Julien Léonard a écrit :
La chronique est superbe. Dommage qu'aucune sortie en DVD zone 2 ne soit prévue... Et puis, c'est pas avec la politique éditoriale actuelle qu'on doit s'attendre à grand-chose (ou alors peut-être dans la collection Fnac en carton gris tout moche).
).
Quand on voit tous les grands classiques western inexistant en dvd (z1 et z2)....!celui-ci, les westerns G Douglas etc...., on se dit qu'il y a quelque chose de pourri dans l'edition dvd; et on s'etonne apres de la crise que traverse ce support !!!
Distant Drums est sur ma liste de souhaits depuis que je me suis lancé dans l'achat frénétique de dvd, c'est dire si le texte de P&P me donne envie. Cette histoire de course poursuite en milieu hostile est un thème inépuisable pour ma part, de la même manière que la prison assiégée de Rio Bravo, je ne m'en lasse jamais.
Avec La fille du désert du même Walsh, L'aventurier du Rio Grande de Robert Parrish et Wichita de Tourneur, ce sont les westerns que j'attends le plus.
L'expédition du fort King (Seminole) de Budd Boetticher est un western qui évoque les mêmes guerres en Floride. Mais attention, le dvd n'est pas folichon en couleur et en format d'image dans mon souvenir.
Je ne me rappelais pas que Le jardin du diable se déroulait en Floride, en tous cas, les indiens font pas vraiment Séminole, plutôt indiens du Nord Est.
homerwell a écrit :Je ne me rappelais pas que Le jardin du diable se déroulait en Floride, en tous cas, les indiens font pas vraiment Séminole, plutôt indiens du Nord Est.
Je comparais les paysages "tropicaux", encore que ceux de Garden of Evil ne puissent quand même pas être qualifiés de "jungle". Le film se passe dans le sud du Mexique (mais les indiens sont "classiques", disons).
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker
L'image qui me reste de "Garden of evil", ce sont les cavaliers qui déambulent au bord de la falaise. Et comme souvent dans les westerns, il y a un aller et un retour, on a donc dès le début le sentiment qu'une fin tragique peut s'y dérouler. Personnellement, cela m'a rendu le récit tendu tout le long de film.
Phnom&Penh a écrit :
homerwell a écrit :Je ne me rappelais pas que Le jardin du diable se déroulait en Floride, en tous cas, les indiens font pas vraiment Séminole, plutôt indiens du Nord Est.
Je comparais les paysages "tropicaux", encore que ceux de Garden of Evil ne puissent quand même pas être qualifiés de "jungle". Le film se passe dans le sud du Mexique (mais les indiens sont "classiques", disons).
Je crois qu'ils ressemblent à des iroquois, avec la tête rasée et une crête de cheveux. Pour les indiens classiques , voir ma signature !
homerwell a écrit :
Je crois qu'ils ressemblent à des iroquois, avec la tête rasée et une crête de cheveux. Pour les indiens classiques , voir ma signature !
Ces Indiens, Hathaway ne les montre d’ailleurs quasiment jamais de près (pendant une bonne moitié du film, on les devine présents uniquement à cause de signes sur le sol, dans les arbres ou dans les airs ; signes que parfois seul le spectateur voit, étant ainsi en avance dans le suspense par rapport aux protagonistes) et casse même toute vraisemblance en faisant deviner de loin des coupes iroquoises pour des soi-disant Apaches. Lors de la poursuite finale sur l’immense plateau herbeux, ce sont des fantômes, de simples ombres glissant sur le paysage et fondant littéralement sur leurs proies dans un lointain plan d’ensemble long et fixe en plongée absolument génial. L’important ici ne se situe pas dans un quelconque vérisme puisque, en lieu et place d’un western réaliste, nous nous trouvons en fait devant une fable morale.
