Erotik topic

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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johell
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Re: Erotik topic

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INSIDE DESIREE COUSTEAU de Leonard Kirtman (1979)

Desiree cherche à découvrir pourquoi elle provoque systématiquement le désir chez les hommes qu'elle croise. Empruntant diverses identités, elle tente bien de trouver un job décent, mais ses formes plantureuses et son incurable naïveté ont, à chaque fois, raison de sa bonne volonté. Elle se résoudra à accepter sa véritable vocation : porno star!

C’est sous le nom de Leon Gucci que Leonard Kirtman réalise ce film qui est plutôt une biographie imaginaire qu’un véritable film X. INSIDE DESIREE COUSTEAU présente, à travers une série de sketchs, les différentes expériences professionnelles de Desiree. Tout d’abord journaliste, elle fait ensuite de la vente porte-à-porte puis travaille dans une boutique de vêtements pour finir par devenir cuisinière sur un bateau. Progressivement, tout ceci l’amènera sur les plateaux de cinéma « érotique » où elle deviendra comédienne via une audition qu’elle pratiquera sur un vendeur de sex-shop!

Ce long-métrage pornographique se déroule à la première personne où la ravissante s’adresse directement à la caméra pour nous faire part de son tumultueux parcours. Les différentes scènes de sexe qui ponctue cette aventure ne sont guère exceptionnelles mais dégage une ambiance légère et amusante. Comme cette séquence se déroulant chez le gouverneur Ryan où l’homme politique besogne la demoiselle aux abords de sa piscine. Il s’agit-là d’une des meilleures scènes du film car elle propose quelques plans assez surprenants, comme cette sodomie aquatique filmée en contre-plongée où le partenaire sexuel éjacule sous l’eau, sa semence se dispersant comme de petites méduses… Une belle entrée en matière pour Miss Cousteau dont elle doit son pseudonyme à son attrait pour l’amour en milieu aquatique.

Cette charmante jeune femme aux formes pneumatiques, Deborah Clearbranch de son vrai nom, multiplie ici les aventures dans différents milieux et joue la nunuche à merveille. Dans ce film, elle fait quelques belles rencontres, notamment avec la blonde Serena et surtout John Holmes et son « rondin » de 35 cm que les deux actrices se partageront ensemble. Tout ceci est donc plutôt sympathique. Il y a de belles scènes de saphisme, dont l’une d’elle permet à Desiree de se venger de sa patronne en la pénétrant avec un godemiché à l’intérieur d’une boutique de mode. Le film se termine avec une scène d’orgie assez banale où l’on retiendra principalement la présence d’un acteur revêtu d’une tenue sado-maso qui se fait littéralement bouffer le sexe par une véritable bombe sexuelle à gros seins pendant que Desiree se fait gentiment lécher la chatte sur un canapé.

INSIDE DESIREE COUSTEAU n’est pas un film X inoubliable mais sa légèreté de ton et le charme naturelle de sa comédienne principale en font un divertissement plutôt agréable à suivre…





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INSATIABLE de Godfrey Daniels (1980)

Sandra Chase, un mannequin américain est troublée par des flashbacks sexuels intenses. Elle se rend à Londres sur le tournage d’un film et se confesse à son entourage dans l’espoir de trouver un remède à ses fantasmes récurrents.

Troisième plus gros budget alloué à un film pornographique, (on parle d’environ 300’000 dollars américains), INSATIABLE est une importante production pour son époque. Les moyens sont conséquents : tournage en Europe, location d’une belle demeure perdue dans la campagne (la même qui sert de décor principal pour FIEVRE AU LYCEE!), séquences filmées depuis un hélicoptère et une belle distribution qui inclut Serena, John Leslie, John Holmes sans oublier Marilyn Chambers qui est la raison pour laquelle on s’intéresse à ce film. Sans elle, cette œuvre serait sans aucun doute tombée dans les limbes du cinéma X. Car il faut dire que le spectacle est assez maigre à l’écran.

