Deux hommes dans l'Ouest (Blake Edwards - 1971)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- A mes délires
- Messages : 9466
- Inscription : 3 janv. 04, 01:49
- Localisation : 17 Paseo Verde
-
- Ed Bloom à moto
- Messages : 5545
- Inscription : 12 avr. 03, 22:28
- Localisation : Bruxelles
"Je vivais avec Jacques à l'époque, en bon copain; y'avait rien de sexuel entre nous. Je vous dis ça parce que je me suis souvent fait traiter de pédale, de salope....Et c'est facile de traiter deux hommes de pédés tout ça parce qu'ils vivent ensemble dans un ranch et portent des pantalons en cuir..."

- Commissaire Juve
- Charles Foster Kane
- Messages : 24967
- Inscription : 13 avr. 03, 13:27
- Localisation : Aux trousses de Fantômas !
- Contact :
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 57435
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Cer film t'a définitivement marqué au plus profond de ton être.Edward Bloom a écrit :"Je vivais avec Jacques à l'époque en bon copain; y'avait rien de sexuel entre nous. Je vous dis ça parce que je me suis souvent fait traité de pédale, de salope....Et c'est facile de traiter deux hommes de pédés tout ça parce qu'ils vivent ensemble dans un ranch et portent des pantalons en cuir..."
-
- Invité
- Messages : 5977
- Inscription : 14 avr. 03, 11:54
-
- Déçu
- Messages : 25348
- Inscription : 12 oct. 04, 00:42
- Localisation : dans les archives de Classik
Re: Deux hommes dans l'Ouest (Blake Edwards, 1972)
QUELQUES SPOILERS
Après la comédie, le polar et le drame, le très éclectique Blake Edwards offre un western doux-amer à hauteur d'homme, proche de ses personnages, délaissant l'action tendue pour une narration plus tranquille. Nous sommes en 1971, loin derrière l'âge d'or du genre. C'est l'époque où le cinéma hollywoodien pose un regard distancié et réflexif sur cette époque et sur ses mythes. Blake Edwards participe à sa façon à cette relecture du genre en s'attachant au statut précaire du cow-boy, ouvrier des plaines, travailleur anonyme au sein d'une main d'oeuvre bon marché. Les rêves sont possibles mais peu accessibles. Economiser pour un avenir meilleur est plutôt vain, très difficile en tout cas. Les cow-boys sont donc contraints à une existence solitaire, entre hommes. On est loin de la figure héroïque que le folklore a entretenu mais on n'est pas non plus dans le dénigrement: malgré la condition sociale limitée et la décision cruciale des héros de franchir les limites de la loi, le cow-boy garde ici des valeurs nobles. Ils n'ont rien à perdre et leur fuite est une volonté d'émancipation. Ils tentent leur chance avec espoir mais sans certitude, profitant des bons moments qui s'offrent à eux sur le chemin du Mexique...
Le film est d'abord le portrait d'une amitié entre deux hommes, de deux générations, qui se sont apprivoisés malgré leurs différences et qui se respectent désormais. Ils n'ont en commun que leur "carrière" mais elle leur suffit pour exprimer loyauté et fraternité. La présence de l'autre comble un vide, rassure, vient à l'aide, mais sans débordement émotionnel. A peine y a-t-il une infinie tristesse dans la scène où Holden raconte leur histoire commune avant de recouvrir son camarade défunt par une simple couverture en guise de linceul. Regrettant le caractère un peu asocial de leur métier de cow-boy, les obligeant à une vie isolée de célibataire, ils apprécient néanmoins le temps passé au milieun de la Nature et des bêtes. S'ils ressentent le manque d'une vie qu'ils n'auront jamais, ils savent profiter de ce qui leur est offert et affichent une certaine plénitude dans leur travail. Ils peuvent ainsi déborder de joie et de satisfaction dans l'instant, comme avec cette scène de dressage de chevaux, acte de vie catalyseur, emblématique de cet état d'esprit qui servira, en flashback, de conclusion amère et nostalgique au film.
On peut aussi observer la place de la femme dans ce monde masculin, viril. Il n'y a pas de personnage féminin réellement développé dans DEUX HOMMES DANS L'OUEST. On constate simplement que derrière une présence effacée en apparence (excepté peut-être la tenancière de bordel hystérique) elles gardent un pouvoir de décision important au sein du foyer (cf. par exemple la femme du banquier qui refuse de rendre l'argent). Cette attitude est significative dans le couple de karl malden le patriarche: mise à l'écart en public, subissant quelques mauvaises humeurs de son mari, l'épouse est pourtant respectée et aimée (cf. les remarques vulgaires du fils sur la future prostituée de la ville et la remontrance du père devant sa femme). En privé, loin des regards et des jugements, on trouve des témoignages de tendresse, des gestes simples, un bras enveloppant une épaule par exemple.
Si la trame peut se calquer à différentes époques ou sittuation, Blake Edwards imprègne pourtant bien son récit dans l'univers du western. Il parvient avec une certaine aisance à inclure de très nombreux éléments inhérents au genre. On retrouve ainsi le chef de famille imposant, des relents de conflit historiques entre éleveurs de bovins ou de moutons, un braquage de banque (en douceur, ceci-dit), une bagarre homérique dans le saloon, une partie de poker, des traversées de paysages majestueux et diversifiés (plaines, montagnes, canyons). Il ne manque presque que les indiens...
