Eric Rohmer (1920-2010)
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Plus haut , je voulais dire " à l'aimer" : je n'ai pas la prétention d'avoir "aidé" Rohmer (sic)!!!!
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Heureux lycéens !ballantrae a écrit :Conte d'été étant l'oeuvre à étudier pour l'option bac cette année
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Ah oui ! A ce propos, il existe un document inestimable sur ce film : La Fabrique du Conte d'été, film de Jean-André Fieschi et Françoise Etchegaray, réalisé au moment du tournage de Conté d'été... On y voit le maître au travail, bien sûr. Des moments rares, aussi passionnant que le fameux Eric Rohmer, preuves à l'appui, de la collection "Cinéastes de notre temps". Très rare, ce document de près de 2H00 (absolument passionnant, j'insiste) est disponible en bonus sur le DVD du Conte d'été édité par le CNDP (moins de 10€ !).Jeremy Fox a écrit :Heureux lycéens !ballantrae a écrit :Conte d'été étant l'oeuvre à étudier pour l'option bac cette année
>>> http://www.sceren.com/cyber-librairie-c ... prod=19892
C'est surtout Marie Rivière qui est à tout jamais liée au Rayon vert... Au-delà de la coquille, c'est amusant de voir comment on confond souvent les deux actrices, alors qu'elles sont très dissemblables, tant sur le plan physique que sur celui du jeu d'actrice... Rohmer dit même, à propos de Romand (sa diction en tout cas), qu'il la rapprocherait d'un... Fernandel ! Du coup, l'association (à parts égales) de Rivière et Romand, dans Conte d'automne est, pour moi, un sommet à plus d'un titre :ballantrae a écrit :Béatrice Romand à tout jamais liée au Rayon vert...
- le film boucle la boucle des "séries" (c'est le dernier film du dernier des cycles rohmeriens : après, Rohmer ne fera, effectivement, plus que des films historiques) ;
- c'est donc l'adieu de Rohmer à une certaine forme de cinéma (dans ces conditions, il n'est donc pas anodin que, pour une fois, les héroïnes ne soient pas des jeunes filles en fleur... puisqu'il s'agit d'automne, puisqu'il s'agit de dire "adieu"...) ;
- c'est "bien" que cela se fasse avec la complicité de Marie Rivière et Béatrice Romand : qui, plus que ces deux-là, symbolisent mieux le cinéma d'Eric Rohmer ?
Info de première importance, pour moi !! On a une date pour ça ???ballantrae a écrit :Antoine de Baecque et Noel Herpe (...) coauteurs d'une bio à venir )
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Et quel adieu ! Quel fabuleux résumé de son style. Un sommet en ce qui me concerneAmarcord a écrit : Du coup, l'association (à parts égales) de Rivière et Romand, dans Conte d'automne est, pour moi, un sommet à plus d'un titre :
- le film boucle la boucle des "séries" (c'est le dernier film du dernier des cycles rohmeriens : après, Rohmer ne fera, effectivement, plus que des films historiques) ;
- c'est donc l'adieu de Rohmer à une certaine forme de cinéma (dans ces conditions, il n'est donc pas anodin que, pour une fois, les héroïnes ne soient pas des jeunes filles en fleur... puisqu'il s'agit d'automne, puisqu'il s'agit de dire "adieu"...) ;
- c'est "bien" que cela se fasse avec la complicité de Marie Rivière et Béatrice Romand : qui, plus que ces deux-là, symbolisent mieux le cinéma d'Eric Rohmer ?
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Quatre aventures de Reinette et Mirabelle
Un Rohmer très agréable et souvent surprenant, brillant par la fraîcheur et la vivacité de ses dialogues (le garçon de café, la vente du tableau avec un irrésistible Luchini). Chaque scène vit pour elle-même, avec ses virages inattendus, tout en apportant un regard approfondi sur les protagonistes. Rohmer se garde de tout jugement hâtif et remet toujours en cause des vérités apparentes.
Je regrette simplement le découpage un peu trop abrupt des aventures (et quelques faiblesses dans le premier épisode), ainsi qu'un agacement vis à vis du jeu outré de Joëlle Miquel. C'est forcément lié aux contraintes de son rôle, mais Jessica Forde me semble plus naturelle et convaincante.