Le réalisateur perd son temps à faire balader son interprète principal au volant de sa voiture ou de la transformer en touriste dans les rues de Londres. Banal. Heureusement, cette égérie du genre est magnifique à contempler, dégageant une sensualité folle, irradiant totalement l’écran. Elle fait d’ailleurs ici son come-back dans le milieu du porno; sous la forte influence de son mari Chuck Traynor, l'ex de Mme GORGE PROFONDE Linda Lovelace; après s’être essayée (avec succès) à une reconversion dans le cinéma traditionnel en tournant pour David Cronenberg dans RAGE (1977).

Les incontournables scènes chaudes d’INSATIABLE présente tout d’abord un duo lesbien entre Serena et Marilyn dans un jacuzzi. Cet instant très érotique, bien que trop court, montre la personnalité brûlante de son interprète dont le sexe à moitié rasé se révèle être d’une troublante beauté, comme une œuvre d’art devant laquelle on ne peut qu’être fasciné. Mais le grand moment du long-métrage sera bien celui de son prétendu dépucelage par le jardinier qui la baisera sur une table de billard. Cette « première fois » est très intense, où la jeune femme se fait quasiment dominer par son partenaire qui se montre à la fois méchant et humiliant. Cela donne un côté d’autant plus sulfureux lorsque Chambers se voit à même de supplier l’homme pour pouvoir sucer sa bonne queue bien raide. La jouissance qui en ressortira et se lira sur le visage de l’actrice rend la séquence inoubliable! On pourrait en dire presque autant de celle qui conclut le long-métrage et qui inclut son partenaire à la « murène » de 35 mm : John Holmes. Dans un décor tout noir, à l’éclairage sophistiqué qui rappelle les œuvres érotique de David Hamilton, ce final hallucinatoire donne l’occasion à cet acteur (trop) bien membré de sodomiser la belle comédienne. En plus de cela, l’actrice essaie avec force d’avaler complètement le membre de son partenaire. Mais l’abus de gros plans anatomiques ne joue pas forcément en faveur de l’intense émotion que cette scène de baise pourrait procurer. Il n’y a bien que lorsque la caméra se décide un peu de s’orienter vers le visage de Chambers que l’on peut y lire toute l’extase féminine d’une femme qui en veut encore et toujours plus.

INSATIABLE n’est finalement pas un « classique » de l’âge d’or du X américain. On peut largement lui préférer une œuvre plus passionnante à suivre comme DERRIERE LA PORTE VERTE qui doit sans aucun doute être le sommet de la carrière de Marilyn Chambers. D’autant plus que le film de Godfrey Daniels n’apporte aucune originalité à une intrigue ennuyeuse au possible, qui est également parcourue d’une soupe musicale insipide (on y entend d’ailleurs la comédienne pousser la chansonnette) et de dialogues sans intérêt qui viennent encore plus plomber une mise en scène sans la moindre étincelle de génie. Même la belle Marilyn n’en aura pas eu pour son compte. En sueur et fixant l’objectif de la caméra, elle susurre « Give me more… » avant que ne défile le générique de fin.

INSATIABLE possède deux suites qu’on se gardera bien de regarder. L’expérience procurée par le film de Daniels ne donnant pas forcément envie d’en voir plus. Ce qui est davantage regrettable, c‘est qu‘en parcourant les bonus du DVD (Wild Side, zone 2), on y apprend que nombre de séquences ont disparues du montage final. Que ce soit des scènes qui se déroulaient notamment dans un cinéma et dans un bowling où l‘on pouvait admirer l‘actrice en train de s‘enfoncer une quille dans son sexe. Des images qui auraient très certainement donné une saveur plus piquante à ce long-métrage devant lequel on baîlle plus que l‘on ne s‘excite. « Sorry, Miss Chambers », t’es bien jolie à voir mais là ton film n’est pas très passionnant à suivre… Même avec une boîte de mouchoirs en papier!
boulgakov
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Message par boulgakov »

johell a écrit :son partenaire à la « murène » de 35 mm : John Holmes.
le têtard, donc...
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johell
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LA FEMME AUX SEINS PERCES (Chikubi Ni Pierce Wo Shita Onna) de Shogoro Nishimura (1983)

Une midinette en mal d'amour accepte un rendez-vous avec un inconnu qui lui fait porter des fleurs chaque jour. Charmée par son physique, elle s'installe chez lui et se soumet à ses fantaisies sexuelles sans prêter attention au curieux langage qu'il lui tient. Pourtant, les mots qu'il lui chuchote à l'oreille sont autant de tendres morsures qui insinuent en elle le venin de la soumission.

