Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ballin Mundson
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Message par Ballin Mundson »

Très intéressant ce nouveau portrait, Music Man :D
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Music Man
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Message par Music Man »

Merci Ballin. As-tu eu l'occasion de voir des films avec Pola?
Ballin Mundson
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Message par Ballin Mundson »

Hélas non. Mais tout ce que j'ai pu lire sur elle (de hollywood babylon à ton portrait ) m'en a donné très envie. Mais ses films semblent assez rares.
Je ne savais pas qu'elle chantait. Je serais très curieux d'entendre son interprétation de Mazurka

edit: il y a un CD sur amazon. Effectivement, elle a une voix assez spéciale.
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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Music Man a écrit :Pola Negri extériorise sa douleur lors du décès tragique et prématuré de Rudolph Valentino : elle serait tombée follement amoureuse de l’artiste peu avant sa disparition.
Cette soi-disant liaison faisait beaucoup rire Alice Terry... :wink:

Cela dit, j'aimerais beaucoup voir un jour Hi Diddle Diddle... :)
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

Merci Music Man pour ce portrait de Negri. :wink:
J'ai déjà vu Negri dans Die Bergkatze de Lubitsch. Elle est vraiment sensationelle en fille de bandits qui s'amourache d'une des victimes de son père. Le film est à la fois burlesque et grotesque; il n'a pas marché du tout à sa sortie. Mais, le film a très bien vieilli, je trouve.
Tout à fait hilarant!!! Il est disponible chez Kino aux USA.

Il faut aussi voir l'hilarante parodie que fait Marion Davies de Negri dans The Patsy de King Vidor. C'est à se rouler par terre.... :lol:
Music Man
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Message par Music Man »

Pour Ballin, voici Tango notturno (1937) chanté par Pola Negri sur youtube :

A noter que cette prenante mélodie fur reprise par la grande artiste italienne Milva. A mon avis, c'est la plus belle chanson de Pola Negri, mais tu peux écouter aussi Ich spur in mir (je sens en moi) du film Mazurka sur youtube :

On ne s'étonnera pas d'apprendre qu'outre Damia et Annette Lajon, Zarah Leander l'a mise aussi à son répertoire.

Comme toi, Ann, j'adore Marion Davies et je trouve que ses parodies de stars dans the patsy (notamment de Lilian Gish) ou blondie of the follies extrêmement drôles car très justes.
Son pastiche de Garbo dans Grand hôtel est à mourir de rire. Vraiment, cette artiste, très décriée de son vivant, est à redécouvrir d'urgence, et je me ferai un vrai plaisir à dresser son portrait.
Quant à Pola Negri, c'est très certainement une des meilleures actrices du cinéma muet. Hi diddle diddle est sorti en DVD aux USA, mais hélas, aucun travail de restauration n'a été opéré, pas de sous titres, pas de bonus, rien. Dans ce film, Pola qui incarne une chanteuse d'opéra est doublée pour le chant, mais le public américain qui n'avait pas vu Mazurka et ses films parlants pensa que c'était bien elle qui interprétait les chansons et elle reçut beaucoup de courrier la félicitant pour sa jolie voix de soprano.
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Cathy
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Message par Cathy »

En enrichissant ta fiche sur Julie Andrews pour mon site, je suis tombée sur ce blog d'une fan de l'actrice très riche en photos

Le blog sur Julie Andrews
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Julie

Message par Music Man »

Superbes, Cathy, les photos que tu as rajouté sur ton site (j'aime beaucoup celle de Julie petite, et celle avec Richard Burton dans Camelot - opérette qui comporte de fort belles chansons)! :D
Quant au blog que tu cites, c'est une vraie mine iconographique pour les fans de Julie. Merci :wink:
Ballin Mundson
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Message par Ballin Mundson »

Merci Music Man pour ces liens. J'aime beaucoup ces interprétations assez âpres. Merci de m'avoir fait découvrir ça ! :wink:
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Music Man
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Shadia

Message par Music Man »

