Toni (1934)
Publié : 1 nov. 10, 12:32
6. Toni de Jean Renoir (1934)
Avec Charles Blavette, Jenny Helia, Célia Montalvan, Max Dalban, Édouard Delmont, Andrex... Scénario, adaptation et dialogues de Jean Renoir et Carl Einstein (d'après un fait divers authentique) - Musique (et chants populaires) de Paul Bozzi - Genre : drame - Production française - Date de sortie : 22/02/1935
Toni, un immigré italien, trouve du travail dans une carrière de Martigues. Il vit avec Marie, mais est amoureux de Josepha, une espagnole. Cette dernière épouse un parisien, qui se révèle brutal et vénal.
Mon avis :
Quand on évoque le cinéma provençal, le nom de Marcel Pagnol revient de manière récurrente. Ce film ne fait pas exception, puisqu'il l'a produit, d'ailleurs, la même année et juste avant (printemps 1934, le film de Renoir ayant été tourné l'été suivant), Pagnol réalise Angèle, l'un de ses plus beaux films. Sauf qu'à l'écriture et à la caméra de Toni, il y a Jean Renoir. Il est intéressant de comparer le traitement de ces deux films par deux auteurs aux sensibilités différentes, car le regard qu'ils portent sur les régionaux est relativement opposé. Bien que les deux réalisateurs aient des méthodes similaires à l'époque, soignant les mots, privilégiant une apparence de cinéma presque artisanal, une indépendance affichée, Pagnol a toujours aimé les personnages hauts en couleurs, typés aussi bien dans leur caractère que dans leur langage et c'est déjà très sensible dans Angèle. A l'opposé, avec Toni, Renoir tente un cinéma plus naturaliste, moins passionné ou romanesque, privilégiant un réalisme quasi documentaire notamment avec une direction d'acteur empêchant toute envolée tonitruante à la Raimu ou naïveté poétique à la Fernandel. Pagnol, c'est déjà un cinéma nostalgique sur une Provence parfois dure, mais qui n'empêche pas un certain folklore, alors que Renoir filme son présent, son actualité, tout en continuant à développer des figures et thèmes noirs déjà présents dans La chienne (1931) ou Boudu sauvé des eaux (1932).
Ce n'est pas par réaction épidermique au cinéma de Pagnol que Renoir adopte ce ton réaliste, car le premier a produit, mais a aussi mis à disposition au second équipe technique, plateaux de tournage, laboratoires, et il distribuera le film. Bref, Pagnol soutient totalement le film.
Jean Renoir s'inspire d'un réel fait divers, qui généralement tient en quelques lignes dans les journaux et qui évoque quelques évènements sordides, provoquant chez le lecteur effroi, dégoût, indignation, voire colère, ou au mieux ( ? ) indifférence et plus rarement compassion désolée.
D'autant qu'ici, les protagonistes sont en partie des immigrés, et on imagine sans mal les amalgames et généralités idiotes qu'un fait divers de meurtre peut provoquer. Car le récit est ancré dans une réalité de l'époque, celle d'une France en manque de main-d'œuvre (les plus de 2 millions de morts cumulés de la guerre de 1914-18 et de la grippe espagnole n'y sont pas pour rien), qui accueille les petites mains étrangères pour étoffer la population ouvrière du pays, ce qui commence à être mal vu par une frange de la population et de l'état.
