cinéaste expérimenta des trouvailles qui se reverront plus tard chez Orson Welles (le générique de fin du Procès en est l'exemple-type) et jusqu'à la Nouvelle Vague (montage excentrique, prise à partie du spectateur...)
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 4 août 10, 15:46
par Rick Blaine
Guitry est également un de mes favoris. Même si la forme et le ton de ses films sont particuliers, je trouve que c'est l'un des grands inventeurs de la grammaire cinématographique.
Pour en revenir au Diable Boiteux, j'aime beaucoup ce film. Ce qui me frappe le plus dans cette œuvre, ainsi que dans tous les films "historiques" de Guitry, c'est le point de vue choisi. Hors histoire du 20ème siècle, il est rare qu'un auteur fasse preuve d'une telle subjectivité face à un sujet historique. On le sait très cultivé, et généralement il ne montre rien, et n'omet rien, par hasard. Ce n'est pas non plus l'homme des adaptations romancées et de la dramatisation de l'histoire, il raconte la plupart du temps des choses vraies, mais toujours pour servir sont propos, pour étayer une vision du monde passé, mais aussi du présent.
Ainsi, il souligne dans le film la proximité de son destin avec celui de de Talleyrand, sans mentir sur le personnage, mais en insistant sur les points qui servent sa thèse. L'exemple le plus flagrant mon sens se trouve dans Napoléon, lorsque Guitry-Talleyrand annonce devant la camera qu'il fera l'impasse sur Trafalgar! Ce n'est pas ce qui l'intéresse et ce n'est pas ce qu'il veut raconter. L'aspect Guitry historien provoque une grande fascination chez moi.
Du coup à propos de la garde robe féminine dans le Diable Boiteux, je ne l'avais pas remarqué, mais je pense que c'est un choix très conscient chez lui, certainement une question de goût ou un choix artistique, peut-être aussi pour lui le moyen de souligner quelque chose, qui m'aura échappé, plus fortement qu'en restant réaliste.
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 4 août 10, 15:54
par joe-ernst
Federico a écrit :Le Guitry dramaturge et dialoguiste aura énormément influencé un génie comme Lubitsch
Pourrais-tu nous en dire plus ? Cela m'intéresse beaucoup. Merci !

Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 4 août 10, 20:26
par Federico
joe-ernst a écrit :Federico a écrit :Le Guitry dramaturge et dialoguiste aura énormément influencé un génie comme Lubitsch
Pourrais-tu nous en dire plus ? Cela m'intéresse beaucoup. Merci !

Si seulement le grand Ernst pouvait encore être parmi nous, ou si j'avais 1/10000000ème de son talent pour répondre correctement à cette question...

Lubitsch a toujours été un admirateur du théâtre de Guitry (jusqu'à - paraît-il - vouloir adapter sa pièce
Debureau pour ses débuts à Hollywood au temps du muet). C'est assez flagrant dans ses grands films à l'élégance boulevardière de très haut luxe, son talent pour filmer une porte sans montrer ce qui se passe derrière mais avec des ellipses si parlantes que c'est comme si le spectateur avait la vision X-Ray de Superman (la scène des bretelles du roi dans
La veuve joyeuse par ex.). Un sens du suspense comique au moins équivalent au suspens dramatique d'Hitchcock (qui lui aussi savait parfois suggérer sans montrer). Et puis qui d'autre que Lubitsch aurait pu faire sienne la fameuse réplique de Guitry répondant à ceux qui l'accusaient d'être léger à l'excès :
"Ne vaut-il pas mieux être excessivement léger qu'excessivement lourd ?".
Il y aussi cet art du sous-entendu qui ne franchit jamais la barrière de la grivoiserie (Lubitsch surpasse même Guitry, parfois plus direct).
Et puis, même si c'est peut-être plus anecdotique, plus d'une comédie de Lubitsch met en scène des milieux et des lieux chers à Guitry (riches oisifs, escrocs élégants, le Gai-Paris, la Riviera...).
La différence - de taille - entre ces deux génies : Lubitsch s'effaçait derrière ses personnages quand Guitry se mettait lui-même en scène et en avant, faisant la roue comme un paon. Tous deux avaient néanmoins en commun la passion des seconds rôles (ou character actors). Les plus excentriques possibles. Le summum ayant été atteint avec l'hilarant Edward Everett Horton, un poème à lui seul. J'allais oublier la touche indispensable d'humour juif Mitteleuropa qui donne la force de rire de presque tout à commencer de soi-même, y compris dans les situations les plus tragiques (cf
To be or not to be).
Mais bon, le mieux est de revoir et ré-écouter les dialogues entre Melvin Douglas et Garbo dans
Ninotchka...
Ninotchka, it's midnight. One half of Paris is making love to the other half.
...Miriam Hopkins dans
Trouble in Paradise...
I want you as a crook. I love you as a crook. I worship you as a crook. Steal, swindle, rob ! Oh, but don't become one of those useless, good-for-nothing gigolos !
...Edward Everett Horton dans
Design for living (mon préféré)...
Immorality may be fun, but it isn't fun enough to take the place of one hundred percent virtue and three square meals a day.
...ou s'adressant à Miriam Hopkins...
- Do you love me?
- Oh, Max, people should not ask that question on their wedding night. It's either too late or too early.
etc. etc.

Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 4 août 10, 20:52
par Federico
Rick Blaine a écrit :Guitry est également un de mes favoris. Même si la forme et le ton de ses films sont particuliers, je trouve que c'est l'un des grands inventeurs de la grammaire cinématographique.
Pour en revenir au Diable Boiteux, j'aime beaucoup ce film. Ce qui me frappe le plus dans cette œuvre, ainsi que dans tous les films "historiques" de Guitry, c'est le point de vue choisi. Hors histoire du 20ème siècle, il est rare qu'un auteur fasse preuve d'une telle subjectivité face à un sujet historique. On le sait très cultivé, et généralement il ne montre rien, et n'omet rien, par hasard. Ce n'est pas non plus l'homme des adaptations romancées et de la dramatisation de l'histoire, il raconte la plupart du temps des choses vraies, mais toujours pour servir sont propos, pour étayer une vision du monde passé, mais aussi du présent.
Ainsi, il souligne dans le film la proximité de son destin avec celui de de Talleyrand, sans mentir sur le personnage, mais en insistant sur les points qui servent sa thèse. L'exemple le plus flagrant mon sens se trouve dans Napoléon, lorsque Guitry-Talleyrand annonce devant la camera qu'il fera l'impasse sur Trafalgar! Ce n'est pas ce qui l'intéresse et ce n'est pas ce qu'il veut raconter. L'aspect Guitry historien provoque une grande fascination chez moi.
Du coup à propos de la garde robe féminine dans le Diable Boiteux, je ne l'avais pas remarqué, mais je pense que c'est un choix très conscient chez lui, certainement une question de goût ou un choix artistique, peut-être aussi pour lui le moyen de souligner quelque chose, qui m'aura échappé, plus fortement qu'en restant réaliste.
Guitry,
ennuyé à la Libération se servit aussi du
Diable boîteux pour régler quelques comptes en interprétant un personnage historique décrié, mondain, subtil, grand amateur de femmes et qui servit plusieurs régimes. En montrant (comme Dumas dans
Le comte de Monte Cristo) la facilité avec laquelle le peuple qui a crié
Vive L'Empereur !, change pour
Vive le Roi !, il visait évidemment les Pétainistes devenus soudain Gaullistes.
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 4 août 10, 22:46
par Rick Blaine
Oui tout à fait, et je trouve qu'il a usé pour cela d'une forme très intéressante, presque unique. Ses "superproductions" historiques (au delà du diable, je pense à Napoleon, Versailles) prennent un forme finalement assez virulente derrière leur aspect de simple résumé de l'histoire de France.
Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 5 août 10, 13:09
par joe-ernst
Merci pour ces commentaires, Federico. Je ne savais pas que Lubitsch avait voulu tourner une adaptation de
Debureau. C'est vraiment très intéressant !

Re: Sacha Guitry (1885-1957)
Publié : 5 août 10, 18:00
par Federico
A écouter dans l'émission de France Culture
Mauriac et Cie croquent la télé, celle du 3 août dernier,
André Bazin croque la télé (2/5) : Sacha Guitry : du cinéma à la télévision. On y entend la voix de Monsieur Môa et un extrait de son documentaire
Ceux de chez nous (le passage sur Renoir) tel que Guitry le commenta en 1953 pour l'émission que lui consacra Frédéric Rossif.
http://www.franceculture.com/emission-m ... -tele.html