Un "Roman Porno" qui respecte son cahier des charges usuels en présentant, par petites touches progressives, l'initiation d'une jeune femme très "fleur bleue" aux délices du sado masochisme. Le long-métrage se garde d'être très explicite et ne franchit jamais la barrière de l'imagerie pornographique. Il n'en a pas besoin, ses compositions de cadrages sont suffisamment suggérées pour instaurer un climat à la fois moite et malsain. La formation sexuelle débute d'ailleurs de manière assez brutale où le mâle viole sa proie dans des toilettes publiques! Une action sexuelle bien sauvage qui pousserait la plupart des femmes normalement constituées à s'enfuir et porter plainte... Mais pas ici car les relations amoureuses au Japon présentent souvent un rapport assez inégal entre l'homme et la femme. LA FEMME AUX SEINS PERCES est une sorte de spirale amoureuse très particulière qui supprime petit à petit toutes inhibitions et en révélera toutes les perversités. Le long-métrage développe ainsi une imagerie de déviances assez fascinante. Notamment avec cette "cave à vins" où l'on trouve plusieurs jeunes femmes enfermées dans des cages stockées dans la pénombre. Une manière assez spéciale de conserver des "grands crûs" pour les plus belles occasions.

Les tenants et aboutissants de l'intrigue sont très vite assez clairs, le réalisateur ne cachant pas le but affirmé du protagoniste masculin; ce dernier nous montrant déjà la fin d'une autre initiation dès les premières séquences du film. LA FEMME AUX SEINS PERCES est surtout une exploration psychologique insidieuse dans les rapports physiques entre dominant et dominée. La subtilité des actions du mâle qui manipule sa victime en lui faisant accepter l'innommable sans qu'elle ne s'en rende véritablement compte. L'amant se transformant en bourreau tandis que la femme est reléguée à l'état d'esclave en acceptant toutes ses demandes, même les plus dégradantes comme l'urologie ou le fait de se nourrir comme une petite chienne à même le sol. La mise en scène de Shogoro Nishimura est superbe et regorge de séquences plastiquement magnifiques, présentant par exemple la jeune femme enchaînée à son lit, se caressant sur un tapis de roses rouges et d'épines lui griffant le dos jusqu'au sang. Une forme de beauté dans toute son horreur qui aurait certainement beaucoup plu au divin Marquis de Sade.

Dans le rôle de l'amoureuse, Jun Izumi est absolument remarquable. Sa lente plongée dans le domaine de la soumission est très bien rendu par de somptueux gros plans sur l'actrice; subtile mélange entre l'innocence et la débauche. Tout d'abord couverte de bouquets de roses rouges, à tel point qu'elle ne sait plus du tout où les ranger, la jeune se retrouve finalement à porter un piercing sur chacun de ses tétons; comme le signe absolu qu'elle s'est finalement abandonnée dans les bras de son maître, devenant ainsi sa chose sexuelle dont il peut disposer selon sa convenance. Le film de Nishimura est une incroyable autopsie des rapports humains, à la fois terrible sur le fond comme dans la forme; son approche visuelle restant toujours dans la sobriété, évitant ainsi les gros débordements baroques qui lui aurait offert une dimension sans aucun doute plus surréaliste. En l'état, le choc est d'autant plus grand... Entre fascination et répulsion, LA FEMME AUX SEINS PERCES est une oeuvre en tout points envoûtante. Chef-d'oeuvre!
Jordan White
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Re: Erotik topic

Message par Jordan White »

Passionnants à lire (comme toujours) tes papiers sur les classiques johell. Même si je ne comprends toujours pas ce que viennent faire les Inside Desiree Cousteau ou Insatiable dans cette collection, si ce n'est l'argument de l'époque et donc des années de réalisation à l'aune des 80's.


