Les livres impossibles à adapter au cinéma ?

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Billy Budd
Bordeaux Chesnel
Messages : 26841
Inscription : 13 avr. 03, 13:59

Message par Billy Budd »

Je vais en partie légèrement faire dévier le topic en réagissant à chacun de vous à tour de rôle sans trop me planter dans les quote

Sergius Karamzin a écrit :Il faut arrêter de voir de la pédophilie partout.
Dans certains pays, les filles deviennent mères à 13 ou 14 ans et ce n'est pas forcément un gamin de 15 ans qui les engrosse.
Est ce à dire que ce n'est pas de la pédophilie ? Juridiquement si

Sergius Karamzin a écrit : Je pense que Lolita est un roman admirable parce qu'il touche à quelque chose d'important. On peut sans doute (ce n'est pas mon cas, mais c'est théorique) tomber amoureux et avoir du désir pour quelqu'un de très jeune. Et cela peut être réciproque. Ensuite els moeurs, la société régulent ce genre de choses et posent des interdits moraux (en partie pour éviter l'inceste je pense).
100 % d'accord - Lolita a d'autres qualités sur lesquelles nous sommes probablement d'accord aussi

Sergius Karamzin a écrit : Une histoire d'amour véritable entre une gamine de 13 ans et un type bien plus âgé (ou l'inverse) me déstabilise mais pourrait me bouleverser. Ce n'est pas mon cas, je ne suis absolument pas attiré par les gamines ou les gamins, mais l'amour est un absolu, et je ne peut pas condamner apriori toute relation bizarre en apparence.

Et franchement entendre Nikita parler de perversion, c'est trop fort, alors que certaines moeurs désormais admises (et c'est tant mieux) étaient taxées de déviantes (maladies ou perversions) il y a moins de 20 ans.

Beule a écrit :
Nikita a écrit :
Quelle horreur, je l'igonrais mais c'est un pervers ce mec
Je ne sais si c'est du second degré Nikita, mais si ce n'est pas le cas je ne trouve pas cette exclamation d'horreur puritaine très ...sincère ou spontanée.
Sans remonter jusqu'à Poe, sans jouer des interdits et du malaise de l'attrait d'une jeune fille en fleur peut susciter chez certains esthètes, le cinéma s'est parfois "compromis" à conter une belle liaison, sous son angle le plus universel et cosmique, sans arrière-pensée. Je pense à la bio de Jerry Lee Lewis, par exemple, mais il y en a forcément beaucoup d'autres.

Aucune subversion ni encore moins de perversion dans la description d'une telle attirance:?

Je suis gérontophile. Aussi loin que je me souvienne, mes fantasmes à caractère érotique ou sexuel ont toujours été dirigés vers des hommes d'un certain âge


donc

Jeremy Fox a écrit :Nikita a oublié de mettre son smiley ;-)

:mrgreen:

A titre exceptionnel, donc ce n'est pas un collector, je plaisantais et faisais même un peu dans l'auto dérision


Niron a écrit : Sauf qu'il y a des relations amoureuses qui sont biaisés de part cette différence d'age... En effet, chaque enfant recherche à l'adolescence à se construire l'image du père (pour les filles) et de la mère (à travers le garçon) à travers les relations amoureuses. Les personnes "beaucoup" plus agées abusent donc de ce "pouvoir" et je trouve cela extrèmement malsain. Les psychanalystes connaissent très bien ce problème et c'est pour cette raison qu'ils s'interdisent de nouer une relation avec leur patiente (image paternaliste).
Il y a sans doute des "abus" comme tu dis mais parler de paroles de psys comme de la vérité vraie me paraît un peu téméraire

Il y aussi des cas comme les miens ...


johndoe_df a écrit :J'ai terminé Glamorama et j'ai du mal à croire que Avary veule en tirer un film. Non pas que le matériaux soit inintéressant, loin de là, mais l'histoire et la structure est tellement déconcertante et décalé que je doute qu'on puisse en tirer un film amplement compréhensible (àmoin de l'amputé sauvagement ce qui risque d'arriver)...
C'est aussi mon avis comme je l'ai dit


lowtek a écrit : A l'inverse il y a des auteurs qui semblent être fait pour être adaptés : Elmore Leonard par exemple (qui a d'ailleurs commencé sa carrière en écrivant des novelisations), dont toutes les adaptations sont des réussites: get shorty, Out of Sight, Jackie Brown...C'assez rare je pense.
Jeremy Fox a écrit : Get shorty est selon moi totalement raté mais là n'est pas la question.

