Pardon mais je trouve l'article de Kaganski complétement idiot mais bon je n'en attendais pas moins de ce personnage qui m'a toujours horripilé mais passons et considérons l'article en lui même. Que Kaganski veuille relativiser l'enthousiasme généralisé autour des série pourquoi pas, encore faut-il justement développer des arguments suffisamment convaincant, et si tout ce qu'il a trouvé c'est de faire des pourcentage sur la part artistique et la part industriel des films et des séries c'est franchement pathétique surtout quand on voit la répartition qu'il en fait: l'Art avec un grand A celui qui est 100% artistique (comme il y a du 100% matière grasse?) c'est donc uniquement des réalisateurs comme Akerman, Straub, Godard, Weerasethakul, Pasolini, Rossellini et autre c'est Daniel Toscan Séplanté qui a fait la sélection?
Que des films qui remettent en cause les formes dominantes comme il dit. Je n'ai rien contre les réalisateurs qu'il cite j'aime beaucoup Godard, Rossellini et Pasolini et c'est très bien d'avoir des films qui revendiquent des formes iconoclastes, critique qui refuse ou déconstruise la narration classique mais fort heureusement l'art cinématographique ne se limite pas a ça parce que sinon ça fait longtemps que je lui aurait tourner le dos parce que ça m'aurait assommés. D'ailleurs les films de Truffaut, de Rohmer ou de Ferrara sont tout aussi artisanaux que ceux d'Akerman, Godard, Weerasethakul ou des Straub , mais comme ils sont moins élitistes et intellectuel forcément c'est moins noble. Par ailleurs si le cinéma artistique c'est avant tout Straub, autant dire que le cinéma artistique est aussi minoritaire que les séries artistiques.
En ce qui me concerne je trouve autant d'art (sinon plus) chez Truffaut, Hitchcock, Sirk ou Spielberg qui sont pourtant des cinéastes qui se plient aux codes de la narration classique de "l'esthétique dominante", aux conventions et qui effectivement assume leur part industrielle pour autant leur films sont sublime et ils le sont d'autant plus qu'ils se plient aux conventions et innovent a partir de ces conventions et leurs innovations ont d'autant plus de sens qu'elles s'inscrivent dans une continuité (mais ça c'est une conviction strictement personnelle il est vrai), et c'est aussi ce qui se passe avec les séries.
Créer, produire, fabriquer un film ressemble encore (pas toujours) au geste d’écrire un livre ou de peindre un tableau
Ça c'est l'une des affirmations les plus idiote de l'article. A pour les cinéaste expérimentaux comme Jonas Mekas, la fabrication d'un film ne s’apparente jamais a l'écriture d'un livre ou a la peinture d'un tableau (ou alors on parle d'oeuvre comme le plafond de la chapelle Sixtine, que Michel Ange n'a probablement pas peint seul) la fabrication d'un film est toujours un travail collectif forcément soumis a des contraintes économiques diverse. Dire que ça ressemble au geste d'écrire c'est tout simplement ne rien comprendre a ce qu'est la production d'un film fut-il de Chantal Akerman.
Créer, produire, fabriquer une série ressemble plus à la fabrication d’une BMW ou d’un appareil Apple. La série est l’objet culturel par excellence de la phase actuelle du capitalisme : libérale, technologique, globale. Les séries rendent captifs du canapé pendant des heures et des heures (une saison, c’est beaucoup plus long qu’un film ou qu’un rock), ce qui fait beaucoup de temps qui n’est pas consacré à la lecture, à la pensée, à la réflexion de sa condition, à la révolte. On va me dire, beaucoup de séries comportent une vision critique de notre monde. Oui : ruse ultime du libéralisme qui intègre son autocritique dans les produits qu’il commercialise, rendant ainsi l’aliénation plus soft, agréable.
Ah mais oui bien sur la série ce vilain divertissement populaire aliénant qui s'apparente a un lavage néo-libérale. Évidemment on ne peut pas penser quand on regarde une série, c'est forcément quelques chose d'abrutissant, un truc réserver aux gosses ou aux attardés.
Eh bien n'en déplaise a Serge Kaganski, j'ai eut plus de réflexion intéressante et enrichissante, j'ai plus pensé, comme il dit, en regardant Six Feet Under, House of Cards (version britannique et version américaine), The Wire, The West Wing ou Batlestar Galactica qu'en regardant Jeanne Dillman, Tropical Malady ou encore Othon ou la petit chronique d'Anna Magdalenna Bach, qui m'ennuie tellement que je n'ai qu'une profonde impression de vide a force d'abstraction. Cet argument comme quoi le temps passé a regarder des série c'est du temps passés a ne pas penser est absurde c'est le même qu'utiliser par les détracteurs du cinéma au début du XX éme siécle: le cinéma c'est le refus de la pensée, je pense que personne ne va plus soutenir ça sérieusement aujourd'hui (et surement pas Kaganski vu ce qu'il écrit dans son article, pourtant ça aurait le mérite d'être cohérent).
