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Re: Erotik topic

Publié : 14 janv. 13, 20:32
par pak
hellrick a écrit :Années ’70 oblige, les hommes sont, forcément, moustachus et les chattes poilues...
Dois-je comprendre que la présence de poils anarchiques est un critère rédhibitoire ?

Et moi je dis, y en a marre des abricots impecs, des tickets de métros divers et des torses de Big Jim ! Vive le poil, car le poil, c'est la vie, la vraie !


Heu... je dis ça, mais je regarde jamais de porno moi... M'enfin, presque jamais...

Hum, je, heu, :arrow:

Re: Erotik topic

Publié : 15 janv. 13, 11:47
par hellrick
pak a écrit :
hellrick a écrit :Années ’70 oblige, les hommes sont, forcément, moustachus et les chattes poilues...
Dois-je comprendre que la présence de poils anarchiques est un critère rédhibitoire ?
Pas nécessairement, je ne suis pas spécialement friand des poupées gonflées actuelles...(d'ailleurs le X actuel ne m'intéresse pas du tout)
C'est juste qu'ici le film ne met jamais en valeur les "comédien(ne)s" et rend le tout complètement non érotique.
Ce qui est quand même un comble :wink:

Re: Erotik topic

Publié : 15 janv. 13, 13:05
par Federico
Bon, ben je vais réconcilier les (a)mateurs de dépoilades 70's : le très sérieux Atelier de la création a dernièrement fourni Il était une fois John C. Holmes, documentaire/essai radiophonique sur la star masculine du X dont la vie plus que tourmentée inspirera les films Boogie nights et Wonderland. Ça se passe bien entendu sur... France Cul. :wink:

Re: Erotik topic

Publié : 25 janv. 13, 11:54
par hellrick
LES ORGIES DE RASPOUTINE
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En 1983, le petit monde du porno a déjà sombré dans les abîmes des tournages vidéo et des « films » sans inspiration commercialisé à la chaîne. Pourtant, un petit groupe résiste encore, quasiment seul contre tous, mené par l’Autrichien Ernst Hofbauer (qui décèdera l’année suivante). Refusant la facilité de la vidéo, le cinéaste s’accroche aux tournages en 35 millimètres et aux productions prestigieuses, dans la lignée de la rafraichissante saga JOSEFINE MUTZENBACHER qui fit la renommée de la comédie porno en costumes pendant une quinzaine d’années. Pour ce qui sera son dernier film, Ernst Hofbauer voit grand et, aidé à la réalisation par Klaus König, se lance dans l’adaptation de la vie incroyable de Grigori Raspoutine. La même année on retrouve une équipe identique à la tête (à queue, oui c’était facile), du porno allemand le plus cher et le plus ambitieux de tous les temps, CATHERINE LA TSARINE NUE, exploité en deux parties vue sa durée déraisonnable (3 heures !).

Pour son intrigue, Ernst Hofbauer reste fidèle au « film historique » et s’inspire d’un personnage fascinant, à la fois célèbre et méconnu, déjà incarné plusieurs fois à l’écran, entre autre par Christopher Lee dans le distrayant RASPOUTINE LE MOINE FOU. Nous suivons donc la vie de Raspoutine, moine paillard très respecté dans l’Empire russe en raison de son charisme magnétique, de son appétit sexuel débridé et de ses apparents pouvoirs guérisseurs. Raspoutine utilise d’ailleurs ces derniers pour guérir le fils agonisant du Tsar, ce qui lui permet d’accéder aux arcanes du pouvoir politique. Véritable éminence grise à l’influence énorme, Raspoutine devient, à Saint Petersbourg, le conseiller de la tsarine Alexandra. Il s’attire aussi les faveurs des dames de la cour et les jalousies des hommes qui décident finalement de l’évincer…

Aventurier mystique qui se prétendait moine (ce qui n’a jamais pu être prouvé), Raspoutine devint un véritable mythe en Russie et, près d’un siècle après son assassinat, perpétré en décembre 1916, il est devenu difficile de démêler le vrai du faux dans son incroyable existence. Réputé pour ses appétits sexuels et la taille monumentale de son pénis (29 centimètres !) qui devint, après sa mort, une relique sacrée pour certains cultes de la fertilité (il serait, actuellement, détenu par le Musée de l’érotisme de Saint Petersbourg), Raspoutine vécut une vie de débauche, séduisant les nobles de Russie, violant des jeunes filles ou déflorant des nonnes lors de nombreuses orgies. Il aurait été, également, l’amant de la Tsarine et peut-être même d’hommes politiques russes influents. Vérités, affabulations, exagérations, rumeurs colportées par ses ennemis ? Nul ne le sait, la légende ayant définitivement pris le pas sur la véracité historique dans l’imaginaire collectif.
C’est bien sûr cette légende qu’Ernst Hofbauer va illustrer, de manière détaillée, avec LES ORGIES DE RASPOUTINE, une grande fresque de deux heures située dans la lignée de CALIGULA, le modèle insurpassable de la « superproduction porno sanglante historique ». Moins réussi que le long-métrage aberrant de Tinto Brass, l’œuvre n’en est pas moins fort sympathique même si certains pourront lui reprocher son manque de focus. Assis entre deux (voire davantage) chaises, le film oscille en effet entre la reconstitution historique relativement soignée et bénéficiant de moyens conséquents (en tout cas à des années lumières du tout venant du X), la comédie paillarde (représentée, entre autre, par un personnage d’homosexuel caricatural), l’action violente (avec quelques tortures et passages gentiment gore) et la pornographie pure et simple.

De ce côté, les scènes X sont, d’ailleurs, d’un intérêt variable. Alexandre Conté, qui incarne un Raspoutine cabotin finalement convaincant, est, par exemple, doublé par un « hardeur » aux fesses poilues lors des passages hard pas très esthétiques. Cette substitution très visible gâche beaucoup les scènes chaudes de la première heure, lesquelles auraient sans doute gagnés à se limiter au « soft ». Par contre, les orgies en costume à la cour du Tsar possèdent une véritable intensité et leur potentiel érotique, sublimé par des décors fastueux, tranche résolument avec le porno de base. Joliment éclairées, filmées avec soin, équilibrant de belle manière les plans larges érotiques et les gros plans gynécologiques, ces passages valent le coup d’œil et démontrent le savoir-faire sensuel des cinéastes. Les séquences au bord de la piscine témoignent ainsi d’un soin rare dans le domaine de la pornographie et sont sans doute les meilleures du film. Certaines scènes s’avèrent, toutefois, un brin longuettes et auraient mérité d’être écourtées en dépit de la beauté très naturelle des comédiennes, menées par Uschi Karnat (le rôle titre de CATHERINE LA TSARINE NUE).

Les scènes de tueries, de massacre et de tortures ponctuent, elles, le long-métrage à intervalles réguliers. Ni trop nombreuses ni trop explicites, elles restent cependant brutales et surprenantes dans un tel contexte, LES ORGIES DE RASPOUTINE hésitant entre le sérieux et l’humour. Quelques scènes en extérieur, maladroitement filmées, tirent en outre l’entreprise vers le bas et rappellent les péplums italiens fauchés des sixties. De menues scories qui empêchent néanmoins le film d’être une vraie réussite.

La reprise de la bande originale de LA FOLIE DES GRANDEURS témoigne, de son côté, d’un certain mépris du copyright mais se révèle bien utilisée, tout comme divers mélodies de guitares ou de mandolines très entrainantes. Enfin, quelques emprunts à la musique folklorique russe, employés lors des copulations, les transforment en véritables chevauchées sauvages et leur donnent un côté joyeux bienvenus.