Les réseaux câblés proposent à leurs clients de plus en plus de chaînes en langue arabe, où de temps à autres sont diffusés en fin de soirée de vieux films musicaux égyptiens de la glorieuse époque (avec parfois des sous-titres français) ou Le Caire était comparé à un Hollywood sur le Nil. Dans ces productions à l’eau de rose généralement platement filmées, avec des moyens les plus rudimentaires, brillaient des artistes devenus légendaires comme Farid El Atrache ou Oum Kaltsoum. A coté de ces monstres sacrés, la délicieuse chanteuse Shadia (ou Chadia) était parvenue à se constituer une très jolie place dans le coeur du public.
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Née au Caire en 1929, Fatima Ahmad Kamal est la fille d’un agronome d’origine turque qui travaillait dans les jardins du Roi. Encouragée par son papa, qui lui paie des cours particuliers auprès de professeurs de chant, la jeune fille participe avec sa sœur à un concours de comédie. Remarquée par le réalisateur Helmy Ralfa, elle est d’abord engagée pour un tout petit rôle à l’écran. Sa prestation est si convaincante que dès l’année suivante, le réalisateur confie à la jeune fille de 15 ans un premier rôle aux cotés de Mohamed Fawzi. Les films vont s’enchaîner de façon vertigineuse puisqu’on estime qu’en 30 ans de carrière, la chanteuse a du jouer dans environ 120 films. Il s’agit au début de comédies romantiques un peu loufoques où la toute jeune femme, vite surnommée « la chérie » incarne des ingénues mutines et spontanées aux cotés d’Ismael Yassine, un comique très populaire très proche dans le jeu et la physionomie de notre Fernandel(la brunette Shadia fait quant à elle songer un peu à Françoise Arnoul).
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En 1955, Shadia remporte un vif succès dans le chant de la fidélité aux cotés d’Abdel Halim Hafez, la nouvelle idole des jeunes. C’est une charmante comédie, pleine d’innocence et de jolies chansons interprétées par le duo. La jolie voix enfantine de Shadia offre un savoureux contraste avec celle du rossignol brun. Dalila (1956) le second film qu’ils tourneront ensemble (le premier film égyptien en couleurs) n’a pas les mêmes qualités. C’est un mélo poussif qui semble sortir d’un roman photo. Dans un rôle plus dramatique que d’habitude, Shadia incarne une actrice de théâtre qui s’éprend d’un apprenti comédien : leur idylle est vite contrariée et elle sombre dans la boisson. Dieu merci, les magnifiques chansons subliment chantées par Abdel Halim sauvent largement cet interminable film.
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Ensuite, Shadia va donner la réplique à l’autre superstar du film musical oriental : Farid El Atrache, dans deux films réalisés par le brillant Youssef Chahine. Deux œuvres de commande, dans lesquelles on a du mal à reconnaître la patte du cinéaste. Le mélo « Adieu à ton amour » est bien lourd, et sa fin dramatique (Farid malade s’écroule mort après avoir interprété sa chanson) l’empêchera de connaître le succès (à l’époque, on préférait de loin les happy end).
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C’est toi mon amour (1957) se laisse voir avec davantage de plaisir. C’est une comédie plutôt plaisante où le couple vedette contraint à un mariage forcé finit par s’apprivoiser et s’aimer. Lors de le diffusion de ce film sur France 2 lors d’une nuit du Ramadan, Télérama fut assez laconique « Farid El Atrache joue mal, Shadia n’est pas une bonne comédienne » avant de nuancer son propos en ajoutant « du moins d’un point de vue occidental ». S’il est vrai que le grand Farid chante 1000 fois mieux qu’il ne joue, j’ai trouvé Shadia comme à l’accoutumée, vive, spontanée et charmante dans son rôle. Cela dit la pulpeuse Hind Rostom a tendance à lui ravir la vedette dès qu’elle apparaît.
Pendant le tournage de ces deux films, on a beaucoup parlé d’un possible mariage entre Shadia (déjà divorcée de l’acteur Imad Hamdi) et Farid (séparé de Samia Gamal), mais les noces n’auront pas lieu.
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Petit à petit, Shadia va accomplir un virage dans sa carrière en abordant des rôles très différents et en s’éloignant de la tendre ingénue de ses premiers films.
