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Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:33
par johell
L'ECOLE DE LA SENSUALITE (Kanno Kyoshitsu Ai No Tekunniku) de Noboru Tanaka (1972)
En proie à ses premiers émois sexuels, l’adolescent Isao rêve chaque nuit de son professeur d’éducation physique, la belle et vive Ikuko. Il finit par lui ouvrir son cœur mais elle repousse gentiment ses avances. Frustré, Isao invente toutes sortes de stratagèmes pour dégoûter Ikuko de son fiancé, professeur de chimie dans le même lycée. Comme ses plans échouent, il envisage une solution radicale. La catastrophe est imminente.
Voici un long-métrage qui permet de découvrir une nouvelle facette du réalisateur du superbe OSEN LA MAUDITE. L’ECOLE DE LA SENSUALITE est une comédie érotique pétillante bourrée d’idées visuellement stimulantes et ce dès le générique d’ouverture. Noboru Tanaka donne une touche très « pop » à son long-métrage en usant d’un traitement des couleurs à la limite du psychédélisme. Les images sont tout simplement magnifiques, tout comme la très bandante Mari Tanaka, véritable « sex symbol » du « roman porno ». Portant ici une petite tenue de sport bien moulante qui souligne avec délicatesse ses belles courbes… C’est à cause d’elle que notre jeune étudiant perd la tête et se complait dans un onanisme frénétique. On peut le comprendre…
Dans ses rêveries, Isao lui fait l’amour de différentes façons : en lui brossant le corps alors qu’elle se tient en petite culotte blanche contre un tableau noir remplit d’écritures de toutes les couleurs ou encore en lui douchant la poitrine à travers les barreaux d’une cellule de prison. Des fantasmes oniriques sublimés par une mise en scène qui n’est jamais à court de nouvelles idées… N’hésitant pas à recourir à l’usage de grande quantité de lait, simulacre de fluides corporels, pour recouvrir le corps désirable de la prof de sport.
Le ton général de l’intrigue est assez léger et bien rythmé, une véritable petite sucrerie très plaisante. L’humour fonctionne plutôt bien, que ce soit à travers les tentatives de séduction ratées du pauvre jeune homme mais aussi les nombreuses visites que sa bande de joyeux copains font à une hôtesse de bar qui prend plaisir à déniaiser les adolescents. Curieusement, certaines séquences sont parfois même dérangeantes, comme cette scène très étrange où l’enseignante cautionne le passage à tabac d’un de ses anciens amant par un groupe d’étudiants. Décidément, Ikuko est un professeur vraiment très particulier!
Derrière son allure un brin sévère, Ikuko est néanmoins une demoiselle douce et libérée qui se laisse facilement entraîner dans les divers stratagèmes organisés par les étudiants pour la faire succomber, comme si elle se réjouissait d’émoustiller un peu cet amoureux transi... Mais elle retournera finalement sans cesse vers son amant chimiste plutôt moche mais bien vigoureux qu’elle considère comme le meilleur et qu’elle s’apprête à épouser.
Moins léger qu’il n’y paraît le scénario procède ensuite à une approche plutôt sombre où l’étudiant tentera d’assassiner son rival en amour. Si la comédie amorce ainsi un virage dramatique , ce n’est pas pour autant que L’ECOLE DE LA SENSUALITE devient une œuvre tragique, loin de là. Néanmoins, à ce moment-là, il se dégage du film une petite ambiance surréaliste qui vient remplacer le ton général plutôt humoristique. La grande force du film qui, dans son dénouement plutôt inattendu, donne une saveur particulièrement touchante à cette histoire.
Sans aucun doute une œuvre mineure dans la filmographie de son auteur, L’ECOLE DE LA SENSUALITE est un long-métrage hautement voluptueux, finalement beaucoup plus sérieux qu’on ne l’imagine, bien au-delà d’une comédie sexy qui se vautre uniquement dans la gaudriole. Une excellente surprise!
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:34
par magobei
johell a écrit :OSEN LA MAUDITE (Maruhi Joro Semejigoku) de Noboru Tanaka (1973)
...
Proche d’une esthétique du fantastique, OSEN LA MAUDITE est un drame passionnant bien embellit par une mise en scène inspirée où la caméra s’infiltre avec grande subtilité dans le décor intime de ces demoiselles des rues, prodiguant ainsi une très belle démonstration de sa maîtrise technique qui aboutit non pas à un « roman porno » de plus mais davantage à un grand film qui le rapproche des classiques du cinéma japonais.
Disons, pour le moins, un classique du cinoche d'exploitation. Effectivement, très joli film, alors que le "roman porno" a tendance à m'ennuyer ferme. Faut dire que je ne suis pas trop bondage...

Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:38
par johell
magobei a écrit :johell a écrit :OSEN LA MAUDITE (Maruhi Joro Semejigoku) de Noboru Tanaka (1973)
...
Proche d’une esthétique du fantastique, OSEN LA MAUDITE est un drame passionnant bien embellit par une mise en scène inspirée où la caméra s’infiltre avec grande subtilité dans le décor intime de ces demoiselles des rues, prodiguant ainsi une très belle démonstration de sa maîtrise technique qui aboutit non pas à un « roman porno » de plus mais davantage à un grand film qui le rapproche des classiques du cinéma japonais.
Disons, pour le moins, un classique du cinoche d'exploitation. Effectivement, très joli film, alors que le "roman porno" a tendance à m'ennuyer ferme. Faut dire que je ne suis pas trop bondage...

Moi, j'ai bien le bondage. Une pratique sexuelle japonaise assez particulière mais réellement fascinante à voir... Peux-être plus axé cinoche d'exploitation mais ce n'est pas aussi flagrant que ça, même si ce n'est pas un mal. D'ailleurs, ce film-là n'est pas racoleur ou malsain comme peut l'être parfois ce genre de cinéma. C'est pour cela que je le rapproche davantage du cinéma plus "classique", pour ne pas dire "respectable".

Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:41
par johell
HONG KONG REQUIEM (Sikijo Ryoko: Hong Kong Bojo) de Masaru Konuma (1973)
Akiko est une femme au foyer qui s’ennuie dans son couple. Elle vit une passion adultère avec un collègue de son mari et décide de le suivre à Hong Kong où il vient d’être muté. Le mari d’Akiko part à leur recherche, sans succès. Désespéré, il se laisse entraîner dans le milieu interlope de la ville par un mystérieux métis sino-japonais qui le plonge dans la drogue et le proxénétisme. Jusqu’au jour où il finit par apprendre la terrible vérité sur sa femme infidèle.
Voici un « roman porno » plutôt exotique car celui-ci n’a pas été tourné en terres japonaises mais à Hong Kong. Konuma ne joue pas pour autant les touristes à mesure des vagabondages de son héros, car il ne nous présente pas cette ville sous ses plus beaux côtés. C’est avant tout une lente descente aux enfers pour le mari trompé à mesure qu’il cherche sa compagne qui l’a abandonné. Il n’y a finalement que sa belle-sœur - charmante Setsuko Ogawa - qui s’inquiète pour lui en le suppliant de revenir très vite au Japon. Mais il ne fait pas long avant de faire de malheureuses rencontres : un inquiétant personnage qui se dit vouloir l’aider pour finir par lui trouver une prostituée qui se drogue et qui est le parfait sosie de son épouse…
HONG KONG REQUIEM n’est pas à proprement parler un film érotique. Même si le film comporte son lot de séquences de nudité, il s’agit davantage d’une histoire axée sur un homme qui cherche à comprendre les raisons qui ont poussées sa femme à le quitter. Une fois que l’on arrive à Hong-Kong, le long-métrage trouve une saveur héritée des polars désenchantés sur fond de musique jazzy. Le film développe une fascinante relation entre le mari trompé très influençable et son ami sino-japonais au caractère plutôt pervers; les deux hommes finissant par commettre crimes et viols.
A travers cette sordide histoire, Masaru Konuma joue sur plusieurs genres pour aboutir à une œuvre hybride, un mélange assez surprenant qui le rapproche peut-être plus du cinéma d’exploitation que du « roman porno ». Il comporte de nombreuses scènes assez hallucinantes dont la plus grande réussite reste une longue séquence surréaliste où notre pauvre ère succombe à un « bad trip » ponctué d’images cauchemardesques qu’on croirait issues d’un délire psychédélique.
Si les comédiennes sont ici plutôt reléguées au second plan; le rôle de Junko Miyashita étant réduit à une peau de chagrin; il est important de saluer les grandes performances de ces deux interprètes masculins. Hirokazu Inoue personnifie l’homme trompé à la fois perdu et déterminé à comprendre sa situation, tandis que Kazuhiko Yakata est une sorte de gangster trouble et dangereux qui se sert de sa nouvelle connaissance à Hong Kong pour le transformer en sadique sans conscience.
Drame adultère sur fond de film noir, HONG KONG REQUIEM est une œuvre puissante et visuellement très riche, le réalisateur composant souvent des plans incroyables tandis que le scénario riche en rebondissements offre une intrigue superbe et finalement assez émouvante sur un couple de la classe moyenne en apparence paisible mais qui va lier son destin dans une grande ville chinoise qui ne tardera pas très longtemps à les avaler. Chef-d’œuvre!
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:42
par johell
L'EPOUSE, L'AMANTE ET LA SECRETAIRE (Onna Shinnyushain 5-Ji Kara 9-Ji Made) de Katsuhiko Fujii (1982)
Sous prétexte de pouvoir la fréquenter plus facilement, un directeur d’entreprise recrute directement son amante. En fait, ses intentions sont bien moins romantiques : il veut en faire une call girl pour faciliter la signature de gros contrats avec des américains. Furieuse, l’amante se ligue avec l’épouse et la secrétaire du directeur. Les trois femmes séquestrent et condamnent l’homme à faire l’amour avec elles jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Comédie balourde aux rebondissement digne d’un vaudeville, ce film de Katsuhiko Fuji - grand spécialiste des adaptations de récits du Marquis De Sade - est à la base une revisitassions coquine d’un film avec Jane Fonda et Dolly Parton intitulé COMMENT SE DEBARRASSER DE SON PATRON (Nine To Five) datant de 1980.
Si l’intrigue et les supposés gags ne sont guère très intéressants à suivre, le long-métrage possède un très bel atout de charme en matière de distribution; principalement en ce qui concerne la voluptueuse Junko Asahina, véritable bombe sexuelle qui se démène sans compter dans cette histoire ridicule. Même affublée d’énormes lunettes qui lui bouffe la moitié du visage, elle reste hautement désirable. Ses nombreuses séquences érotiques constituent d’ailleurs le meilleur du long-métrage.
Malgré la stupidité de son humour, le film reste tout de même agréable à suivre. Notamment grâce à l’approche du réalisateur dans la représentation de la nudité. Le « roman porno » usuel ne pouvant pas afficher des images sexuelles explicites, Fuji arrive à détourner les codes de la censure de manière assez étonnante en présentant pour la première fois à l’écran une grosse touffe de poils pubiens. Que celle-ci soit issu d’une poupée gonflable ne change pas le fait que la mise en perspective est assez troublante. A travers les quelques péripéties administratives qui jalonnent le récit, le réalisateur arrive donc à concocter des plans réellement chauds comme une érection à travers le pantalon du patron qui se voit brosser en pleine journée l’entrejambe par sa secrétaire; la sous-directrice qui se fait doigter le cul à quatre pattes dans le bureau de la direction suite à l’application sur son sexe d’une crème « électrisante »… Le film use à de très nombreuses reprises de gros plans baignés d‘une lumière un peu trop blanchâtre, notamment sur les fesses de ses protagonistes comme il serait de coutume d’en voir dans une production pornographique.
Il y a aussi dans L’EPOUSE, L’AMANTE ET LA SECRETAIRE deux séquences particulières… Tout d’abord, pour conclure la signature d’un contrat, un client américain se voit offrir une jeune gamine étudiante sois disant encore vierge - son hymen est artificiel, elle n’en est pas à moins de son dixième dépucelage - en guise de bonus professionnel. Là, le long-métrage flirte avec la provocation gratuite dans son imagerie pédophile pour une scène grotesque qui n’était pas vraiment nécessaire.