Exploité en version longue porno (d’une durée de deux heures) et courte (expurgée d’une trentaine de minutes explicites), LES ORGIES DE RASPOUTINE constitue une aberration cinématographique bancale et inégale mais finalement divertissante et jamais ennuyeuse. Si le résultat risque de décontenancer les amateurs de X pur et dur, le tout demeure plaisant et constitue un mélange aussi improbable que fascinant qui s’adresse surtout aux inconditionnels de l’exploitation la plus outrageuse.

Re: Erotik topic

Publié : 6 févr. 13, 21:29
par Federico
Semaine spéciale « Sexe et porno : la fabrique des désirs » dans l'émission Cultures monde sur France Culture.

Re: Erotik topic

Publié : 11 févr. 13, 10:55
par hellrick
FLOWER AND SNAKE (VICES ET SUPPLICES ou FLEUR SECRETE)


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Bien mieux que le remake amha

Ecrivain japonais décrit comme « le plus fameux auteur érotique SM », Oniroku Dan (1931 – 2001) publia plus de 200 (!) romans dans ce style mais devint célèbre avec « Flower and snake », dont il écrivit par la suite neuf séquelles. Véritable classique nippon aussi connu que L’HISTOIRE D’O en Occident, le roman donna lieu à une première adaptation cinématographique en 1974 dont le succès sauva de la ruine la compagnie Nikkatsu. En effet, le vénérable studio se trouvait alors dans une position financière difficile malgré ses précédentes tentatives, peu fructueuses, dans le domaine de l’érotisme, ou « roman porno ».
La solution, pour attirer le public dans les salles, résidait dans l’obtention d’une véritable star en la personne de Naomi Tani, laquelle avait déjà une riche carrière dans le cinéma d’exploitation sado-maso. Réticente à intégrer la Nikkatsu, Naomi Tani finit par accepter à la condition que son premier film pour le studio soit une adaptation du roman « Flower and Snake ». Après avoir convaincu l’écrivain Oniroku Dan, le long-métrage est mis en chantier sous la direction de Masaru Konuma, lequel effectue de nombreux changements dans le récit original. Malgré les désaccords entre le romancier et le cinéaste, FLOWER AND SNAKE devient un grand succès et relance véritablement la Nikkatsu qui enchaine immédiatement avec un décalque / séquelle, UNE FEMME A SACRIFIER. Par la suite, FLOWER AND SNAKE connut trois suites (durant les années ’80) et un remake en 2004 sous le même titre, lui-même suivit de deux nouveaux épisodes en 2005 et 2010.

L’intrigue, elle, reste typique du pinku nippon à tendance sado-maso. Enfant, Makoto Katagiri a assassiné un client violent qui frappait sa mère, une prostituée. Des années plus tard, le jeune homme, traumatisé, vit toujours en compagnie de sa génitrice, une dominatrice qui photographie des scènes de bondage pour arrondir ses fins de mois. Impuissant, Katagiri ne peut obtenir du plaisir qu’en se masturbant sur des photos sadomaso, ce que découvre son patron, Senzo Toyoma. Le vieil homme décide d’exploiter ce vice et charge Katagiri de kidnapper sa jeune épouse, la trop prude Shizuko, qui refuse à céder à ses fantaisies érotiques et préfère les étreintes féminines. Le riche homme d’affaires ordonne à son employé d’enlever Shizuko et de la soumettre aux pires humiliations afin d’en faire une parfaite salope et une épouse dévouée. Un long dressage débute pour la pauvre demoiselle…qui finit par tomber amoureuse de son ravisseur.

Sans surprise, FLOWER AND SNAKE reprend le schéma habituel des films S/M basé sur l’initiation – ou le dressage – d’une demoiselle trop timide sexuellement qui, après bien des sévices, accepte avec joie de se plier aux désirs sadiques des hommes. Dans la tradition nippone, l’érotisme ne se comprend que dans des rapports de domination et de soumission teintés de viols, de tortures et de scatologie. Les lavements imposés, les coups et les corps soumis à de sévères séances de bondages tiennent donc lieu de stimulants sexuels.

La première scène osée nous montre ainsi la jeune héroïne, dénudée et ligotée, aux mains de son ravisseur et de sa mère. Cette dernière, sadique, lui injecte à l’aide d’une seringue de belle taille une grande quantité de liquide dans l’anus. La prisonnière se tortille sous ce lavement forcé puis, incapable de se retenir, demande d’aller aux toilettes mais son tortionnaire refuse cette demande. La jeune femme relâche finalement le contenu de ses intestins dans un sac en plastique. Excité par ce spectacle dégradant, son ravisseur, jusque-là impuissant, retrouve vigueur et la viole.

La suite de FLOWER AND SNAKE égrène les habituels composants de l’érotisme nippon, lesquels incluent du bondage, des corps féminins suspendus ou supplicié dans des positions très inconfortables, des flagellations, des humiliations diverses et des intromissions d’objets dans l’intimité malmenée de la demoiselle capturée. Au final, bien sûr, cette dernière y prend goût, en redemande et devient une parfaite salope, toujours disponible mais soumise aux désirs de l’Homme. La Femme, en effet, est toujours décrite comme un simple objet de plaisir uniquement destinée à être violentée et rabaissée. Cette conception éminemment machiste de l’érotisme s’oppose résolument à la plupart des classiques occidentaux du genre où, souvent, le scénario suit les pérégrinations d’une héroïne libérée couchant avec de nombreux hommes. FLOWER AND SNAKE se situe par conséquent à l’opposé des EMMANUELLE et autre DEBBIE DOES DALLAS qui triomphaient à la même époque en France ou aux Etats-Unis.

Toutefois, la crudité des situations n’exclut pas une mise en scène travaillée qui, en dépit des contraintes imposées et des passages chauds placés à intervalles réguliers, se montre inventive et intéressante. Malgré leur aspect d’exploitation pure, les pinku possèdent souvent un soin bien supérieur aux mornes productions érotiques confectionnées à la chaine par les artisans besogneux de la pornographie. Peut-être parce que le « film rose » n’est pas considéré comme un genre mineur au Japon mais bien un moyen comme un autre d’expérimenter au travers de sujets autorisant, il est vrai, peu de variations. L’humour, lui aussi, occupe une large place au sein de FLOWER AND SNAKE ce qui lui confère un ton très particuliers, non dénué d’un romantisme pervers surprenant dans un contexte aussi graveleux. Etrange mais, au final, intéressant, ce mélange de genre (érotisme, romance, comédie et même une pointe de critique sociale) aboutit à un film jamais ennuyeux et fort plaisant à suivre.

A la fois plus allusif (aucune nudité intégrale) et plus cru que ses homologues européens de la même époque, FLOWER AND SNAKE constitue une plongée fascinante dans l’imaginaire fantasmatique nippon. Sa courte durée, typique du Pinku (souvent exploités en triple programme) le rend en outre très digeste et recommandable pour les amateurs de divertissements pervers.

Re: Erotik topic

Publié : 15 févr. 13, 11:26
par hellrick
FLOWER AND SNAKE 2 : SKETCH OF HELL
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Adaptation d’un roman du spécialiste japonais de l’érotisme SM Oniroku Dan, FLOWER AND SNAKE avait été un grand succès en 1974, sauvant pratiquement la vénérable compagnie Nikkatsu alors en mauvaise posture financière. Une pseudo séquelle, UNE FEMME A SACRIFIER, est bien sûr produite dès l’année suivante et le romancier voit ensuite une dizaine de ses œuvres portées à l’écran. Pourtant, il faut attendre 1985 pour que débarque une suite officielle à FLOWER AND SNAKE, laquelle s’apparente, en réalité, à un remake du premier film. Par conséquent, aucun des protagonistes de l’original ne revient dans cette « variation sur un même thème » guère innovant mais néanmoins divertissant pour les amateurs de pinku corsé.