Un Rohmer très agréable et souvent surprenant, brillant par la fraîcheur et la vivacité de ses dialogues (le garçon de café, la vente du tableau avec un irrésistible Luchini). Chaque scène vit pour elle-même, avec ses virages inattendus, tout en apportant un regard approfondi sur les protagonistes. Rohmer se garde de tout jugement hâtif et remet toujours en cause des vérités apparentes.
Je regrette simplement le découpage un peu trop abrupt des aventures (et quelques faiblesses dans le premier épisode), ainsi qu'un agacement vis à vis du jeu outré de Joëlle Miquel. C'est forcément lié aux contraintes de son rôle, mais Jessica Forde me semble plus naturelle et convaincante.

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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
J'ai assisté au festival de Sarlat et ai rencontré lors de conférences et ateliers sa productrice F Etchegaray ( je confirme que son docu La fabrqiue du conte d'été est important pour comprendre le système Rohmer mais aussi la création cinématographique: rohmer est une invitation fabuleuse à créer en maîtrisant le facteur économique, en pliant la machine à ses volontés), Béatrice Romand et Diane Baratier.
J'ai filmé ces moments et pourrai vous en relater qqs morceaux choisis après revisionnage et transcription.
Conférence passionnante de Noel Herpe sur Conte d'été et sur Rohmer en général: biographie à venir coécrite avec A de Baecque car tous deux ont un accès privilégié aux archives de la famille.
Revu sur grand écran L'Anglaise et le duc, La collectionneuse, Conte d'été.
Je vous reparle de tout cela sous peu, chers rohmeriens!
J'ai filmé ces moments et pourrai vous en relater qqs morceaux choisis après revisionnage et transcription.
Conférence passionnante de Noel Herpe sur Conte d'été et sur Rohmer en général: biographie à venir coécrite avec A de Baecque car tous deux ont un accès privilégié aux archives de la famille.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Tiens, c'est marrant : c'est, pour moi, le meilleur épisode, et de très loin... Eric Rohmer flirte ici avec une forme de "fantastique naturaliste" qui est assez inhabituel chez lui (hormis dans Le Rayon vert et son célèbre plan final) et qui me fascine. Je trouve que L'Heure bleue est vraiment l'un des plus beaux moments de tout le cinéma de Rohmer (j'adore aussi comment il montre l'apaisement qu'apporte la nature, le bien-être qui s'en dégage).Joe Wilson a écrit :Quatre aventures de Reinette et Mirabelle
(et quelques faiblesses dans le premier épisode),
Pour moi, c'est le GROS point faible du film : je crois que c'est l'héroïne rohmérienne la plus insupportable (quelle tête à claques !) qui se puisse trouver, ex-aequo avec le personnage d'Esther des très médiocres Rendez-Vous de Paris... Jessica Forde, à côté, est effectivement plus convaincante, et pourtant très peu "rohmérienne" au sens classique : elle est plutôt froide (en tout cas très peu chaleureuse), distante, limite antipathique... bref, très loin de l’habituelle nymphette fragile et évaporée qu'on croise généralement chez Rohmer. Mais ça fonctionne parfaitement ! En cela, elle apporte une touche d'originalité supplémentaire au film... Et elle est, en plus, très charmante... ce qui ne gâche rien !Joe Wilson a écrit :ainsi qu'un agacement vis à vis du jeu outré de Joëlle Miquel.