La sangsue (1956) de Salah Abou Saif sur un scénario de Naguib Mahfouz est un succès au festival de Cannes. Ce très grand romancier, décédé l’an dernier (je ne peux que conseiller la lecture de ses excellents romans) a eu le mérite de renouveler complètement le cinéma égyptien en intégrant des doses de réalisme, dans une production jusqu’à présent constituée de mélos sentimentaux sans aucune dimension sociale.
De nombreux romans de cet écrivain ont fait l’objet d’adaptations plus ou moins libres à l’écran, et Shadia aura la chance d’être la vedette de la plupart d’entre elles.
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Quelle différence entre les comédies musicales fleur bleue des années 50 et « le voleur et les chiens »1961 où elle joue le rôle d’une prostituée condamnée par la maladie (vénérienne ?) amoureuse d’un chef de gang traqué par la police (superbe Shukri Sahran). C’est un film violent, d’une grande sobriété. Le passage des Miracles (1962) d'après Mahfouz est également un très bon drame dépeignant des pauvres gens enchaînés à leur destin et à leur quartier sordide. Après avoir voulu fuir son destin et cédé aux avances d'un proxénète, le jeune ambitieuse incarnée par Shadia se fait tuer dans le cabaret où elle était devenue entraineuse : mourante, elle est ramenée dans sa ruelle malfamée, comme si rien ne pouvait la détacher de ses origines. on retrouve aussi Shadia dans une version orientale de Madame X (mélo souvent filmé aux USA) qui rencontrera un succès inespéré en Russie. Evidemment, dans la quantité de films tournés, il faut distinguer le bon grain de l’ivraie. Ainsi, l’étudiante (1962) est un médiocre mélo dans lequel elle est contrainte de chanter dans les cabarets pour gagner sa vie. A noter le passage très sexy, dans lequel telle Rita Hayworth ou Dalida, elle chante un air très jazzy en remuant langoureusement ses cheveux.
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La version filmée des Mille et une nuits (1964) m’a paru également bien décevante (néanmoins, je l’ai vu dans de très piètres conditions, sur une VHS importée (pourtant achetée à la FNAC) sûrement tellement piratée que l’image était presque effacée.En 1967, Shadia épouse l’acteur Salah Zulfiqar. Hélas, elle perd l’enfant qu’elle attendait et leur union ne survivra pas à ce drame. Les artistes orientaux ne livrant pas tous les d »détails de leur vie privée à la presse, on ignore au juste combien de fois Shadia s’est mariée : on lui prête parfois une brève union avec un journaliste.
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Shadia, sur laquelle le temps ne semble pas avoir de prise (on note toutefois un léger embonpoint) va poursuivre sa carrière jusqu’en 1984 (un dernier rôle dramatique dans Ne me demandez pas qui je suis). Au début des années 80, elle triomphe sur scène dans un musical hilarant sur un serial killer. Il semble qu’au fil des années, la comédienne sans doute déçue par ses nombreux échecs sentimentaux se soit tournée vers la religion. Après avoir enregistré un hymne au prophète Mahomet « prends ma main », elle décide d’abandonner sa carrière artistique et de prendre le voile. Depuis, l’artiste n’a plus jamais fait parler d’elle.
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Elle demeure néanmoins toujours très aimée du public oriental qui se délecte toujours de ses disques (notamment de ses nombreuses chansons pour enfants tout à fait désignées pour sa jolie voix juvénile) et de ses films souvent rediffusés par les télés (on raconte qu’à une époque, les chaînes arabes avaient rachetés les bobines de vieux films au poids, à un prix très avantageux).
A Paris et à Marseille, les films avec Shadia ont souvent été diffusés dans les années 50 et 60 dans des cinémas spécialisés comme le Louxor. Ils étaient néanmoins réservés à une clientèle immigrée et il était rare de voir des spectateurs français s’aventurer dans ces salles.
De nos jours, les choses ont beaucoup changé et beaucoup de cinéphiles ne demandent qu’à découvrir les cinémas d’autres horizons, d’autres musiques, d’autres cultures. Tant mieux.
Shadia chante dans un film de 1959 sur Youtube (la jolie dame qui l’écoute tristement est Myriam Fakhr el Dine, autre étoile du cinéma oriental) :