Plus tard, après qu’elle se soit faite abusée par son patron sur la photocopieuse, la pauvre secrétaire se retrouve prise dans un viol collectif dans les toilettes par trois ouvriers du bâtiment. Le viol, finalement anodin, n‘assure aucune dramaturgie sur l‘ensemble de lintrigue et redevient encore une fois une séquence totalement gratuite. On en rigolerait presque d’entendre la « victime » proclamé lors d’une douche salvatrice qu’elle « oublie rapidement les mauvaises choses ». Le film baigne constamment dans cet état d’esprit décontracté, à mi-chemin entre la misogynie crasse et la gaudriole la plus lamentable alors qu‘il semble y avoir tentative d‘un sous-texte à vocation féminine qu‘on aura bien du mal à déceler. Car ces demoiselles bien dévouées à leur boss essaient malgré tout de se sortir de l’emprise du mâle… L’heure de la vengeance a sonné!
La revanche des trois femmes est bien évidemment digne des frasques de leur patron. C’est l’occasion rêvée d’humilier bassement l’homme désormais sans défense et d’en profiter un maximum dans une ambiance digne d’une partouze bienheureuse!
Guère très original et pas particulièrement subtile dans ses effets comiques, L’EPOUSE, L’AMANTE ET LA SECRETAIRE reste néanmoins un divertissement honorable à suivre pour celui qui n’en demande pas trop en savourant avec extase une distribution féminine qui n’hésite jamais à tomber la robe pour bien se faire tringler. A ce jeu-là, le film est plutôt une réussite et son approche technique dans les scènes explicites, véritable entorse aux règles de la censure, en font un curieux objet au sein du catalogue « roman porno ».
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:44
par johell
5 SECONDES AVANT L'EXTASE (Taimu Abanchûru : Zecchô 5-Byô Mae) de Yojiro Takita (1986)
Tokyo, 1986. Chaque nuit, Etsuko s’adonne aux plaisirs solitaires en pensant à son chef de service dont elle est amoureuse. Un soir, plus excitée que jamais, elle atteint un orgasme si puissant que son corps se transforme en « énergie extatique » qui lui fait traverser le temps. Arrivée dans le Tokyo de 2001, Etsuko fait la rencontre d’elle-même âgée de 15 ans de plus. Elle est mariée mais son couple bat de l’aile. Pour redresser la situation, Etsuko doit retourner en 1986. Mais par quel moyen?
Ce « roman porno » est une comédie atypique qui joue dans le registre de la science-fiction. Le scénario est intriguant et rappelle quelque peu celui de RETOUR VERS LE FUTUR (Back To The Future) de Robert Zemeckis, curieusement réalisé une année auparavant. De là à dire qu’il y a plagiat… De toute manière, les deux films débutant sur une bonne idée n’ont pas du tout les mêmes ambitions. Ici, nous sommes dans une petite comédie polissonne et même si l’intrigue est prometteuse il ne faudra pas en attendre beaucoup…
C’est amusant de voir comment les japonais imaginait le Tokyo du 21ème siècle au milieu des années quatre-vingt. La ville a été victime d’un deuxième séisme, Clint Eastwood est nommé président des Etats-Unis et les voyous du Japon ressemblent à des bikers digne d’un film post-nuke! Il y a aussi tout un travail au niveau des costumes qui, s’ils se donnent un look un brin rétro-futuriste, restent finalement bien ancré dans la décennie du kitsch. Les habitants ont des téléphones qui font des bruits de laser et on communique par télévisions interposées… C’est aussi tout ces petits détails qui font le sel de cette comédie d’un autre temps.
Si Etsuko tombe assez rapidement sur son mari de l’époque, s’assurant lui-même un job de détective privé qui traque les cas d’adultère, l’intrigue met quand même bien du temps à se nouer. Avant qu’elle ne réalise qu’elle fréquente déjà la personne qui sera sa famille, Etsuko ne fait pas grand-chose. Et le long-métrage d’aligner de nombreuses séquences sans réel intérêt : le petit garçon tatoué de 1986 s’envoie en l’air une petite jeunette pour nous montrer qu‘il a bien grandit depuis l‘époque; un jeune scientifique travaillant sur une machine à remonter le temps défaillante en profite pour titiller les parties intime de sa compagne…
Niveau sexe, 5 SECONDES AVANT L’EXTASE c’est surtout du frottage de culotte. Mis à part une scène anthologique où l’héroïne se masturbe dans son lit, aucune scène coquine n’est vraiment remarquable ou à la hauteur de son statut. Par contre, le réalisateur ménage des petits moments de comédie assez tordants, comme cette querelle entre le détective et sa femme d’aujourd’hui mis en scène comme une danse de tango ou encore Etsuko qui traîne n’importe comment son adorable petit chat Mikael qui la suit partout... C’est mignon. Mais l’ensemble du long-métrage est finalement bien trop mou pour emporter l’adhésion.
Dans son dernier acte, le long-métrage gagne tout de même gentiment en délire lorsque Etsuko se déclare enfin à elle-même et décide de se bouger enfin le cul pour pouvoir retourner en 1986. Quelques amusants échanges de dialogues et pour terminer une nouvelle séquence de plaisir solitaire avec un casque de lumières qui clignotent à savourer et puis c’est tout! On retiendra également dans le rôle principal de la fille qui n’est pas à sa place la jolie Kozue Tanaka au délicieux physique bien avantageux.
Dommage que le film n’exploite pas davantage son concept qui aurait pu donner une joyeuse aventure pleine de folies. Ici, tout ceci reste relativement sage; il lui manque ce petit grain qui aurait pu rendre le spectacle davantage appréciable. C’était une œuvre de jeunesse du réalisateur Yojiro Takita, respectable technicien qui fut récompensé par l’oscar du meilleur film étranger DEPARTURES (Okuribito) en 2009. Le bonhomme a donc bien fait du chemin depuis ce « roman porno» tout de même sympathique et non dénué de charme(s).