Parti en voyage d’affaires, un homme laisse son épouse seule à la maison. Sa belle-fille profite de l’aubaine pour tenter d’arnaquer Madame et lui extorquer une forte somme d’argent. Pour ce faire, elle organise son propre enlèvement et espère partager sa rançon avec ses ravisseuses.
Malheureusement, la demoiselle est doublée par ses complices et se voit réellement séquestrée. Des Yakuza, renseignés par le chauffeur de Madame, amoureux d’elle, interviennent et les délivrent. Mais les deux femmes ne sont pas au bout de leurs peines puisqu’elles vont être humiliées, battues, torturées et violées de diverses manières durant toute une nuit.

Né en 1930, le Japonais Shougorou Nishimura débute à la Nikkatsu en 1954 et y accomplit différentes tâches avant d’être promu réalisateur en 1963. Quelques années plus tard, le studio décide d’embrasser complètement le « roman porno » et le cinéaste, à l’aise dans ce genre alors en vogue, livre plus de 80 films érotiques en une quinzaine d’années. En fin de carrière, il dirige les 3 séquelles à FLOWER AND SNAKE produites au milieu des années ’80. Rôdé aux outrances du pinku sadomaso, Shougorou Nishimura égrène donc, sur environ 70 minutes, tous les clichés attendus du genre. Une jeune femme délaissée tombe ainsi, en compagnie de sa belle-fille, dans les griffes d’une bande de sadiques et la majeure partie du long-métrage, au budget sans doute aussi serré que les cordes emprisonnant les demoiselles, se déroule, dès lors, en huis-clos. La valse des tortures peut commencer…

Linéaire et très classique dans sa progression, FLOWER AND SNAKE 2 reprend l’argument habituel du pinku, à savoir des jeunes femmes humiliées et violées qui finissent, bien sûr, par apprécier ce traitement, y prennent goût et en redemandent après être devenues de parfaites salopes soumises aux mâles tout puissants. Le film va donc assez loin dans le malsain et transforme rapidement ses protagonistes féminines en objet de plaisir qui se tordent de souffrance pour amuser une poignée de tortionnaires imaginatifs.
Comme dans la plupart des « roman porno », FLOWER AND SNAKE 2 joue la carte de la scatologie avec l’inévitable scène de lavement (ou « enema »). Ici, pour corser la situation, la belle-mère voit son anus remplit par deux seringue d’eau tandis que sa belle-fille, elle, se tord pour aller uriner…qui va perdre ce « concours » ? Au final, bien évidemment, les deux se soulagent en public, la plus jeune étant même forcée de goûter à l’urine imprégnant sa culotte trempée.

La suite poursuit dans la même atmosphère de dégradation féminine avec divers viols, coups, etc. La routine du pinku. L’aspect bondage, évidemment très développé, comprend les habituelles suspensions inconfortables et autres cordages qui s’incrustent dans la peau délicate des poitrines dénudées. Etrangement, l’ensemble garde une véritable esthétique et ne sombre jamais dans le répugnant, le cinéaste dosant habilement le suggestif et l’explicite en conférant au produit un réel style, bien au-dessus de la plupart des films occidentaux similaires.

Heureusement, quelques passages délaissent le côté malsain pour jouer plus franchement la carte du sexy. Les deux « héroïnes » se voient par exemple obligées de participer à des jeux coquins et Madame, recouverte de cire brulante tombant d’une bougie, est violée par sa belle-fille équipée d’un gode ceinture. Sans hésiter le meilleur passage du long-métrage.

Dans la tradition du genre, tout finira très mal avec une explosion de violence abrupte et surprenante ponctuée de coups de couteau saignants. Un petit carnage façon polar seventies. Mais, après tout, nous sommes dans le monde impitoyable des Yakuza.

Très classique FLOWER AND SNAKE 2 constitue une intéressante plongée dans le monde dépravé du pinku sadomaso. Les amateurs de cinéma érotique occidental seront évidemment choqués de cette glorification machiste de la souffrance féminine (tous les rapports sexuels sont basés sur la brutalité et la domination) mais les curieux ne seront pas déçus de ce petit film. L’ensemble se révèle en outre esthétiquement soigné et filmé avec un certain talent, ne serait-ce que pour ruser avec la censure et éviter de révéler la moindre foufoune. Un sacré défi étant donné les positions des jeunes femmes qui passent les neuf dixième du film dans le plus simple appareil.
La courte durée de ce FLOWER AND SNAKE 2 évite d’ailleurs de s’ennuyer et permet d’oublier son aspect très linéaire et prévisible pour goûter à ses charmes pervers. A réserver toutefois aux curieux ou aux amateurs de bizarreries nippones.

Re: Erotik topic

Publié : 28 févr. 13, 14:48
par hellrick
BODY LOVE
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Né à Alger en 1936, Lasse Braun (de son vrai nom Alberto Ferro) se lance dans le business de la pornographie – alors interdite – au début des années ’60. Son souhait est alors de la rendre populaire et commerciale. Il souhaite aussi élever le produit au-delà de la médiocrité afin, par la suite, de pouvoir inonder le marché. Docteur en droit, Lasse Braun va militer en Scandinavie pour officialiser le porno ce qui aboutira à sa légalisation effective, au Danemark, en 1969. Mais, dès 1967, le cinéaste s’installe à Stockholm, crée AB Beta Films et commence à tourner ses premiers « loops » en 8mm vendus sous le manteau via un circuit de près de cinquante milles clients. Il place ainsi des annonces dans les magazines pour hommes, écoule ses courts métrages et fait rapidement d’importants profits. En 1973, Lasse Braun réalise son premier long-métrage, FRENCH BLUE, tourné en Hollande et projeté l’année suivante, trois soirs consécutifs, au marché du film du Festival de Cannes. En 1975, le producteur Reuben Sturman investit 300 000 dollars (une très belle somme pour l’époque et le genre) dans le second long-métrage de Braun, SENSATIONS, qui met en vedette sa petite amie de l’époque, Brigitte Maier. Le film obtient un grand succès à Cannes puis aux Etats-Unis et s’impose comme un des premiers classiques européens du cinéma X, régulièrement cités parmi les « chefs d’œuvres » du genre.

BODY LOVE, pour sa part, sera tourné en 1976 dans un château près d’Amsterdam. L’intrigue, basique, traite de l’initiation d’une demoiselle, Monique, qui n’aime que les femmes…du moins jusqu’à la très longue et explicite orgie finale programmée pour son dix-huitième anniversaire. La nymphette est incarnée par la toute jeune Catherine Ringer, future chanteuse des Ritas Mitsouko, dissimulée sous le pseudonyme de Lolita da Nova. Pour accroitre le prestige d’un film que Lasse Braun veut classieux et « de bon goût », le cinéaste invite le compositeur allemand Klaus Schulze (ex Tangerine Dream) à en composer la bande originale. Celui-ci, au départ, refuse catégoriquement de travailler pour un porno. Toutefois, il apprend que Braun, un de ses fans, a déjà essayé d’utiliser certains de ses morceaux pour illustrer BODY LOVE, sans toutefois y parvenir. Schulze accepte finalement de visionner le long-métrage et se déclare intéressé, d’autant que les dialogues, peu nombreux, laissent au musicien l’opportunité de créer de longs instrumentaux planants dont les rythmiques sensuelles s’accordent à merveille avec les séquences chaudes filmées par Braun. Exploité sur disque, cette bande originale fut un grand succès pour le musicien, qui exploita ensuite un second album « Body Love Volume 2 » sans rapport avec le film.