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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

Tu as raison, Music Man! Marion Davies était une commédienne exceptionnelle. je ne l'ai vu que chez King Vidor (The Patsy & Show People). J'ai moi aussi vu le documentaire TCM. Il donne envie de découvrir ses films parlants!!! :P Son imitation de Garbo a l'air formidable!!! :uhuh:
Il y a deux extraits de The Red Mill (Un film récemment restauré par TCM US) ici:
http://www.doctormacro-m1.com/FilmClips ... he)_01.wmv
http://www.doctormacro-m1.com/FilmClips ... he)_02.wmv
Plus plein d'autres extraits et photos, là:
http://www.doctormacro.info/Movie%20Sta ... -Annex.htm
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Merci, Music Man, pour ce portrait de Marion Davies dont j'aimerais tout comme toi que ses films soient édités en dvd.

A la fin de sa vie, elle n'était pas si oubliée que cela. Elle a ainsi milité pour que Kennedy soit élu à la Maison-Blanche et une des dernières apparitions publiques (si ce n'est la dernière) fut pour assister à l'assermentation de JFK. On peut ainsi l'apercevoir sur certaines photos, assise dans un des premiers rangs.
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Danielle Godet

Message par Music Man »

Si dans les années 50 on a tourné pas mal de comédies musicales en France, force est de constater qu’elles n’avaient rien de remarquable pour la bonne raison que presque aucun grand metteur en scène n’a voulu s’essayer au genre (qu’ils estimaient réducteur ? trop formaté ? inintéressant ?) et que des producteurs n’ont jamais voulu beaucoup investir dans ce domaine. Ce qui donne de petits films de série Z, souvent bâtis autour d’un chanteur populaire, ou alors de la renommée d’un grand cabaret parisien, avec force girls un peu dénudées pour attirer le spectateur. Le survol de la carrière de la jolie comédienne Danielle Godet, va nous permettre d’explorer un peu ce genre complètement laissé de coté par les critiques.
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Née en 1927, la jolie Danielle s’inscrit après son bac au cours Florent. Après avoir participé à un concours de beauté pour Cinémonde, sa carrière semble s'annoncer sous les meilleurs auspices : Après une courte apparition dans le classique "silence est d’or" de René Clair, aux cotés de sa camarade Marcelle Derrien, la toute jeune actrice se voit proposer le rôle principal de la version filmée de Manon Lescaut que prépare HG Clouzot. Finalement, le rôle si convoité lui échappera (et sera confié à Cécile Aubry) lorsque Danielle refusera les avances du metteur en scène (Apparemment, à l’époque les choses se passaient souvent comme ça, et le livre de souvenirs de la comédienne mentionne plusieurs épisodes du même genre). Le premier film en vedette de la comédienne ( l’Idole d’A. Esway avec Yves Montand) sera à la fois un cuisant échec critique et public. Elle ne tirera non plus aucune gloire de sa participation au "Chevalier de Londres", un film britannique du fameux (et souvent brillant) tandem Powell et Pressburger aux cotés de Daniel Niven, car ce dernier sera très fraîchement accueilli (qui l’a vu ?).
Après ce mauvais départ, la jeune actrice, passablement désillusionnée, se rabat sur les films de série B, à tendance musicale, où on va beaucoup la voir pendant une bonne dizaine d’année.
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Dans une femme par jour (1948), pourtant signé par Jean Boyer (le seul réalisateur de musical français digne de ce nom avec Jacques Demy), elle est la fiancée de Jacques Pills (couché dans le foin, avec son ukulélé), chanteur bien connu à l’époque, qui case quelques insipides refrains dans cette comédie insignifiante (où « Danièle est bien jolie » comme le souligneront les journaux de l’époque.
Nous irons à Monte Carlo (1951) est en revanche un musical de bon aloi, sans doute l’un des meilleurs que l’on ait tourné en France après guerre, qui remportera un beau succès commercial. L’histoire du bébé adopté par l’orchestre de Ray Ventura est amusante, les comédiens sont naturels et s’amusent visiblement, les chansons composées par Paul Misraki particulièrement entraînantes et souvent bien filmées (notamment le numéro final sur le piano géant. Dommage que le rôle de Danielle soit aussi inintéressant (je la soupçonne d’être doublée pour les jolis duos avec Philippe Lemaire).
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Boum sur Paris (1953, ressorti en DVD) a l’avantage de nous donner l’occasion de revoir les plus grandes gloires de la chanson française des années 50 (de Piaf à Trent en passant par Mick Mycheyl). Danièle participe à la petite intrigue (une course poursuite pour retrouver un dangereux explosif caché dans un flacon de parfum) qui lie entre eux les innombrables chansons, filmées sans aucune imagination. On classera dans la même catégorie (films multi artistes à réserver aux amateurs de chanson rétro) Quitte ou double avec (c’est parti mon) Zappy Max et Line Renaud.