En 1850, l'Alaska est un territoire Russe. A San Francisco, Jonathan Clark, un marin aventurier, tombe amoureux de la comtesse Marina Selanova qui fuit un mariage arrangé avec le vil Prince Semyon. Elle cherche un bateau qui la mènera à Sitka en Alaska.
Deux ans après "Capitaine Sans Peur" , Raoul Walsh et Gregory Peck collaborent à nouveau pour un autre film épique maritime, (spécialité de Walsh qui réalise le très fun "Barbe noire le Pirate" la même année).
Un scénario à la construction exemplaire qui durant sa première heure narre l'idylle entre Gregory Peck et la belle Ann Blyth, tout en mettant en parallèle la situation conflictuelle entre la Russie et les USA sur la chasse aux phoques ainsi que la situation de l'Alaska. Trop facilement rapproché de la situation de la guerre froide d'alors, les nombreuses tirades anti russes du film fustigent plus la tyrannie du régime tsariste de l'époque du film que le communisme (le défendant presque assez paradoxalement).
Le couple Gregory Peck/ Ann Blyth fonctionne à merveille, Peck apportant un jeu nuancé entre le loup de mer et l'amoureux transi et elle charmante en comtesse aimée pour la première fois pour sa personne et pas sa fortune. Les seconds rôles sont assez truculents, notamment dans la première partie plus comique et picaresque. Parmi les compagnons de Jonathan Clark, le second joué par Rhys Williams balançant des citations bibliques dès qu'il peut est excellent et c'est surtout un extraordinaire Anthony Quinn en "Portugais" fourbe, roublard mais diablement attachant qui emporte l'adhésion. Sa relation amour/haine, presque enfantine avec Peck est un des gros atouts du film.
La reconstitution est somptueuse, entre la première partie où Walsh s'attarde autant à la description des milieux huppés que du San Francisco hétéroclite peuplé de chinois, russe et autres émigrant. La seconde partie en Alaska offre également de belles vues comme cette incroyable séquence de chasse au phoques (pas mal de stock shots également à ce moment) où les américains se targue de s'y prendre de façon plus écologique que les Russes.
Réalisation splendide de Walsh comme à son habitude, qui sait se faire illustrative à coup de plans contemplatifs envoûtant (tout les passages de romance) et ou se doter d'une fouge et d'une énergie peu commune notamment la séquence de course entres les bateaux de Clark et du Portugais, véritable prouesse de réalisation pour les scènes en pleine mer, et de montage entre ces dernières, les séquences en studios et la gestion époustouflante des transparence. La course poursuite finale, plus classique mais une nouvelle fois débordante d'énergie et de mouvement est tout aussi palpitante. Un excellent Walsh dont la bonne humeur communicative longtemps après la vision. 5/6
Un très bon film d'aventure, où se distingue nettement Anthony Quinn, dans le rôle du "Potrugais" bourru, méchant, et volontiers déconneur, qui vole les scènes où il apparait. Ses scènes avec Gregory Peck sont toujours à son avantage, bien que ce dernier soit aussi très bon, et bien charismatique.
La scène de la chasse aux phoques me parait un peu superflu, mais il y a franchement de quoi passer un très bon moment, même si ça ne vaut les grands films que Walsh a signé pour la Warner.
Un film qui délivre avec efficacité et panache les péripéties attendues d'un récit maritime. Raoul Walsh n'a pas perdu la main et parvient à gérer un scénario très dense, sans baisses de rythme. A l'image d'un Gregory Peck dont la froideur apparente n'est que le reflet d'une humilité fière, d'une fidélité à des valeurs...Capitaine sans peur se concentre sur l'action et son impact sur les hommes. De ce fait, la romance avec Lady Barbara Wellesley (Virginia Mayo, d'une subtilité impeccable) peut frustrer : Walsh prend le temps d'installer un contexte, avant d'expédier Mayo par la petite porte. Même le final, pourtant prévisible, est réduit au simple minimum, quasiment coupé par la mention "The End".