Tourné simultanément avec LOVE INFERNO au château de Groeneveld, BODY LOVE s’inscrit dans la lignée des classiques libertins de l’érotisme « hard » des seventies. Le scénario développe, dès lors, quelques discours sur la libération sexuelle et les bienfaits de la pornographie « libératrice ». Le film propose, bien sûr, une demi-douzaine de scènes osées, d’un viol simulé à une domination exercée par Catherine Ringer à l’égard d’une jeune fille transformée en esclave sexuelle. Le tout se déroule dans une atmosphère « cosy », bourgeoise et distinguée, loin des vidéos X contemporaines. Plus sensuel que gynécologique (malgré des scènes explicites), BODY LOVE s’apparente à ce que l’on dénomme le « porno chic » et témoigne d’un temps révolu où les films hard se voulaient réellement scénarisés (fussent sommairement !) et accordaient autant d’importance à l’érotisme suggestif qu’à la pornographie explicite.

BODY LOVE culmine dans un climax efficace (quoique longuet) qui consiste en une longue orgie d’inspiration très « flower power » : des dizaines de protagonistes, immobiles tels des statues, s’animent lentement pour participer à une frénétique partouze d’une vingtaine de minutes rythmée par les transes synthétiques et spatiales de Schultze. Mémorable !

Joliment photographié, filmé avec soin et interprété avec conviction par des comédiens crédibles menés par la belle et quasi innocente Catherine Ringer, BODY LOVE constitue un joli voyage pour les adeptes du hard de la grande époque qui se laisseront porter par la beauté des images et les rythmiques cosmique de la bande originale. Plaisant.

Re: Erotik topic

Publié : 5 mars 13, 11:55
par hellrick
FLOSSIE
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Petit classique de l’érotisme scandinave, FLOSSIE fut réalisé en 1974 par Mac Ahlberg et se situe logiquement au cœur du grand boom « sexy » du milieu des seventies. A cette époque, la frontière entre érotisme et pornographie se brouille et les films proposent des scènes considérées comme « soft » mais cependant très osées (fellation, masturbation, sexe en érection, etc.). Toutefois, la libération des mœurs entraine la déferlante du hardcore et FLOSSIE devient trop timide pour son exploitation en salles. Dès lors une poignée d’inserts (environ trois minutes de métrage supplémentaires) viennent s’intercaler, plus ou moins harmonieusement, dans les scènes sexy et font définitivement basculer l’entreprise vers le porno. Les deux versions sont cependant présentes sur le dvd édité par Bach Films, laissant le cinéphage libre de choisir l’une ou l’autre. Une belle initiative.

L’intrigue, pour sa part, se conforme aux standards du genre. Un diplomate ayant beaucoup de succès auprès de la gent féminine, Jack Archer, se voit muter à Stockholm où, selon lui, vivent les plus belles femmes du monde. Il rencontre rapidement la jeune et jolie blonde Flossie, laquelle vit une grande relation homosexuelle avec la plus âgée mais toujours désirable Eva. Jack et Flossie se lancent, dès le lendemain, dans une suite de galipettes poussées mais Flossie refuse cependant d’ouvrir ses cuisses au diplomate, affirmant qu’elle a promis à Eva de lui garder l’exclusivité de son intimité. Le couple commence à se raconter ses souvenirs sensuels et le désir grimpe rapidement…

Mac Ahlberg reste une personnalité singulière du cinéma dont le parcours atypique mérite bien quelques commentaires. Il débute comme directeur de la photographie dans sa Suède natale puis devient metteur en scène et adapte, de manière « olé-olé », bon nombre de classiques littéraires. Il propose ainsi treize films entre le milieu des années ’60 et la fin des années ’70 dont BEL AMI (qui adapte Maupassant), NANA (inspiré par Zola), etc. On lui doit aussi deux adaptations de romans salaces bien connus : JUSTINE ET JULIETTE (d’après, bien sûr, l’œuvre du Marquis de Sade) et FANNY HILL, seconde version (après celle de Russ Meyer) de l’excellent bouquin de John Cleland, un auteur anglais du XVIIIème siècle. Toutefois, après cette carrière déjà bien remplie, Mac Ahlberg décide de reprendre son premier métier et s’exile aux Etats-Unis où il exerce en tant que directeur photo sur un paquet de séries B comme HELL NIGHT, THE SEDUCTION ou LES ANGES DU MAL. Réputé pour sa collaboration avec le producteur Charles Band, il travaille sur RE-ANIMATOR, DOLLS, FROM BEYOND et d’autres petits classiques des années ’80. Par la suite, Mac Ahlberg passe à l’échelon supérieur et œuvre sur la série télévisée culte « Dream On » ou sur des blockbusters comme LE FLIC DE BEVERLY HILLS 3, le remake d’OSCAR ou encore le INNOCENT BLOOD de John Landis. Hélas, il retombe finalement dans la série Z et le direct to vidéo durant les dernières années de sa carrière (EVIL BONG, PUPPET MASTER : THE LEGACY).

Un parcours sacrément saugrenu pour un cinéaste qui livra, avec FLOSSIE, un sympathique porno, enjoué et plein d’un charme nostalgique, loin des mornes et mécaniques copulations du X actuel. Basé sur les monologues en voix off du principal protagoniste, Jack, lequel commente l’intrigue de manière très littéraire avec un vocabulaire recherché, pour ne pas dire précieux, FLOSSIE déroule une série de flashbacks « sexy » qui renouvellent habilement la mécanique sensuelle du long-métrage. Si le début fait craindre le pire (la première scène chaude dure trop longtemps et trahit un budget restreint), les différentes escapades du héros et de sa belle conquête occupent ensuite efficacement le temps de projection pour rendre le film plaisant et rarement ennuyeux.

Filmé dans des décors classieux et doté d’éclairages aux couleurs chaudes qui lui confèrent une atmosphère réussie, FLOSSIE se montre, dès lors, ludique et développe une philosophie insouciante et libertine, héritée sans doute du flower power dont les derniers effluves enfumés imprègnent ce sympathique scénario d’initiation érotique.

La vedette de FLOSSIE, Maria Lynn (de son vrai nom Marie Forsa) avait eu précédemment de petits rôles dénudés dans LE CHATEAU DES MESSES NOIRES et CONTES IMMORAUX. Elle débute ici sa collaboration fructueuse avec Mac Ahlberg, qu’elle suivit durant une bonne partie de sa carrière sexy avant de se retirer du cinéma et de complètement disparaitre de la circulation à la fin des années ’70. Elle est cependant la seule actrice de FLOSSIE pouvant se targuer de posséder une certaine renommée puisque ses partenaires, tant masculin (Jack Frank) que féminines (Anita Ericsson, Kim Frank) n’ont guère marqués les esprits. Ils démontrent pourtant de jolies aptitudes à la comédie et se révèlent corrects et crédibles dans leur interprétation, souvent très naturelle.

Témoignage précieux d’une époque révolue, FLOSSIE demeure, après près de quatre décennie, un plaisant divertissement érotico-porno à savourer sans honte ni arrière- pensée. Dans son genre, une sympathique réussite, à redécouvrir pour les érotomanes curieux.