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:46
par johell
JOURNAL EROTIQUE D'UNE INFIRMIERE (Watashi No Sex-Hakusho) de Chûsei Sone (1976)
Akémi est prisonnière d’un tourment inavouable : une attirance quasi incestueuse pour son frère, petit voyou, qui vit chez elle. Un jour, elle apprend qu’il travaille pour un yakuza spécialisé dans le trafic de photos pornographiques. La libido d’Akémi explose et elle voit bientôt dans la prostitution le seul moyen d’oublier son mal de vivre. Akémi décide de travailler comme call-girl pour le yakuza.
Ce « roman porno » exploite le concept hautement érotique de personnage de l’infirmière. Mais l’illustration qu’en tire le réalisateur est bien loin du fétichisme médical auquel on pourrait s’attendre… Ici, il expose la part sombre d’une jeune femme qui cherche dans la débauche de sexe un remède à un amour interdit.
Bien aidé par un usage du Cinémascope dont il ressort des cadrages très inventifs de toute beauté ainsi qu’une musique rock psychédélique de Cosmos Factory, on sent dès le générique d’ouverture qu’on a affaire ici à une histoire « rose » qui sort de l’ordinaire. Ancien assistant de Seijun Suzuki, Chûsei Sone en a hérité le sens du découpage et des expérimentations visuelles - inversion du négatif, usage de photographies, surimpressions - dont il fait usage ici, donnant à son long-métrage une véritable touche de modernité.
Le scénario, écrit par une femme est d’une âpreté psychologique intense dans le ressenti de son héroïne. Il nous dévoile ainsi l’intimité à la fois morne et très perturbée de cette infirmière personnifiée par une actrice rare, Maria Mitsui dont il s’agit de l’unique rôle dans une production « roman porno » du studio Nikkatsu. Elle n’en est pas moins inoubliable et terriblement émouvante. Le film s’autorise également une autre grande performance en la personne de Masutomi Nobutaka dans le rôle du yakuza, un physique et surtout une gueule absolument incroyable.
Les nombreuses séquences érotiques sont toujours magnifiquement bien composées. Troublante comme celle où ne pouvant réprimer son désir pour son frère, la jeune femme se caresse devant lui, observant toute la scène depuis le fond d’un placard où il s’est réfugié… Il y a aussi ce rendez-vous qui tourne mal avec un client qui paie pour coucher avec Akémi et se retrouve ensuite malmenée sur une table avant de s’humilier par le biais d’une « douche dorée »…
Tragique et empreint d’un persistant désespoir sentimental à travers cette âme fêlée, LE JOURNAL EROTIQUE D’UNE INFIRMIERE est une œuvre formellement novatrice et psychologiquement éprouvante. Son auteur utilise le sexe pour mieux servir un drame particulièrement prenant qui n’est pas loin d’être inoubliable. Une très belle réussite et probablement une œuvre majeure considérable!
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:47
par johell
GRAINE DE PROSTITUEE (Showa Onnamichi: Rashomon) de Chûsei Sone (1972)
Todo est le garde du corps d’un politicien influent dans le Japon de l’avant-guerre. Son maître, despotique et pervers, oblige Shino, la prostituée fiancée à Todo, à devenir sa maîtresse. Elle va lui donner de faux jumeaux. Le maître garde le garçon pour en faire son héritier, et répudie Shino et sa fille. Dix-neuf ans plus tard, devenue prostituée comme sa mère, la fille tombe amoureuse d’un client qui n’est autre que son frère jumeau…
Qui aurait cru qu’un jour je verrais un « roman porno » qui me ferait verser des larmes de tristesse? C’est désormais chose faite... Avec le JOURNAL EROTIQUE D’UNE INFIRMIERE réalisé quelques années plus tard, on peut considérer ces deux œuvres comme un diptyque sur la thématique de l’inceste. Ici, la tragédie se déroule en costumes dans le milieu aristocratique, celui de la prostitution et des samouraïs. Ces trois univers se mélangent dans une intrigue faite d’oppression et de culpabilité.
Plein d’amertume et de mélancolie, GRAINE DE PROSTITUEE n’est pas un « roman porno » facile et joyeux. C’est une histoire d’une tristesse infinie où la plupart des séquences de sexe sentent la douleur et la mort. Comme cette dramatique scène de lit où deux amants s’égorgent mutuellement pendant qu’ils font l’amour, tapissant d’un rouge vif leur couche et les tatamis environnants. C’est dans ce climat sordide que Kyoko, reprenant le nom de sa mère Shino, désire vouloir faire sa vie. En se donnant à des inconnus parce que née d’une fleur de pavé et d’un père inconnu, c’est une jeune fille qui a une profonde haine ancrée en elle. Pourtant c’est bien là qu’elle va développer un amour très fort et inattendu.
Si les séquences érotiques de son film sont passablement gâchées par des caches imposés par la censure de l’époque - énormes durant cette première période des « roman porno » pour ensuite s’avérer beaucoup plus discrets par la suite - le réalisateur développe en contrepartie un étalage de séquences d’actions sanguinolentes à travers de nombreux combats au sabre et d’exécution à l’arme à feu. Car GRAINE DE PROSTITUEE est aussi graphiquement violent qu’il l’est dans ses émotions. Il n’y a qu’une très belle scène de tendresse lorsque les deux amants interdits se donnent l’un à l’autre en faisant l’amour dans une barque pas loin du rivage alors que la mer se déchaîne derrière eux. Un instant de sérénité suprême, calme en apparence et d’une beauté subjuguante, porté par une douce petite musique triste…
Cette histoire très noire aux relents de tragédies shakespeariennes est portée par de très bons comédiens, notamment l’émouvante Hitomi Kozue dans le rôle de la fille rejetée et que l’on cache. Un rôle dur et magnifique à la fois, dont la comédienne fait passer quantité d’émotions à travers un visage marqué par les événements d’une vie difficile. Elle se donne aussi physiquement dans une séquence difficile de bondage où maintenue en lévitation par des cordes elle sera fouettée et abusée.