Mais cette approche est cohérente avec la tonalité du film, se concentrant sur un quotidien rude et exigeant, malgré des moments de relâchement. Walsh trouve davantage d'équilibre dans la seconde partie, le début étant un peu parasité par la présence du mégalomane "El Supremo". Son cabotinage trouve difficilement un second souffle...cependant, c'est l'occasion d'une bataille intense, qui ne ménage guère le camp vainqueur et permet de faire ressortir un souffle et une énergie remarquables.
Peu à peu, Walsh laisse la place à une forme de légèreté : les tics d'Hornblower, l'évasion de France...loin d'être parasite, elle offre une dimension supplémentaire. Les passages les plus marquants sont d'ailleurs ceux exprimant une tendresse retenue : les baisers de Lady Barbara pour l'aspirant blessé qui croit voir sa mère, l'attention d'Hornblower pour Lady Barbara souffrante. Capitaine sans peur conserve une sécheresse, une concision, mais ces traits de caractère sont toujours au service de ses protagonistes.
J'approuve sans réserve cette belle description, et j'ajoute que le dvd m'a ravi par la beauté de ses images et de ses couleurs.
Joe Wilson a écrit :... le début étant un peu parasité par la présence du mégalomane "El Supremo". Son cabotinage trouve difficilement un second souffle...
Son outrecuidance met aussi en relief les réactions toutes en retenues du Capitaine Hornblower. j'ai marché à fond dedans.
Ce film a du servir d'inspiration au réalisateur de "Master and Commander"
homerwell a écrit :
Ce film a du servir d'inspiration au réalisateur de "Master and Commander"
Inspiration je ne sais pas mais en tout cas c'est le film qui lui ressemble le plus. Je disais d'aileurs dans le même topic :
Jeremy Fox a écrit :
En l’état, Raoul Walsh nous délivre certainement l’un de ses films les plus efficaces et aboutis, une oeuvre harmonieuse au scénario parfaitement écrit et constamment passionnant qui préfigure le non moins superbe Master and Commander de Peter Weir.
Les deux films sont vraiment portés par la personnalité de leur réalisateur (j'aime aussi beaucoup Master and Commander).
Par contre, la proximité du matériau littéraire (C.S. Forester et Patrick O'Brian étant deux grands auteurs de récits maritimes) est évidente, et cela se retrouve complètement dans les thématiques abordées (époque des guerres napoléoniennes, attention très forte au quotidien d'un navire, description fine et nuancée du personnage principal).
Je rejoins les commentaires élogieux concernant Capitaine sans peur qui est un très bon divertissement aux couleurs superbes.
On a là, un petit chef d'œuvre du film maritime dont les scènes de bataille impressionnent particulièrement.
Virginia Mayo, que je ne connaissais pas, je crois, sans sort plutôt bien (je lui trouve d'ailleurs parfois des faux airs de Joan Fontaine...).
Quant à Gregory Peck, je l'ai trouvé très bon, et ne pouvant m'empêcher de penser à Chirac,
puisqu'O'Malley nous apprenait il y a quelques temps sur ce même topic qu'il s'était beaucoup identifié au personnage de Hornblower dans sa jeunesse...
A la mort de Raoul Walsh ... presque trente ans ... on eut une petite rétrospective à la Cinémathèque (il y en eut d'autres plus tard) mais jamais nous ne retrouvâmes cette fabuleuse copie 35mm de Captain Horatio Hornblower dans un Technicolor hallucinant .... ce fut une séance mémorable ... et quand Raoul nous faisait un travelling avant ... on avait vraiment l'impression de décoller .... Virginia Mayo est une comédienne d'une intelligence rare qui adorait Raoul ... une femme de goût ...
Joe Wilson a écrit :Les deux films sont vraiment portés par la personnalité de leur réalisateur (j'aime aussi beaucoup Master and Commander).