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J'ai vu le documentaire L'âge d'or du X, proposant sur le deuxième DVD le petit film Brigitte et moi beaucoup moins intéressant, documentaire que j'avais depuis un petit moment envie de découvrir et qui a été réalisé en 2006. Sous la forme des 52 minutes, c'est à la fois riche d'anecdotes, singulier, assez fin dans l'analyse, mais aussi et malheureusement trop court. Je ne dis pas qu'il aurait fallu un documentaire mastodonte de 3 heures mais sur une période aussi riche (évènements sociaux, aspects culturels et artistiques, émergence puis explosion d'un ghetto en soi, etc) le double n'aurait pas été de trop et ce sans redite je pense. Cela dit, le ton est jovial et le fait d'illustrer le propos par des images d'archives pertinentes et surtout sous la forme d'un faux journal tv façon Roger Gicquel avec costumes à rayures, décor marron/vert et grain est une très bonne idée. Le documentaire est agrémenté d'interviews d'époque et de celles d'acteurs du milieu de nos jours, dont celle éclairée voire encyclopédique du pionnier Francis Mischkind qui avec l'oeil toujours aussi vif et le propos clair reconstitue le contexte d'origine, les évolutions majeures -pas toujours dans le bon sens-, l'histoire de la censure, la loi X de 1975 votée ensuite début 1976, tandis qu'un courant extraordinaire de libération sexuelle secouait la France, et pas seulement celle de la vie parisienne, mais celle de la France dans son ensemble. On y entend les chiffres des recettes d'exploitation des films érotiques et à caractère pornographique entre 1973 et 1976 et ça relève parfois du carton, comme Emmanuelle dans sa période d'exploitation 1974-1975 ou encore le premier volet d' Exhibition (l'ancêtre à sa manière de Striptease avec la voix-off) qui totalisa plus de 3 millions d'entrées dans toute la France, autant dire mieux que n'importe quel succès traditionnel sorti cette année.

Au-delà du phénomène de découverte et de curiosité suscité par la distribution de films sexuellement explicites dans les circuits de distribution encore majoritaires aujourd'hui (UGC les a tous distribué pendant des années !), le documentaire montre comment une commission de classification a d'abord permis à tous les films d'être visibles et plus largement d'engranger de très importants bénéfices (pour les réalisateurs, les producteurs, les distributeurs et les acteurs), mais aussi de quelle manière, et avec quelle vitesse, les vannes ouvertes trop vite (Mischkind s'en explique en disant que le soft-core aurait finit par laisser de plus en plus de choses se dévoiler avant de faire dans le hardcore sans besoin de retourner des films en macro ou généralement avec des gros plans reshootés vite fait pour être redistribués dans le circuit) ont amené le gouvernement à se raviser et effectuer un volte-face assez brutal avec taxation et sectorisation de la production (du 35mm à la vidéo). Certaines images sont saisissantes : des files d'attente impressionnantes (puisque d'un seul coup tout est visible ou presque) avant de pouvoir découvrir Les jouisseuses, Prenez la queue comme tout le monde, et autres joyeusetés aux titres plus qu'évocateurs; des personnages âgées qui se posent des questions avant de finalement rejoindre des gens beaucoup plus jeunes qu'eux dans les salles obscures, des comédiennes qui se dévoilent dans leur cuisine en se faisant des oeufs sur le plat tout en parlant du titre de leurs derniers films, et une Claudine Beccarie troublante, qui parle de son nouveau lit et dont on découvrira la personnalité dans Exhibition qui fut projeté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 1975. Plus drôle encore certains avertissements délivrés par la Commission qui parle d'une "oeuvre d'une rare perversion réservée à un public averti" en évoquant Rêves humides. On se croirait dans un autre univers et après l'interview de Lang, Ministre de la Culture en 1982 on sent clairement le tour de vis et la ghettoïsation qui se consolide. Les acteurs, dont Brigitte Lahaie, évoquent l'ambiance, les tournages, les amitiés qui se sont nouées, les paradoxes de la société : libéralisation des moeurs effrenée puis soudain retour de manivelle et apparition de la vidéo qui lance la médiatisation des stars. On sent que certaines actrices ne s'en sont jamais remis et que d'autres ont exploité le filon en sachant parfaitement gérer leur image et leur carrière. Le documentaire donne en tout cas envie de se replonger dans les classiques 70's qui ont fait la griffe Alpha-France distributeur de ces films en salles dans les réseaux Alpha-France entre 1974 et 1983, date à laquelle Mischkind annonce lui-même qu'il cesse la production en 35mm devant l'arrivée fracassante de la VHS (qui détrône la Bétacam) : Mes nuits avec Alice, Pénélope, Maude...que j'ai très envie de découvrir (remake officieux de La Grande Bouffe), La Rabatteuse, Autostoppeuses en chaleur. L'époque des Béatrice Harnois (elle n'a pas beaucoup tourné, mais elle était très très belle, c'est elle la lycéenne dans Le Sexe qui parle), Karine Gambier, Christine Schwartz, Marilyn Jess, Brigitte Lahaie ou France Lomay.
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Message par boulgakov »