GRAINE DE PROSTITUEE est une œuvre puissante, émotionnellement dévastatrice. Fort d’un contexte politique où, à l’époque, le Japon subissait une grosse révolution dans sa société, Chûsei Sone en a fait une œuvre engagée. Et même si la conclusion de son histoire est si abrupte qu’elle pourra sans doute surprendre, il n’est reste pas moins qu’il s’agit-là d’une histoire dont on peut ressortir bouleversé.
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:49
par johell
LE DOUX PARFUM D'EROS (Erosu Wa Amaki Kaori) de Toshiya Fujita (1973)
Koichi fait la rencontre d’Etsuko, une styliste de mode habitant une ancienne base américaine transformée en quartier résidentiel. C’est un garçon viril qui a vite fait de séduire la jeune célibataire en mal d’amour. Il s’installe chez elle et vit à son crochet. Un jour, un couple d’amis d’Etsuko, sans travail comme Koichi, décide de s’installer chez elle. Une sulfureuse vie à quatre commence…
Difficile de bien cerner cette histoire. Ici, il semble qu’on ait droit à une parabole témoignant des maux d’une certaine époque. Le « roman porno » qui flirte avec le film d’auteur. Ce dernier n’étant ici guère compréhensible. Cette histoire qui est pratiquement construite comme un huis-clos avec 4 personnages enfermés dans un appartement un peu pourri n’est pas des plus faciles à suivre. C’est le Japon d’après-guerre, sans doute en train de se remettre de ses blessures et la jeunesse de prétendre à l’émancipation…
Le film, formellement très soigné, est vraiment magnifique. Ses images sont souvent très somptueuses et bourrées d’idées probablement symboliques, mais encore faut-il pouvoir les déchiffrer correctement. Le discours est plutôt nébuleux et lorsqu’on ne nous met pas devant les yeux des séquences érotiques assez réussies, le long-métrage en devient gentiment ennuyeux. De nombreuses questions nous interrogent sans pour autant qu’on en trouve des réponses. LE DOUX PARFUM D’EROS en devient frustrant car pas loin d’être incompréhensible.
Toutefois, le réalisateur ménage quelquefois des séquences particulièrement impressionnantes comme cette décapitation au ralenti d’un cochon. Il y a aussi quelques bizarreries comme ce mannequin dans le salon de l’appartement avec comme visage une photo d’Alain Delon fumant une cigarette. Et lorsque Koichi fantasme sur le fait de s’envoyer en l’air avec une hôtesse d’un bar, une cage à oiseaux vient servir d’outil de censure pour nous cacher le coït rêvé… Et que signifie cette vague tentative de suicide dans la baignoire?
Le film parle d’une forme d’errance à travers le personnage principal, un photographe vagabond qui s’incruste chez une jeune femme qu’il croit connaître. Leurs rapports sont étranges, conflictuels… Sans pour autant y trouver matière à résolution ou évolution. Sur la longueur c’est plutôt agaçant. Vide existentiel, quête éperdue de sexe?
L’auteur de LADY SNOWBLOOD (Shurayukihime), réalisé la même année, offre un spectacle assez particulier avec LE DOUX PARFUM D’EROS. Sans doute plus surprenant qu’il n’est réellement décevant, il faut sans doute plusieurs visions pour pouvoir en saisir tout le sens, ou bien encore avoir une bonne connaissance historique des événements de l’époque pour bien en saisir toute la portée? En l’état, cela demeure un « roman porno » très visuel qui charme sans problème le regard. Avec des beautés asiatiques comme Hiroko Isayama et Kaori Momoi, le film spectacle est quand même assuré avec un minimum de plaisir…
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:51
par johell
LA LECON DE CHOSES DE MADEMOISELLE MEJIKA (Kyoshi Mejika) de Chûsei Sone (1978)
Mejika, jolie métisse eurasienne, se fait embaucher comme professeur de biologie à Hakucho, un grand lycée formant les futures élites de la nation et réputé pour sa discipline de fer. Mais l’attitude provocante de Mejika - postures lascives, stripteases en classe, etc. - finit par inquiéter la direction. Elle sème le trouble en dévoilant des affaires de mœurs et de corruption pour montrer que le prestige de cette école n’est plus que de façade.
Troisième découverte d’un « roman porno » mis en scène par le cinéaste Chûsei Sone après GRAINE DE PROSTITUEE (Showa Onnamichi: Rashomon) et JOURNAL EROTIQUE D'UNE INFIRMIERE (Watashi No Sex-Hakusho), il est force de reconnaître que cette dernière vision n’est vraiment pas du tout du même niveau que ces précédentes œuvres. Il est même assez étonnant de se retrouver devant un produit aussi banal que celui-ci… Plutôt étonnant de la part d’un auteur qui avait jusque là toujours su étonner par ses partis pris esthétiques et scénaristiques.
LA LECON DE CHOSES DE MADEMOISELLE MEJIKA débute comme une œuvre du genre « pinky violence » : milieu du lycée, administration douteuse, étudiants violeurs… Il y avait de quoi faire avec un sujet pareil. D’autant plus que le studio Nikkatsu y apporte une touche d’exotisme en confiant le rôle principal à une star eurasienne du nom de Hitomi Sakae. Hélas, mis à part ses « yeux de biches », la comédienne n’est pas particulièrement jolie à voir tandis que ses talents dans un registre plus dramatique en font une chose aussi expressive qu’un poisson mort.
Pour l’érotisme que laisserait suggérer son titre très évocateur, il est quasiment absent durant la plus grande partie du long-métrage. C’est un comble car l’intrigue préfigure tout de même un viol collectif par une bande d’étudiants et un cas de prostitution parmi les enseignants… Mais, au final, cette intrigue est davantage axée vers un récit policier où la nouvelle enseignante se targue de faire ressurgir une vieille histoire du lycée pour son propre profit.
