Le Cinéma muet

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

allen john a écrit : dans Suspense, on peut y admirer l'utilisation de split screens triangulaires.
Voila :mrgreen:
J'allais justement le dire :o
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Alligator
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Message par Alligator »

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Die Nibelungen: Siegfried Les Nibelungen: la mort de Siegfried (Fritz Lang, 1924) :
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De cette légende germanique des Nibelungen, je dois avouer tout d'abord que je n'ai toujours pas trouvé matière à savourer, ni à m'indisposer réellement non plus et je parle bien de l'histoire. C'est bien plus grace au traitement cinématographique de Lang que j'ai pu apprécier quelques moments de plaisir.

Pour commencer, Lang prend bien soin à nous en mettre plein la vue à plusieurs reprises. Son oeuvre se doit d'être aussi grandiose que l'adaptation musicale wagnérienne.
On est alors surpris, c'est bien le mot, par l'ingéniosité technique et les moyens mis en oeuvre pour produire pareil spectacle au début des années 20.
Les premières images, les décors, les costumes, la mise en image est sublime, étonnante de puissance, d'imagination, elle force le respect. Indéniablement Lang maîtrise parfaitement tous ses éléments formels.
La séquence du dragon est stupéfiante à ce propos. Les mouvements oculaires et ceux du cou de la bête sont d'un réalisme saisissant. Tout cela à la main! Le génie des premiers temps cinématographiques ne cesse de m'épater.
Les placements et les mouvements de caméra sont si bien pensés et effectués qu'on reconnait d'ores et déjà en Lang le maître cinéaste.

Ce qui m' a cependant fait lacher prise à plusieurs reprises lors de ce long spectacle (autour des 2h30, si mes souvenirs sont bons), c'est la grandiloquence des acteurs. Quelque chose qu'on soupçonne souvent a priori pour l'époque du muet et qui quelque fois, bien plus souvent qu'on ne se l'imagine n'a rien à voir avec la réalité et le jeu par moments très moderne et juste de ces acteurs, c'est une mise en scène ampoulée des comédiens, à force de grands gestes, de yeux exorbités, de pauses avec mains sur la poitrine etc. Et il m'a semblé que certains comédiens à commencer par Margaret Schön, versent un peu dans cette emphase, une consommation déraisonnable de la gesticulation comme mode d'expression.
Il n'y a guère que Theodor Loos qui m'a au contraire impressionné pour sa sobriété, sa mesure, sa parcimonie.

Reste que le film reste fort agréable à suivre. Les deux heures trente passent relativement vite, sans déplaisir, bien au contraire.

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Die Nibelungen: Kriemhilds Rache Les Nibelungen, la vengeance de Kriemhild (Fritz Lang, 1924) :
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Autant le premier film regorge de ces grands moments de cinéma spectaculaire, autant celui-là fait une plus grande part à la tragédie et sa démonstration de pathos. Et la reine Krimhild est en première ligne, sa vengeance prenant toute la place en son coeur et âme comme sur l'écran.
Ce deuxième opus m'a paru bien plus long. Et je doute qu'il le soit vraiment.
Il faut attendre la toute dernière partie pour se surprendre à être encore une fois subjugué par la grandeur des moyens mis en branle pour créer ce monstre de spectacle.
Spoiler (cliquez pour afficher)
L'incendie du palais d'Attila (au maquillage cela dit en passant inquiétant dans la pénombre et plutôt grossier en pleine lumière) est le moment fort du film.
Les méandres de la vengeance de la reine m'ont perdu bien avant malheureusement. La position obstinée de ses frères, d'elle même (tout le monde passe son temps à camper sur ses principes) m'ont éreinté plus que tout.
J'en ai vraiment plus rien à faire pour être poli de cette histoire.
Somme toute, un divertissement de poids, une masse de figurants, des décors impostants, tout cela superbement cadré et mis en lumière et ombre, mais une histoire qui m'a totalement laissé impassible dans le meilleur des cas.
Alligator
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Message par Alligator »

Mod lyset Towards the Light (Holger-Madsen, 1919) :

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Conte tragique et crétinement moraliste.
Le personnage joué par Asta Nielsen, comtesse athéée et dépourvue de morale, jouant avec le coeur des hommes jusqu'à pousser l'un d'eux au suicide va découvrir la foi, dans la malheur bien entendu. Passant d'une obscurité à l'autre, cette comtesse n'est pas loin de mettre mes nerfs en boule.