L'intelligence de Renoir est donc de tordre le cou aux idées préconçues, en prenant le temps d'exposer les faits. Il présente des personnages humains et humbles, et leurs origines ne sont finalement que des compléments bien secondaires de leur personnalité, tous formant un microcosme varié qui vit en relative bonne entente. Aucun ne revendique autre chose que le droit de travailler et de vivre, et la réplique qu'on entend au début du film, « Mon pays, c'est celui qui me fait bouffer », est à méditer et symbolique d'un groupe souhaitant vivre en paix. Réplique qui n'a l'air de rien mais en totale opposition avec les mentalités de l'époque, où même dans le gouvernement, on se permettait de traiter les immigrés de métèques en toute impunité : c'est peut-être d'ailleurs la concession la plus évidente de l'auteur au discours politique. Car après, il n'impose aucun point de vue autre que celui des protagonistes dans leur quotidien, qu'il semble filmer presque à leur insu, et laisse le spectateur rencontrer ceux-ci, les connaître, via leurs faits et gestes, leurs erreurs, leur maladresse. Et quand le drame éclate, on finit par se dire que c'était inévitable, mais non que c'est horrible ou que les coupables sont des ordures. Car on les a vu exister, on a vu leurs renoncements, et on a apprit à les comprendre. On se dit même presque que la victime méritait son sort, puisque c'est finalement une pourriture (incarnée par un Max Dalban peu convainquant, à mon sens le point faible du film). C'est par ce personnage infâme que Renoir politise le plus son récit, un arriviste parisien, français, trop sûr de son emprise pour voir le danger arriver. Dès lors, le virage a priori sordide que prend l'histoire n'a plus rien à voir avec le fait qu'untel soit italien ou espagnol, mais plutôt lié aux faiblesses humaines que l'on retrouve partout. Ainsi la convoitise, l'adultère, la jalousie, le mensonge, l'imbécilité qui conduisent au meurtre ne sont pas différents de n'importe quel drame bourgeois. Si le milieu diffère, la constante reste l'humain...
Pour mettre en images ce film, Renoir innove ou pas loin, en faisant le choix, en rupture avec l'habitude des tournages en studio, de poser ses caméras à l'extérieur. Il se fend alors de quelques beaux plans de la région de Martigues, qui n'ont rien à envier à Marcel Pagnol, sans céder au pittoresque. Il opte aussi pour un montage inhabituel pour l'époque, avec des bonds dans le temps sans explications superflues ni cartons inutiles du genre « deux ans plus tard... ». Ces ellipses temporelles montrent une narration en avance sur son temps. Autre rupture, son choix de casting, mêlant acteurs peu connus proches des personnages et habitants de la région pour les rôles secondaires. La direction d'acteur interdit tout régionalisme, autre que les accents et les gestes habituels, naturels. En fait, le réalisateur refuse toute théâtralité, malgré le drame. La tragédie, car c'en est une, ne se fera (res)sentir qu'à travers l'évidence de destins inéluctables, et non via des artifices artistiques ou grandiloquents. A voir ce film, on comprend aussi pourquoi Renoir fut l'un des rares réalisateurs d'avant-guerre protégés par la Nouvelle Vague et que ce film est un des préférés de Jean-Luc Godard.
Soucis de l'authenticité, comédiens non professionnels ou issus du milieu filmé, tournage en extérieur, aspect documentaire... Autant d'éléments qui ont fait dire à beaucoup que Toni était le précurseur du néoréalisme italien, d'autant qu'un certain Luchino Visconti, 27 ans alors, était assistant sur le tournage. Le même qui réalisera son premier film en 1942, Les amants diaboliques (Ossessione), première étape importante du néo-réalisme italien. Mais Renoir, admirateur de ce cinéma italien, n'approuvait pas vraiment ce rapprochement un peu rapide, même si l'on ne peut nier le parallèle des démarches. Toni trouve encore des échos dans le cinéma français actuel, en particulier dans celui de Robert Guédiguian. En 1989, ce dernier réalise Dieu vomit les tièdes, et les rendez-vous secrets de la petite bande du film se situent dans un pilier du pont ferroviaire de Caronte de Martigues, le même pont sur lequel, le temps d'un beau travelling, Renoir filme 65 ans plus tôt Toni rencontrant son destin. Et en 1995, Guédiguian retourne à Martigues pour A la vie, à la mort ! , suivant une petite troupe bigarrée regroupant chômeurs et marginaux qui opposent leur solidarité aux violences sociales. Difficile de ne pas penser à Toni...
Certes pas le film le plus réputé de Jean Renoir, Toni fut pourtant, sans le savoir, et malgré son échec public et critique un film important car en avance sur son temps, de par sa narration particulière et inhabituelle alors, et aussi précurseur par son sujet où l'on parle ouvertement de l'immigration, qui en est même l'un des sujets centraux. Un tel film en plein essor du Front Populaire aurait sûrement trouvé d'autres échos...
Étoiles : * * *. Note : 14/20.