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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
"Très inhabituel"? Pourtant un bon paquet de titres de films du Vieux flirtent justement avec les signes du surnaturel que recèle la nature: voir les Elizabeth-Teissieresques "Signe du Lion", "Les nuits de la pleine lune", "Le Rayon vert". On parle du réalisateur le plus terrien et le plus chargé de spiritualité et cela de la façon la plus logiquement indissociable, celui qui nous dit que c'est justement la nature la plus nue, la plus prosaïque qui recèle des signes du monde invisible. C'est sans doute pour cela que les héros de Rohmer sont si joueurs: ils "jouent" à la discussion ou guettent un signe du destin (Perceval, Rayon vert, Conte d'Hiver, Ma nuit chez Maud) qu'ils essaient même de provoquer par la magie (le héros de l'Amour l'après-midi).Amarcord a écrit :Tiens, c'est marrant : c'est, pour moi, le meilleur épisode, et de très loin... Eric Rohmer flirte ici avec une forme de "fantastique naturaliste" qui est assez inhabituel chez lui (hormis dans Le Rayon vert et son célèbre plan final) et qui me fascine. Je trouve que L'Heure bleue est vraiment l'un des plus beaux moments de tout le cinéma de Rohmer (j'adore aussi comment il montre l'apaisement qu'apporte la nature, le bien-être qui s'en dégage).Joe Wilson a écrit :Quatre aventures de Reinette et Mirabelle
(et quelques faiblesses dans le premier épisode),
Allons allons allons! Elle est très bien cette actrice! Et ROHMER N'EST JAMAIS MEDIOCRE, ah mais!Pour moi, c'est le GROS point faible du film : je crois que c'est l'héroïne rohmérienne la plus insupportable (quelle tête à claques !) qui se puisse trouver, ex-aequo avec le personnage d'Esther des très médiocres Rendez-Vous de ParisJoe Wilson a écrit :ainsi qu'un agacement vis à vis du jeu outré de Joëlle Miquel.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Les exemples que tu donnes n'entrent pas dans le cadre de ce que je dis. Citer des titres ("Signe du Lion", "Les nuits de la pleine lune"), OK, pourquoi pas... Mais le contenu des films correspondant à ces titres, lui, n'a jamais une dimension aussi directement fantastique que le dernier plan du Rayon vert ou ce moment si particulier de "l'heure bleue", capté "in vivo" dans le film correspondant. Les nuits de la pleine lune est un film très urbain, très contemporain (à tel point que beaucoup, notamment ici, le trouvent désormais daté... Ce qui n'est pas mon cas, je m'empresse de le dire). On n'a pas vraiment, dans ce film (pas plus que dans Le Signe du lion), la sensation, à un moment précis, de basculer dans le fantastique... en tout cas jamais aussi ouvertement que dans les deux exemples que je donne.yaplusdsaisons a écrit : "Très inhabituel"? Pourtant un bon paquet de titres de films du Vieux flirtent justement avec les signes du surnaturel que recèle la nature: voir les Elizabeth-Teissieresques "Signe du Lion", "Les nuits de la pleine lune", "Le Rayon vert". On parle du réalisateur le plus terrien et le plus chargé de spiritualité et cela de la façon la plus logiquement indissociable, celui qui nous dit que c'est justement la nature la plus nue, la plus prosaïque qui recèle des signes du monde invisible. C'est sans doute pour cela que les héros de Rohmer sont si joueurs: ils "jouent" à la discussion ou guettent un signe du destin (Perceval, Rayon vert, Conte d'Hiver, Ma nuit chez Maud) qu'ils essaient même de provoquer par la magie (le héros de l'Amour l'après-midi).
Quant au Conte d'hiver, sa fin relève pour moi plus du miraculeux (à la rigueur du merveilleux), mais pas vraiment du fantastique.
Reste ton exemple de L'Amour l'après-midi : OK, je te l'accorde, il y a, dans ce film, une séquence effectivement "magique" (celle où l'on voit défiler les héroïnes des précédents films de Rohmer) qui, elle, entrerait bien dans ma conception du "fantastique rohmérien".
En fait, je parlais plus d'un fantastique qui s'impose au personnage (voir l'étonnement ou la sidération des héroïnes du Rayon vert et de L'Heure bleue, à l'instant T) que d'un "jeu" auquel joueraient les personnages (car ça, effectivement, c'est pour ainsi la base même du cinéma de Rohmer... personne ne songerait à te dire le contraire, je pense).
Euh... non.yaplusdsaisons a écrit :Allons allons allons! Elle est très bien cette actrice!
Assez d'accord avec ça... A tel point que c'est à se demander si c'est bien Rohmer lui-même qui a signé le film, et non pas un jeune membre de la Compagnie Eric Rohmer...yaplusdsaisons a écrit :Et ROHMER N'EST JAMAIS MEDIOCRE, ah mais!
