Raoul Walsh (1887-1980)
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Je vais sûrement avoir l'occasion de découvrir Saboteur sans gloire, je me demande ce qu'il vaut. Il parait que ce n'est pas mal du tout... Mais je commence à me demander si une collaboration Walsh/Flynn peut-être mauvaise ?

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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Ce n'est pas du niveau de Objective Burma (Aventures en Birmanie) ou de They Died With their Boots on (je ne mettrai pas le titre français que je n'aime pas
) mais c'est bien évidemment excellent.

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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Un excellent film de guerre, avec un rôle assez inhabituel pour Errol Flynn, qui casse son image de héros flamboyant. Et comme les Walsh de cette époque, ça va à un train d'enfer...Julien Léonard a écrit :Je vais sûrement avoir l'occasion de découvrir Saboteur sans gloire, je me demande ce qu'il vaut. Il parait que ce n'est pas mal du tout... Mais je commence à me demander si une collaboration Walsh/Flynn peut-être mauvaise ?
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Ah ça, j'avoue... J'adore ! L'un des cinéastes d'action par excellence, qui maîtrise à la fois son scénario et son rythme, sans rien négliger... Formidable !O'Malley a écrit :Et comme les Walsh de cette époque, ça va à un train d'enfer...


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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Pour proposer une conclusion à l'ami Strum au sujet du personnage de Miss Oyû (sur lequel nous sommes entièrement d'accord), une citation du (faussement) peu porté sur la chose littéraire Raoul Walsh (juste pour le plaisir d'illustrer):
" Il ne s'agit pas d'interroger les arbres pour définir la condition humaine, mais, beaucoup plus simplement, de montrer des hommes se frayant un chemin à travers les branches". Raoul Walsh
T'as mieux, là, vite fait, sous le coude?

" Il ne s'agit pas d'interroger les arbres pour définir la condition humaine, mais, beaucoup plus simplement, de montrer des hommes se frayant un chemin à travers les branches". Raoul Walsh
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"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Battle Cry (1955)
Un peu comme Henry Hathaway, Raoul Walsh est un réalisateur qui, loin d’avoir souffert du système des grands studios, y était au contraire parfaitement adapté. Il a fait l’essentiel de sa carrière à la Warner et considérait Jack Warner comme un ami. Dans ses mémoires, Un demi-siècle à Hollywood, Walsh raconte que c’est Jack Warner qui lui a proposé d’adapter le roman de Leon Uris, parce que le sujet "lui convenait parfaitement".

