A.I. Intelligence Artificielle (Steven Spielberg - 2001)

[Demi-Lune]

Spielberg est du côté de David Lean pour le choix des grands sujets et de Hitchcock pour la mise en scène très découpée, ce qui n'est pas un défaut!

On finit par se rejoindre.
Mais pas sur le fait que la science du découpage de Spielberg serait inférieure à celle de Hitchcock. Je trouve, bien au contraire, que Spielberg est l'un des plus grands cinéastes-monteurs ; son art du découpage est sidérant de maîtrise et de fluidité et la plupart de ses films sont tous là pour en témoigner. Des films comme Duel, Jaws, Raiders, Temple of Doom, Saving Private Ryan, sont presque des manifestes de l'art du montage et du découpage.

[riqueuniee]

En ce qui concerne le film,il n'est pas mal du tout,mais il serait encore meilleur sans la dernière partie, 2000 (?) ans plus tard...

[Demi-Lune]

En ce qui concerne le film,il n'est pas mal du tout,mais il serait encore meilleur sans la dernière partie, 2000 (?) ans plus tard...

Dans ce cas je t'encourage à revoir le film, car pour dire ceci, excuse-moi, c'est que tu es complètement passée à côté d'A.I., riqueuniee.

[Strum]

Structurellement, et du point de vue du rythme, la dernière partie d'A.I. est une aberration. On en ressent donc une gêne à la première vision du film.

Mais sur le plan des émotions (on y pleure comme dans peu de films), de l'esthétique (la dernière journée de David avec sa mère est merveilleusement filmée et découpée), et dialectiquement (sur le plan des idées donc : la dissociation entre le fond (noirceur absolue) et la forme (vernis du conte de fée, mais vernis ô combien menteur) est une idée sensationnelle), cette dernière partie est le vrai sommet du film, sans lequel celui-ci ne serait qu'un très bon film. Et cela, on ne s'en aperçoit qu'à la deuxième ou troisième vision. C'est un peu comme dans certains grands romans (je pense à Dostoïevski) où des défauts structurels évidents sont paradoxalement ce qui leur donne toute leur puissance émotionnelle. Ou dans certains développements de livres de philosophie, où chaque nouvelle partie semble nier ou surmonter le sens de la précédente. A.I., c'est la même chose, dès que l'on croit s'être installé confortablement dans une partie du film, une brutale césure esthétique nous pousse dans la suivante et l'on ne sait plus quoi penser. A.I., c'est comme les soubresauts d'un voyage qui nous emmène vers une ultime vérité que l'on aimerait bien ne pas savoir : les contes de fées n'existent pas et le cinéma nous ment. Et aussi : le cinéma, et par extension l'Art, c'est tout ce qui restera du passé, tout ce qui restera de nous - et c'est peut-être ce qui nous rachètera. Car dans A.I., à la fin, les intelligences artificielles mettent en scène David avec le fantôme de sa mère, tournent un petit film avec lui comme héros (un film dans le film donc) en hommage à l'Humanité, qui a disparu de la surface de la Terre.

C'est la dernière partie de A.I. qui en fait un film si marquant, qui en fait ce chef-d'oeuvre étrange et pénétrant bercé par la musique prodigieuse de John Williams.

[ballantrae]

Strum, tu commences à me persuader de le revoir si tu convoques la structure des romans de Dostoievki, j'ai dû manquer un épisode lors de la sortie du film. L'histoire de l'ellipse "2000 ans après" m'avait bien sidéré à l'époque ...mais pas en bien! Le contraire de l'ellipse permettant la transition de la préhistoire à l'espace dans 2001où tout est élégant, évident, plastiquement abouti.
Va falloir le guetter sur le cable !
Petite demande un peu hors sujet , je profite de l'intervention de demi lune sur le montage: si vous deviez illustrer pour un néophyte les différents types de montage, quels extraits choisiriez-vous?

[hansolo]

C'est la dernière partie de A.I. qui en fait un film si marquant, qui en fait ce chef-d'oeuvre étrange et pénétrant bercé par la musique prodigieuse de John Williams.

Rien a ajouter ...
Un immense film qui se conclue par un Everest cinématographique ... peu de films atteignent leur point culminant dans les dernieres minutes et même secondes comme A.I. !
Ca me donne envie de le revoir tiens

[AtCloseRange]

En ce qui concerne le film,il n'est pas mal du tout,mais il serait encore meilleur sans la dernière partie, 2000 (?) ans plus tard...

Dans ce cas je t'encourage à revoir le film, car pour dire ceci, excuse-moi, c'est que tu es complètement passée à côté d'A.I., riqueuniee.

Tiens, ça faisait longtemps...

[Flol]

C'est la dernière partie de A.I. qui en fait un film si marquant, qui en fait ce chef-d'oeuvre étrange et pénétrant bercé par la musique prodigieuse de John Williams.

'nuff said.
La 1ère fois, j'avais moi aussi été surpris par cette fin, qui m'avait paru "de trop" ; alors qu'aujourd'hui, elle rend le film encore plus fascinant, et sa mélancolie sourde me bouleverse à chaque vision.

[Jericho]

En ce qui me concerne, A.I. est à 100 % un film de Spielberg, que ce soit du point de vue de la sensibilité, des thèmes ou de l'aspect formel. C'est aussi un film qui m'a plus ému que n'importe quel film de Kubrick.