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Je ne saisis pas tellement ce que tu appelles "fantastique" (le rayon vert est un phénomène physique qui n'a en soi rien de fantastique); en fin de compte, s'il y a effectivement du fantastique, c'est moins dans ce que l'on voit à l'écran que ce qui est expliqué par un protagoniste à un moment:Amarcord a écrit : En fait, je parlais plus d'un fantastique qui s'impose au personnage (voir l'étonnement ou la sidération des héroïnes du Rayon vert et de L'Heure bleue, à l'instant T) que d'un "jeu" auquel joueraient les personnages (car ça, effectivement, c'est pour ainsi la base même du cinéma de Rohmer... personne ne songerait à te dire le contraire, je pense).
-dans les Nuits de la pleine Lune, il y a un monologue didactique de la part de Lazlo Szabo qui explique selon lui ce que sont ces fameuses nuits;
-dans le Rayon Vert, un vieil érudit parle du rayon vert, et ensuite le personnage principal à la toute fin du film
-dans l'Heure bleue, ce qui donne le vertige c'est d'abord l'explication qu'en donne la jeune campagnarde
-je reviens au Signe du Lion: à un moment le héros parle de ce signe, très rapidement
Ce qui compte ici au risque de me répéter n'est pas tant ce que l'on voit, que ce que l'on nous invite à voir. Ici le fantastique n'est jamais donné, c'est d'abord une vision du monde de la part d'un des personnages; le miracle alors, ce n'est pas que cela arrive, c'est d'abord qu'ils y croient ou qu'ils aient les sens suffisamment aiguisés pour le voir et le faire sentir.
Chafouin!Euh... non.yaplusdsaisons a écrit :Allons allons allons! Elle est très bien cette actrice!
Assez d'accord avec ça... A tel point que c'est à se demander si c'est bien Rohmer lui-même qui a signé le film, et non pas un jeune membre de la Compagnie Eric Rohmer...yaplusdsaisons a écrit :Et ROHMER N'EST JAMAIS MEDIOCRE, ah mais!
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Médiocres Les RDV de Paris, c'est un peu excessif...mais plus mineurs que d'autres titres sûrement et cela n'a rien à voir avec l'économie du film ( tout aussi fauché, L'arbre, le maire et la médiathèque est magnifique et surprend encore après bien des virages) mais avec l'envergure du projet effectivement lié à la compagnie ER ( pour l'écriture sûrement) mais quand même pas délégué à un autre!!!
Conte d'automne à la revoyure m'a vraiment passionné par son aspect effectivement conclusif et rétrospectif, comme si le temps avait rattrapé un cinéaste qui n'avait cessé de travailler à contretemps ( carrière tardive, scénarii tournés des décennies après leur écriture, fascination pour les jeunes femmes, dialogues souvent d'un autre temps, etc...).
Et je ne vanterai jamais assez son impressionnante trilogie historique qui finit génialement et de manière ambitieuse un parcours atypique.
Conte d'automne à la revoyure m'a vraiment passionné par son aspect effectivement conclusif et rétrospectif, comme si le temps avait rattrapé un cinéaste qui n'avait cessé de travailler à contretemps ( carrière tardive, scénarii tournés des décennies après leur écriture, fascination pour les jeunes femmes, dialogues souvent d'un autre temps, etc...).
Et je ne vanterai jamais assez son impressionnante trilogie historique qui finit génialement et de manière ambitieuse un parcours atypique.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Oui, pour Les Nuits de la pleine Lune, mais dans Le Rayon vert, il n'y a pas que le vieil érudit, ou le phénomène purement physique du rayon vert final : il y aussi l'apparition, sur l'itinéraire de Delphine, de cartes, qu'elle ramasse et interprète comme autant de signes que le destin place sur son chemin... Ce n'est pas juste un personnage qui explique quelque chose, ça. Sans compter la présence, à chaque carte rencontrée, de musique (si je dis "très inhabituel" là aussi, tu vas me reprendre ? Ose !yaplusdsaisons a écrit :Je ne saisis pas tellement ce que tu appelles "fantastique" (le rayon vert est un phénomène physique qui n'a en soi rien de fantastique); en fin de compte, s'il y a effectivement du fantastique, c'est moins dans ce que l'on voit à l'écran que ce qui est expliqué par un protagoniste à un moment:.

