-Kaonashi Yupa- a écrit :
Comment as-tu vu ce film et les quelques autres dont tu parles, là ?
Pour le Vidor et le Ingram, je les avais enregistrés lors de leur passage sur TCM. La copie du Ingram est celle restaurée par la société de Kevin Brownlow, Photoplay. Marcus : j'ai commandé l'autre jour ce documentaire et la copie du film semble être correcte sans plus selon les critiques sur Amazon US, mais surtout elle semble non teintée.
Quant au Leni, je l'ai regardé dans l'édition Kino. Voilà.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
joe-ernst a écrit :Marcus : j'ai commandé l'autre jour ce documentaire et la copie du film semble être correcte sans plus selon les critiques sur Amazon US, mais surtout elle semble non teintée.
Pour posséder le dvd, je confirme que la copie est correcte, mais maintenant que tu le dis, je crois qu'elle n'est effectivement pas teintée.
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
Jean Eustache, La Maman et la Putain
Comme beaucoup ici les films de Murnau restent de vrais chocs (surtout Nosferatu, Faust, Le dernier des hommes)
J'ai un gros faible pour La rue sans joie de Pabst, critique sociale virulente où les corps des femmes s'échangent contre des morceaux de viande à la boucherie du coin...
J'ai malheureusement vu l'une des versions charcutées par la censure.
Ce petit mot "Pourquoi" est répandu dans tout l'univers depuis le premier jour de la création, Madame, et toute la nature crie à chaque instant à son créateur : "Pourquoi ?"
Dostoïevski (Les Possédés)
Aladdin Sane a écrit :
J'ai un gros faible pour La rue sans joie de Pabst, critique sociale virulente où les corps des femmes s'échangent contre des morceaux de viande à la boucherie du coin...
J'ai malheureusement vu l'une des versions charcutées par la censure.
Arte a diffusé(En 1999)la restauration(totalisant 2h25) de Enno Patalas, qui était un peu controversée pour des raisons de disparité trop grandes entre les scènes suivant les sources: certaines scènes provenaient de copies 35, d'autres de 9.5, etc... Peut-être cette raison même explique-t-elle le fait que ce film, bien qu'étant un classique reconnu par tous, ne figure pas encore au catalogue DVD de Transit, Kino, MOC, MK2 ou Criterion, qui ont tous sorti un nombre substantiel de restaurations Allemandes de grand qualité, et en particulier des Pabst. Donc ne desespérons pas, et attendons. Ce chef d'oeuvre en vaut la peine...
A propos, Der Schatz est sorti en DVD chez Transit.
Broken Hearts of Broadway (1923), d'Irving Cummings.
Colleen Moore n'a pas eu de chance avec la postérité. Son film le plus célèbre, Flaming Youth, a disparu, ainsi que la plupart de ceux qu'elle a tournés. Reste celui-ci qui, hélas, ne permet guère de deviner la grande star qu'elle fut. En effet son personnage, celui d'une jeune fille qui rêve de gloire à Broadway, est affreusement terne. Les autres comédiens ne sont guère mieux lotis dans ce mélodrame qui traîne en longueur. Reste quelques beaux plans, et c'est tout.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Balletdanserinden (La danseuse) (August Blom, 1911) :
8.5/10
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Je ne sais quelle est la part de l'humeur dans ma notation, quoiqu'il en soit c'est pour le moment le film avec Asta Nielsen qui m'a fait la plus forte impression. D'abord, le jeu de la belle me semble prendre une autre ampleur, plus pétillant, plus léger, quelque chose de plus maitrisé, de plus réel aussi, indéfinissable (comme son naturel quand elle s'amuse, espiègle, à chasser les insectes). Mais également le jeu tout en nuance de Johannes Poulsen d'une sobriété exemplaire. D'autre part quel n'est pas mon agréable surprise à découvrir des cadres dans le cadre, des agencements scéniques remarquablement pensés et exécutés, alors que le cinéma n'a que 16 ans! Il y a là une justesse dans la mise en scène qui me laisse pantois par moments. Il n'y a guère qu'un rythme un peu lache et le jeu excessif d'un ou deux acteurs pour venir gâcher un peu le plaisir.