Jack Warner, Raoul Walsh, Marion Davies, Randolph Hearst, Mrs Raoul Walsh
Qu’est-ce donc qu’un sujet parfaitement "walshien" ? Un film de guerre : certes, Walsh a excellé dans le genre. Une histoire d’hommes : oui, mais Walsh aime aussi les personnages féminins et Battle Cry n’en manque pas, au contraire. Un film d’aventure : bien sûr, mais Battle Cry est justement un film au rythme beaucoup plus constitué de "petites histoires" successives, que des rebondissements d’une aventure.
Si on réfléchit à ce qui fait l’essentiel d’un film comme Battle Cry, à savoir l’entrainement et les aventures de permissions d’une bande de jeunes recrues des Marines avant l’engagement dans les combats du Pacifique en 1942, on comprend qu’un des points qui font la force et la poésie des films de Walsh, c’est l’observation des êtres humains mis en situation de bouleversement. C’est moins l’aventure en tant que telle qui fait le charme des films de Walsh, que l’observation de l’évolution des personnages qui, de gré ou de force, sont plongés "en aventure", "en mouvement", bref, hors de leur quotidien.
Du capitaine Nelson d’Objective Burma !(1945) aux frères Allison de The Tall Men (1955) en passant par le capitaine Wyatt, dans Distant Drums (1951) ou le Capitaine Horatio Hornblower (1951), les films de Walsh nous content souvent les aventures d’un homme plongé "en aventure", en solitaire ou à la tête d’une compagnie, d’un équipage. Mais, en exceptant peut-être le personnage de Custer dans They died with their Boots on (1941), ces personnages ne sont jamais des célébrités, des héros reconnus accomplissant une action extraordinaire, un combat légendaire rentré dans les annales de l’Histoire.
Walsh raconte des histoires d’hommes à hauteur humaine, il s’intéresse justement plus à l’évolution des caractères plongés en situation inhabituelle qu’à l’exploit accompli en lui-même.
Battle Cry, dans sa façon d’évoquer la guerre du Pacifique, peut rappeler la façon très détournée dont Dark Command (1940) évoque la guerre de Sécession. Walsh utilise un épisode certes connu (la triste épopée du sinistre William Quantrill), mais complètement anecdotique par rapport à la guerre elle-même, pour dresser un portrait assez juste des deux Amériques qui s’affrontaient alors, à travers l’étude des destinées du sudiste humilié William Cantrell et du cow-boy aventureux Bob Seton.
Au début de Battle Cry, le sujet est promptement et clairement indiqué : nous allons assister aux aventures d’un groupe de jeunes recrues de Baltimore, qui viennent de s’engager dans les US Marines, au moment où, en 1942, les USA se trouvent en grande difficulté face aux forces armées japonaises qui vont encore, à l’époque, de conquête terrestre en victoire navale. Bref, nous sommes quelques mois avant le retournement de Guadalcanal, mais des batailles majeures qui auront lieu alors, nous n’aurons guère qu’une évocation succincte par quelques images d’archives.
La guerre du Pacifique n’est pas vraiment le sujet du film. Le sujet de Battle Cry est plus universel, c’est la guerre elle-même. C’est ainsi que le film, particulièrement long dans la filmographie de Raoul Walsh avec une durée de 149mn, s’attarde très longuement sur l’entraînement et les aventures amoureuses des soldats, les scènes de combat elles-mêmes n’occupant guère que les vingt dernières minutes du film.
Ce film serait donc un soi-disant film de guerre qui s’égare de bluette en bagarre de saloon, agrémentées de quelques marches forcées d’entraînement, pour arriver enfin au cœur de son sujet au bout de deux heures ?
Pas vraiment, heureusement, et d’ailleurs le film auquel Battle Cry m’a fait beaucoup penser c’est le très long documentaire The War (2007), de Ken Burns, qui évoque, en historien et uniquement avec des images d’archives, en 12 heures de temps, le bouleversement majeur, à la fois économique, militaire et social, que fut la seconde guerre mondiale pour les Etats-Unis.
Il ne s’agit pas de comparer un film de guerre adapté d’un roman à un long travail d’historien, mais il y a quelque chose d’épique dans le documentaire de Ken Burns, comme dans le film de Raoul Walsh.
Cette dimension épique vient justement de ce que les deux réalisateurs s’attachent à évoquer les plus grands évènements à travers l’étude précise des personnes qui, anonymement, ont fait l’Histoire à cette époque. Battle Cry n’a rien d’un film historique, mais c’est son climat, parfaitement juste, qui fait l’exceptionnelle qualité du film. Il y a deux sortes d’épopées. Celles qui narrent l’histoire d’un peuple composé de membres discrets et anonymes qui construisent une civilisation. Ceux-là ont des chefs, pas des héros. Et il y a les épopées héroïques, qui content justement les aventures et exploits d’un Héros. Celles-ci, généralement, se terminent mal. Dans Battle Cry, Raoul Walsh nous conte l’épopée d’un peuple en guerre, mais il prend aussi le temps de souligner les dangers et, finalement, le caractère très dérisoire de la recherche de la Gloire.
Une épopée comme celle des USA durant la seconde guerre mondiale, en effet, est avant tout celle d’une génération de jeunes de vingt ans plongé dans le bouleversement le plus général, par le nombre de personnes impliquées, et le plus dangereux, puisqu’il s’agit d’un conflit armé d’ampleur mondiale et d’une durée de quatre années. Loin de vagabonder au gré des aventures de ses personnages, c’est en insistant sur l’entraînement et les petits destins individuels d’un groupe de soldats que Walsh parvient à montrer avec justesse comment la guerre bouleverse au plus profond la vie d’un peuple dans son ensemble.
Les nombreuses séquences amoureuses dans le film me semblent assez rares dans la filmographie de Walsh, qu’on voit rarement en amateur de mélo à la Douglas Sirk. On y trouve même quelques séquences érotiques (années 50, restons calmes !) comme celle du strip-tease de Dorothy Malone derrière un fauteuil.
Mais finalement, comment mieux évoquer la vie de jeunes de vingt ans qu’à travers des histoires d’amour et de mariages à la sauvette ? Il suffit de voir avec quel soin Walsh compose les scènes entre Marion Hotschkiss, l’intellectuel du groupe et Rae, qui se révélera plus tard être une call-girl, sur le bac San Diego-Coronado, pour comprendre que la réalisateur souhaite y mettre bien plus qu’une simple amourette. Derrière Marion, qui attend son départ pour le Pacifique, défilent les paysages urbains, le monde qui s’ébroue au petit matin et au sein duquel il n’est qu’un fétu de paille.
L’aspiration à la gloire, elle, est évoquée par deux scènes de grande importance dans le film, l’une comique, l’autre tragique, à la fin.
Dans la première, nous voyons Spanish Joe, le mauvais garçon du groupe, s’affubler dans un bar, d’un placard de décorations et faire le matamore devant un public de marins néo-zélandais (nous avons quitté San Diego pour Wellington, base d’entraînement des Marines avant les combats). Ces derniers, admiratifs devant les médailles de Spanish Joe, lui demandent des détails sur les circonstances héroïques au cours desquelles il les a gagnées. Spanish Joe se lance dans un récit de combat digne des meilleurs films d’action, se retrouve seul, entouré d’une escouade de japonais, une mitrailleuse en face de lui.
Il arrête son récit, les marins, pris au jeu, écarquillent les yeux et le pressent de leur dire comment il s'en est sorti. Spanish Joe se jette vers eux, lance "And then, I’m dead, of course !" avant d’éclater de rire et de sauter en l’air.
La scène tragique intervient à la fin du film. Le Major Huxley, qui commande le régiment de Marines, est vexé de ce que son régiment n’ait, durant les deux dernières années, été utilisé que pour des combats de nettoyage. Il veut participer à un combat glorieux, en première ligne, et vient réclamer cet honneur auprès de son Général.
Nous sommes en 1944 et il obtiendra que son régiment appartienne aux premières troupes qui débarquent à Saipan. Ce seront les dix dernières minutes du film, et Huxley trouvera la mort d’une balle perdue, sous un fourré. 2000 Marines ont trouvé la mort durant les premières heures qui ont suivi le débarquement à Saipan, l'équivalent de 3 à 4 régiments.
Un peu comme Henry Hathaway, Raoul Walsh est un réalisateur qui, loin d’avoir souffert du système des grands studios, y était au contraire parfaitement adapté. Il a fait l’essentiel de sa carrière à la Warner et considérait Jack Warner comme un ami. Dans ses mémoires, Un demi-siècle à Hollywood, Walsh raconte que c’est Jack Warner qui lui a proposé d’adapter le roman de Leon Uris, parce que le sujet "lui convenait parfaitement".