Pour répondre à Memento, encore une fois pour moi tous les cas de figure sont possibles. Regarde la fidélité de Hanson au roman de Ellroy LA confidential : le film est une belle réussite très fidèle au texte même si je ne ressens rien du tout du style de l'auteur.

Tout pareil - ouf !

Memento a écrit :
lowtek a écrit : Je ne crois pas que Nabokov appréciait vraiment l'adaptation de Kubrick.
Non, il l'a détestait, mais il était spécial le Nabokov...
Il peut aussi y avoir une question d'argent non par rapport aux droits etc - bassesse de ma part peut être mais ça entre en compte aussi
Memento a écrit :
En second vient je pense le type de narration : plus elle est introspective, plus elle est casse-gueule.
Ce qui sous-entendrait que les romanciers américains, notamment les novelistes, sont plus faciles à adapter que les auteurs français, souvent moins tournés vers l'action et plus vers l'introspection précisément (une spécialité de la littérature française ?)...
Et que dire des russes alors ? Plus sérieusement je ne crois pas qu'il y ait de spécificité - les livres d'Ellis ne sont qu'introspection

Memento a écrit : A ce titre, souvenez-vous de Marguerite Duras et du scandale qu'elle avait fait lors de la sortie de L'amant. Claude Berri raconte dans son autobiographie qu'elle s'est vite désengagée du film et qu'elle ne voulait plus en attendre parler.
Là, il y a clairement une question d'argent et le fait que l'adaptatio ne soit pas celle qu'elle souhaitait - L'amant de la Chine du Nord qu'elle avait écrit pour le tourner a priori, et meileur livre pour moi que l'Amant
Everybody's clever nowadays
lowtek
Idiot du vintage
Messages : 1189
Inscription : 9 juin 03, 19:13

Message par lowtek »

Memento a écrit :Effectivement, des auteurs américains au style très marqué, comme Faulkner, Fitzgerald ou Fante me paraissent difficiles à adapter, quoique pour Fante, une adaptation de Mon chien stupide vaudrait son pesant de cacahuettes (encore faut-il trouver le bon réalisateur).

Puisque tu parles de SF, soulignons également l'excellente adaptation de Blade Runner par Ridley Scott qui, à mon sens, a parfaitement retranscrit l'atmosphère du bouquin. Plaçons-nous maintenant du côté français et essayons d'imaginer ce qu'aurait fait un Luc Besson avec les mêmes matériaux... :roll:
Fante a malheureusement déjà été adapté, mais par des européens :
http://www.imdb.com/Title?0098615
Il a par ailleurs complètement abandonné sa carrière d'écrivain pour travailler pour Hollywood, ce qui l'a perdu. Seul son ultime livre, Rêves de Bunker Hill, retrouve le souffle des premiers à mon avis.
Avatar de l’utilisateur
Zelda Zonk
Amnésique antérograde
Messages : 15861
Inscription : 30 mai 03, 10:55
Localisation : Au 7e ciel du 7e art

Message par Zelda Zonk »

lowtec a écrit :Fante a malheureusement déjà été adapté, mais par des européens :
http://www.imdb.com/Title?0098615
Il a par ailleurs complètement abandonné sa carrière d'écrivain pour travailler pour Hollywood, ce qui l'a perdu. Seul son ultime livre, Rêves de Bunker Hill, retrouve le souffle des premiers à mon avis.
Merci pour le lien. Effectivement, ça à l'air d'être un ratage cette adaptation de Bandini.
Demande à la poussière reste pour mon son chef-d'oeuvre, mais je te conseille également fortement un formidable recueil de nouvelles sorti il y a un ou deux ans : Grosse faim.
Si je parlais de Mon chien stupide, c'est parce que Claude Berri a je crois acheté les droits (ou a l'intention de les acheter).
lowtek
Idiot du vintage
Messages : 1189
Inscription : 9 juin 03, 19:13

Message par lowtek »

Et que dire des russes alors ? Plus sérieusement je ne crois pas qu'il y ait de spécificité - les livres d'Ellis ne sont qu'introspection
C'est une introspection très factuelle et matérialiste et qui évacue complètement toute psychologie. Les personnages d'Ellis sont des enveloppes vides juste motivés par la vacuité consumériste ou sexuelle de leur environnement. Son style génère tous ses effets (comiques, dramatiques) par sa neutralité. Il y a une sorte d'hyperréalisme chez Ellis qu'on peut rapprocher de l'Hyperréalisme picturale des années 80 aux States. C'est pour ça que ses livres colportent tout un univers visuel très fort et qu'une adaptation n'est pas à mon avis complètement irréaliste.
lowtek
Idiot du vintage
Messages : 1189
Inscription : 9 juin 03, 19:13