Passé le premier tiers du film qui comporte une chouette séquence de triolisme avec l’excitante Izumi Shima; une petite femme autrement plus bandante que sa collègue; le scénario s’enlise dans les discussions ronflantes et autres négociations et manipulations. On y perd progressivement tout intérêt, tout comme le réalisateur qui semble tirer son sujet en longueur alors qu’il aurait sans doute gagné à être plus concis pour davantage d’impact. De prime abord, il semble que Chûsei Sone se désintéresse totalement des séquences de sexe qu’il bâcle assez rapidement sans pour autant arriver à dynamiser le reste de son sujet. Au final, il ne reste pas grand-chose de cette « leçon de choses » qui semblait pourtant bien prometteuse…
On bâille donc beaucoup devant ce long-métrage de plus en plus ridicule à mesure qu’on se rapproche de sa conclusion. Et puis, en terme d’épilogue, comme si tout à coup le réalisateur se voyait rappeler son cahier des charges « érotiques » qu‘il n‘a guère remplit jusque là, il inclut à la va-vite une pseudo scène coquine où Mademoiselle Mejika se fait prendre par derrière par un joggeur moustachu - et en training jaune! - qui se baladait par là... Comme ça, l’air de rien, un petit coup en vitesse; histoire de décompresser avant d’envoyer les crédits du générique de fin. Une manière comme une autre de montrer la lassitude du cinéaste pour le genre « roman porno » auquel cette œuvre tiède n’apporte absolument rien d’autre qu’un ennui profond.
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:51
par magobei
johell a écrit :magobei a écrit :
Disons, pour le moins, un classique du cinoche d'exploitation. Effectivement, très joli film, alors que le "roman porno" a tendance à m'ennuyer ferme. Faut dire que je ne suis pas trop bondage...

Moi, j'ai bien le bondage. Une pratique sexuelle japonaise assez particulière mais réellement fascinante à voir... Peux-être plus axé cinoche d'exploitation mais ce n'est pas aussi flagrant que ça, même si ce n'est pas un mal. D'ailleurs, ce film-là n'est pas racoleur ou malsain comme peut l'être parfois ce genre de cinéma. C'est pour cela que je le rapproche davantage du cinéma plus "classique", pour ne pas dire "respectable".

Chacun son truc!
Concernant
Osen, je le rapprocherais plus de trucs comme
Inoshika Ocho ou de la série des
Poisonous Seductress que du cinoche mainstream, même si je vois ce que tu veux dire. On est quand même clairement dans une logique d'exploitation (ce qui n'est pas forcément un mal, comme tu le dis si bien)
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 11:53
par johell
LE VIOLEUR A LA ROSE (Reipu 25-Ji: Bôkan) de Yasuharu Hasebe (1977)
Un inconnu viole et cambriole des femmes. Mais ses victimes sont étrangement charmées par la force sexuelle de leur bourreau qui semble les éveiller à une sensualité pure et vraie. Certaines lui demandent même de repasser. Mais le gentleman violeur a de gros soucis : un mystérieux gang d’homosexuels le harcèle…
Ici, on rentre dans un sous-genre assez particulier du film érotique japonais : « le roman porno violent »! Yasuharu Hasebe, notoirement célèbre pour sa contribution à la série « pinky violence » intitulé BOULEVARD DES CHATTES SAUVAGES - plus connu internationalement sous le titre STRAY CAT ROCK - apporte ici une œuvre à sensations pour le studio Nikkatsu.
Ce long-métrage étonnant à plus d’un titre est un récit à la lisière du fantastique. Bardé d’un tatouage d’une rose incolore sur son bras, celle-ci gagne tout à coup des couleurs à mesure que le violeur abuse d’une de ses victimes répétées. Comme si la rose lui donnait un pouvoir particulier. Encore plus surprenant, les femmes deviennent rapidement consentantes sous les assauts sexuels de leur tortionnaire. Comme si le fait d’être prise de force leur procurait une jouissance extrême… Il n’y aura pas plus d’explications, le scénario laissant dans le vague le plus complet sur la provenance de cette gravure poétique incarnée dans la peau. A travers ce dessin, c’est la représentation en somme du mâle suprême, charismatique; irrésistible malgré son comportement violent, pourvoyeur de plaisirs infinis.
Adjoint à ses escapades immorales, le mystérieux violeur au blouson rouge embarque avec lui un pompiste rencontré dans une station d’essence. Consentant et voyeuriste, il ne tarde pas bien longtemps à devenir actif dans ces délits toujours plus condamnables. Pourtant, bien qu’il ait devant lui le pouvoir d’abuser du corps des femmes en toute impunité, l’homme n’arrive jamais à en profiter pleinement et encore moins à faire apprécier le viol à ses partenaires et ainsi à les combler. De cette situation, Hasebe présente LE VIOLEUR A LA ROSE comme une sorte de rite initiatique où le maître enseigne son disciple aux plaisirs sauvages tout en continuant à dépouiller ses victimes qui sont finalement prêtes à payer pour se faire baiser.
Film révoltant et choquant? Assurément, du moins pour la gente féminine qui se retrouve ici représentée comme « chair à pâté » uniquement disponibles pour exaucer les plus sombres désirs des hommes, mais néanmoins en jouissant des abus de leur propre corps. Le scénario, en apparence simpliste est beaucoup plus complexe que l’on ne pense. La rose, fleur que l’on offre pour séduire une femme, est comme un outil dont le violeur use ici pour obtenir ce qu’il veut. Une sorte de pouvoir magique qui a bien sûr un revers de médaille : en plus de faire succomber les femmes, l’homme au blouson rouge est poursuivi par une bande d’homosexuels qui n’en désirent pas moins que de goûter à l’incontournable extase viril ! Dément. Peut-être à la limite du ridicule ou du mauvais goût, le film ne l’est franchement pas. Et à mesure que l’intrigue se noue, une escalade de violence est inévitable pour en trouver sa résolution… et arrive sans doute enfin le moment pour le pompiste de vraiment se révéler comme la personne qu’il est réellement au fond de lui : un homme!