Juste une question. Est-ce-que l'image est vraiment de bonne qualité pour le dvd Devil in Miss Jones? (je n'arrive pas à me faire une idée claire à partir des captures de Johell)
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Boubakar
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Message par Boubakar »

boulgakov a écrit :Juste une question. Est-ce-que l'image est vraiment de bonne qualité pour le dvd Devil in Miss Jones? (je n'arrive pas à me faire une idée claire à partir des captures de Johell)
Pas vraiment. Certes, c'est regardable, mais on sent que le matos n'a pas été bien traité.
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Re: Erotik topic

Message par boulgakov »

Merci! J'hésite encore à la prendre... on verra.
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johell
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Message par johell »

Contrairement à Boubakar, je trouve que les X américain sortis chez Wild Side sont d'assez bonne qualité technique. Je pense qu'on a même droit à un traitement "deluxe" pour ce genre de films. Je n'ai jamais vu des pornos qui été aussi "beau", visuellement parlant. :wink:
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Re: Erotik topic

Message par Alligator »

Chikubi ni piasu o shita onna (La femme aux seins percés) (Shôgorô Nishimura, 1983) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... -onna.html

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Sur bien des aspects ce film m'a fait songer à "Histoire d'O", une formation initiatique à la relation sado-masochiste dans le sens le plus concret et psychologique. Écrit et filmé avec bien plus de subtilité (encore que mes souvenirs du film "Histoire d'O" sont de moins en moins nets et que je suis peut-être en train de faire un injuste procès), cette "femme aux seins percés" s'attache essentiellement à suivre l'évolution sentimentale de Jun Izumi, un lent abandon à son amour-maitre. Elle s'offre corps et âme pour ne pas cesser de lui appartenir une sorte de cercle vicieux dans le sens premier du terme.

Jun Izumi m'avait déjà fait une très fort impression dans "Angel Guts: Red Dizziness" et surtout dans "Angel Guts: Red Porno". Elle faisait montre de valeureux efforts pour donner de la véracité à son personnage. Ici aussi aidée par la proximité de la caméra, elle use à merveille de son regard perdu ou troublé pour incarner cette jeune femme énamourée, passionnée, qui se perd dans son amour en plongeant avidement dans ce qui se devient peu à peu une dépendance voulue, venant d'un désir profond mais qui peut aujourd'hui peut paraitre assez choquant.

