Strum a écrit :
C'est pourtant une histoire d'une force incroyable: une femme qui sacrifie sa vie (elle est dit-elle "déjà morte") et jusqu'à sa famille pour venger l'homme qu'elle aime. Personnellement, je trouve que la première demi-heure du film réserve des moments sublimes (le départ de Kriemhilde où elle refuse de saluer les siens, la scène où elle creuse la neige pour emporter une poignée de la terre sacrée ayant reçu le sang de
Xavier a écrit :Pas de la grande musique quand même à mon humble avis.
Mais c'est plutôt bien fait et efficace dans le film.
Oui, ce qui m'a frappé dans cette musique, c'est à quel point elle sied au film, à quel point elle me parait respecter son esprit. Beaucoup plus que ne l'aurait fait à mon avis l'adjonction de quelques airs sortis du Ring de Wagner (qui ont pourtant été utilisés pour accompagner le film lors de son exploitation dans certains pays), Ring qui est si différent de La Chanson des Nibelungen adaptée ici par Lang.
Xavier a écrit :Pas de la grande musique quand même à mon humble avis.
C'est parce que Gottfried Huppertz est trop "wagnérien" ?
Ben justement j'adore Wagner!
Non ce n'est pas si wagnérien que ça, enfin un peu, mais pas seulement...
Disons qu'il y a un peu de sous-Wagner, un peu de sous-Grieg, un peu de sous-Debussy... le tout étant bien adapté au film, ça fait quand même une belle BO; on a rarement (jamais en fait) mieux sur les DVD de films muets.
Taylor, dans l'histoire du cinéma, est surtout resté pour être le metteur en scène dont l'assassinat(jamais résolu) a déclenché le nettoyage d'Hollywood par Will Hays, en même temps que la fameuse "affaire Arbuckle". Il est donc intéressant de voir l'un de ses films pour lui rendre mieux hommage. Et ce film, disponible dans le fantastique coffret Treasures III, est une bonne occasion de le racheter, en effet.
Un enfant abandonné, victime de l'ostracisme de ses camarades d'orphelinat et de la négligence des adultes, s'enfuit, et tente de faire sa vie seul. Repêché par une juge progressiste(Dans son propre rôle)suite à une intrusion au domicile d'un politicien, il est recueilli par celui-ci, et prouve sa valeur à travers une bonne action savament menée.
Nous voici en présence d'un mélo social de haute volée, dont les acteurs jouent souvent juste, et dont le metteur en scène utilise à merveille le montage pour installer un rythme soutenu. Le cadre est au plus près des visages, et l'effet est là aussi efficace, surtout devant la recherche d'authenticité des protagonistes(Les gamins notamment). Ce film totalement oublié est à voir, d'autant que l'écheveau des ses intrigues réussit à déjouer les pièges du manichéisme le plus total: il faut voir la femme du politicien faire une moue paniquée lorsqu'elle entend son mari se porter volontaire pour accueillir le délinquant. Pourtant, c'est elle que plus tard le jeune appellera sa mère... Le recours au réalisme est accompagné d'une grande science des ombres et du tournage de nuit: La première scène montre deux femmes(L'une d'elles est enceinte)négocier un futur nouveau-né, en ombres chinoises; lorsque la mère biologique s'en va, l'autre sort de l'ombre, et son visage vulgaire contredit efficacement le chic de sa toilette... Les scènes de l'orphelinat sont très réalistes et un petit suspense très prenant s'installe autour du sort d'un enfant coincé dans une baignoire, lors d'une visite de candidates pour une adoption. Le recours au juge Lindsey, spécialiste du droit des enfants, évite le didactisme en le faisant vraiment jouer un role dans le dénouement. Une très heureuse surprise, qu'on aimerait accompagner d'autres films de ce metteur en scène.
Je suis surprise que personne n'aie mentionné l'excellent cycle de films muets français qui vient d'avoir lieu au Musée d'Orsay.
J'y ai vu 5 films tous très différents et passionnants.
Hara-kiri (1928) de Marie-Louise Iribe. Un film fascinant mis en scène par son actrice principale et qui montre les realtions orient-occident sous un jour incroyablement moderne.