Film foncièrement déplaisant à regarder, l’excitation se dégageant presque exclusivement des scènes de viol, le long-métrage de Yasuharu Hasebe est fascinant de bout en bout. Réaliste et brutal dans ses descriptions d’actes sexuels, il s’affranchit néanmoins de tout superflu. Concentré sur les malfrats, le film ne suggère qu’une seule fois la mise en avant du crime de viol via un article dans un magazine. Mis à part ça, il n’y aura pas d’investigation ni d’intervention de la police ou encore moins d’une conscience ou d’une quelconque justice… On est ici du côté du « Mal/Mâle ».
Il est intéressant d’assister progressivement à l’endoctrinement d’une personne ordinaire - le pompiste - qui se retrouve bien malgré lui entraîné par un personnage mystérieux, de prime abord plutôt convivial et au visage avenant, le poussant bien malgré lui à commettre l’irrépressible acte. On en vient peut-être même aux sources des pulsions morbides, comme le laisse suggérer le scénario avec l’arrivée de l’homosexualité perçu comme quelque chose de contre-nature. D’ailleurs, c’est par le biais de ces personnages stéréotypés qu’arrivera un déchaînement de violence crasse qui ferait presque passer les viols féminins comme quelque chose d’agréable.
Quoiqu’il en soit, LE VIOLEUR A LA ROSE est une œuvre dérangeante au discours politiquement très incorrect qui n’a absolument rien perdu de sa force après trente cinq années depuis sa sortie au Japon. Pur moment de cinéma qui se réclame autant de la bobine d’exploitation racoleuse que d’une œuvre à réflexion ô combien douteuse mais qu’on ne peut s’empêcher de trouver brillante de bout en bout!
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 12:03
par johell
magobei a écrit :johell a écrit :
Moi, j'ai bien le bondage. Une pratique sexuelle japonaise assez particulière mais réellement fascinante à voir... Peux-être plus axé cinoche d'exploitation mais ce n'est pas aussi flagrant que ça, même si ce n'est pas un mal. D'ailleurs, ce film-là n'est pas racoleur ou malsain comme peut l'être parfois ce genre de cinéma. C'est pour cela que je le rapproche davantage du cinéma plus "classique", pour ne pas dire "respectable".

Chacun son truc!
Concernant
Osen, je le rapprocherais plus de trucs comme
Inoshika Ocho ou de la série des
Poisonous Seductress que du cinoche mainstream, même si je vois ce que tu veux dire. On est quand même clairement dans une logique d'exploitation (ce qui n'est pas forcément un mal, comme tu le dis si bien)
Je n'aime pas cette forme de ghettoïsation d'un certain type de cinéma. Même si c'est bien de savoir à quoi on a affaire, cela a souvent tendance à brimer ce genre de films alors qu'il y a souvent de véritables merveilles à découvrir. Mais bon, je suis tout à fait d'accord pour dire que ce n'est absolument pas du cinéma "mainstream". Cela risque forcément d'horrifier le spectateur moyen. Mais pour tout amateur de cinéma asiatique, c'est un genre de films à voir... Les
POISONOUS SEDUCTRESS, c'est très bon aussi.
INOSHIKA OCHO également. J'adore ces films!

Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 12:05
par johell
FLEUR EMPOISONNEE (Shôwa Erotica: Bara No Kifujin) de Katsuhiko Fujii (1980)
Au cours de l’hiver 1941, Kumiko, une marquise, fuit son vieil époux pervers et trouve refuge dans les bras d’un artiste. Ce dernier décide d’aller à la rencontre du marquis, reclus dans son manoir, pour lui demander de quitter Kumiko. La requête de l’amant n’étonne pas le vieil homme outre mesure. Il l’invite même à séjourner chez lui quelques jours, le temps de lui narrer l’histoire de Kumiko. Un étrange huis clos s’installe.
Réalisateur de la comédie L'EPOUSE, L'AMANTE ET LA SECRETAIRE sortie deux ans plus tard, Katsuhiko Fujii fut aussi le créateur d’une autre intrigue à multiples personnages qui, cette fois-ci, se révèle absolument délectable. Ayant pour toile de fond le déclenchement de la guerre du Pacifique, l’intrigue mystérieuse auquel nous convie le cinéaste s’apparente à une sorte de Cluedo érotique bien tordu.
En s’invitant dans la demeure du vicomte pour lui offrir une peinture de son épouse ainsi que pour lui demander la main de cette dernière, Akimoto, et par là même occasion le spectateur, pénètre la demeure isolée en plein cœur des montagnes Nagano. C’est ainsi que l’on s’enferme dans une sorte d’estrade théâtrale perverse où vont se croiser quantité de personnalités qui auront chacune un rôle à jouer dans l’histoire de l’infortunée demoiselle en apparence sous l’emprise d’un vieux cochon. Il y a tout d’abord la fille d’un héros japonais accompagné de ses deux gardes du corps; celle-ci étant une fétichiste du régime fasciste, elle porte un costume allemand et orne fièrement ses écussons nazis tandis que sous sa chemise et entre ses seins se dissimule une croix gammée. Plus tard, viendra s’ajouter un docteur et une infirmière; et puis aussi deux soldats japonais à la recherche d’un espion russe débarqueront en soirée pour y demander l’hospitalité à leur hôte. Tout ce beau monde, comme dans un grand échiquier humain, aura un rôle à jouer...