Coîncidence d'une époque? Blake Edwards utilise beaucoup les ralentis, accentuant les décès à la manière d'un Peckinpah. Derrière une mise en scène discrète et un ton assez tranquille (comme peut l'être la vie de ces cow-boys), on est surpris de ces sursauts graphiques, de cette insistance sur la violence.
Au final un film très agréable, un western pas suffisamment original cependant mais souvent prenant. On regrettera peut-être un ensemble inégal (avec l'intrigue qui peine à démarrer) mais l'empathie pour les personnages comble les manques.
Diffusé sur TCM dans une copie de mauvaise qualité, 2.35 - 4/3.
Après la comédie, le polar et le drame, le très éclectique Blake Edwards offre un western doux-amer à hauteur d'homme, proche de ses personnages, délaissant l'action tendue pour une narration plus tranquille. Nous sommes en 1971, loin derrière l'âge d'or du genre. C'est l'époque où le cinéma hollywoodien pose un regard distancié et réflexif sur cette époque et sur ses mythes. Blake Edwards participe à sa façon à cette relecture du genre en s'attachant au statut précaire du cow-boy, ouvrier des plaines, travailleur anonyme au sein d'une main d'oeuvre bon marché. Les rêves sont possibles mais peu accessibles. Economiser pour un avenir meilleur est plutôt vain, très difficile en tout cas. Les cow-boys sont donc contraints à une existence solitaire, entre hommes. On est loin de la figure héroïque que le folklore a entretenu mais on n'est pas non plus dans le dénigrement: malgré la condition sociale limitée et la décision cruciale des héros de franchir les limites de la loi, le cow-boy garde ici des valeurs nobles. Ils n'ont rien à perdre et leur fuite est une volonté d'émancipation. Ils tentent leur chance avec espoir mais sans certitude, profitant des bons moments qui s'offrent à eux sur le chemin du Mexique...
Le film est d'abord le portrait d'une amitié entre deux hommes, de deux générations, qui se sont apprivoisés malgré leurs différences et qui se respectent désormais. Ils n'ont en commun que leur "carrière" mais elle leur suffit pour exprimer loyauté et fraternité. La présence de l'autre comble un vide, rassure, vient à l'aide, mais sans débordement émotionnel. A peine y a-t-il une infinie tristesse dans la scène où Holden raconte leur histoire commune avant de recouvrir son camarade défunt par une simple couverture en guise de linceul. Regrettant le caractère un peu asocial de leur métier de cow-boy, les obligeant à une vie isolée de célibataire, ils apprécient néanmoins le temps passé au milieun de la Nature et des bêtes. S'ils ressentent le manque d'une vie qu'ils n'auront jamais, ils savent profiter de ce qui leur est offert et affichent une certaine plénitude dans leur travail. Ils peuvent ainsi déborder de joie et de satisfaction dans l'instant, comme avec cette scène de dressage de chevaux, acte de vie catalyseur, emblématique de cet état d'esprit qui servira, en flashback, de conclusion amère et nostalgique au film.
On peut aussi observer la place de la femme dans ce monde masculin, viril. Il n'y a pas de personnage féminin réellement développé dans DEUX HOMMES DANS L'OUEST. On constate simplement que derrière une présence effacée en apparence (excepté peut-être la tenancière de bordel hystérique) elles gardent un pouvoir de décision important au sein du foyer (cf. par exemple la femme du banquier qui refuse de rendre l'argent). Cette attitude est significative dans le couple de karl malden le patriarche: mise à l'écart en public, subissant quelques mauvaises humeurs de son mari, l'épouse est pourtant respectée et aimée (cf. les remarques vulgaires du fils sur la future prostituée de la ville et la remontrance du père devant sa femme). En privé, loin des regards et des jugements, on trouve des témoignages de tendresse, des gestes simples, un bras enveloppant une épaule par exemple.
Si la trame peut se calquer à différentes époques ou sittuation, Blake Edwards imprègne pourtant bien son récit dans l'univers du western. Il parvient avec une certaine aisance à inclure de très nombreux éléments inhérents au genre. On retrouve ainsi le chef de famille imposant, des relents de conflit historiques entre éleveurs de bovins ou de moutons, un braquage de banque (en douceur, ceci-dit), une bagarre homérique dans le saloon, une partie de poker, des traversées de paysages majestueux et diversifiés (plaines, montagnes, canyons). Il ne manque presque que les indiens...
Coîncidence d'une époque? Blake Edwards utilise beaucoup les ralentis, accentuant les décès à la manière d'un Peckinpah. Derrière une mise en scène discrète et un ton assez tranquille (comme peut l'être la vie de ces cow-boys), on est surpris de ces sursauts graphiques, de cette insistance sur la violence.
Au final un film très agréable, un western pas suffisamment original cependant mais souvent prenant. On regrettera peut-être un ensemble inégal (avec l'intrigue qui peine à démarrer) mais l'empathie pour les personnages comble les manques.
Diffusé sur TCM dans une copie de mauvaise qualité, 2.35 - 4/3.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
- Jack Carter
- Certains l'aiment (So)chaud
- Messages : 34040
- Inscription : 31 déc. 04, 14:17
Re: Deux hommes dans l'Ouest (Blake Edwards - 1971)
non, diffusé sur CCClassic 