Je ne vois pas d'équivalent dans Les Nuits de la pleine lune (ni ailleurs, d'ailleurs).
Sauf que ça ne prend son sens qu'avec la scène finale (et surtout le silence que cela implique, surtout ce silence...) : pour moi, il est plutôt là, le vertige, pas dans l'explication en soi.yaplusdsaisons a écrit :-dans l'Heure bleue, ce qui donne le vertige c'est d'abord l'explication qu'en donne la jeune campagnarde
Oui, bon, d'accord...yaplusdsaisons a écrit :-je reviens au Signe du Lion: à un moment le héros parle de ce signe, très rapidement

Sauf dans le cas du Rayon vert, précisément (ou la scène de L'Amour l'après-midi évoquée plus haut), où l'intervention (terriblement incongrue dans un film de Rohmer) de la musique me paraît changer radicalement la donne.yaplusdsaisons a écrit :Ce qui compte ici au risque de me répéter n'est pas tant ce que l'on voit, que ce que l'on nous invite à voir. Ici le fantastique n'est jamais donné, c'est d'abord une vision du monde de la part d'un des personnages
On le dit, en effet !yaplusdsaisons a écrit :Chafouin!


Ton avatar me fait penser qu'il y aurait aussi beaucoup à dire du fantastique rivettien, mais c'est une autre histoire...

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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
On peut l'expliquer par la personnalité de l'héroïne du Rayon Vert: moins cultivée et parlant moins facilement que les autres, de fait moins capable de se donner l'illusion de contrôler son destin, elle puise des signes qui lui donnent l'impression que le monde est cohérent et qu'elle connaîtra le salut un jour (la musique est un élément de dramatisation, tout comme ces petites cartes: elle suggère qu'il est peut-être en train de se passer quelque chose mais sans dire quoi; la partition est d'ailleurs une espèce de gag). Donc s'il y a fantastique, cela me semble subordonné au portrait d'une jeune fille superstitieuse.Amarcord a écrit :Oui, pour Les Nuits de la pleine Lune, mais dans Le Rayon vert, il n'y a pas que le vieil érudit, ou le phénomène purement physique du rayon vert final : il y aussi l'apparition, sur l'itinéraire de Delphine, de cartes, qu'elle ramasse et interprète comme autant de signes que le destin place sur son chemin... Ce n'est pas juste un personnage qui explique quelque chose, ça. Sans compter la présence, à chaque carte rencontrée, de musique (si je dis "très inhabituel" là aussi, tu vas me reprendre ? Ose !yaplusdsaisons a écrit :Je ne saisis pas tellement ce que tu appelles "fantastique" (le rayon vert est un phénomène physique qui n'a en soi rien de fantastique); en fin de compte, s'il y a effectivement du fantastique, c'est moins dans ce que l'on voit à l'écran que ce qui est expliqué par un protagoniste à un moment:.). On ne saurait mieux souligner, spécialement chez Rohmer, le fantastique que par l'intervention de cet élément qui se situe en dehors de la "réalité" montrée à l'écran.
Je ne vois pas d'équivalent dans Les Nuits de la pleine lune (ni ailleurs, d'ailleurs).
