
Le Bal des cinglés (Operation Mad Ball, 1957)
L’histoire se déroule en 1945 dans un camp militaire sanitaire au Nord de la France alors que la Seconde Guerre Mondiale est terminée. Dans cet ‘hôpital’, le soldat Hogan (Jack Lemmon), comme bon nombre de plantons, tourne autour des infirmières, seules présences féminines du lieu ; il jette son dévolu sur l’une d’elle, la jolie Betty (Kathryn Grant). Seulement les infirmières sont des officiers et il leur est interdit de ‘fricoter’ avec de simples soldats. De plus le capitaine (Ernie Kovacs) a pour principale préoccupation de prendre ses hommes en flagrant délit afin de les faire passer en cour martiale ; comme si ça ne suffisait pas, il convoite Betty lui aussi. Pour se débarrasser de son rival, Hogan décide d’organiser clandestinement un grand bal dans un hôtel dévasté, où soldats et infirmières pourront se retrouver en cachette ; il n’est pas au bout de ses peines car la capitaine a les yeux et oreilles de partout…
Tourné en 1957, juste avant L'Adorable voisine (Bell, Book and Candle), Le bal des cinglés est l’adaptation théâtrale d’une pièce d’Arthur Carter mais surtout une de ces comédies coécrites par Blake Edwards. Elle préfigure son propre Qu’as-tu fait à la guerre papa et plus près de nous le M.A.S.H. de Robert Altman ; une comédie militaire avec des trouffions fainéants et délurés, prêts à tout pour voler un baiser à des infirmières dans des coins tranquilles. Et bien cet Operation Mad Ball est une sympathique réussite de Richard Quine (une de plus) avec un Jack Lemmon absolument parfait d’autant plus qu’il est ici d’une sobriété exemplaire ; mais c’est surtout Ernie Kovacs, comme dans toutes les autres comédies de Quine, qui interprète le personnage le plus drôle et pittoresque du film, celui de ce capitaine ‘sadique’ qui ne pense qu’à pincer ses hommes, multipliant les inspections espérant leur trouver une faille : un vrai tempérament comique que cet acteur décidément trop peu connu. A leurs côtés, le Jean-Pierre de Ma sorcière bien aimée, l’amusant Dick York, Mickey Rooney dans un numéro survolté de soldat connaissant par cœur l’almanach, et la charmante Kathryn Grant (surtout connu pour avoir été la princesse dans Le 7ème voyage de Sinbad de Nathan Juran). Operation Mad Ball n’est pas une comédie hilarante, loin de là, ni une grosse farce avec gags à chaque séquence mais un amusant et léger divertissement vivement mené, aux dialogues pétillants et qui bénéficie d’un scénario d’une belle efficacité (quoique de temps en temps inutilement emberlificoté) à défaut d’être très original. Richard Quine dirige le tout avec un bel entrain et son élégance habituelle, sans cependant trop en faire, laissant ses acteurs et son histoire se dérouler sans jamais prendre le dessus. Loin d’être inoubliable mais en tout cas pas ennuyeux une seule seconde et bougrement plaisant ; il faut avoir vu la répétition par l’orchestre improvisé d’une version amorphe de ‘In the Mood’ à l’ocarina et autres instruments peu ‘swinguant’ !