Je pense aussi que Kubrick n'aurait pas pu retranscrire à merveille le flot d'émotions qu'il aurait voulu voir sur un tel sujet. Et il me semble qu'il en avait parfaitement conscience, puisqu'il a préféré que ce soit Spielberg qui le réalise (lui qui est un spécialiste de la chose).
A.I n'est pas le film de Spielberg que je préfère, néanmoins il demeure très intéressant et il gagne en valeur au fil des visions.
D'ailleurs, la première fois que je l'ai vu au ciné, je rejetais en bloc la toute dernière partie du métrage (ce qui suit après que David soit "piégé" au fond des eaux). Je la jugeais inutile et trop larmoyante. Désormais je pense le contraire, c'est parfaitement cohérent et je pleure comme une madeleine.

[Jihl]

Structurellement, et du point de vue du rythme, la dernière partie d'A.I. est une aberration. On en ressent donc une gêne à la première vision du film.

Pas forcément, j'ai découvert le film il y a environ un mois. Je ne l'avais jamais vu et ça ne m'a pas du tout gêné. J'ai été, comme certains ici, totalement bouleversé par cette dernière partie.
En fait, elle me fait penser, dans un autre genre, à la fin d'un autre film de Spielberg : celle de La liste de Schindler. Toute en rupture et en émotion.

Sinon sur le film dans son ensemble, moi aussi je le place très haut (dans mon top 100), le film souffrant juste un peu dans sa partie centrale (la foire à la chair et plus globalement le personnage de Joe) ; mais la fin emporte tout. 9/10

[hansolo]

Structurellement, et du point de vue du rythme, la dernière partie d'A.I. est une aberration. On en ressent donc une gêne à la première vision du film.

Pas forcément, j'ai découvert le film il y a environ un mois. Je ne l'avais jamais vu et ça ne m'a pas du tout gêné. J'ai été, comme certains ici, totalement bouleversé par cette dernière partie.

Idem, j'ai découvert le film sur le tard, à la TV (je crois me souvenir que c'etait en 2eme partie de soirée sur TF1, dire a quel point le film présentait une faible perspective d'audience ) ... à ce moment là j'ai regretté de ne l'avoir pas découvert au ciné.
Pour moi un des tous meilleurs Spielberg et un immense film!
La fin m'a toujours fait fondre

[Demi-Lune]

J'ai relu le topic rapidement et concernant la question "extraterrestres ou pas extraterrestres?" (absolument pas, les entités de la fin sont l'évolution ultime de l'intelligence artificielle, à la recherche de la connaissance et de la compréhension de leurs Pères, et tout le propos final tourne précisément autour de ça), je me permets de rappeler ce plan particulièrement signifiant, tout premier qui met en scène David et qui appuie visuellement la filiation métaphorique qui va le lier, en tant que dernier représentant d'une "race" éteinte, à ces derniers habitants de la Terre :



Ce plan n'est d'ailleurs que l'un des nombreux exemples de répétitions visuelles qui s'entre-répondent, guident le propos et prophétisent les évènements à venir, comme par exemple ce point de vue quasi démiurgique que l'on retrouve épisodiquement, surplombant, sous un prisme circulaire, la destinée de David.

Sinon, en réponse au topic "Quel fut le dernier chef-d'oeuvre de l'Histoire du cinéma ?", pour l'avoir revu il y a peu, je n'ai plus crainte à dire que c'est clairement pour moi A.I. Il n'y a rien eu, depuis, de plus total, de plus... vertigineux.

[Jordan White]

Sinon, en réponse au topic "Quel fut le dernier chef-d'oeuvre de l'Histoire du cinéma ?", pour l'avoir revu il y a peu, je n'ai plus crainte à dire que c'est clairement pour moi A.I. Il n'y a rien eu, depuis, de plus total, de plus... vertigineux.

Je pensais pourtant, non pas au point d'en mettre ma main au feu certes, que tu aurais dit Jennifer's Body.

[riqueuniee]

Structurellement, et du point de vue du rythme, la dernière partie d'A.I. est une aberration. On en ressent donc une gêne à la première vision du film.

Pas forcément, j'ai découvert le film il y a environ un mois. Je ne l'avais jamais vu et ça ne m'a pas du tout gêné. J'ai été, comme certains ici, totalement bouleversé par cette dernière partie.
En fait, elle me fait penser, dans un autre genre, à la fin d'un autre film de Spielberg : celle de La liste de Schindler. Toute en rupture et en émotion.

Sinon sur le film dans son ensemble, moi aussi je le place très haut (dans mon top 100), le film souffrant juste un peu dans sa partie centrale (la foire à la chair et plus globalement le personnage de Joe) ; mais la fin emporte tout. 9/10

la fin de la liste de Schindler n'a pas grand chose à voir à mon avis.Il y a , dans la séquence finale qui se déroule dans nos jours, un hommage à Schindler.Quant à la rencontre avec le soldat, et l'allusion (plus ou moins ) à une "terre promise", ça m'a plutôt fait penser à la fin de Korczak de Wajda, film dont l'esthétique est d'ailleurs comparable (Spielberg a tourné en Pologne, et une partie de l'équipe technique est la même).
Je trouve au contraire (pour en revenir à A.I.) la partie centrale très intéressante.

[ballantrae]

L'émotion de la fin que vous êtes nombreux à avoir pu expérimenter, je l'ai ressentie pour ma part à la fin de Benjamin Button comme si le grandiose se résumait ainsi à un intime dernier regard. Ce Fincher jugé froid, distant par nombre de critiques m'avait alors arraché de vraies larmes!Désolé pour ce hors sujet!