Message par lowtek »

Memento a écrit : Demande à la poussière reste pour mon son chef-d'oeuvre, mais je te conseille également fortement un formidable recueil de nouvelles sorti il y a un ou deux ans : Grosse faim.
Si je parlais de Mon chien stupide, c'est parce que Claude Berri a je crois acheté les droits (ou a l'intention de les acheter).
Tout pareil, j'ajouterai La route de Los Angeles son premier vrai livre qui est magnifique. Mon chien stupide est vraiment anecdotique je trouve.
Avatar de l’utilisateur
Zelda Zonk
Amnésique antérograde
Messages : 15861
Inscription : 30 mai 03, 10:55
Localisation : Au 7e ciel du 7e art

Message par Zelda Zonk »

Voici un extrait d'un article intéressant qui concerne directement notre sujet :

L'adaptation d'un roman au cinéma ne se réduit pas à la simple mise en images d'un récit préétablit : elle est en réalité la réécriture d'une œuvre. En effet, la conception scénarique aborde sa propre dialectique ainsi que sa propre invention scénique. La réalisation se charge ensuite de donner au texte, en lumière des dialogues nouveaux, sa vision de l'histoire, avant de confier au montage les derniers sursauts créatifs et interprétatifs. Ainsi donc, littérature et cinéma se rejoignent et s'affrontent sans jamais fouler le même sol.
Pensons alors à André Malraux qui affirmait à propos de Picasso : " On peut tout essayer à condition de ne jamais recommencer ". L'art, dans sa fonction unique possède son indéniable qualité qui va en se détruisant au fil de copies, structures identiques ou schémas redondants. Pour lui , l'intrigue est un des moyens mis au service du créateur pour traduire l'art poétique. Mais adapter un roman au cinéma, c'est écrire une autre intrigue pour dire la même chose.


Je souscris tout à fait à ce point de vue.
Avatar de l’utilisateur
Billy Budd
Bordeaux Chesnel
Messages : 26841
Inscription : 13 avr. 03, 13:59

Message par Billy Budd »

C'est accorder beaucoup d'importance à "l'histoire" dans le livre ou dans le film non ?

Or ce n'est pas mon cas
Everybody's clever nowadays
lowtek
Idiot du vintage
Messages : 1189
Inscription : 9 juin 03, 19:13

Message par lowtek »

Je trouve qu'il serait intéressant de faire des parallèles entre des styles narratifs et/ou structures de récits et leur transcription cinématographique.
Dans les Lois de l'attraction je trouve plus pertinent le fameux plan-séquence en split screen pour retranscrire les récits éclatés/subjectifs du roman, plutôt que l'utilisation de la voix off.
Mais c'est vrai que 99% des adaptations le sont par l'intérêt porté à l'histoire, ce qui n'est pas le cas pour Avary.
Avatar de l’utilisateur
Zelda Zonk
Amnésique antérograde
Messages : 15861
Inscription : 30 mai 03, 10:55
Localisation : Au 7e ciel du 7e art

Message par Zelda Zonk »

Nikita a écrit :C'est accorder beaucoup d'importance à "l'histoire" dans le livre ou dans le film non ?

Or ce n'est pas mon cas
Non, je n'ai pas compris l'article comme ça. Plutôt comme le fait de revisiter l'oeuvre originale, de se l'approprier, de la réécrire en quelque sorte.
Je pense que la copie carbone, autrement dit le copier-coller, est le pire piège pour un réalisateur qui s'attaque à une adaptation.
Comme il est impossible de reproduire le style de l'auteur, le metteur en scène doit utiliser les moyens mis à sa disposition pour apporter sa propre "patte" : mise en scène, redécoupage du scénario, adaptation des dialogues, travail sur l'image, la musique, etc., c'est à dire lutter avec ses armes qui ne sont pas celles de la littérature. L'histoire ou le scénario est en effet anecdotique et, à mon sens, ce n'est pas là-dessus que l'on juge une bonne adaptation, mais plutôt sur la nouvelle vision, la relecture qu'apporte le film par rapport à l'oeuvre littéraire.
Pour moi, tout cinéaste qui se contente de reproduire à l'écran les 360 pages d'un roman n'est rien d'autre qu'un tâcheron.
Avatar de l’utilisateur
Zelda Zonk
Amnésique antérograde
Messages : 15861
Inscription : 30 mai 03, 10:55
Localisation : Au 7e ciel du 7e art

Message par Zelda Zonk »

lowtek a écrit :Je trouve qu'il serait intéressant de faire des parallèles entre des styles narratifs et/ou structures de récits et leur transcription cinématographique.
Sur ce point précisément, beaucoup de cinéastes tombent dans la facilité de la voix off, comme s'il leur était impossible de se passer de la lecture du texte original.
Parfois, lorsque c'est utilisé avec circonspection, ça passe bien (Virgin Suicides), parfois moins bien (L'Amant, même si j'adore la voix de Jeanne Moreau).