Jack Warner, Raoul Walsh, Marion Davies, Randolph Hearst, Mrs Raoul Walsh
Si on réfléchit à ce qui fait l’essentiel d’un film comme Battle Cry, à savoir l’entrainement et les aventures de permissions d’une bande de jeunes recrues des Marines avant l’engagement dans les combats du Pacifique en 1942, on comprend qu’un des points qui font la force et la poésie des films de Walsh, c’est l’observation des êtres humains mis en situation de bouleversement. C’est moins l’aventure en tant que telle qui fait le charme des films de Walsh, que l’observation de l’évolution des personnages qui, de gré ou de force, sont plongés "en aventure", "en mouvement", bref, hors de leur quotidien.
Du capitaine Nelson d’Objective Burma !(1945) aux frères Allison de The Tall Men (1955) en passant par le capitaine Wyatt, dans Distant Drums (1951) ou le Capitaine Horatio Hornblower (1951), les films de Walsh nous content souvent les aventures d’un homme plongé "en aventure", en solitaire ou à la tête d’une compagnie, d’un équipage. Mais, en exceptant peut-être le personnage de Custer dans They died with their Boots on (1941), ces personnages ne sont jamais des célébrités, des héros reconnus accomplissant une action extraordinaire, un combat légendaire rentré dans les annales de l’Histoire.
Walsh raconte des histoires d’hommes à hauteur humaine, il s’intéresse justement plus à l’évolution des caractères plongés en situation inhabituelle qu’à l’exploit accompli en lui-même.
Battle Cry, dans sa façon d’évoquer la guerre du Pacifique, peut rappeler la façon très détournée dont Dark Command (1940) évoque la guerre de Sécession. Walsh utilise un épisode certes connu (la triste épopée du sinistre William Quantrill), mais complètement anecdotique par rapport à la guerre elle-même, pour dresser un portrait assez juste des deux Amériques qui s’affrontaient alors, à travers l’étude des destinées du sudiste humilié William Cantrell et du cow-boy aventureux Bob Seton.

