Vu cet après-midi au publicis...
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The mist
Seulement 40 salles.
Seulement 40 salles dans toute la France dont 3 à Paris.
Mettons deux car voir un film à l'UGC Orient-Express relève du calvaire bien souvent.
L'une des deux autres salles c'est la courageuse Publicis (qui avait sorti la remastérisation de Suspiria aussi, sur Paris) avec ses sièges bien moelleux que si tu es fatigué, tu risque de t'y assouplir tellement t'y es bieeeeeen.

Avec un aussi peu nombre de salles, il fallait vraiment en vouloir pour le voir, au risque d'être déçu. Qu'on se rassure, la moisson est bonne. Après
Cloverfield en février, la nouvelle "sensation-monstre" de mars c'est
The mist.
Pire que la brume du Ch'Nord. En plus, ils ont pas leurs waïkas.
Le film, tout comme la nouvelle de Stephen King (qu'il respecte assez bien, seule la fin --sans entrer dans les détails-- change un peu) est placée sous les auspices de Lovecraft. Dans le genre, bêbête immense qu'on ne verra pas vraiment, on est en plein dedans, pour notre plus grand bonheur. L'autre référence, tout à fait assumée dans la représentation de l'innommable, c'est John Carpenter avec
The thing (le poster-affiche au début du film dans la maison de David est immanquable pour tout fan de fantastique qui se respecte). Une dernière affiche sert de lien pour nous indiquer à la fois l'époque (en plein présent. 2007, voire 2008) mais aussi la question de la réalité qui navigue avec l'imaginaire, c'est le récent
Labyrinthe de Pan de mr Del Toro. Sans détailler trop non plus, je subodore la question de la confrontation de l'imaginaire et de la réalité après une des phrases sur la provenance de ces créatures dans le brouillard dite par un des soldats (on est en pleine série B, ça passe très bien donc. Enfin, ça nous change des Ovnis ou des expériences nucléaires des militaires

) mais aussi les nombreux questionnements que se posent les pauvres gens dans le supermarché, le continuel "mais ces choses là n'existent pas".
Oui.
Du moins pas dans le monde réel tel qu'on le connait...
Certes The Mist n'est pas exempt de petits défauts. Les personnages risquent parfois d'être un peu vite expédiés dans leurs comportements mais diantre, on veut nos morts et avec un minimum d'ingéniosité siouplaît. On est servis, ça va du hors-champ (hurlement au loin. On imagine à peine), au à peine dévoilé (au tiens, il reste plus que la partie du bas de machin qui était encore vivant y'a deux secondes

), jusqu'au clairement dévoilé ou presque (pauvre Ollie...

). On échappe pas à la partie religion qui réapparaît en temps de peur (un peu trop ces temps-ci dans les films américain je trouve. non ?

). Mais là, la religion, elle nous gonfle et la folle vengeresse qui prêche un dieu sanglant finira dégommée (pour le plus grand bonheur des spectateurs qui ont applaudi. Moi de même.

) par ce qu'elle aura déclenchée. On est donc loin de la purge finale façon
Je suis une légende où les américains réussissent à survivre, on est content pour eux, bla bla...
Même bien loin : plus le film avance, plus la tension monte et captive le spectateur qui se prend au jeu. Pour finir dans une fin qui n'est pas du tout un "happy-end".
Il fallait oser une fin noire et amère comme ça et je salue Darabont d'avoir eu le courage de s'y risquer dans cette série B qui dépasse bien son statut. Et au final, je crois que j'ai bien apprécié cette fin crépusculaire après les visions d'apocalypse (mais aussi d'une certaine poésie que n'aurait pas renié Fulci. Je pense à la maison dans les toiles, les bus scolaires, la créature finale

...) du film. Si il y avait eu une fin gentille avec le héros qui s'en sort vraiment, j'aurais sûrement tué quelqu'un dans la salle. Là c'est réaliste. Et comme dans la réalité, ça fait mal.
5/6.