Quelque part, je trouve que la voix off est à l'adaptation cinématographique ce que le play back est à la chanson.
Troma
Régisseur
Messages : 3409
Inscription : 13 avr. 03, 10:25
Localisation : Moulès (13)

Message par Troma »

Sergius Karamzin a écrit : Une histoire d'amour véritable entre une gamine de 13 ans et un type bien plus âgé (ou l'inverse) me déstabilise mais pourrait me bouleverser. Ce n'est pas mon cas, je ne suis absolument pas attiré par les gamines ou les gamins, mais l'amour est un absolu, et je ne peut pas condamner apriori toute relation bizarre en apparence.
Hum, si c'est ma fille de 13 ans qui sort avec un mec de 31. Je ne risque pas d'être bouleversé dans le même sens que toi. Quant au mec de 31, il aura peut-être le temps de quitter le pays... :?
Image
Avatar de l’utilisateur
Boubakar
Mécène hobbit
Messages : 52767
Inscription : 31 juil. 03, 11:50
Contact :

Message par Boubakar »

American Psycho ; si le livre était adapté tel quel, il aurait un triple X !! :lol: :lol: :lol:
Avatar de l’utilisateur
harry callahan
Mogul
Messages : 11700
Inscription : 13 avr. 03, 17:28
Localisation : Dans un snack de San Francisco, d'où il vaut mieux que je ne sorte pas

Message par harry callahan »

Je suis assez d'accord avec Troma : si un cas similaire survenait dans ma famille, peut être que le gars pourait se résoudre à vivre avec ses intestins en guise de boucles d'oreilles.

Pour les bouquins inadaptables, Dostoïevski me vient immédiatement à l'esprit, ainsi que Notre Dame de Paris : ce bouquin est d'une noirceur telle qu'à mon avis aucun studio ne laisserait le cinéaste respecter suffisamment l'oeuvre, tellement elle est glauque.

Le Parfum de Süskind me semble également un exemple parfait. J'ai effectivement senti grâce à ce livre, je doute très fortement que quiconque arrive à réussir ce tour de force avec une caméra.
[...]But being this a .44 magnum, the most powerful handgun in the world, and would blow your head clean off, you have to ask yourself one question : "Do I feel lucky ?". Well, do you, punk ?
Avatar de l’utilisateur
Zelda Zonk
Amnésique antérograde
Messages : 15861
Inscription : 30 mai 03, 10:55
Localisation : Au 7e ciel du 7e art

Message par Zelda Zonk »

harry callahan a écrit :Le Parfum de Süskind me semble également un exemple parfait. J'ai effectivement senti grâce à ce livre, je doute très fortement que quiconque arrive à réussir ce tour de force avec une caméra.
Copain :D
On est d'accord sur cet exemple. Quiconque n'a pas lu ce chef-d'oeuvre ne sait pas ce qu'il perd.
Il faudrait peut-être inventer des salles de cinéma avec diffuseurs d'odeurs intégrés dans les murs. :wink:
Avatar de l’utilisateur
harry callahan
Mogul
Messages : 11700
Inscription : 13 avr. 03, 17:28
Localisation : Dans un snack de San Francisco, d'où il vaut mieux que je ne sorte pas

Message par harry callahan »

Memento a écrit :Il faudrait peut-être inventer des salles de cinéma avec diffuseurs d'odeurs intégrés dans les murs. :wink:
Justement non : le bouquin n'use pas de ces artifices, il est "simplement" remarquablement écrit. C'est ça qui me fait dire qu'il est inadapatable, il faudrait un talent au moins égal pour retranscrire toutes ces odeurs inexistantes qui envahissent pourant le lecteur autant que Grenouille. Sans oublier sa monomanie et son abscence totale d'humanité.
[...]But being this a .44 magnum, the most powerful handgun in the world, and would blow your head clean off, you have to ask yourself one question : "Do I feel lucky ?". Well, do you, punk ?
Répondre