Re: Erotik topic

Publié : 5 mars 13, 19:39
par John Anderton
hellrick a écrit :FLOWER AND SNAKE (VICES ET SUPPLICES ou FLEUR SECRETE)


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Bien mieux que le remake amha

Ecrivain japonais décrit comme « le plus fameux auteur érotique SM », Oniroku Dan (1931 – 2001) publia plus de 200 (!) romans dans ce style mais devint célèbre avec « Flower and snake », dont il écrivit par la suite neuf séquelles. Véritable classique nippon aussi connu que L’HISTOIRE D’O en Occident, le roman donna lieu à une première adaptation cinématographique en 1974 dont le succès sauva de la ruine la compagnie Nikkatsu. En effet, le vénérable studio se trouvait alors dans une position financière difficile malgré ses précédentes tentatives, peu fructueuses, dans le domaine de l’érotisme, ou « roman porno ».
La solution, pour attirer le public dans les salles, résidait dans l’obtention d’une véritable star en la personne de Naomi Tani, laquelle avait déjà une riche carrière dans le cinéma d’exploitation sado-maso. Réticente à intégrer la Nikkatsu, Naomi Tani finit par accepter à la condition que son premier film pour le studio soit une adaptation du roman « Flower and Snake ». Après avoir convaincu l’écrivain Oniroku Dan, le long-métrage est mis en chantier sous la direction de Masaru Konuma, lequel effectue de nombreux changements dans le récit original. Malgré les désaccords entre le romancier et le cinéaste, FLOWER AND SNAKE devient un grand succès et relance véritablement la Nikkatsu qui enchaine immédiatement avec un décalque / séquelle, UNE FEMME A SACRIFIER. Par la suite, FLOWER AND SNAKE connut trois suites (durant les années ’80) et un remake en 2004 sous le même titre, lui-même suivit de deux nouveaux épisodes en 2005 et 2010.

L’intrigue, elle, reste typique du pinku nippon à tendance sado-maso. Enfant, Makoto Katagiri a assassiné un client violent qui frappait sa mère, une prostituée. Des années plus tard, le jeune homme, traumatisé, vit toujours en compagnie de sa génitrice, une dominatrice qui photographie des scènes de bondage pour arrondir ses fins de mois. Impuissant, Katagiri ne peut obtenir du plaisir qu’en se masturbant sur des photos sadomaso, ce que découvre son patron, Senzo Toyoma. Le vieil homme décide d’exploiter ce vice et charge Katagiri de kidnapper sa jeune épouse, la trop prude Shizuko, qui refuse à céder à ses fantaisies érotiques et préfère les étreintes féminines. Le riche homme d’affaires ordonne à son employé d’enlever Shizuko et de la soumettre aux pires humiliations afin d’en faire une parfaite salope et une épouse dévouée. Un long dressage débute pour la pauvre demoiselle…qui finit par tomber amoureuse de son ravisseur.

Sans surprise, FLOWER AND SNAKE reprend le schéma habituel des films S/M basé sur l’initiation – ou le dressage – d’une demoiselle trop timide sexuellement qui, après bien des sévices, accepte avec joie de se plier aux désirs sadiques des hommes. Dans la tradition nippone, l’érotisme ne se comprend que dans des rapports de domination et de soumission teintés de viols, de tortures et de scatologie. Les lavements imposés, les coups et les corps soumis à de sévères séances de bondages tiennent donc lieu de stimulants sexuels.

La première scène osée nous montre ainsi la jeune héroïne, dénudée et ligotée, aux mains de son ravisseur et de sa mère. Cette dernière, sadique, lui injecte à l’aide d’une seringue de belle taille une grande quantité de liquide dans l’anus. La prisonnière se tortille sous ce lavement forcé puis, incapable de se retenir, demande d’aller aux toilettes mais son tortionnaire refuse cette demande. La jeune femme relâche finalement le contenu de ses intestins dans un sac en plastique. Excité par ce spectacle dégradant, son ravisseur, jusque-là impuissant, retrouve vigueur et la viole.

La suite de FLOWER AND SNAKE égrène les habituels composants de l’érotisme nippon, lesquels incluent du bondage, des corps féminins suspendus ou supplicié dans des positions très inconfortables, des flagellations, des humiliations diverses et des intromissions d’objets dans l’intimité malmenée de la demoiselle capturée. Au final, bien sûr, cette dernière y prend goût, en redemande et devient une parfaite salope, toujours disponible mais soumise aux désirs de l’Homme. La Femme, en effet, est toujours décrite comme un simple objet de plaisir uniquement destinée à être violentée et rabaissée. Cette conception éminemment machiste de l’érotisme s’oppose résolument à la plupart des classiques occidentaux du genre où, souvent, le scénario suit les pérégrinations d’une héroïne libérée couchant avec de nombreux hommes. FLOWER AND SNAKE se situe par conséquent à l’opposé des EMMANUELLE et autre DEBBIE DOES DALLAS qui triomphaient à la même époque en France ou aux Etats-Unis.

Toutefois, la crudité des situations n’exclut pas une mise en scène travaillée qui, en dépit des contraintes imposées et des passages chauds placés à intervalles réguliers, se montre inventive et intéressante. Malgré leur aspect d’exploitation pure, les pinku possèdent souvent un soin bien supérieur aux mornes productions érotiques confectionnées à la chaine par les artisans besogneux de la pornographie. Peut-être parce que le « film rose » n’est pas considéré comme un genre mineur au Japon mais bien un moyen comme un autre d’expérimenter au travers de sujets autorisant, il est vrai, peu de variations. L’humour, lui aussi, occupe une large place au sein de FLOWER AND SNAKE ce qui lui confère un ton très particuliers, non dénué d’un romantisme pervers surprenant dans un contexte aussi graveleux. Etrange mais, au final, intéressant, ce mélange de genre (érotisme, romance, comédie et même une pointe de critique sociale) aboutit à un film jamais ennuyeux et fort plaisant à suivre.

A la fois plus allusif (aucune nudité intégrale) et plus cru que ses homologues européens de la même époque, FLOWER AND SNAKE constitue une plongée fascinante dans l’imaginaire fantasmatique nippon. Sa courte durée, typique du Pinku (souvent exploités en triple programme) le rend en outre très digeste et recommandable pour les amateurs de divertissements pervers.
Il y a un DVD Z2 de cette version ?

Re: Erotik topic

Publié : 11 mars 13, 15:17
par hellrick
DORA LA FRENESIE DU PLAISIR (Willy Rozier, 1975)

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Etrange parcours pour Willy Rozier, cinéaste français né avec le siècle et décédé dans l’indifférence générale en 1983. Si sa carrière débute durant les années ’30 son œuvre la plus connue reste MANINA LA FILLE SANS VOILES qui révèla Brigitte Bardot en 1953. Deux ans plus tard, Rozier adapte le personnage de Slim Callaghan, créé par le romancier Peter Cheney (aussi inventeur de Lemmy Caution) avec A TOI DE JOUER…CALLAGHAN !, ensuite suivi par PLUS DE WHISKY POUR CALLAGHAN et CALLAGHAN REMET CA. Spécialiste du cinéma populaire, Rozier vit mal la fin des « cinéma de quartier » et, dès le début des sixties, sa carrière marque le pas. En 1971, il goûte aux joies de la comédie érotique via DANY LA RAVAGEUSE et, quatre ans plus tard, passe le cap du hardcore avec DORA LA FRENESIE DU PLAISIR qui restera son dernier long-métrage et, par conséquent, son unique incursion dans le X.

