Inland Empire (David Lynch - 2006)

[Coxwell]

Très beau générique qui trouve son écho dans les très belles transitions de fin d'épisodes - et leur générique - dans la saison 3 de TP.

[Truffaut Chocolat]

Tout dépend du point de vue : plastiquement ça n'a rien à voir ok, par contre c'est la même absence de réelles contraintes, la même liberté de manoeuvre, le même côté "DYI", le même côté film entre copains… et rayon écriture on se contente du strict minimum. Y'a un scénario dans Eraserhead ? Une histoire pourquoi pas, mais un scénario ? Même constat dans Inland Empire. ça rentre en compte mais c'est pas une priorité.

Si j'étais bilingue je diras que les deux sont "raw" ou "stripped down", pour des raisons différentes certes, mais "raw" quand même. Pas du tout le même sentiment sur ses autres films.

L’écriture d’un film ne se résume pas au scénario. Pas même que celui-ci ne devrait être à l’origine du procédé du démarrage du découpage technique. Il y a des tonnes de procédés d’écriture dans un film, dont le montage, la dernière couche d’écriture du film.
Et je pense au contraire de la doxa que Eraserhead et Inland Empire sont des films très écrits et contrôlés.

Je suis d'accord que c'est limitant de prendre uniquement le scénario comme critère. Je m'en suis simplement servi d'exemple pour rapprocher ici les deux films.

[Barry Egan]

C'est un brouillon. (Et je me moque bien de l'avis du réalisateur du "BGG").

Ah.
Depuis quand réaliser un film "mineur" annule la qualité d'une oeuvre d'un auteur de façon générale, et même de délégitimer l'auteur en question (un obscur réalisateur underground bien sûr) à s'exprimer sur ce sujet ? Il n'est pas en mesure d'évaluer la pertinence d'un film d'un autre sous prétexte qu'il a fait BGG ?

Non

[Barry Egan]

"Eraserhead" est un film réalisé seul avec les moyens impersonnels d'une école, "INLAND EMPIRE" est fait avec les potes et la famille.

Très surpris par cette opposition. Eraserhead est très loin d’avoir été un film tourné « seul », Lynch y était déjà entouré de personnes qu’il connaissait de plus ou moins longue date, avec, entre autres, des gens comme Coulson et surtout Fisk finançant le tournage du film. C’est déjà un film tourné avec un entourage de gens qu’on pourrait qualifier de « proches », sans parler bien entendu de la très forte inspiration de la naissance de sa fille et de l’emménagement à Philadelphia.
Autant on peut sans aucun doute opposé les 2 films sur des tas de plans, autant celui-ci me parait plus que discutable.

Tu as raison. Mais faire "Eraserhead" avec les copains quand tu débutes c'est pas la même chose que faire "INLAND EMPIRE" avec les copains quand tu viens d'être consacré avec un de tes meilleurs films. Quoiqu'il en soit, ça dénote une belle intégrité. Mais ça a certainement demandé plus de courage pour lui dans les années 1970 que dans les années 2000, de se lancer en "indépendant". Avec "INLAND EMPIRE", il prenait moins de risques. Il avait déjà un public. Et il reprenait déjà énormément d'obsessions qui n'étaient plus neuves ni pour lui ni pour le public (ou son public).

[Barry Egan]

Assez d'accord d'autant que l'accointance de Spielberg avec l'univers de Lynch, voire l'amitié professionnelle pour ce dernier, est plutôt sympathique et inattendue (enfin, me concernant, j'ai découvert ça avec The Fabelmans).

Cela va même au-delà de l'amitié professionnelle voire sympathie, puisque d'après Laura Dern, Spielberg vénère Lynch.
C'est elle-même qui le dit dans la documentaire d'Arte.

A un moment, Spielberg voulait réaliser lui-même le pilote de la seconde saison de "Twin Peaks" mais Lynch n'a pas lâché son bébé. Tant mieux. Quand on voit ce qu'ont fait les autres réalisateurs sur la série originale, c'est très rarement à la hauteur des épisodes dirigés par Lynch. Et si c'était pour avoir un clone du BGG en avance, non merci (Carel Struycken n'est pas gros).

[Coxwell]

Ah.
Depuis quand réaliser un film "mineur" annule la qualité d'une oeuvre d'un auteur de façon générale, et même de délégitimer l'auteur en question (un obscur réalisateur underground bien sûr) à s'exprimer sur ce sujet ? Il n'est pas en mesure d'évaluer la pertinence d'un film d'un autre sous prétexte qu'il a fait BGG ?

Non

Ah d'accord.

[Coxwell]

Très surpris par cette opposition. Eraserhead est très loin d’avoir été un film tourné « seul », Lynch y était déjà entouré de personnes qu’il connaissait de plus ou moins longue date, avec, entre autres, des gens comme Coulson et surtout Fisk finançant le tournage du film. C’est déjà un film tourné avec un entourage de gens qu’on pourrait qualifier de « proches », sans parler bien entendu de la très forte inspiration de la naissance de sa fille et de l’emménagement à Philadelphia.
Autant on peut sans aucun doute opposé les 2 films sur des tas de plans, autant celui-ci me parait plus que discutable.