Pire, Asta Nielsen joue, rejoue, surjoue, avec une main les trois quarts du film sur la poitrine, les machoires serrées et les yeux qui roulent (n'amassant que mousse à mes lèvres).
C'est bien dommage quand on connait les possibilités de cette actrice. Dans les films que j'avais précédemment vus d'elle, mais également sur certains passages de celui-là, on peut juger combien est appréciable la légèreté et le réalisme de son jeu.

Pas mal de très beaux plans viennent appuyer la déception. Sur le plan esthétique, ou spectaculaire (avec un incendie impressionnant) le film de Holger-Madsen offre quelques moments de bravoure, montre son savoir-faire notamment sur le plan de la photographie avec maintes utilisations plutôt fortiches de la lumière dans la nuit.

Au final, un film qui met le spectateur ou plus justement son postérieur entre deux chaises, celle de l'intérêt pour quelques scènes au traitement remarquable et celle du mépris pour un propos simpliste et des acteurs qui en font milles tonnes.
Mike
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le grand muet : Lang

Message par Mike »

J'ai vu un grand film intitulé le Golem. C'était un film muet et tourné dans le ghetto juif de Prague (décors réels). Je crois me souvenir que c'était en 1920 par Fritz Lang.
Je l'ai VU lors d'une soirée gratuite à la filmothèque de Paris, à Chaillot dans les années 1972 environ -eh ! oui, je ne suis plus très jeune !
J'ai cherché dans la filmographie de F. Lang, et ne l'ai pas trouvé, ou alors, on y parle d'un essai fait par Lang, et refusé par Hollywood.
C'est un film extra-ordinaire !
Et le simple fait de contempler ce décor, d'y circuler en se souvenant que ces maisons, remparts, etc. faits en terre (tout le ghetto était en terre) détruit lors de la guerre, c'est renversant.
Quelqu'un peut-il confirmer quelque chose concernant ce film ?
...qui par ailleurs est un grand "Lang" bien classique et de belle facture, servant l'histoire désormais très classique du Golem.
Merci à vous
Mike
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Message par ed »

Le film n'est pas de Fritz Lang mais de Carl Boese :wink:
http://us.imdb.com/title/tt0011237/
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Mike
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Message par Mike »

toujours à propos du Golem de Lang, citation :
extrait de :

http://pagesperso-orange.fr/revuesocial ... 0lang.html

Fritz Lang pense à porter à l’écran une adaptation contemporaine de la légende juive médiévale du Golem. Les ennemis des Juifs, incarnés par les nazis, y seraient exterminés par la créature fantastique du Golem. Un golem est selon la légende, une statue d’argile dotée du pouvoir de vie, sorte de Frankenstein fabriqué par le rabbin Loew du ghetto de Prague pour protéger les Juifs de la persécution. Hollywood n’aime pas l’allusion directe à l’antisémitisme dans les films antinazis. Le film malgré sa référence fantastique, ne se fera pas. La production des films antinazis aux USA n’est vraiment encouragée qu’après Pearl Harbour et l’allusion à la politique raciste d’élimination des Juifs n’y est pas souhaitée.
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Message par Mike »

J'ai vu deux-trois photos du décor du film de Boese-Wegener, décor moyen-âgeux de maisons en torchis qui ne correspondent en rien à mon souvenir d'architectures courbes des maisons, des rues...
aurai-je tord ?
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Message par ed »

Le projet de version du Golem par Lang est beaucoup plus tardif, puisqu'il se situe lors de sa période américaine, en 1943 pour être précis, après Les Bourreaux meurent aussi.
Le film ne se fera jamais, et hormis son inspiration dans la mythologie, n'a rien à voir avec la version de 1920
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Mike
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Message par Mike »

merci

hélas un mythe encore qui tombe ! Je tâcherai de voir celui de Boese, et me rendre compte...

Bonsoir !