La guerre du Pacifique n’est pas vraiment le sujet du film. Le sujet de Battle Cry est plus universel, c’est la guerre elle-même. C’est ainsi que le film, particulièrement long dans la filmographie de Raoul Walsh avec une durée de 149mn, s’attarde très longuement sur l’entraînement et les aventures amoureuses des soldats, les scènes de combat elles-mêmes n’occupant guère que les vingt dernières minutes du film.

Pas vraiment, heureusement, et d’ailleurs le film auquel Battle Cry m’a fait beaucoup penser c’est le très long documentaire The War (2007), de Ken Burns, qui évoque, en historien et uniquement avec des images d’archives, en 12 heures de temps, le bouleversement majeur, à la fois économique, militaire et social, que fut la seconde guerre mondiale pour les Etats-Unis.
Il ne s’agit pas de comparer un film de guerre adapté d’un roman à un long travail d’historien, mais il y a quelque chose d’épique dans le documentaire de Ken Burns, comme dans le film de Raoul Walsh.

Une épopée comme celle des USA durant la seconde guerre mondiale, en effet, est avant tout celle d’une génération de jeunes de vingt ans plongé dans le bouleversement le plus général, par le nombre de personnes impliquées, et le plus dangereux, puisqu’il s’agit d’un conflit armé d’ampleur mondiale et d’une durée de quatre années. Loin de vagabonder au gré des aventures de ses personnages, c’est en insistant sur l’entraînement et les petits destins individuels d’un groupe de soldats que Walsh parvient à montrer avec justesse comment la guerre bouleverse au plus profond la vie d’un peuple dans son ensemble.

Mais finalement, comment mieux évoquer la vie de jeunes de vingt ans qu’à travers des histoires d’amour et de mariages à la sauvette ? Il suffit de voir avec quel soin Walsh compose les scènes entre Marion Hotschkiss, l’intellectuel du groupe et Rae, qui se révélera plus tard être une call-girl, sur le bac San Diego-Coronado, pour comprendre que la réalisateur souhaite y mettre bien plus qu’une simple amourette. Derrière Marion, qui attend son départ pour le Pacifique, défilent les paysages urbains, le monde qui s’ébroue au petit matin et au sein duquel il n’est qu’un fétu de paille.





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- Boubakar
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Victime du destin (1953)
Un Raoul Walsh assez mineur, ce qui ne veut pas dire qu'il soit mauvais, auquel on retiendra la "déformation historique" du personnage, qui était un vrai salaud, chose qui ne transparait pas vraiment dans le film. A ce titre, je trouve la fin totalement raté, très moralisatrice.
Restent les acteurs, Rock Hudson est assez bon, le fait que le film soit un grand flash-back est une bonne idée, mais c'est tout juste moyen.
Un Raoul Walsh assez mineur, ce qui ne veut pas dire qu'il soit mauvais, auquel on retiendra la "déformation historique" du personnage, qui était un vrai salaud, chose qui ne transparait pas vraiment dans le film. A ce titre, je trouve la fin totalement raté, très moralisatrice.
Restent les acteurs, Rock Hudson est assez bon, le fait que le film soit un grand flash-back est une bonne idée, mais c'est tout juste moyen.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Exactement, cette façon de montrer des personnages minuscules (bien que reconnaissables) dans des situations minuscules, c'est complètement moderne.Phnom&Penh a écrit : Mais, en exceptant peut-être le personnage de Custer dans They died with their Boots on (1941), ces personnages ne sont jamais des célébrités, des héros reconnus accomplissant une action extraordinaire, un combat légendaire rentré dans les annales de l’Histoire.
Walsh raconte des histoires d’hommes à hauteur humaine, il s’intéresse justement plus à l’évolution des caractères plongés en situation inhabituelle qu’à l’exploit accompli en lui-même.
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Tout le film, jusque dans sa structure, est rigoureusement prévisible mais trompe systématiquement nos calculs, à commencer par l'irruption de cette guerre seulement au dernier cinquième, lorsqu'on a pris le temps d'éprouver une fois encore depuis le sacrifice d'Abraham tout le tragique que recèle la simple attente et l'espérance qui en naît. Ces gens s'amusent, vivent, aiment, s'humanisent, et pourtant il y aura des morts à la fin; et pour ceux qui s'aiment l'attente sera plus impitoyable encore.
Chaque jour nous rapproche de l'évènement final qui est notre propre mort: c'est ce que le film vient nous rappeler en tâchant de rendre cette angoisse un peu plus tolérable par les voies cathartiques de l'Art.
Je conçois que l'on puisse voir du mélo dans ce Battle Cry, mais le monter en épingle reviendrait par exemple à déplorer la deuxième partie de Full Metal Jacket sous prétexte qu'on s'y ennuie; ces fameuses scènes sentimentales et courtes, parfois larmoyantes, c'est justement le paradis de ces hommes simples, purifiés par l'esprit de corps et à qui le danger imminent a tôt fait d'enseigner le juste poids d'une existence humaine. Ces larmes sont à leur bonnes place.
Comme le dit Phnom&Penh, Walsh est parfaitement à l'aise dans les codes hollywoodiens; il ne va donc pas chercher la nouveauté en s'amusant à prendre ces codes à rebrousse-poil mais plutôt explorer ce qui se situe en marge de la notion même de censure, de décence ou encore des demandes courantes de la part des studios ou du public, ce qui est la marque du créateur.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
mouais, j'aurais aimé que le film présente les choses à ta façon humaniste. En l'état, je trouve que ça reste un vulgaire éloge du sacrifice droitier.Nous sommes en 1944 et il obtiendra que son régiment appartienne aux premières troupes qui débarquent à Saipan. Ce seront les dix dernières minutes du film, et Huxley trouvera la mort d’une balle perdue, sous un fourré. 2000 Marines ont trouvé la mort durant les premières heures qui ont suivi le débarquement à Saipan, l'équivalent de 3 à 4 régiments.
il n'y a pas l'ambigüité que l'on retrouve dans un film comme Fort-Apache et je trouve ça dommage (même si tenants et aboutissements de la bataille ne sont pas les mêmes, le chef méprise la vie de ses hommes dans les deux cas).
A part ça, j'ai beaucoup aimé le film, notamment la façon dont le narrateur nous fait rapidement oublier les grossiers stéréotypes dont il part.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
C'est beau
on croirait du Sadoul 