Jean Renoir sur le tournage de Toni :
Autour du film :
1. Le film est contemporain à un durcissement des lois françaises sur l'immigration, la crise économique induite par le krach boursier américain de 1929 ayant incité l'état à des réactions parfois extrêmes, comme la loi Ambruster de 1933 limitant l'exercice de la médecine aux seuls médecins d'origine française ayant un diplôme d'état ou celle adoptée en juin 1934, soit à la veille du tournage, qui interdit l'inscription au barreau des français naturalisés pour une durée de 10 ans. Parallèlement, des aides financières sont versées pour inciter au « retour au pays » (et en 1935, ce seront carrément des départs forcés qui seront appliqués par les autorités). Il faudra attendre le Front Populaire de 1936 pour voir un adoucissement de ces lois, jusqu'à ce que le gouvernement de Vichy impose ses lois racistes en 1940.
2. Il avait été envisagé de proposer le rôle de Toni à Fernandel (Marcel Pagnol et Provence, forcément... ) et à Georges Flamand. Les origines parisiennes du second avait d'ailleurs tenté Jean Renoir de ré-écrire le rôle pour l'adapter à sa personnalité. Mais ce fut finalement un débutant qui fut choisi, Charles Blavette. Si Renoir eût quelques difficultés avec lui au début du tournage du fait du manque d'expérience de l'acteur, les deux hommes se croiseront de nouveau pour La vie est à nous (1936) et Le déjeuner sur l'herbe (1959). Blavette déclarera : « Je signe le contrat, avec le rôle de Toni dans le film Toni sous la direction de Jean Renoir. Ceci, je le dois à Marcel Pagnol, comme je dois à Jean Renoir d'avoir appris mon métier » et « Jean Renoir m'a appris que le cinéma était un métier, avec un M majuscule ».
3. Le scénario est tiré d'un authentique fait divers fourni par un ancien copain d'école de Renoir, Jacques Levert, devenu commissaire de police puis écrivain. Le tournage eut lieu quasiment sur les lieux du drame, lors de l'été 1934, principalement à Martigues et Châteauneuf-les-Martigues.
4. Toni est considéré historiquement comme le troisième film parlant entièrement tourné en décors naturels, après L'illustre Mourin d'André Hugon (1933) et Angèle de Marcel Pagnol (1934).
5. Si le film fut un échec publique et critique, il plaira aux cadres du parti communiste français, qui approchèrent Renoir pour réaliser leur film de propagande électorale La vie est à nous, pour appuyer la campagne du Front Populaire lors des élections de 1936.
6. Le film a reçu le prix du meilleur film étranger au premier New York Film Critics Circle Awards (NYFCC Awards) en 1935. Cette association de critiques de cinéma américaine existe toujours et attribue annuellement ses prix.


Avec Charles Blavette, Jenny Helia, Célia Montalvan, Max Dalban, Édouard Delmont, Andrex... Scénario, adaptation et dialogues de Jean Renoir et Carl Einstein (d'après un fait divers authentique) - Musique (et chants populaires) de Paul Bozzi - Genre : drame - Production française - Date de sortie : 22/02/1935


Mon avis :
Quand on évoque le cinéma provençal, le nom de Marcel Pagnol revient de manière récurrente. Ce film ne fait pas exception, puisqu'il l'a produit, d'ailleurs, la même année et juste avant (printemps 1934, le film de Renoir ayant été tourné l'été suivant), Pagnol réalise Angèle, l'un de ses plus beaux films. Sauf qu'à l'écriture et à la caméra de Toni, il y a Jean Renoir. Il est intéressant de comparer le traitement de ces deux films par deux auteurs aux sensibilités différentes, car le regard qu'ils portent sur les régionaux est relativement opposé. Bien que les deux réalisateurs aient des méthodes similaires à l'époque, soignant les mots, privilégiant une apparence de cinéma presque artisanal, une indépendance affichée, Pagnol a toujours aimé les personnages hauts en couleurs, typés aussi bien dans leur caractère que dans leur langage et c'est déjà très sensible dans Angèle. A l'opposé, avec Toni, Renoir tente un cinéma plus naturaliste, moins passionné ou romanesque, privilégiant un réalisme quasi documentaire notamment avec une direction d'acteur empêchant toute envolée tonitruante à la Raimu ou naïveté poétique à la Fernandel. Pagnol, c'est déjà un cinéma nostalgique sur une Provence parfois dure, mais qui n'empêche pas un certain folklore, alors que Renoir filme son présent, son actualité, tout en continuant à développer des figures et thèmes noirs déjà présents dans La chienne (1931) ou Boudu sauvé des eaux (1932).