Il faudrait que je revoie ce film, mais on est certainement d'accord au fond: le discours et les faits s'appuient mutuellement quand bien même leur lien est dérisoire.Sauf que ça ne prend son sens qu'avec la scène finale (et surtout le silence que cela implique, surtout ce silence...) : pour moi, il est plutôt là, le vertige, pas dans l'explication en soi.yaplusdsaisons a écrit :-dans l'Heure bleue, ce qui donne le vertige c'est d'abord l'explication qu'en donne la jeune campagnarde
Il dit "c'est le signe le plus noble" et que c'est le sien: c'est donc un personnage qui d'une certaine manière croit au monde invisible (il me semble d'ailleurs que la caméra oblique vers les étoiles pour le tout dernier plan)Oui, bon, d'accord...yaplusdsaisons a écrit :-je reviens au Signe du Lion: à un moment le héros parle de ce signe, très rapidement![]()
Oui mais cette musique est indéchiffrable et signifie délibérément tout et rien. Elle a peut-être un sens dans un monde invisible ou pour une âme superstitieuse, mais en l'état c'est juste un chapelet de notes arbitrairement choisies, presqu'à la faveur d'un coup de tête.Sauf dans le cas du Rayon vert, précisément (ou la scène de L'Amour l'après-midi évoquée plus haut), où l'intervention (terriblement incongrue dans un film de Rohmer) de la musique me paraît changer radicalement la donne.yaplusdsaisons a écrit :Ce qui compte ici au risque de me répéter n'est pas tant ce que l'on voit, que ce que l'on nous invite à voir. Ici le fantastique n'est jamais donné, c'est d'abord une vision du monde de la part d'un des personnages
Excuse-moi d'y revenir mais pour moi, le fantastique est précisément le monde le plus déchiffrable puisqu'il s'agit de la part d'étrange que l'on dérobe au destin, au hasard ou encore à Dieu, et cela afin d'en jouer et de l'apprivoiser; tandis que le surnaturel a des lois qui par définition nous échappent. On peut penser que c'est le même écart qui oppose l'énigme et le mystère: l'une appelle une réponse et l'autre non.
Il en va de même pour ce qui regarde la passion pour la logique chez certains personnages: ils exercent leur lucidité par jeu, agissent sur une décision arbitraire ou délibérément folle pour tenter de conjurer l'imprévisible avec les mêmes armes, or "un coup de dés jamais n'abolira le hasard" (cela n'est sans doute pas fortuit si Rohmer a consacré un documentaire à Mallarmé)
Rivette j'ai la trouille d'en parler. Mais là pour le coup, si je repense aux films que je connais bien de lui comme Céline et Julie ou l'Amour par terre, on est en plein dans un certain fantastique.Ton avatar me fait penser qu'il y aurait aussi beaucoup à dire du fantastique rivettien, mais c'est une autre histoire...
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Bien vu... Pareil pour moi, j'aime ce film qui accueille la maturité à bras ouverts. Encore un pas et Rohmer faisait du Sautet gaiballantrae a écrit : Conte d'automne à la revoyure m'a vraiment passionné par son aspect effectivement conclusif et rétrospectif, comme si le temps avait rattrapé un cinéaste qui n'avait cessé de travailler à contretemps ( carrière tardive, scénarii tournés des décennies après leur écriture, fascination pour les jeunes femmes, dialogues souvent d'un autre temps, etc...).

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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
yaplusdsaisons a écrit :dans l'Heure bleue, ce qui donne le vertige c'est d'abord l'explication qu'en donne la jeune campagnarde
Amarcord a écrit :Sauf que ça ne prend son sens qu'avec la scène finale (et surtout le silence que cela implique, surtout ce silence...) : pour moi, il est plutôt là, le vertige, pas dans l'explication en soi.
On a beau te dire qu'une fraise rouge, c'est meilleur qu'une fraise verte, tant que t'as pas gouté, t'as rien compris.Il faudrait que je revoie ce film, mais on est certainement d'accord au fond: le discours et les faits s'appuient mutuellement quand bien même leur lien est dérisoire.
Rainette évoque son enfance, puis dit que le silence fait peur, compare la minute de silence au moment où tombe la sentence au tribunal: "ou c'est la vie, ou c'est la mort", parle d'heure bleue et de fin du monde, et ça, ça fait peur dit-elle ! Et finit sur une leçon de pragmatisme en citant les paysans : "De toute manière, demain il fera jour".
On est bien dans le fantastique pour moi, mais la scène final ne fonctionne qu'en miroir avec le passage où Rainette se met en colère et pleure de frustration parce que la minute de silence a été gâchée par un bruit de moteur. La minute de silence finale n'est rendue assourdissante si je peux permettre, que par la cacophonie de la première minute de silence ratée.
Bref, vous avez tord tous les deux.

Par contre je ne comprends pas pourquoi Rohmer fait tromper le paysan sur la météo à venir ?
Et je me demande si Rainette n'est pas une sorte d'Alice au pays des merveilles mais je n'ai jamais lu l'œuvre de Lewis Carroll. Et d'ailleurs elle ne me tente pas beaucoup.