L’intrigue s’intéresse à quatre personnages à la psyché perturbée. La volcanique Dora vit en Afrique en compagnie de son époux Olivier, guide de safari trop souvent fatigué pour la satisfaire. Un couple de touristes, Jacques et Barbara, débarquent dans ce petit paradis tropical et Barbara ne tarde pas à succomber à Olivier, emporté par l’atmosphère sensuelle d’une fête exotique. Jacques, pour sa part, observe sa femme et se délecte de la situation. Quelques années plus tôt, au cours de son voyage de noces, il a d’ailleurs assisté au viol de sa première épouse par un voyou. Depuis, il s’est enfermé dans le voyeurisme, poussant ses partenaires à expérimenter de nombreuses fantaisies sexuelles. Dora, pour sa part, craint de voir son mari lui échapper dans les draps de Barbara. Elle recourt pour le retenir à la magie et en appelle au grand sorcier Batongo…

Passionné par l’Afrique, Willy Rozier explique sa tardive reconversion dans le porno par l’envie de travailler à tout prix : « non pas le besoin matériel mais le désir physique de mettre en scène ». Avec quarante ans de métier derrière lui, Rozier s’ennuie lorsqu’il ne se trouve pas derrière la caméra et, hélas, DORA LA FRENESIE DU PLAISIR est le seul film qu’on lui ait proposé à ce stade de sa carrière. « Ce n’est pas ce que j’ai l’habitude de tourner mais je tourne et c’est le principal ».

Pourtant, au départ, Rozier envisage son long-métrage comme « un petit film d’aventure sans grande vedette » à la manière des bandes populaires des décennies précédentes. Malheureusement pour lui, les temps ont changé et même « un petit film érotique n’aurait pas eu de succès non plus ».

Dépité mais lucide, le réalisateur accepte de tourner un porno, genre qu’il considère comme délicat : « l’approche de la pornographie était pour moi comme un nouveau métier », dit-il. D’où l’impression de visionner une oeuvrette hybride. DORA LA FRENESIE DU PLAISIR est, en effet, essentiellement un film d’aventures exotiques fauché dans lequel les protagonistes se baladent en Afrique pour chasser des animaux sauvages. Mais, parfois, l’intrigue s’arrête pour permettre de courtes scènes érotiques, agrémentées d’inserts hard qui, pour la plupart, n’ont pas été accomplis par les acteurs mais par d’anonymes doubleurs. La pornographie occupe, dès lors, la portion congrue du métrage, comme en témoigne la présence, sur le dvd édité par Bach Films, des deux versions du film, l’une (soft) de 76 minutes et l’autre (hard) de 85 minutes.

Rien de folichon en ce qui concerne le « chaud » d’ailleurs, seulement du classique assez banalement filmé bien que le métier de Rozier le distingue des maladroits pornocrates ayant pris en marche le train du X au milieu des années ‘70. Seule l’inévitable scène lesbienne s’avère plaisante, le reste n’étant pas franchement sexy en dépit de quelques particularités comme une hystérique masturbation féminine à la banane et la perversion peu courante d’Olivier Mathot, lequel aime lécher l’intimité de ses partenaires encore poisseuse de la semence de leur amants.

L’intérêt de Rozier, peu motivé par les galipettes, était sans doute ailleurs, dans ces longues déambulations africaines (caviardées de stock-shots peut-être issues de ses précédentes pérégrinations sur le continent noir) et ce scénario particulièrement tordu dans lequel se débat une poignée de personnages perturbés du ciboulot. Tout finira d’ailleurs très mal. Une étrange conclusion, âcre et quasiment dépressive, très éloignée de la norme habituelle du X. Un véritable testament désabusé de la part d’un cinéaste probablement conscient qu’il signe là ses dernières images.

Le casting, hétéroclite, rassemble de son côté Monique Vita, Anne Sand, Bob Asklöf, Olivier Mathot et Tania Busselier. Monique Vita a débuté dans les années ’50 mais, lassée des seconds rôles, elle se tourne, comme bien d’autres, vers l’érotisme dans les années ’70 sans toutefois franchir le pas du hardcore. Anne Sand, pour sa part, figure dans une poignée de pornos tandis que Tania Busselier marque les esprits dans le classique SENSATIONS de Lasse Braun avant d’apparaitre dans une poignée de Jess Franco comme LES CROQUEUSES, ILSA ULTIMES PERVERSIONS ou PLAISIR A TROIS.
Autre familier de Franco, Olivier Mathot promène dans DORA LA FRENESIE DU PLAISIR sa tignasse grisonnante et ses manières de gentleman pervers. Il voisine Bob Asklöf, chanteur suédois à succès apparut dans l’insipide GOODBYE EMMANUELLE et une poignée de titres érotiques ou X français. D’honnêtes seconds couteaux, dans l’ensemble plutôt crédibles même si Monique Vita n’hésite pas à surjouer de manière excessive.

Témoignage incongru d’une époque où le cinéma d’exploitation hésitait entre érotisme et pornographie tout en restant attaché aux notions de scénario construit, de progression dramatique et de dialogues, DORA LA FRENESIE DU PLAISIR risque d’ennuyer les consommateurs actuels de porno « crad » ou les amateurs de récit d’aventure. Néanmoins, les curieux et les « bisseux » devraint y trouver un minimum d’intérêt, fut-il uniquement historique, pour justifier une vision distraite un soir de grande fatigue intellectuelle.

Re: Erotik topic

Publié : 1 avr. 13, 14:41
par hellrick
DRILLER
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Daté de 1984 et tourné en 35 millimètres, DRILLER constitue la réponse de l’industrie pornographique au fameux vidéoclip « Thriller » de John Landis. Bizarre à souhait, le résultat évoque les travaux de Stephan Sayadan (auquel le film fut longtemps attribué, tout comme à Hugh Gallagher) ou Greg Dark. Dès lors, inutile de préciser que le résultat se situe aux antipodes d’un banal « porno du samedi soir » et qu’il se rapproche, forcément, des univers « fantastico-porno » déjantés des cinéastes précités, quelque part entre NIGHTDREAMS et DEVIL IN MISS JONES 3 et 4. Les numéros musicaux délicieusement approximatifs et la présence de « freaks » rapproche, en outre, le long-métrage d’un hommage parodique à l’épouvante rétro à la manière du ROCKY HORROR PICTURE SHOW. L’histoire, pour sa part, vire rapidement au n’importe quoi assumé et se débarrasse au bout d’un quart d’heure de tout souci de cohérence ou de véritable narration, se transformant, dès lors, en un kaléidoscope fascinant de moments surréalistes.

Une salle de concert accueille la vedette de la pop « Mr. J », alias Driller, qui offre à ses fans en furie (une dizaine de figurantes les seins à l’air) un nouveau spectacle. Louise, une des admiratrices du chanteur, rentre ensuite chez elle en compagnie de son petit copain. Après une coucherie rapide, Louise gagne sa chambre et s’apprête à s’endormir. « Mr J » surgit alors, suivi d’une meute de zombies danseurs, et se transforme en loup-garou (doté d’un gigantesque pénis rotatif d’où son surnom de « foreur » !) avant d’emmener la demoiselle dans un château empli de pervers sexuels et de créatures surnaturelles.