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La blonde actrice s’est également illustrée dans les films bâtis uniquement sur la renommée de grands cabarets parisiens et essentiellement destinés aux spectateurs provinciaux ou encore aux étrangers qui viennent rechercher une certaine idée de Paris (Paris clandestin, Paris Pigalle, c’est une fille de Paname). Vague intrigue policière, dialogues en argot, jolies pépées à moitié nues, strip-teases, sont les ingrédients obligatoires de ces films qui ne brillent ni par leur originalité ni par les numéros musicaux proposés. Néanmoins, il n’est pas désagréable d’en voir un ou deux pour le « fun » et le dépaysement, ne serait ce que pour les seconds rôles ou la voix très parisienne de Danielle Godet : Mais que tout ce pseudo Paris nous paraît loin à présent ! Attention, certains de ces films sont réalisés par Henri Lepage, un réalisateur qui avait reçu le titre (hélas non usurpé) du plus mauvais réalisateur du cinéma français.
En 1956, Danielle donne la réplique à Luis Mariano dans un film musical espagnol bien médiocre comme elle le concède elle-même !(dans le même genre, elle avait donné la réplique quelques années avant au célébrissime ténor Benjamino Gigli dans son ultime rôle à l’écran).
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Moins demandée en France, compte tenu de la disparition progressive du « cinéma de papa » broyé par la nouvelle vague, Danielle va beaucoup tourner en Espagne, notamment pour le célèbre Jess Franco qui va lui confier différents rôles dans ses différents films de série Z, cultes pour certains, nanarissimes pour d’autres. : le premier en date, Marikita, la belle du Tabarin (1960), film à « couplets », inspiré par les succès récents de Sara Montiel, est une bio musicale belle époque d’une profonde nullité où Danielle n’a qu’un rôle secondaire.
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Avec beaucoup d’ironie et d’auto-dérision, Danielle Godet analyse son parcours et la médiocrité de ses films, dans son autobiographie sans concession. Si l’on croit ses affirmations, elle aurait tourné dans de meilleurs films si elle avait su être plus docile, voire davantage avec certains producteurs et réalisateurs. Mais la comédienne n’a jamais voulu mélanger amour et business. Sur un plan privé, elle n’a guère plus de chance car ses liaisons avec Yves Montand, Philippe Lemaire et Maurice Ronet tourneront court. Désappointée par la tournure prise par sa carrière (pas beaucoup plus florissante à la scène- où on la verra dans une adaptation musicale en français des hommes préfèrent les blondes- qu’à l’écran), elle noie ses peines dans les cocktails des soirées mondaines.
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Dans les années 60, la comédienne tente un détour par la chanson et remporte un joli succès au Casino de Deauville en interprétant du Gainsbourg (apparemment, elle n’a jamais gravé de disques), mais plus les années passent, plus les rôles se font rares. Faute de mieux, elle est bien contrainte d’accepter quelques co-productions européennes d’espionnage très bas de gamme, dont les titres édifiants en disent long (le commissaire X traque les chiens verts ), ainsi qu’un film limite porno de son cher Jess Franco (en faisant bien spécifier dans son contrat qu’elle ne participera pas aux scènes licencieuses).
Ce film est ressorti en DVD dans une version tronquée sans toutes les scènes hot dont parle Danielle, avec beaucoup d’humour dans sa bio. Ce qui subsiste n’est pas nul (Danielle, toujours belle, est convaincante dans son rôle de bourgeoise sadique qui fait emprisonner sa rivale dans un bagne pour femmes), mais vraiment pour apprécier pleinement ce nanard, il faudrait le voir en entier !
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Autre éclaircie dans sa carrière, sa lumineuse apparition dans un film de Bolognini « ce merveilleux automne » 1968 où elle éclipse Gina Lollobrigida)
Les années 70 seront difficiles pour l’actrice : sans boulot, elle joue dans des courts-métrages professionnels filmés par des entreprises et destinés à leurs employés Le fond du fond pour un comédien, du travail alimentaire par excellence. Depuis la publication de sa décapante autobiographie et son rôle de maman dans le film érotique Joy, on n’a plus revu Danielle Godet à l’écran. Elle consacre son temps à la peinture, son passe temps favori.
Compte tenu du peu de chance dont a pu bénéficier la comédienne dans sa carrière, de la médiocrité de la plupart des films auxquels elle a participé, et de la vacuité des rôles qui lui ont été confiés, on retiendra surtout un visage et une silhouette d’une grande beauté ainsi qu’une diction théâtrale très années 50. C’est d’autant plus regrettable que dans les rarissimes occasions qui lui ont été donné de jouer un personnage intéressant, l’actrice a su faire preuve de beaucoup de présence. Et si un jeune réalisateur avait la bonne idée de lui proposer un rôle et un bon ?