Mike
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Message par ed »

Tu en as quelques extraits sur You tube
[youtube][/youtube]
ou [youtube][/youtube]
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Message par Tancrède »

Le golem avait déja été adapté. En 1914 je crois.
c'est peut-être cette version que tu as vu en 1972.
bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Berlin, Symphonie d'une ville ( Walter Ruttmann - 1927 )
C'est un Film-documentaire non narratif qui tire tout son interet de son montage comme plusieurs autres réalisations des années 20 tel que A propos de nice et surtout l'homme à la caméra.
Et il faut malheureusement bien dire que celui-ci est loin d'avoir la force, la puissance, l'invention et la poésie de ce dernier. Il y a bien sur un certain talent de monteur et de cadreur ( les plans et la photo sont souvent admirables ) mais il y manque le regard d'un génie qui transformerait la captation d'un ville en un manifeste esthétique, artistique ( et surréaliste ).
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Message par Strum »

Alligator a écrit :mais une histoire qui m'a totalement laissé impassible dans le meilleur des cas.
C'est pourtant une histoire d'une force incroyable: une femme qui sacrifie sa vie (elle est dit-elle "déjà morte") et jusqu'à sa famille pour venger l'homme qu'elle aime. Personnellement, je trouve que la première demi-heure du film réserve des moments sublimes (le départ de Kriemhilde où elle refuse de saluer les siens, la scène où elle creuse la neige pour emporter une poignée de la terre sacrée ayant reçu le sang de
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Siegfried
). Et la musique est superbe.

A noter en passant que le Ring de Wagner est totalement différent, aussi bien dans son intrigue que dans ses thèmes, de la Chanson des Nibelungen telle qu'adaptée ici par Lang.
Alligator
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Message par Alligator »

Strum a écrit :
Alligator a écrit :mais une histoire qui m'a totalement laissé impassible dans le meilleur des cas.
C'est pourtant une histoire d'une force incroyable: une femme qui sacrifie sa vie (elle est dit-elle "déjà morte") et jusqu'à sa famille pour venger l'homme qu'elle aime. Personnellement, je trouve que la première demi-heure du film réserve des moments sublimes (le départ de Kriemhilde où elle refuse de saluer les siens, la scène où elle creuse la neige pour emporter une poignée de la terre sacrée ayant reçu le sang de
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Siegfried
). Et la musique est superbe.

A noter en passant que le Ring de Wagner est totalement différent, aussi bien dans son intrigue que dans ses thèmes, de la Chanson des Nibelungen telle qu'adaptée ici par Lang.
J'entends parfaitement ce que tu dis et pourtant cela ne résonne pas de la même manière. Pas le même plaisir mélomane en somme. Le mystère de l'appétence, ce que c'est troublant parfois!
Les scènes que tu cites font sens et pourtant elles ne parviennent guère à susciter autre chose qu'un silence éprouvé chez moi.
Pourquoi? J'ai bien du mal à le deviner. Peut-être que le jeu de la comédienne, Schön, s'il m'en souvient, m'a déconnecté de l'histoire, du devenir des personnages et en premier chef du sien.
Et tu évoques la beauté de son geste mémoriel en emportant un peu de cette terre là où j'aurais pour ma part mentionné une mise en scène emphatique. Pas moins, oui. Je crois que je n'ai pas aimé cette comédienne, ses mouvements figés, son agonie perpétuelle, je m'en suis lassé très vite je pense.
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Message par Strum »

Alligator a écrit :Peut-être que le jeu de la comédienne, Schön, s'il m'en souvient, m'a déconnecté de l'histoire, du devenir des personnages et en premier chef du sien.
Et tu évoques la beauté de son geste mémoriel en emportant un peu de cette terre là où j'aurais pour ma part mentionné une mise en scène emphatique. Pas moins, oui. Je crois que je n'ai pas aimé cette comédienne, ses mouvements figés, son agonie perpétuelle, je m'en suis lassé très vite je pense.
Elle a un jeu très limité en effet, et je conçois tout à fait que cela puisse déteindre pour toi sur le film. Mais pour moi, la mise en scène hiératique de Lang qui encadre les acteurs tel un étau et leur laisse peu de possibilités de sortir des personnages archétypes qu'ils jouent (du coup, le jeu des acteurs importe assez peu), et cette musique fantastique que je ne me suis jamais lassé d'écouter, emportent largement le morceau.

Et je l'avoue sans honte, j'ai pleuré lorsque Kriemhilde quitte sa famille à Worms sans les saluer. Comme tu dis, les goûts et les couleurs. :)
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