Dans ce véhicule pour Valentino qui ne laisse guère de place aux autres comédiens, et c'est dommage car la distribution est éblouissante (Bebe Daniels, Lois Wilson, Doris Kenyon, Lowell Sherman, pour ne citer qu'eux), le bel Italien fait preuve d'un solide sens de l'humour et d'un jeu plutôt bon. La direction artistique de Rambova est magnifique et rappelle certains tableaux de Watteau, Chardin ou Lancret. De plus la photographie donne l'impression que tout est éclairé à la chandelle et contribue au charme du film. On regrettera cependant une certaine molesse dans la réalisation et une certaine lenteur dans le déroulement de l'intrigue.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
joe-ernst a écrit :Monsieur Beaucaire (1924), de Sidney Olcott.
Dans ce véhicule pour Valentino qui ne laisse guère de place aux autres comédiens, et c'est dommage car la distribution est éblouissante (Bebe Daniels, Lois Wilson, Doris Kenyon, Lowell Sherman, pour ne citer qu'eux), le bel Italien fait preuve d'un solide sens de l'humour et d'un jeu plutôt bon. La direction artistique de Rambova est magnifique et rappelle certains tableaux de Watteau, Chardin ou Lancret. De plus la photographie donne l'impression que tout est éclairé à la chandelle et contribue au charme du film. On regrettera cependant une certaine molesse dans la réalisation et une certaine lenteur dans le déroulement de l'intrigue.
Intéressant: il s'agit par ailleurs de l'un des derniers films de l'un des plus étranges pionniers du cinéma. Metteur en scène dès le milieu de la première décennie du siècle, il sera l'homme à tout faire de la Kalem, et tournera d'ailleurs ... le premier Ben-Hur. Sinon, il a fait partie d'une troupe de cinéastes partis faire de films en Irlande vers 1910; Arte a diffusé, il y 15 ans, The lad from old Ireland, le plus emblématique de ces films; Beaucaire est l'exemple rare d'un film de l'époque des studios tourné par un de ces pionniers. Ou l'as-tu vu?
Avec cette comédie romantique, William Desmond Taylor met en scène une jeune aristocrate britannique, fille d'un duc, Lady Marjorie Killonan (Mary Miles Minter), qui veut pratiquer le métier d'infirmière dans un établissement pour gens aisés, au grand mécontentement de sa parentèle.
Là-bas, elle y fait la connaissance d'un jeune leader travailliste, John Danbury, venu pour une opération aux yeux et qui croit d'abord avoir à faire avec une infirmière au physique ingrat. Quand il découvre la beauté de Marjorie, il en tombe amoureux. Cependant celle-ci décide de mettre à l'épreuve son amour en se faisant passer pour la fille d'une propriétaire d'un Fish & Chips...
Caustique, William Desmond Taylor n'hésite pas à donner quelques coups de griffes bien sentis contre une certaine classe politique, qui veut bien militer pour les pauvres mais sans avoir à frayer avec eux. Il se moque également de la condescendance des Anglais envers les Irlandais (il était lui-même Irlandais).
Le scénario est excellent, la mise en scène au rythme soutenu est très bonne. Mary Miles Minter est tout à fait charmante dans ce film très rafraîchissant.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
J'ai eu la chance hier soir d'assister à une projection publique de La Grande Parade (The Big Parade, 1925), de King Vidor, dans une copie prêtée par Kevin Brownlow et avec un accompagnement live au piano de Neil Brand.
Dire que ce film est magnifique et bouleversant est un euphémisme. C'est une oeuvre profondément humaniste qui montre, au travers des horreurs de la Grande Guerre, comment l'amour et l'amitié peuvent résister à bien des vicissitudes. On ne compte pas les scènes mémorables dans ce film, de la découverte du chewing-gum par la jeune paysanne française au corps-à-corps entre John Gilbert et le soldat allemand, où la caricature est bannie au profit de l'humain. La mise en scène est époustouflante et les scènes de combat impressionnantes. Un film nécessaire à voir et à revoir.
Une soirée vraiment inoubliable.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
joe-ernst a écrit :
On ne compte pas les scènes mémorables dans ce film, de la découverte du chewing-gum par la jeune paysanne française au corps-à-corps entre John Gilbert et le soldat allemand, où la caricature est bannie au profit de l'humain.