L'histoire est à prendre avec des pincettes. Certes, elle fait l'apologie d'un machisme très puissant, qui nécessite l'écrasement de la femme, la considérant comme un objet sexuel que l'on peut ranger telles de bonnes bouteilles de vin dans les cages d'un cellier. Cependant il faut faire (je crois, peut-être que j'essaie de m'en convaincre) la part des choses entre le fantasme érotique et la froide réalité, entre un discours destiné à exciter l'imagination, la libido et un autre discours ancré sur la réalité et la sensibilité des êtres humains, un discours politique, social et affectif qui doit permettre aux hommes et aux femmes de vivre ensemble dans le respect et l'égalité. Deux discours presque totalement déconnectés l'un de l'autre. Le problème réside dans ce "presque", l'un ayant peut-être des répercussions sur l'autre. Là est la question que je me pose en occidental ayant peu accès aux schémas culturels nippons. Mais cette question est bougrement intéressante. Je n'en ai pas encore les réponses. Ce débat est suscité par le genre érotique en général mais ce film-là a le mérite d'en condenser les attributs. Il oblige le spectateur à se poser ces questions car on peut difficilement le rejeter en le considérant comme un film inintéressant.

Il est très bien filmé. C'est le moins qu'on puisse dire. D'autres cinéastes ont réussi à imposer des styles un peu plus visuellement évidents, je pense à Ishii ou Tanaka par exemple mais Shôgorô Nishimura n'en est pas moins attaché à proposer une esthétique assez redoutable. Très délicate, en raison de mouvements de caméra très doux et d'une photographie nette et pas trop sophistiquée, l'image est très agréable, jamais agressive ni bêtement flashy. Le cinéaste garde le parti-pris de rester discret, sans effets tape-à-l'œil (zooms et couleurs criardes, au hasard).

Bien au contraire, la mise en scène cherche à se calquer sur la lente progression du personnage principal avec l'appropriation affective des actes sexuels de plus en plus dégradants, dans un renversement complet des valeurs, comme si la déchéance devenait l'ultime preuve d'amour.

Très proche de son sujet comme de ses personnages, le film étend une sorte de toile veloutée où les images se déposent avec douceur, comme une respiration paisible, assumée, naturelle. Très beau travail visuel et d'écriture.
Jordan White
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Re: Erotik topic

Message par Jordan White »

Le projet Cinerotica ayant été avorté début 2009, Christophe Bier publiera néanmoins dans six mois environ cet ouvrage collectif, sous sa direction qui s'annonce comme une somme encyclopédique sur le sujet :

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source : http://www.devildead.com/indexnews.php3?NewsID=6236
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Ouh punaise, c'est pas donné (et je précise que j'avais acheté les quatre premiers numéros en kiosque) ! :?
Nicolas Mag
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Message par Nicolas Mag »

Jordan White a écrit : ou encore le premier volet d' Exhibition (l'ancêtre à sa manière de Striptease avec la voix-off) qui totalisa plus de 3 millions d'entrées dans toute la France
c'est pas mon style de film mais j'ai quand même decouvert ce film et c'est un magnifique portrait d'actrice, cette fille possède une sacré personnalité et c'est à contre courant de l'image des actrices pornos
après on aurait pu se passer de quelques scènes erotiques par moments trop longues
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Message par Alligator »

Carne (Armando Bo, 1968) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010/11/carne.html

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Mignardise argentine, cet étrange funambule s'esquinte les arpions sur un filin ténu tendu entre la peinture aride d'une banlieue très pauvre, ouvrière et charnelle de Buenos Aires et le suspense poussif, érotique et complaisant, tenté par les scènes salaces où les protubérances mammaires de la voluptueuse Isabel Sarli servent d'appel au zizi tout dur. Une sorte de Russ Meyer pasolinien. L'accroche est osée, claro que si! Mais c'est vrai que les terrains vagues, les égouts à ciel ouvert, les tôles ondulées, les décors rêches et vides, la sécheresse des lieux m'ont fait penser à ceux qui entourent Accattone. Certaines gueules patibulaires et lubriques qui bavent sur l'échauffante plastique de Sarli rappellent celles que Pasolini aimait à orner ses films. Populacière, cette petite production dégage une pauvreté de moyens que la VHS pourrie sur laquelle je suis tombé accentue sûrement l'effet. L'Argentine est un pays largement influencée par la culture italienne : certains comédiens sont sans doute d'origine italienne et en donnent une teinte supplémentaire. Les mains causent. Il émane du film quelque chose très volubile. Des bavardages sans mot qui ne sont pas désagréables, très chaleureux.