Sérieusement frappé du ciboulot, DRILLER abandonne rapidement toutes prétentions narratives pour enchainer les saynètes les plus étranges et pas toujours érotiques, loin de là. Les actrices sont donc fouettées dans un donjon par un assistant difforme et monstrueux ou travaillées au corps par des créatures échappées d’un film d’horreur de bas étage. Toutefois, à la différence d’un CAFE FLESH complètement anti-érotique, DRILLER ménage l’un ou l’autre passage plus ouvertement sexy comme cette séquence saphique ou deux nymphettes se donnent du plaisir avec un gode lumineux. Ou le final, plus traditionnel et un brin longuet mais néanmoins effectif sous forme d’une orgie où se mêlent les corps enfiévrés. Si toutes les séquences de DRILLER n’atteignent pas, hélas, le niveau d’inventions érotico-morbides d’un NIGHTDREAMS, quelques moments complètement « autre » en rendent cependant la vision plaisante, voir amusante. La danse mécaniquement sensuelle d’une troupe de morts vivants autour de l’héroïne à demi-nue et épouvantée constitue, par exemple, un grand moment de délire à l’esthétique outrageusement datée « eighties ». On note encore la présence incongrue d’un être caoutchouteux proche du TOXIC AVENGER. Ou un trio entre une femme allongée et deux hommes qui débitent des paroles latines sur une musique « new age » d’inspiration religieuse.
Difficile, par contre, de ressentir une véritable excitation à la vue d’une jeune fille au visage monstrueusement grimé subissant un gang-bang de la part d’une horde de goules en décomposition. Mais, au-delà de l’aspect sexy, ici secondaire, la folie pure des images proposées rend le spectacle divertissant et rarement ennuyeux ce qui, dans le hardcore (et particulièrement durant les eighties), relève pratiquement de l’exploit.
Si les maquillages (donc une transformation en lycanthrope) et décors trahissent un budget restreint, ils demeurent relativement corrects pour un porno et se situent au niveau d’une série Z horrifique des années ’80. La réalisatrice a également la bonne idée d’utiliser des dessins pour figurer les décors trop onéreux (comme, par exemple, l’extérieur d’un castel médiéval). Une décision sans doute purement économique mais qui contribue au charme suranné de cette oeuvrette référentielle.

Unique réalisation répertoriée d’une certaine Joyce James (laquelle apparaît, au début du film, parmi les fans hystérique du simili Michael Jackson), DRILLER risque de décontenancer, voire de faire fuir, la majorité des amateurs de pornographie. Les inconditionnels de bizarreries cornichonnes devraient cependant apprécier cette curiosité qui vise sans doute davantage les adeptes des « cult movie » que la foule des « spectateurs en imperméables ». Si les numéros musicaux surement auraient gagnés à être raccourcis, le rythme reste correct et le tout s’apprécie avec plaisir et intérêt à condition, bien sûr, d’être dans le bon état d’esprit. Pour un porno des années ’80, DRILLER se révèle donc sympathique et intéressant, ce qui est déjà beaucoup !

Re: Erotik topic

Publié : 18 avr. 13, 12:26
par hellrick
WASTELAND

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Empêtré dans ses tournages au rabais, ses fétichismes de plus en plus spécifiques et concurrencé par les sites Internet de vidéos amateurs, le porno n’avait, semble-t’il, trouvé son salut que dans la parodie via les déclinaisons humoristiques des grands succès du box-office devenues la spécialité d’Alex Braun (STAR WARS XXX, AVENGERS XXX), etc.

La sortie de WASTELAND constitue donc un véritable événement dans la communauté X puisqu’il s’agit d’un retour à un « cinéma pour adultes » en apparence anachronique, davantage basé sur les sentiments et les relations entre les personnages que sur les séquences chaudes. Pour sa quatrième réalisation, un an après le remarqué PORTRAIT OF A CALL GIRL, Graham Travis propose un récit travaillé et intéressant qui s’intéresse au destin de deux jeunes femmes, Anna et Jacky. Anciennes amies perdues de vue depuis cinq ans, elles se retrouvent lors d’une visite d’Anna à Los Angeles et entament une relation passionnée et destructrice.

Travis, plus proche thématiquement et visuellement des cinéastes « indépendants branchés » que des routiniers du hardcore, soigne son WASTELAND qui se révèle très agréable à l’œil avec sa belle photographie superbement utilisée. Pour maintenir l’intérêt, Travis recourt également à un scénario éclaté et use de flashbacks ou d’une voix-off pour se distinguer de la masse. Si l’intrigue reste simple elle n’en est pas moins bien menée et structurée avec beaucoup de talent, parvenant à intégrer six scènes hard dans le cours du récit sans que celles-ci paraissent gratuites ou forcées. Prenant une décision osée, pour ne pas dire inédite dans le X, le cinéaste décide d’ailleurs de couper les passages chauds pour d’évidentes raisons de rythme. Ceux-ci se voient, par conséquent, ramenés à une durée raisonnable (entre une et cinq minutes) qui évitent au long-métrage de ressembler à une simple succession de saynètes osées. Seule l’orgie finale tranche avec cette approche modérée et se révèle peu à sa place même si elle saura satisfaire le public X : trop longue, trop crue, cette orgie constitue sans doute le point d’orgue pornographique du film mais on peut toutefois regretter, de manière purement cinéphilique, que le cinéaste n’ai pas poussé sa logique à son terme et ne l’ait pas, elle aussi, réduite au minimum. Un bémol somme tout mineur en regard des qualités du film que l’on n’hésitera pas à qualifier d’exceptionnelles à l’heure des produits bâclés de consommation courante qui occupe la quasi-totalité du marché.

L’interprétation des deux comédiennes principales, Lily Carter et Lily LaBeau s’avère, pour sa part, digne d’éloge et d’une grande crédibilité, parvenant à rendre leurs personnages humains et même émouvant. Une caractéristique de plus en plus rare dans le cinéma érotique actuel (soft ou hard). Anna (Carter) incarne une jeune fille naïve venue d’une petite ville pour oublier la maladie incurable de sa grand-mère. A contrario, Jacky (LaBeau) est matérialiste, prête à tout pour réussir et multiplie les aventures éphémères avec des inconnus. Anna, après le décès de sa mamy, restera seule au monde (ses parents sont morts dans un incendie) et son dernier point d’ancrage est Jacky qui, pourtant, s’éloigne chaque jour davantage et semble prendre l’ascendant sur elle afin de la briser psychologiquement.

Au risque de déstabiliser son audience, Travis offre donc des moments de tristesse, des monologues existentialistes et même quelques passages qui risquent d’amener une petite larme chez les plus sensibles. La lente dégradation des rapports d’amitié / amour entre les deux principales protagonistes est étudiée de manière sensée, loin des clichés du hardcore, jusqu’à cette conclusion amère, à la fois attendue et désespérée, qui conduit les deux jeunes femmes vers la « terre dévastée » de leur existence. Depuis L’ENFER POUR MISS JONES et STORY OF JOANNA quel film érotique avait pu se permettre ce type de conclusion pessimiste et sombre ? Peu sans doute.

En dépit de légères scories (dont l’orgie déjà mentionnée), WASTELAND pourrait bien être la plus convaincante fusion entre le « cinéma d’auteur indé » et le porno vu depuis les grands classiques des années ’70. En près de deux heures, Graham Travis délivre une jolie réussite qui mérite certainement de sortir de l’ornière du X pour toucher un plus large public. A découvrir !

Re: Erotik topic

Publié : 21 mai 13, 15:33
par hellrick
JUSTINE & JULIETTE

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Réalisé au milieu des années ’70 par Mac Ahlberg, cette lointaine adaptation du Marquis de Sade se révèle surtout une plaisante comédie ponctuée de scènes pornographiques. Le fond sadien, pour sa part, est relégué au second plan, pour ne pas dire délaissé par un cinéaste surtout soucieux d’offrir un divertissement enlevé et plaisant.