El Llanto (Pedro Martín Calero, 2024)
-
- Déçu
- Messages : 25348
- Inscription : 12 oct. 04, 00:42
- Localisation : dans les archives de Classik
Re: Deux hommes dans l'Ouest (Blake Edwards - 1971)
ah ouiJack Carter a écrit :non, diffusé sur CCClassic


"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
- Jack Carter
- Certains l'aiment (So)chaud
- Messages : 34040
- Inscription : 31 déc. 04, 14:17
Re: Deux hommes dans l'Ouest (Blake Edwards - 1971)
oui, c'est vrai, la copie du Blake Edwards est tres fatiguée 


El Llanto (Pedro Martín Calero, 2024)
-
- Assistant(e) machine à café
- Messages : 296
- Inscription : 20 juin 07, 15:32
- Localisation : La Cinémathèque française
Re: Deux hommes dans l'Ouest (Blake Edwards - 1971)
Salut
Rapide post pour vous rappeler que la Cinémathèque française vous proposera une séance de Wild Rovers le lundi 10 octobre prochain, avec un retirage flambant neuf de la copie, et surtout dans sa rarissime version Director's Cut de 137mn. A ne pas rater, c'est un film magnifique !
http://www.cinematheque.fr/fr/musee-col ... irage.html
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-sall ... 13185.html
Rapide post pour vous rappeler que la Cinémathèque française vous proposera une séance de Wild Rovers le lundi 10 octobre prochain, avec un retirage flambant neuf de la copie, et surtout dans sa rarissime version Director's Cut de 137mn. A ne pas rater, c'est un film magnifique !
http://www.cinematheque.fr/fr/musee-col ... irage.html
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-sall ... 13185.html
Je parle pas aux mecs qui ont une scène de chasse sur leur pull
-
- Machino
- Messages : 1087
- Inscription : 20 nov. 11, 22:07
Re: Deux hommes dans l'Ouest (Blake Edwards - 1971)
Je suis sidéré qu'un tel film n'ait toujours pas fait l’objet d'une édition DVD zone 2 au minimum.
Envisager un blu ray ferait sans doute de moi un type bon à enfermer aux yeux de Warner...
Envisager un blu ray ferait sans doute de moi un type bon à enfermer aux yeux de Warner...
- Boubakar
- Mécène hobbit
- Messages : 52798
- Inscription : 31 juil. 03, 11:50
- Contact :
Re: Deux hommes dans l'Ouest (Blake Edwards - 1971)
Il et sorti depuis en France, chez Warner, dans son montage Director's cut :xave44 a écrit :Je suis sidéré qu'un tel film n'ait toujours pas fait l’objet d'une édition DVD zone 2 au minimum.
Envisager un blu ray ferait sans doute de moi un type bon à enfermer aux yeux de Warner...

Il me semble que la copie est correcte, sauf pour le son qui crachote un peu par moments.
-
- Machino
- Messages : 1087
- Inscription : 20 nov. 11, 22:07
Re: Deux hommes dans l'Ouest (Blake Edwards - 1971)
Oui je m'en suis aperçu depuis.Boubakar a écrit :Il et sorti depuis en France, chez Warner, dans son montage Director's cut :xave44 a écrit :Je suis sidéré qu'un tel film n'ait toujours pas fait l’objet d'une édition DVD zone 2 au minimum.
Envisager un blu ray ferait sans doute de moi un type bon à enfermer aux yeux de Warner...
Il me semble que la copie est correcte, sauf pour le son qui crachote un peu par moments.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Il fera partie de ma liste pour le Père Noël...
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 23316
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re:
ça passe sur CineClassic en replay actuellement.Flol a écrit :Ouais ça a l'air nul quoi...Jeremy Fox a écrit :Superbe western, superbe histoire d'amitié, superbe musique et photo splendide