Le tango n'est pas toujours présent à bon escient. Par moments cela peut fatiguer de l'entendre sans qu'une cohérence s'en dégage. Mais au contraire, deux ou trois petites intermèdes musicaux donnent tout l'étendue du pouvoir de cette enivrante musique. Elle fouille, elle triture, elle crie. C'est beau. D'une beauté exotique qui n'est pas pour me déplaire.

Certes, Alba Solís, sosie présumée de Marlène Dietrich, manie bien son timbre pour nous impressionner. Sa participation a tout de l'artifice pour la promo de son dernier disque, mais finalement, cela contribue à renforcer cette drôle d'aventure patchwork, bougrement loufoque sans être trop farfelue où les vignettes érotiques paraissent tout droit sorties d'une série Playboy et avoir été rajoutées sans lien avec l'histoire, juste pour remplir le quota "nibards".

En effet les formes incroyablement généreuses de l'actrice principale (Isabel Sarli) sur lesquelles Armando Bo jette son dévolu de manière très artificielle accentuent la température de l'atmosphère. Très belle femme, son jeu reste un peu faiblard, mais ceux qui l'accompagnent ne font guère mieux. Là aussi, la médiocrité de moyens se fait salement sentir et rappelle les approximations ou l'amateurisme des distributions pasoliniennes.

Il convient tout de même de bien être clair sur les intentions du film. On est très éloigné des ambitions poétiques, intellectuelles et politiques de Pasolini. Les ressemblances ne s'en tiennent qu'à la forme. Et encore... plus ou moins. Il s'agit ici de capitaliser sur le physique de la belle Sarli, de lui faire passer un maximum d'hommes sur le fessier, de la façon la plus dégradante possible, comme une pute de chantier, à l'abattage, dans une sorte de tournante en camion. Mais j'avoue que le parallèle sanguinolent et carnassier qui est fait sciemment par Armando Bo entre la sensualité charnelle de cette bonita et la rudesse des plans sur les morceaux de viande débitée dans les abattoirs est une initiative débordante de bon sens en même temps que de provocation. Pas con. En tout cas, c'est amplement justifié et démontre que derrière le crapoteux, la complaisance affichée, le cinéaste fait preuve d'un certain recul sur sa production.

Au final, j'ai bien aimé ce petit nanar. Les halètements et soupirs des personnages faisant l'amour en slip et bouche cousue sont croustillants de nullité. L'absence totale de talent scénique de certains comédiens fait le reste. On s'amuse. On se moque devant l'exotisme et la médiocrité que le film dégage. Cheap, rose, vif, rare, autant de qualificatifs qui justifient de le voir.
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Re: Erotik topic

Message par 1kult »

Le week-end était sexy sur la capitale, avec deux soirées :

La soirée bis Cinerotica, avec les diffusions de deux comédies "désolantes" selon les mots de Bier :
- Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole de Norbert Terry
- Hippopotamours de Christian Fuin

Et de samedi à l'Absurde Séance de Chaudes Adolescentes de Kikoïne avec en ouverture un improbable matche de Air sex (c'est du air guitar... mais avec du sexe !). Le tout est visible ci-dessous :

http://www.1kult.com/2010/11/29/sexy-week-end/
1Kult.com, le Webzine du cinéma alternatif en continu !
------------
Le site : http://www.1kult.com
Le facebook : http://www.facebook.com/1kult
le twitter : http://www.twitter.com/1kult
Le compte viméo : http://www.vimeo.com/webzine1kult
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Message par Alligator »

I Jomfruens tegn (Club privé pour vierges suédoises) (Finn Karlsson, 1973)

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... -tegn.html

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Un film porno! Ça faisait belle lurette que je n'avais pas vu un film porno. Je suis même certain que c'est le premier que je chronique. Ce n'est pas celui-ci qui me donnera envie de récidiver. La pauvre bête est bien malingre.