Danielle Godet et Philippe Lemaire : nous irons à Monte Carlo (1951)
Dernière modification par Music Man le 20 avr. 08, 21:24, modifié 2 fois.
Ballin Mundson
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Message par Ballin Mundson »

Ballin Mundson a écrit :Merci pour ce portrait de Damia :D
(...)

Et certains de ses choix sont vraiment surprenants comme le fou, où l' on est dans la tête d'un serial killer pédophile
Je viens de tomber sur les paroles sur internet. Attention c'est glauque:
Spoiler (cliquez pour afficher)
LE FOU
Paroles: H. de Fleurigny. Musique: G. Lemaire 1933
note: Chanson écrite à la fin du XIXe siècle. P. Larrieu a recomposé la mélodie pour Damia

L'enfant qui traversait la plaine
M'a dit bonjour à moi, le fou.
J'ai voulu prendre son haleine
Et j'ai mis mes mains sur son cou.
Elle a dit d'un ton de prière :
"Que t'ai-je donc fait pour cela ?"
Elle dort sous la bruyère, sous la bruyère !

Mes deux mains comme dans la pâte
Se sont enfoncées dans son cou,
Puis j'ai continué sans hâte
Et ses yeux sont sortis du trou.
Elle eut une plainte dernière
Et sur l'herbe elle s'affala.
Elle dort sous la bruyère, sous la bruyère !

Par les pieds, j'ai pris le corps roide
Et dans la mousse et les genêts
J'ai traîné sa dépouille froide,
En en faisant des moulinets.
La ronce accrochait sa crinière,
De la chair même s'y colla.
Elle dort sous la bruyère, sous la bruyère !

Mes ongles, ainsi qu'une bêche,
Ont creusé le sol embaumé,
Et j'ai remis la terre sèche
Sur son cadavre déformé.
La lune coulait sa lumière
Sur ses seins blancs d'un doux éclat.
Elle dort sous la bruyère, sous la bruyère !

Le vent dans les pins qu'il agite
A mugi le De Profondis.
La pluie a versé l'eau bénite
Et l'encens s'est élevé des lys.
Les fleurs lui font un suaire.
Moi j'ai chanté sur tout cela.
Elle dort sous la bruyère, sous la bruyère !
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Message par Music Man »

J'aimais bien sa façon de dire " elle dort sous sous la bru-yè-re"dans cette chanson très impressionnante.
Dans le répertoire de la grande Damia, figure aussi un poème étonnant de Jules Jouy sur la guillotine, "la veuve", le poète ayant été très marqué par une exécution publique (ce qui était le cas à l'époque).
J'ai trouvé sur youtube le clip des Naufragés par Damia (1935) :

Une chanson de marins, désespérée, que n'aurait pas reniée Suzy Solidor.
Dernière modification par Music Man le 20 avr. 08, 19:05, modifié 1 fois.
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