Déplacement, suite à une erreur de manip (2 semaines de vacances, et me voila rouillé)...
Décidément, 2008 est une bonne année pour la salle :
The Dark Knight, de Christopher Nolan, est mon film du mois, et représente pour ce réalisateur doué le film de la maturité, reprenant les points forts de ses films précédents (montage, direction d'acteurs, usage du son), tout en montrant une vraie maitrise, une réflexion sur soi, pour ce qui pénalisait son précédent film d'action (actions illisibles, problèmes de rythme, caractérisation parfois baclée). Ce film d'une grande noirceur est tendu du début (un plan programmatique nous y montre d'ailleurs des bus scolaires disparaissant au loin : ce film fait de batman un héros pour adultes, comme l'avait fait en son temps l'oeuvre éponyme de Frank Miller) à la fin.
Mais la salle recelait ce mois-ci d'autres trésors, notamment dans le domaine de l'animation : le poétique
Wall-e célèbre l'union robotique des looks apple et IBM, dans une jolie fable sur fonds écologique, et
Valse avec Bashir vient nous rappeler, un an après
Persepolis, combien l'animation est une forme qui convient pour parler du réel. Dans un tout autre registre,
Le silence de Lorna, des frères Dardenne, est une nouvelle preuve de l'immense de leur talent, qui parvient à donner au cinéma l'apparence de la vérité.
Vacances obligent, j'ai surtout vu des films en dvds, et renoué avec des cinéastes familiers que j'avais un peu négligés ces derniers temps. Cette « révision des classiques » m'a permis de découvrir d'excellents films, qui s'inscrivent parfaitement, tant par leurs thématiques et leurs mises en scène caractéristiques de leur oeuvre, dans le parcours de ces auteurs :
Marnie, d'Alfred Hitchcock, thriller psychologique à la mise en scène d'une incroyable précision formelle (je ne regrette pas d'avoir attendu pour le voir, celui-là, étant aujourd'hui plus apte à apprécier cette richesse),
La maison des étrangers, de Joseph L. Mankiewicz, qui évoque le délitement par le temps des traditions, use de flashbacks et de dialogues percutants,
Le droit du plus fort, de R.W.Fassbinder, reflexion sociale sur fonds d'amour homosexuel, et
The Steel Helmet, film de guerre de Samuel Fuller frappant par sa dureté, son énergie, et sa description détaillée du quotidien des soldats...
Deux classiques du fantastique m'ont également bien plu :
Le cirque du Docteur Lao, de George Pal, ludique et bien fichu, livre une fantaisie charmante et ingénieuse.
Doctor X, de Michael Curtiz, offre un film en couleur sous influence expressionniste, d'une richesse énorme, et aux séquences souvent tendues ou frappantes.
Au niveau des déceptions, signalons le bien médiocre film de la franchise X-Files, mais surtout un film de science-fiction dont j'attendais peut-être trop,
Journey to the Far Side of the Sun, de Robert Parrish, qui, s'il repose sur un postulat ingénieux et des maquettes réussies, ne parvient pas à se hisser au dessus d'un épisode très moyen de la quatrième dimension, la faute à une mise en scène trainante et paresseuse (les errances dans l'espaces, les séquences d'hypnose reposent sur des effets visuels lassants, lents, et sans intéret).
Restent à évoquer, pour les points forts du mois, le jeu sublime de Heath Ledger, ma réconciliation avec Tippi Hedren, qui est, dans
Marnie, vraiment émouvante, la beauté de la photographie des
Tambours de la colère, Zatoichi dans lequel K.Misumi commence à privilégier par moments le décor et le cadrage sur l'action proprement dite, pour le bonheur des yeux, la cruauté de Bruno Cremer dans
Un jeu brutal, de Brisseau, et la mèche blanche de Bogart en méchant dans le médiocre
retour du Docteur X. Sur un plan musical,
Rambo et sa suite se révèlent à moi sous un nouveau jour, lorsque l'on fait attention à la bande sonore de Jerry Goldmith.