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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Je n'ai pas revu Battle Cry depuis de nombreuses années, mais, je me souviens d'avoir bien apprécié le film bien qu'il soit militariste. Il faudrait le comparer à un autre Walsh, The Naked and The Dead, d'après un roman de Leon Uris. Celui-là offre une vision diamètralement opposée avec un officier supérieur odieux et tyrannique (Raymond Massey). C'est le second qui m'a laissé la plus forte impression. On y retrouve Aldo Ray opposé à Cliff Robertson pour une mission à travers la jungle qui va révéler les dessous des personnages. En fait, Walsh épouse son sujet. Si le scénario est militariste, il fait un film militariste. Si le scénario est anti-militariste, il le fait également, très bien. Il ne faudrait peut-être pas trop prêter aux metteurs de l'époque aux USA: ils étaient employés par des studios et n'avaient pas forcément grand-chose à dire dans le choix des sujets.
Ceci dit, je crois que, durant un temps, Charles Laughton avait voulu faire un film de The Naked and The Dead, mais n'a pas réussi à le faire. Cela aurait été probablement une oeuvre très différente.
Ceci dit, je crois que, durant un temps, Charles Laughton avait voulu faire un film de The Naked and The Dead, mais n'a pas réussi à le faire. Cela aurait été probablement une oeuvre très différente.