FLEUR EMPOISONNEE est un film visuellement somptueux. Le travail sur les décors et les costumes sont un régal pour les yeux; de même que la photographie du film qui génère des ambiances assez incroyables allant d’une atmosphère gothique à souhait pour parfois avoir des relents de thriller italien. Il faut dire qu’avec un intrus dans la maison, masqué de gants blancs et armé d’un rasoir, on n’est plus très loin d’un giallo. Pour encore plus renforcer l’affiliation de cette œuvre avec le genre en question, le réalisateur y incorpore également une petite comptine et un traumatisme de l’enfance via un petit moulin à vent qui aura bien entendu tout son impact lors des révélations finales. Cela fait partie des multiples surprises que comporte le long-métrage de Fujii qui ne cesse de surprendre par ses nombreuses idées à la fois visuelles et scénaristiques. Car on est loin d’avoir tout découvert…
Les séquences sexuellement explicites qui parsèment judicieusement l’intrigue sont à chaque fois d’un érotisme sadique assez jubilatoire. On y effectue le rasage intégrale du sexe féminin - pratique inhumaine selon notre ami le peintre! - et lorsqu’il s’agit d’enquêter sur la disparition du gros bijou de la jeune épouse, on nous gratifie d’un interrogatoire musclé qui vire dans une représentation du sadomasochisme le plus humiliant. Pauvre infirmière…
Le spectacle gratiné que nous offre le vicomte et ses convives atteint bientôt son point culminant avec la résolution des nombreuses questions accumulées à force d’événements inattendus. Et le dernier acte est encore une fois aussi surprenant que tout le reste. Il ne sombre pas, à quelques détails près, dans la facilité et se révèle même particulièrement jouissif et hautement pervers. On regrettera juste quelques petites faiblesses au niveau de la mise en scène, en particulier un accident de moto passablement raté, mais qui n’entache quasiment pas le plaisir qui procure son twist final bien amené et non dénué d’humour.
FLEUR EMPOISONNEE est donc un long-métrage sacrément réjouissant sur tous les points. Un petit joyau noir très divertissant qui possède à la fois un scénario aux multiples rebondissements tous très surprenants et surtout une beauté formelle chatoyant le regard à tout instant. Il faut aussi y rajouter la plastique sensuelle de ces deux comédiennes, Erina Miyai qui personnifie la malheureuse marquise sans oublier la perverse en uniforme nazie, l’étrange Yuko Asuka. Un « roman porno » formidable comme on aimerait en voir plus souvent. Indispensable!
Re: Erotik topic
Publié : 1 juin 12, 12:06
par johell
JOURNAL EROTIQUE D'UNE SECRETAIRE (OL Kanno Nikki: Ah! Watashi No Naka De) de Masaru Konuma (1977)
Asami, secrétaire, 24 ans, vit avec son père veuf qui voudrait bien la marier. Mais elle est la maîtresse de son chef de service qui lui a promis le mariage. Un jour, elle comprend qu’elle n’est qu’un jouet sexuel pour lui. Tombée des nues, Asami décide de tout quitter : son père, son amant, son travail… et de partir sur les routes.
Après le film JOURNAL EROTIQUE D’UNE INFIRMIERE de Chûsei Sone réalisé en 1976, voici que le studio Nikkatsu nous propose une portrait d’un tout autre genre avec ce nouveau « journal » qui décrit le quotidien d‘une secrétaire. Une série à l’intérieur du genre « roman porno » qui comportera 7 opus consacré à l’OL que l’on traduit par « Office Lady ».
C’est dans ce film qu’apparaît pour la toute première fois Asami Ogawa. Une jeune femme de 22 ans, beauté assez ordinaire à la frêle anatomie qui contraste assez violemment avec les physiques beaucoup plus sensuelles d’actrices de première génération comme Naomi Tani, Junko Miyashita ou Mari Tanaka. Elle y dégage une image de fragilité et de timidité qui la rendra extrêmement attachante aux yeux du public et ce malgré des talents de comédiennes guère exceptionnels.
Le quotidien de la secrétaire se passe entre des journées au bureau au milieu de ses collègues qui tapent à la machine à écrire et des soirées à s’occuper de son papa veuf qui noie son ennui dans l’alcool. Et puis, de temps en temps, dans une chambre d’hôtel louée pour l’occasion, elle couche avec son boss en attendant un avenir meilleur…Le film de Konuma transpire la tristesse et la mélancolie des femmes qui ne voient pas l’horizon avec espoir. Izumida, collègue d’Asami, tombe sans arrêt amoureuse de ses partenaires qui en profite pour abuser d’elle au bureau et dans n’importe quelle situation. Le réalisateur arrive très bien à saisir la détresse de la jeune femme lors d’une scène d’attouchements dans un ascenseur qui aura bien secoué l’employée… Les années passent vite et si on ne se trouve pas un époux avant la trentaine; et devenir une femme au foyer modèle; on peut s’entendre dire qu’on a raté sa vie. JOURNAL EROTIQUE D’UNE SECRETAIRE dénote cet état des faits.
Le papa d’Asami, proche de la retraite, essaie de mettre sa fille à l’abri du besoin en organisant une rencontre avec un bon parti… Izumida, de son côté, tombera sous le charme du vieil homme en se disant que finalement il est gentil et aime l’alcool également, cela devrait sans doute suffire à son propre bonheur… Asami, guère avancée par sa situation avec son supérieur hiérarchique finit par tomber amoureuse d’un marchand de rue qui teint des petits poussins... L’avenir, grande inconnue, ne brille pas au beau fixe.
L’illustration, par les rapports sexuels, des relations entre les personnages, place la femme dans une position souvent inconfortable. Il n’y aura finalement que lorsque Asami se donnera volontairement à son vendeur ambulant qu’elle semble trouver un instant de bonheur éphémère. Ironie du sort, ce ne sera que l’unique scène du film que le cinéaste met en scène de manière surréaliste. Un moment poétique dans un quotidien morne et sans couleurs.
En essayant de renoncer à sa condition de femme que la société japonaise lui dicte, la femme chez Konuma décide finalement de se reprendre en main. Il faudra tout de même qu’il y ait eu viol avant cette décision plutôt sage. Toutefois, même s’il plane sur le destin d’Asami un parfum de liberté et de solitude assumée, Konuma n’est pas dupe face à cette existence nouvelle et incertaine qui s‘offre à elle. Et au film d’offrir un véritable morceau de bravoure filmique en utilisant « Watashi wa kaze / Je suis le vent », une chanson entonnée par Carmen Maki où par le biais des paroles le réalisateur laisse s’exprimer les sentiments de son héroïne. Mais il ne faudra sans doute pas bien longtemps avant que les hauts buildings de Tokyo qui entourent la jeune femme ne se renferment sur elle. Emouvant.