Je suis bien sur totalement d'accord avec tout ça, et The big parade est à l'origine d'une nouvelle façon de traiter de la guerre, qui fera des petits: dans l'immédiat, Wings(1927)de Wellman lui doit beaucoup, mais certainement aussi Westfront 1918(1930), de pabst et All is quiet on the western front(1930)de Milestone, ou les Croix de Bois de Raymond Bernard: avec Vidor, la guerre est envisagée non comme un passage obligé du parcours nécessaire d'un homme, mais comme un accident de la vie, et John Gilbert est le vecteur de cette révélation. Le choix de traiter de tous les à-cotés de la guerre est aussi franchement novateur, tant ces scènes de tendresse, d'ennui, de farces amères nous semblent réelles, au-delà même du jeu parfois un peu cabotin des acteurs. On est loin des scènes de permission durant lesquelles le jeune héros lève les yeux au ciel en bombant le torse: ici, l'on boit, l'on drague(On fume et on machouille, comme le montre le fameux exemple que tu cites), on se débrouille comme on peut. Et puis il y a Renée Adorée, qui apporte une vraie fraicheur à son rôle, pourtant pas aisé, de paysanne Française échappée d'un livre d'images un peu surranné... Un chef d'oeuvre, oui.
Ce film est assez connu, pour de mauvaises raisons: une rumeur a couru, qui attribuait un role à Lon Chaney, qui courait effectivement les cachets du coté de Universal à cette époque. Je n'ai pas vu Lon Chaney. Mais il y a suffisamment de bonnes choses ici, pour s'interdire de faire la fine bouche.
La présence, ou non, de Lon Chaney n'est d'ailleurs pas le seul mystère de ce petit film: qui l'a mis en scène? Il semble que les papiers de la firme ait retenu le nom de Philip Smalley(Mr Weber), mais il y a fort à parier que Lois Weber est la principale force derrière ce film: dans la mesure ou elle joue dedans, elle a sans doute confié la supervision des plans ou elle apparait à son mari, un peu à la façon dont Buster Keaton se décharge sur Donald Crisp ou Eddie Cline suivant les films(Ou à la façon dont Chaplin confie une partie de la mise en scène à Monta Bell ou Robert Florey). Quoi qu'il en soit, le nom qui restera dans l'histoire du cinéma, c'est Weber. Suspense: il ne s'agit que de ça; une femme laissée seule avec son enfant dans une maison isolée, par une domestique apeurée, reçoit précisément la visite indésirable d'un vagabond malintentionné; elle a juste le temps d'avertir son mari que quelque chose se trame avant que le villain ne coupe le téléphone. La suite se joue sur trois plans: le vagabond et ses tentatives d'infraction, les stratégies paniquées de la femme et ses efforts pour protéger l'enfant, et la course effrénée du mari pour arriver à temps. On n'est pas loin du Griffith de Death's marathon, mais le film de Lois Weber(Ou de Philip Smalley)va plus loin que Griffith en offrant du suspense à l'intérieur du suspense: lors de sa ruée, le mari se fait poursuivre par la police, et renverse un vagabond(Qui n'est pas Lon Chaney)...
Ce qui frappe, au-delà du suspense caféinomane et Parkinsonien, et du montage très précis de ce petit film parfait, c'est l'incroyable ressource en matière d'angle de prise de vue: chaque plan accomplit une tache précise, et pour cela des vues inhabituelles(En 1913 du moins) ont été créées: à un plan du vagabond qui s'avance lentement vers la caméra, qui nous rappelle les Musketeers of Pig Alley de Griffith, succède un plan pris depuis la voiture du mari, qui cadre le rétroviseur sur lequel on peut voir la voiture de police qui le poursuit... Ou encore on remarquera ces plans qui suivent le vagabond depuis l'étage, lorsque celui-ci, tout à coup, se retourne et fixe la caméra d'un oeil mauvais(Et non, ce n'est pas Lon Chaney non plus...)L'ensemble crée un dynamisme dont bien des films de cette époque manquent cruellement, et permet au spectateur d'adhérer à ce qui se passe de la plus belle façon. Un film qui ne fait aucunement mentir son titre, donc... A voir sur Retour De Flamme, n°6.
j'ai vu ça aussi sur le DVD, ca m'a complétement scotché.
La réalisation et le cadrage sont incroyable, d'un immense modernité ( tu as oublié de mentionné les split screens triangulaires ).
Mais de ce j'ai vu ce vol. de Retour de flammes à l'air une nouvelle fois exceptionnel ( Ah ce cartoon Make 'em move )
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan a écrit :j'ai vu ça aussi sur le DVD, ca m'a complétement scotché.
La réalisation et le cadrage sont incroyable, d'un immense modernité ( tu as oublié de mentionné les split screens triangulaires ).
Mais de ce j'ai vu ce vol. de Retour de flammes à l'air une nouvelle fois exceptionnel ( Ah ce cartoon Make 'em move )
...Et sinon, dans Suspense, on peut y admirer l'utilisation de split screens triangulaires.
Voila