Enfin il termine son article en parlant d'Agnieszka Holland qui n'est pas une grande réalisatrice au cinéma mais qui serait soit devenus importante dans le domaine des série (c'est faux, elle a travaillé sur des série importante mais elle reste assez secondaire), sous entendu même un médiocre peut y réussir. J'ai envie de dire que Gus Van Sant, David Lynch, Martin Scorcese, David Fincher, Michael Mann se sont eux aussi intéressé au médium télévisuel et ont réalisés des épisodes de série ou ont créés eux mêmes des séries et quoiqu'on pense d'eux ce sont des personnalités importantes dans la cinéphilie contemporaine. C'est bizarre ces grands cinéastes qui s’intéressent aux séries cette forme aliénante qui empêche de penser, et qui y trouve un terrain d'expérimentation voir parfois un moyen de renouveler leur inspiration.
Pour conclure sur les séries, je suis autant sériephile que cinéphile pour autant je ne considère pas tout les films que je vois comme des œuvres d'art majeure je fait le tri, et il en est de même pour les séries, il y a beaucoup de déchet, il y en a dont l'ambition est avant tout d'être un divertissement et qui vont de l'insignifiant a l'excellent et d'autres qui sont tout aussi ambitieuses que les meilleurs films. Peut être que les séries ne dévellopent pas de formes expérimentales, mais c'est bien mal les connaitre que de leur dénier l'invention de forme narrative et esthétiques original, l'un des commentaires de l'article parle de l'épisode de Breaking Bad avec la mouche qui présente une richesse symbolique, et une inventivité visuelle qui se fait assez rare au cinéma actuellement, je ne suis pas sur que beaucoup de film hollywoodien (et même européens) pourrait accepter la liberté formel de cette épisode qui d'un point de départ burlesque débouche sur une véritable réflexion existentiel. J'aimerais trouver au cinéma la richesse et la finesse d'une série comme The West Wing dans un film sur le monde de la politique. Mais comme le cinéma est forcément limités par le temps il seras difficile d'aborder avec autant de précision, sans pour autant tomber dans le didactisme et tout en créant des personnages plein d'humanité, le monde des institutions. Dans une dimensions plus critique une série comme Boss (qui n'a malheureusement pas trés bien marché) témoigne d'une belle ambition également dans sa peinture a mon avis assez réaliste du monde politique (sans avoir la précision quasi documentaire de The west wing). Une série comme The Wire est absolument impossible a transposé en terme cinématographique, pourtant c'est une série parfaitement aboutie aussi bien sur le plan de la mise en scéne, que sur le plan narratif et qui livre un portrait absolument vertigineux de la société contemporaine chaque saison veillant dépeindre un aspect d'une ville américaine (la police, la justice, le journalisme, le monde politique), mais évidement la série ne fait pas penser.
D'ailleurs Kaganski dit n'importe quoi (mais ça en deviendrais presque un pléonasme) lorsqu'il dit que les fous, les irreductibles, les ingérables, les radicaux ou les révolutionnaires n'y ont pas de place il n'y a qu'a regarder une série comme Breaking Bad pour se rendre compte qu'on trouve des ingérables, des irréductibles dans le monde des séries.
McT a écrit :
En revanche le passage dans son article où il aborde la question du scénario me semble assez intéressante. En effet le problème à mon sens de la plupart des séries c'est qu'elles reposent essentiellement sur leur scénario et donc sur un structure bien définie, ce qui a forcément tendance à produire des produits formatés. Dans les séries j'ai souvent l'impression de me retrouver face à une succession de rebondissements -ce qui d’ailleurs les rend artificiels- , plutôt qu'au surgissement d'événements. C'est ce qu'expliquait stéphane delorme dans son article sur bazin (même s'il ne s'agissait pas d'un article consacré aux séries, il me semble que ça rejoint mon propos) , où il montrait que la pensée de ce dernier était une pensée verticale, une pensée de l’événement. Pour paraphraser bazin sur les nuits de cabriria: "les événements n'y arrivent pas, ils y tombent, ou ils surgissent, c'est à dire toujours selon une gravitation verticale et non point pour obéir aux lois d'une causalité horizontale." En d'autres termes, la verticalité de l'événement serait l'antithèse du storytelling des séries tv qui elles sont pensées de manière horizontale (avec causes et conséquences) où tout doit être à sa place.
Pourquoi pas mais ça ne présage pour autant strictement rien de la valeur artistique des séries télé. Ce story telling ou tout doit être a sa place impose des régles mais outre le fait que ça existe aussi abondement au cinéma et pas que dans des films qui serait penser comme une série télé, ça existe aussi en littérature et pas que dans les romans feuilleton. A vraie dire une narration ou causes et conséquences sont parfaitement définis c'est le schéma narratif classique, ce n'est pas parce qu'on se plis a ce schéma qu'on renonce a toutes forme d'innovation. Oui les série peuvent être des produit formatés (comme les films, comme les romans) qui se ressemble tous plus ou moins, mais vouloir absolument se libérer de toutes règles de narration peut aboutir au mêmes résultats. Se plier a des conventions ça peut avoir du bon, je pense même que c'est nécessaire a la plupart des créations artistiques.
L'article de Kaganski est totalement a côté de la plaque aussi bien sur la forme que sur le fond. Vouloir enfermer toutes les séries dans une hiérarchisation parfaitement artificiel avec le cinéma ça n'a aucun sens, les deux formes ont leur qualités et leurs défauts il y a des grandes oeuvres dans les séries, tout comme il y en a au cinéma.
"Il ne faut pas être timide avec la caméra. Il faut lui faire violence, la pousser jusque dans ses derniers retranchements, parce qu'elle est une vile mécanique. Ce qui compte, c'est la poésie."
Orson Welles