En rade (1927) de Alberto Cavalcanti. Un film qui annonce le réalisme poétique avec un aspect visuel extrèmement moderne. J'ai été moins conquise par les personnages qui restent très schématiques.
Le chant de l'amour triomphant (1923) de Victor Tourjansky. Un film produit par les russes immigrés de la Sté Albatros. Un pur bonheur visuel pour ce conte de Tourgueniev qui se situe dans l'italie du XVIème siècle avec des relents d'orientalisme.
Les ombres qui passent (1924) d'Alexandre Volkoff. Un autre film des russes de Montreuil. Une petite merveille de comédie burlesque qui passent de l'Angleterre rurale à Paris et en Corse. Une superbe prestation d'Ivan Mosjoukine.
Gribiche (1926) de Jacques Feyder avec Françoise Rosay. Encore un petit chef-d'oeuvre de maitre Jacques.
Je précise que ces 5 films ont été présentés dans des copies restaurées de superbe qualité de la Cinémathèque Française. A quand des DVDs de ces films????
20,000 Leagues Under the Sea (20 000 lieues sous les mers) (Stuart Paton, 1916) :
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Il me semble que c'est l'un des tous premiers voire le premier film présentant des images sous-marines grâce à un procédé inventé par les frères Williamson. Et en effet, on ne se prive pas de tourner de l'image subaquatique, avec de la loche, de la morue et autres palourdes. Jusque là on avait découvert que le film adaptait deux romans en un (20 000 lieues + l'île mystérieuse).
Le Nemo de Paton n'a rien à voir avec Sharif ou Mason mais ressemble plutôt à un Daniel Herrero en habits de Père Noël qui fume la pipe après son énième et excessive séance d'uv.
1h et 40 minutes qui feraient craindre un certain ennui... et pourtant point du tout... si ce n'est sur quelques secondes de trop sous l'eau avec de longs plans de poiscaille ; l'arrivée d'un groupe de requins réellement belliqueux vient sauver le spectateur de la noyade.
Le jeu des comédiens est plutôt admissible. Sauf la sauvageonne qui en fait des tonnes.
Le rythme est assez soutenu. Les décors sont pas mal foutus.
Et au final on se retrouve avec un film spectaculaire (1916, j'imagine l'enthousiasme) et fort plaisant.
Je me passionne également pour le cinema muet. J'aime beaucoup le rélisateur Paul Leni ( qui fut décorateur sur LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI) il a réalisé plussieurs films fabuleux dont THE CAT AND THE CANARY connu sous le titre français LA VOLONTE DU MORT et distribué en dvd. Même si j'achète en général beaucoup de dvd, je suis obligée de télécharger la plupart des films muets , la distribution en zone 2 étant très pauvre.....
Une grande passion également pour Louis Feuillade, Marcel Lherbier et j'en passe. Je possede aussi des muets de John Ford en dvd, oui oui j'ai pas mal de films rares!
Au plaisir de vous lire.
Das Tagebuch einer Verlorenen (Le Journal d'une fille perdue) (Georg Wilhelm Pabst, 1929) :
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Je ne connaissais pas Pabst. De Louise Brooks je ne connaissais qu'une icone en fait, ces photographies du temps jadis, cette coupe garçonne et c'est tout.
Autant dire que le ton résolument comique, la mise en scène très rythmée, les gueules cassées que constitue le casting ont jalonné mon visionnage d'autant de surprises ; il est entendu qu'elles ont été fort agréables.
Mais ce film n'est pas seulement une oeuvre au ton décalé, drôle, il est une incisive coincée dans le cou d'un ordre établi, rigide, dans une moralité excessivement hypocrite et aveugle. Sa portée va bien au delà de l'aspect comique. Les traits sont exagérés bien entendu, la caricature fait figure de manifeste libertaire. Un film révolte adolescente. Une fureur de vivre bien avant l'heure. Une fureur à la coupe garçonne et aux yeux sombres et beaux. Louise Brooks envoûte. Elle capte la lumière et emporte tout le film et les spectateurs. Elle dégage un charme fou, d'une délicatesse que le grain laiteux de sa peau surdimensionne. Pauvre Thymiane, viens dans mes bras reposer.