Dernière modification par Ann Harding le 6 août 09, 11:07, modifié 1 fois.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Ann Harding a écrit :Je n'ai pas revu Battle Cry depuis de nombreuses années, mais, je me souviens d'avoir bien apprécié le film bien qu'il soit militariste. Il faudrait le comparer à un autre Walsh, The Naked and The Dead, d'après un roman de Leon Uris. Celui-là offre une vision diamètralement opposée avec un officier supérieur odieux et tyrannique (Raymond Massey). C'est le second qui m'a laissé la plus forte impression. On y retrouve Aldo Ray opposé à Clift Robertson pour une mission à travers la jungle qui va révéler les dessous des personnages. En fait, Walsh épouse son sujet. Si le scénario est militariste, il fait un film militariste. Si le scénario est anti-militariste, il le fait également, très bien. Il ne faudrait peut-être pas trop prêter aux metteurs de l'époque aux USA: ils étaient employés par des studios et n'avaient pas forcément grand-chose à dire dans le choix des sujets.
Ceci dit, je crois que, durant un temps, Charles Laughton avait voulu faire un film de The Naked and The Dead, mais n'a pas réussi à le faire. Cela aurait été probablement une oeuvre très différente.
c'est Battle Cry qui est d'après Leon Uris. The Naked and The Dead est d'après un roman paraît-il gauchisant de Norman Mailer. j'ai justement aimé The Naked and The Dead parce que le film ne se réduit pas à un truc antimilitariste, apparemment, la charge du bouquin y est atténuée, il en résulte une oeuvre à mon sens autrement plus subtile que Battle Cry.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Si je peux me permettre, je pense que tu fais erreur, à la fois dans ce que je voulais dire, et dans ce que la fin du film signifie.Tancrède a écrit :mouais, j'aurais aimé que le film présente les choses à ta façon humaniste. En l'état, je trouve que ça reste un vulgaire éloge du sacrifice droitier.
Le film n'est ni militariste, ni l'inverse, il est respectueux des hommes qui ont été se battre, c'est tout.
Le chef, justement, est à priori un bon chef au sens militaire: compétent, courageux, soucieux du confort de ses hommes tout en sachant les entraîner au mieux de leurs capacités...jusqu'à la dernière partie du film.
Là, au lieu de se comporter comme un chef de régiment responsable, qui suit les ordres qu'on lui donne, il va se plaindre parce qu'il n'a pas eu sa part de gloriole dans les deux années qui ont précédé.
Le résultat, très bien sous-entendu par Walsh, c'est que par gloriole, il se fait tuer par une balle perdue, avec une bonne part de ses hommes. Avec la fin de ce que j'ai écrit, je voulais souligner qu'il était mort anonymement au milieu de l'équivalent de trois ou quatre régiments de la taille du sien et que tout le monde se foutait de son "sacrifice" individuel, ou même de celui de son régiment en particulier.
En France, on est (on était devrais-je dire) souvent amateurs de gloriole. Mais aux Etats-Unis, en général, l'héroisme militaire est mal vu et un chef doit être économe de ses hommes. Même s'il y a évidemment des contre-exemples, c'est, je pense, le point de vue de Walsh. Donc, la fin du film est respectueuse des soldats en tant que tels, mais, je pense, très critique vis à vis du personnage du colonel qui ne va pas risquer sa vie et celle de ses hommes parce que c'est son devoir d'aller se battre là ou on le lui a dit, mais parce qu'il a demandé à être en première ligne pour faire le beau (d'où le rapport, aussi, avec la scène comique de Spanish Joe sur le "héros").
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
Je me suis trompée dans les auteurs des romans... voilà ce que c'est de se fier à sa mémoire pour des films vus il y a longtemps !Tancrède a écrit :c'est Battle Cry qui est d'après Leon Uris. The Naked and The Dead est d'après un roman paraît-il gauchisant de Norman Mailer. j'ai justement aimé The Naked and The Dead parce que le film ne se réduit pas à un truc antimilitariste, apparemment, la charge du bouquin y est atténuée, il en résulte une oeuvre à mon sens autrement plus subtile que Battle Cry.

En tous cas, il faudrait que je les revois quand j'aurais le temps...
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)
justement, c'est là qu'on diverge.Le résultat, très bien sous-entendu par Walsh, c'est que par gloriole, il se fait tuer par une balle perdue, avec une bonne part de ses hommes. Avec la fin de ce que j'ai écrit, je voulais souligner qu'il était mort anonymement au milieu de l'équivalent de trois ou quatre régiments de la taille du sien et que tout le monde se foutait de son "sacrifice" individuel, ou même de celui de son régiment en particulier.
je ne vois pas en quoi c'est "très bien sous-entendu par Walsh" et du coup je vois ton interprétation comme une extrapolation.
Dans le film, on ne se fout pas du sacrifice du colonel puisqu'il me semble que c'est suite à ça que le régiment adopte son nom ou son surnom en tant que "Battle cry". Ce n'est pas rien, c'est le titre du film. De plus, c'est clairement dit par le narrateur que nettoyer les plages, c'est pas gégène quand on est des Marines et à mon sens le fait d'armes final est plus présenté comme une couteuse mais glorieuse victoire que comme une boucherie due à l'inconscience d'un chef. L'emphase de la voix-off, la musique...on n'est pas dans une esthétique de la critique quoi. Ce n'est pas comme dans Fort-Apache où la mise en scène fait contrepoint au discours de John Wayne.