Par contre, la proximité du matériau littéraire (C.S. Forester et Patrick O'Brian étant deux grands auteurs de récits maritimes) est évidente, et cela se retrouve complètement dans les thématiques abordées (époque des guerres napoléoniennes, attention très forte au quotidien d'un navire, description fine et nuancée du personnage principal).
Je trouve que les analogies vont plus loin que simplement les thématiques abordées. Si l'on considère uniquement la première partie du film de Walsh, les 2 bateaux font le même type de parcours, partant de l'océan atlantique, passant le cap horn, et remontant la côte est américaine. Ils livrent tous 2 un combat contre un bateau plus gros, mieux armé et plus puissant. On retrouve des scènes de repas similaires dans le carré des officiers. Un enfant est gravement blessé durant la bataille navale. Le navire traverse un passage sans vent. Vous me direz, toutes ces figures appartiennent au genre du récits maritimes, mais tout de même, sans bien sur crier au scandale, vous ne me ferai pas changer d'idée.
Décidément, Walsh n'en finit pas de m'impressionner. Le rythme de sa mise en scène, sa faculté à emballer n'importe quel divertissement avec énergie et émotion... Ce metteur en scène grimpe définitivement dans mon top 10 réalisateurs ! C'est le 17ème film de lui que je vois, et je ne suis toujours pas déçu ! Sur un sujet un peu casse-gueule (soyons honnête, on se demande ce que certains metteurs en scènes auraient pu tirer de cette histoire), quoique très bien écrit, Walsh tire un chef-d'œuvre, sans aucun doute. L'histoire fonce à 100 à l'heure, toujours soutenue par l'humour, non sans oublier une justesse et un naturel (dans les scènes et parmi les acteurs) absolument impeccables. La partie dans l'Olympic club, le véritable démarrage de carrière dans la boxe pour Jim, tout est subtilement négocié à la perfection. La première scène de combat est volontairement banale, alignant quelques plans solides mais sans prétention... Le dernier combat est grandiose, un petit ouragan en soi, multipliant esquives, coup directs et pèche du tonnerre grâce à une mise en scène foudroyante. Toute la séquence en elle-même a fichtrement bien vieilli. Entre ces deux combats, Walsh fait monter la sauce et alterne l'action et la comédie avec brio. La distribution est remarquable, et je retiendrais notamment l'excellente performance de Ward Bond en champion du monde grande gueule et terriblement humain. Quant à Alexis Smith, elle a suffisamment de charme et d'aplomb pour convaincre. Bien sûr, qui d'autre que Errol Flynn aurait pu incarner ce Gentleman Jim avec une telle fougue et un tel sens de la comédie ?! Souple, entrainé pour le rôle, Flynn "dégage" quelque chose d'assez incroyable, ici dans l'un de ses plus grands rôles ! Aussi physique que sensible, son jeu sans cesse moderne ne souffre aucunement des affres du temps. Ce film est magnifique !
Pour le reste, je crois que je commence à préférer la collaboration Walsh-Flynn, que je trouve plus percutante que la collaboration Curtiz-Flynn. Côté Curtiz, j'ai adoré L'aigle des mers (quel film !) et Les conquérants, et j'ai beaucoup aimé La charge de la brigade légère et La piste de Santa Fe, mais je n'ai pas apprécié Les aventures de Robin des Bois (revu il y a peu, et je dois admettre que cela m'a laissé plutôt froid... alors qu'auparavant, j'avais vraiment aimé). Légère déception pour Captain Blood, excellent, mais il faut dire que, en rapport avec ce que l'on m'avait rapporté, je m'attendais à mieux que L'aigle des mers, ce qui n'est absolument pas le cas. Côté Walsh, j'ai vu La charge fantastique au cinéma il y a une semaine et demi, j'ai été transporté, c'était fabuleux ! Pour le reste, l'excellent La rivière d'argent et surtout ce très beau Gentleman Jim m'ont convaincu du fait que cette collaboration fut une éclatante réussite. Sabotage à Berlin était très efficace et Aventures en Birmanie aussi. Vivement le reste !