Tu as raison. Mais faire "Eraserhead" avec les copains quand tu débutes c'est pas la même chose que faire "INLAND EMPIRE" avec les copains quand tu viens d'être consacré avec un de tes meilleurs films. Quoiqu'il en soit, ça dénote une belle intégrité. Mais ça a certainement demandé plus de courage pour lui dans les années 1970 que dans les années 2000, de se lancer en "indépendant". Avec "INLAND EMPIRE", il prenait moins de risques. Il avait déjà un public. Et il reprenait déjà énormément d'obsessions qui n'étaient plus neuves ni pour lui ni pour le public (ou son public).

Un film de 3h, avec ce parti pris esthétique là, avec moins d'accompagnement cinématographique - moins de didactique dirions nous - c'est pantoufler ? Son film précédent l'a consacré, il a démonté - par un film qui lui ressemble à ce moment de sa vie et de son couvre picturale - toutes les attentes supposées d'un certain cinéma (MD) et d'une certaine patine notamment en expérimentant le médium avec un cinéma où il peut revenir à un contrôle total et matériellement plus radical. Je ne vois pas comment on peut considérer cet état de l'art comme un élément de facilité.

[Barry Egan]

Où est-ce que j'ai écrit que c'était facile ? Beaucoup de gens ont fait le même reproche à "Twin Peaks : The Return", par ailleurs, d'être une compilation des "trucs" habituels de Lynch. Sauf que "The Return", ça fonctionne, et pas seulement parce que ça donne une suite à une histoire attendue depuis 25 ans avec des personnages qu'on connaît.

Non, j'y insiste, le problème d'"INLAND EMPIRE", c'est l'image. C'est trop compliqué pour moi à tenir sur la longueur cette image en basse résolution hyper compressée. C'est l'équivalent d'écouter des MP3 en 128 kbps. Tu peux me faire écouter toute la belle musique que tu veux, mais ces cymbales qui ressemblent à rien et ce manque de spatialisation sonore, c'est pas possible, je peux pas.

[Barry Egan]

Non

Ah d'accord.

Tu pourrais mettre un smiley

[Coxwell]

Où est-ce que j'ai écrit que c'était facile ? Beaucoup de gens ont fait le même reproche à "Twin Peaks : The Return", par ailleurs, d'être une compilation des "trucs" habituels de Lynch. Sauf que "The Return", ça fonctionne, et pas seulement parce que ça donne une suite à une histoire attendue depuis 25 ans avec des personnages qu'on connaît.

Non, j'y insiste, le problème d'"INLAND EMPIRE", c'est l'image. C'est trop compliqué pour moi à tenir sur la longueur cette image en basse résolution hyper compressée. C'est l'équivalent d'écouter des MP3 en 128 kbps. Tu peux me faire écouter toute la belle musique que tu veux, mais ces cymbales qui ressemblent à rien et ce manque de spatialisation sonore, c'est pas possible, je peux pas.

Tu évoquais qu'il ne prenait pas ou peu de risque à faire ce film, ce qui revient à une certaine facilité de sa part, un acquis vis à vis de tous les paramètres évoqués. Et je suis en désaccord.
J'y vois surtout une cohérence par rapport à ce qu'il faisait en tant que plasticien à ce moment là, une certaine idée de l'art, de son art, à cette époque. Et le traitement visuel n'est pas gratuit, il y a une véritablement démarche cohérente par rapport au propos et au sujet du film.

[Bens1912]

Non, j'y insiste, le problème d'"INLAND EMPIRE", c'est l'image. C'est trop compliqué pour moi à tenir sur la longueur cette image en basse résolution hyper compressée. C'est l'équivalent d'écouter des MP3 en 128 kbps. Tu peux me faire écouter toute la belle musique que tu veux, mais ces cymbales qui ressemblent à rien et ce manque de spatialisation sonore, c'est pas possible, je peux pas.

Plutôt d'accord avec toi. Je n'ai ni adoré, ni détesté INLAND EMPIRE, mais je pense que je lui aurais mis une meilleure note si l'image avait été en "cinéma". Et je suis persuadé que le film aurait eu des meilleures critiques.

[Barry Egan]

Tu évoquais qu'il ne prenait pas ou peu de risque à faire ce film, ce qui revient à une certaine facilité de sa part, un acquis vis à vis de tous les paramètres évoqués. Et je suis en désaccord.
J'y vois surtout une cohérence par rapport à ce qu'il faisait en tant que plasticien à ce moment là, une certaine idée de l'art, de son art, à cette époque. Et le traitement visuel n'est pas gratuit, il y a une véritablement démarche cohérente par rapport au propos et au sujet du film.

Il y a une épure, que ce soit au niveau du personnage joué par Laura Dern (moins "épais" que Laura Palmer ou même que Sandy dans "Blue Velvet"), de l'esthétique (compressée, parfois monochrome malgré les aspérités du rendu), de l'histoire même. Ce que tu dis de l'adéquation de l'image au sujet, j'en ai bien conscience, je l'ai écrit dans mon avis à la page précédente. Mais je n'adhère pas. C'est chimique.

Le risque, il en a pris un. S'aliéner une grande partie des gens qui aiment son traitement de la pellicule et rebuter la critique en étant à l'opposé du glamour. Mais va savoir s'il en avait conscience ! (faudrait que je ressorte le chapitre de "Room to Dream" mais le bouquin est sous la grosse pile...)

[Goret]

Concernant l'image, je lis qu'il y a eu un processus assez compliqué pour la dernière restauration (avec des algorithmes de nettoyage, etc...), d'ailleurs supervisée par David Lynch directement. Peut-être cela change-t-il ce côté "image basse qualité" du DVD initial?