Ce n'est pas par réaction épidermique au cinéma de Pagnol que Renoir adopte ce ton réaliste, car le premier a produit, mais a aussi mis à disposition au second équipe technique, plateaux de tournage, laboratoires, et il distribuera le film. Bref, Pagnol soutient totalement le film.
Jean Renoir s'inspire d'un réel fait divers, qui généralement tient en quelques lignes dans les journaux et qui évoque quelques évènements sordides, provoquant chez le lecteur effroi, dégoût, indignation, voire colère, ou au mieux ( ? ) indifférence et plus rarement compassion désolée.
D'autant qu'ici, les protagonistes sont en partie des immigrés, et on imagine sans mal les amalgames et généralités idiotes qu'un fait divers de meurtre peut provoquer. Car le récit est ancré dans une réalité de l'époque, celle d'une France en manque de main-d'œuvre (les plus de 2 millions de morts cumulés de la guerre de 1914-18 et de la grippe espagnole n'y sont pas pour rien), qui accueille les petites mains étrangères pour étoffer la population ouvrière du pays, ce qui commence à être mal vu par une frange de la population et de l'état.
L'intelligence de Renoir est donc de tordre le cou aux idées préconçues, en prenant le temps d'exposer les faits. Il présente des personnages humains et humbles, et leurs origines ne sont finalement que des compléments bien secondaires de leur personnalité, tous formant un microcosme varié qui vit en relative bonne entente. Aucun ne revendique autre chose que le droit de travailler et de vivre, et la réplique qu'on entend au début du film, « Mon pays, c'est celui qui me fait bouffer », est à méditer et symbolique d'un groupe souhaitant vivre en paix. Réplique qui n'a l'air de rien mais en totale opposition avec les mentalités de l'époque, où même dans le gouvernement, on se permettait de traiter les immigrés de métèques en toute impunité : c'est peut-être d'ailleurs la concession la plus évidente de l'auteur au discours politique. Car après, il n'impose aucun point de vue autre que celui des protagonistes dans leur quotidien, qu'il semble filmer presque à leur insu, et laisse le spectateur rencontrer ceux-ci, les connaître, via leurs faits et gestes, leurs erreurs, leur maladresse. Et quand le drame éclate, on finit par se dire que c'était inévitable, mais non que c'est horrible ou que les coupables sont des ordures. Car on les a vu exister, on a vu leurs renoncements, et on a apprit à les comprendre. On se dit même presque que la victime méritait son sort, puisque c'est finalement une pourriture (incarnée par un Max Dalban peu convainquant, à mon sens le point faible du film). C'est par ce personnage infâme que Renoir politise le plus son récit, un arriviste parisien, français, trop sûr de son emprise pour voir le danger arriver. Dès lors, le virage a priori sordide que prend l'histoire n'a plus rien à voir avec le fait qu'untel soit italien ou espagnol, mais plutôt lié aux faiblesses humaines que l'on retrouve partout. Ainsi la convoitise, l'adultère, la jalousie, le mensonge, l'imbécilité qui conduisent au meurtre ne sont pas différents de n'importe quel drame bourgeois. Si le milieu diffère, la constante reste l'humain...
Pour mettre en images ce film, Renoir innove ou pas loin, en faisant le choix, en rupture avec l'habitude des tournages en studio, de poser ses caméras à l'extérieur. Il se fend alors de quelques beaux plans de la région de Martigues, qui n'ont rien à envier à Marcel Pagnol, sans céder au pittoresque. Il opte aussi pour un montage inhabituel pour l'époque, avec des bonds dans le temps sans explications superflues ni cartons inutiles du genre « deux ans plus tard... ». Ces ellipses temporelles montrent une narration en avance sur son temps. Autre rupture, son choix de casting, mêlant acteurs peu connus proches des personnages et habitants de la région pour les rôles secondaires. La direction d'acteur interdit tout régionalisme, autre que les accents et les gestes habituels, naturels. En fait, le réalisateur refuse toute théâtralité, malgré le drame. La tragédie, car c'en est une, ne se fera (res)sentir qu'à travers l'évidence de destins inéluctables, et non via des artifices artistiques ou grandiloquents. A voir ce film, on comprend aussi pourquoi Renoir fut l'un des rares réalisateurs d'avant-guerre protégés par la Nouvelle Vague et que ce film est un des préférés de Jean-Luc Godard.