Alors certes, il y a des scènes explicites, ouvertement pornographiques, avec pénétrations, fellations et éjaculations mais il faut souligner que le film est avant tout une comédie : les scènes pornos sont peu nombreuses et très courtes, ce qui me rassure un peu. Il n'y a rien de pire que des scènes de cul à rallonge. Sur l'heure et demi que dure le film, seul un quart d'heure est dévolu à la pornographie. Le reste est consacré à la comédie érotique, dans le plus pur style de l'époque.

Techniquement le film est plutôt bien outillé, la pellicule est bonne, la photographie intérieure nette et agréable à l'œil. La distribution féminine est somptueuse : des filles très belles et souriantes.

Voilà ça s'arrête là. Le reste n'est pas loin d'être infect. Le scénario surtout est de niveau rarement atteint dans le lamentable : une histoire d'une poudre aphrodisiaque et d'une autre aux effets contraires que s'échangent par mégarde deux crétins. Elles se répandent dans un village et sèment une zizinie éculée (oh, ça va, je peux m'amuser non?). Bref, les situations n'ont rien de bien original et les gags (peut-on raisonnablement appeler ça des gags?) sont très faibles. Les acteurs sont plutôt mauvais. On grimace, on gesticule, on comble le vide avec l'énergie du désespoir ou une certaine inconscience.
Au détour d'une scène, soudain une séquence onirique pleine de maquillage, de paillettes, de ralentis, de transparence et de voiles virevoltants vient nous surprendre. Je cherche encore le sens de cette scène. C'est du grand n'importe quoi. Doit y avoir là-dessous un substrat culturel scandinave qui m'échappe. Pourquoi les personnages et la toponymie sont français? Je ne sais pas.

Je ne comprends pas ce film. Je suis sûr d'une chose, je trouverai difficilement pire.


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Der ma vaere en sengekant (Come to My Bedside) (John Hilbard, 1975)

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... ekant.html

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Après m'être essayé au porno danois avec "Club privé pour vierges suédoises" et avoir constaté une certaine impuissance à sourire devant ses gags grotesques, je me suis donné une seconde -et je crains dernière- chance avec celui-là.

Je reconnais tout de suite certains comédiens. L'humour y est moins gras et pataud. M'enfin ça me cause toujours pas dans le creux de l'oreille et encore moins ailleurs. L'humour y est moins physique mais le canevas est toujours aussi simple et bien entendu aussi paillard. Je crois que le genre comique-porno de ces productions n'est pas fait pour moi. Ce qui continue de m'étonner c'est que le film est d'abord et principalement orienté vers le comique, l'érotisme en seconde nature, puis la pornographie venant ensuite comme un ingrédient de décoration. Aussi les plans explicites sont-ils somme toute assez rares.

On est beaucoup plus dans le bavardage et le comique de boulevard basé sur les échanges vaudevillesques avec les amants dans le placard. C'est peut-être même plus vaseux que ça pour tout dire. Deux histoires se chevauchent et alimentent le film de situations qui auraient pu être affriolantes. D'abord un couple se sépare parce que le mari a osé demander à sa prude femme de le prendre en bouche. La gredine finira par se délurer dans les bras d'un photographe et découvrira les joies du saphisme après un petit cat-fight des familles, amené de la façon la plus artificielle qui soit.
En parallèle se joue l'avenir conjugal de deux couples voisins. Les époux bavardant naturellement dans le jardin fomentent un plan grivois pour s'échanger leurs femmes sans qu'elles s'en aperçoivent à la faveur de la nuit.
Dans la tradition de ces histoires paillardes qui jadis excitaient l'imagination et qui se racontaient à la veillée -j'exagère à peine- elles apparaissent aujourd'hui très vieillies. Mais je crains surtout que personnellement ce ne soit pas ma tasse de thé, simplement.

A celles et ceux qui apprécient ce genre d'humour coquin, je concèderais volontiers que les comédiens ne sont pas trop mauvais -on s'attend tellement à pire- et que la photographie est agréable.
Il n'empêche que ça manque un peu de rythme tout de même. Bref, un film pas très intéressant qui s'adresse à un public averti de fins connaisseurs.
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