L’intrigue suit les pas de deux sœurs parties découvrir le grand monde : la naïve et prude Justine ne sait pas comment gagner sa vie tandis que la délurée Juliette comprend vite comment tirer parti de son physique attrayant. Juliette aboutit finalement dans une maison close et jette son dévolu sur un riche Américain, Dan Miller, décidé à mourir d’épuisement entre les cuisses d’une prostituée à qui il lèguerait toute sa fortune…
Interprétée par Marie Forsa et Anne Bie Warburg, nos deux frangines incarnent des stéréotypes bien connus : l’une est blonde, naïve, virginale et désintéressée, l’autre nymphomane, obsédée par l’argent et manipulatrice. Prête à tout pour devenir riche, la perverse Juliette souhaite voir mourir d’épuisement un richissime Américain campé par la star du porno Harry Reems (GORGE PROFONDE) afin de toucher un héritage considérable. Cependant, lors d’une conclusion moralisatrice complètement à l’opposé des écrits de Sade, la vertu triomphera du vice et Justine touchera le pactole sans jamais l’avoir réellement voulu.

Prévisible et souvent lourd dans son humour volontiers grassouillet, JUSTINE & JULIETTE demeure pourtant une amusante comédie érotique, filmée à une époque où les frontières entre softcore et hardcore s’estompait. Le métrage est donc indubitablement pornographique mais les scènes chaudes sont courtes, enjouées et ne versent jamais dans la démonstration mécanique. Il s’en dégage, dès lors, une bonne humeur assez revigorante (dans tous les sens du terme !) quoique les deux comédiennes principales ne participent, elles, jamais à l’action explicite, laissant ce plaisir à une poignée d’actrices inconnues honorées par l’infatigable Harry Reems. Ce-dernier, lors d’une mémorable orgie finale, décide d’ailleurs de baiser jusqu’à l’épuisement et passe d’une fille à une autre avec une bonne santé exemplaire.

Réalisé avec soin par Mac Ahlberg (qui fut, par la suite, un célèbre directeur photo), JUSTINE ET JULIETTE s’inscrit dans la série d’adaptation érotico-humoristiques de classiques littéraires entamées par le cinéaste avec FANNY HILL et poursuivie par NANA, MOLLY ou encore BEL AMI.
Bien servi par une photographie flatteuse, une distribution charmante, un rythme soutenu et quelques gags amusants, JUSTINE ET JULIETTE n’est surement pas un impérissable chef d’œuvre mais dans le morne paysage de la pornographie actuelle, ce long-métrage dynamique apparait comme une véritable bouffée de fraicheur. A redécouvrir le sourire aux lèvres.

Re: Erotik topic

Publié : 10 juin 13, 10:25
par hellrick
HER NAMES WAS LISA
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A la fin des années ’70, sort l’étrange et devenu culte LAST HOUSE ON DEAD END STREET. Tous les participants de l’entreprise travaillent sous pseudonyme et il faut attendre un quart de siècle pour que Roger Watkins admette l’avoir écrit, monté et réalisé. En réalité, le film fut filmé en 1972 sous le titre de "The Cuckoo Clocks of Hell" mais ne connut une sortie limitée que sept ans plus tard suite à un conflit entre le cinéaste et une de ses actrices impliquées dans des passages hardcore. D’une durée de trois heures (!), LAST HOUSE ON DEAD EN STREET (un retitrage effectué, bien sûr, pour profiter du succès du DERNIERE MAISONS SUR LA GAUCHE de Wes Craven) sera ramené à seulement 75 minutes par le distributeur qui encouragea également diverses rumeurs évoquant un tournage aux mains de la mafia et des meurtres non simulés. Si LAST HOUSE ON DEAD EN STREET s’attira les foudres de la censure, il gagna cependant une notoriété importante dans le circuit « grindhouse » et devient un cult-movie mineur auprès des amateurs d’aberrations cinématographiques. Roger Watkins, malheureusement, ne put exploiter cette soudaine célébrité et fut rapidement condamné, par manque d’argent, à tourner du porno, alors commercialement porteur. Son approche, désenchantée, reste néanmoins personnelle et a donné quelques titres réputés pour leur cynisme et leur noirceur comme CORRUPTION, MIDNIGHT HEAT ou AMERICAN BABYLON.

Son premier X, HER NAME WAS LISA, bénéficie ainsi d’une réputation enviable auprès des connaisseurs qui louent ses qualités scénaristiques, la caractérisation développée des principaux protagonistes et la bonne intégration des séquences hard dans l’intrigue. Toutefois, la vision du film tempère quelque peu l’enthousiasme et le mélange entre drame et pornographie fonctionne parfois difficilement même si l'atmosphère nihiliste, la conclusion dépressive et le sous-texte anti-drogue apparaissent originaux dans le contexte, souvent enthousiaste et déluré, du X des seventies.
L’intrigue débute par les funérailles de Lisa, laquelle commença sa carrière en tant que mannequin pour un photographe désargenté avant de sombrer dans la déchéance. Racontée en flashbacks, nous suivons l’existence de la demoiselle qui, de mauvaises rencontres en expériences douloureuses, sombre dans la drogue et finit par en mourir malgré l’amour de la mystérieuse Carmen.

Interprétée avec une réelle conviction par Samantha Fox (rien à voir avec la chanteuse !), Lisa est le pivot central du scénario et sa performance soutient l’entièreté du métrage. Starlette du X ayant connu une importante notoriété au début des années ’80, Samantha Fox apparut dans quelques classiques prestigieux (L’ENFER POUR MISS JONES 2, ODYSSEY, AMANDA BY NIGHT) mais aussi dans le slasher culte A NIGHT TO DISMEMBER. A ses côtés, nous retrouvons Vanessa Del Rio, élue en 2002 huitième plus grande « porn star » de tous les temps et qui eut même droit à sa biographie fictionnelle (DEEP INSIDE VANESSA DEL RIO) sous la caméra de l’iconoclaste Gregory Dark. Les deux demoiselles délivrent des performances efficaces, y compris dans la partie dramatique, loin des mornes fornications mécaniques du porno actuel. Du côté des mâles on remarque essentiellement le vétéran Randy West vu dans près de mille (!) films en quatre décennies de carrière.

Atypique, déprimant, HER NAME WAS LISA démontre les bonnes dispositions de Roger Watkins pour le glauque et le malsain mais, également, son absence d’imagination lors des scènes chaudes. Peut-être volontairement, celles-ci sont, en effet, particulièrement ternes et dénuées du moindre potentiel érotique, privilégiant des cadrages inesthétiques qui désavantagent les comédiens et ôtent au film ses aspects sensuels. Certains affirment d’ailleurs que Watkins n’était intéressé que par la partie dramatique de ses scénarios et ne se souciaient guère du hardcore, qu’il filmé au contraire de manière la moins érotique et la moins satisfaisante possible pour la « foule en imperméable ». Au vu de HER NAME WAS LISA, ils pourraient bien avoir raison. A noter que la copie visionnée est coupée d’une vingtaine de minutes : manque, en particulier, une scène au cours de laquelle Lisa se venge d’un homme ayant abusé d’elle en le violant à son tour à l’aide d’un gode ceinture.

La bande originale, efficace, alterne pour sa part quelques tubes disco d’époque avec le « Robots » de Kraftwerk et le « Dazed & confused » de Led Zeppelin au mépris des règles du copyright. Le titre de Kraftwerk illustre avec humour la déshumanisation des jeunes filles tandis que celui du Zep est utilisé pour une intéressante scène où l’héroïne est sous l’influence de la drogue.

Inférieur à sa réputation, HER NAME WAS LISA demeure cependant un honnête compromis entre le drame et le porno que les curieux du hard seventies visionneront avec intérêt si ce n’est enthousiasme. Les amateurs de porno enjoué et excitant se tourneront toutefois vers d’autres titres sous peine de déchanter dès l’entame.