Soucis de l'authenticité, comédiens non professionnels ou issus du milieu filmé, tournage en extérieur, aspect documentaire... Autant d'éléments qui ont fait dire à beaucoup que Toni était le précurseur du néoréalisme italien, d'autant qu'un certain Luchino Visconti, 27 ans alors, était assistant sur le tournage. Le même qui réalisera son premier film en 1942, Les amants diaboliques (Ossessione), première étape importante du néo-réalisme italien. Mais Renoir, admirateur de ce cinéma italien, n'approuvait pas vraiment ce rapprochement un peu rapide, même si l'on ne peut nier le parallèle des démarches. Toni trouve encore des échos dans le cinéma français actuel, en particulier dans celui de Robert Guédiguian. En 1989, ce dernier réalise Dieu vomit les tièdes, et les rendez-vous secrets de la petite bande du film se situent dans un pilier du pont ferroviaire de Caronte de Martigues, le même pont sur lequel, le temps d'un beau travelling, Renoir filme 65 ans plus tôt Toni rencontrant son destin. Et en 1995, Guédiguian retourne à Martigues pour A la vie, à la mort ! , suivant une petite troupe bigarrée regroupant chômeurs et marginaux qui opposent leur solidarité aux violences sociales. Difficile de ne pas penser à Toni...

Étoiles : * * *. Note : 14/20.
Jean Renoir sur le tournage de Toni :

Autour du film :
1. Le film est contemporain à un durcissement des lois françaises sur l'immigration, la crise économique induite par le krach boursier américain de 1929 ayant incité l'état à des réactions parfois extrêmes, comme la loi Ambruster de 1933 limitant l'exercice de la médecine aux seuls médecins d'origine française ayant un diplôme d'état ou celle adoptée en juin 1934, soit à la veille du tournage, qui interdit l'inscription au barreau des français naturalisés pour une durée de 10 ans. Parallèlement, des aides financières sont versées pour inciter au « retour au pays » (et en 1935, ce seront carrément des départs forcés qui seront appliqués par les autorités). Il faudra attendre le Front Populaire de 1936 pour voir un adoucissement de ces lois, jusqu'à ce que le gouvernement de Vichy impose ses lois racistes en 1940.
2. Il avait été envisagé de proposer le rôle de Toni à Fernandel (Marcel Pagnol et Provence, forcément... ) et à Georges Flamand. Les origines parisiennes du second avait d'ailleurs tenté Jean Renoir de ré-écrire le rôle pour l'adapter à sa personnalité. Mais ce fut finalement un débutant qui fut choisi, Charles Blavette. Si Renoir eût quelques difficultés avec lui au début du tournage du fait du manque d'expérience de l'acteur, les deux hommes se croiseront de nouveau pour La vie est à nous (1936) et Le déjeuner sur l'herbe (1959). Blavette déclarera : « Je signe le contrat, avec le rôle de Toni dans le film Toni sous la direction de Jean Renoir. Ceci, je le dois à Marcel Pagnol, comme je dois à Jean Renoir d'avoir appris mon métier » et « Jean Renoir m'a appris que le cinéma était un métier, avec un M majuscule ».

4. Toni est considéré historiquement comme le troisième film parlant entièrement tourné en décors naturels, après L'illustre Mourin d'André Hugon (1933) et Angèle de Marcel Pagnol (1934).
5. Si le film fut un échec publique et critique, il plaira aux cadres du parti communiste français, qui approchèrent Renoir pour réaliser leur film de propagande électorale La vie est à nous, pour appuyer la campagne du Front Populaire lors des élections de 1936.




