Le Masque & La Plume | France Inter

[Alphonse Tram]

Je me souviens d’un petit vieux voûté à chapeau que je suivais à la sortie de la maison de la radio avant de récupérer le métro : c’était Georges Charensol. Je dois encore avoir des cassettes audio de ses dernières interventions au Masque, que j’enregistrais ensuite minutieusement à la radio.

[The Eye Of Doom]

Il y a quand meme des trucs marrant : Batman le defi, que tout le monde ou presque descend sans l’avoir vu : grosse machine hollywoodienne => boooo !
Alors que Ed wood tout le monde trouveras ca super….
Les commentaires sur Alien sont pas mal non plus : Duellistes, 1er film d’un ptit jeune prometteur qui se fourvoie dans Alien (meme pas peur !).
Bref c’est souvent assez jubilatoire avec le recul.
Le cas Lynch est intéressant (Lost Highway: Lynch s’amuse tout seul… prémonitoire

[Flol]

Je suis en train de m'en écouter plusieurs de suite. Et comme prévu, c'est par moments extrêmement douloureux ; mais aussi sacrément passionnant et addictif.

Fargo : ils le dézinguent globalement. Pour eux, les Coen n'ont jamais fait mieux que Miller's Crossing (c'est-à-dire leur 3ème film...c'est dur) et sont des petits jeunes qui débarquent à peine dans le game (ils ont dû oublier qu'ils avaient gagné une Palme d'or juste 5 ans auparavant).
Terminator 2 : un film bourré d'effets spéciaux, et quand l'un des critiques (Pierre Murat, je crois) ose affirmer que c'est en fait un film très sérieux, tout le monde s'esclaffe (Garcin y compris). A noter cette citation qui m'a fait marrer : "il y a des images de synthèse, je ne dis pas que ce sera l'avenir du cinéma...". Bien vu !
The Yards : bon là, c'est quasi l'unanimité. Je dis "quasi" car Thierry Jousse pense que si le film est bien reçu, c'est uniquement parce que le reste du cinéma américain est nul.
12 Monkeys : unanimité ! Je ne pensais pas que c'est avec Gilliam que j'entendrais ça (j'adore le film mais connaissant les pisse-froids autour de la table...).
Indiana Jones and the Last Crusade : ils aiment à l'unanimité.
Forrest Gump : ils détestent quasiment tous. C'était à contre-courant à l'époque, aujourd'hui ça me semble l'être beaucoup moins (le film étant pas mal décrié de nos jours, principalement pour les raisons idéologiques pointées par les chroniqueurs).
Schindler's List : on sent que ceux qui ont été émus par le film sont un peu sur le banc des accusés. Ils prennent tous d'énormes pincettes pour l'aborder, mais encore une fois, Michel Ciment, ainsi que Philippe Collin et Anne Andreu, me semblent être le plus dans le vrai.

Je constate aussi globalement que Ciment est constamment le plus intéressant, à la fois très juste et mesuré dans ses propos. Et ce qui est dingue, c'est qu'en 2023 c'est encore et toujours le cas (alors qu'il approche tout de même les 90 ans, force et respect à lui).
Tandis que Pierre Murat, lui, semble avoir pris le chemin inverse : plusieurs fois à l'écoute de ces anciennes émissions, je me suis surpris à le trouver plutôt pertinent dans ses critiques. Alors qu'aujourd'hui, c'est pour moi clairement la boussole qui indique le sud tellement je le trouve à l'ouest.
Autre remarque : Garcin semblait déjà obsédé par la durée des films lors de ses présentations ("Un film de 2h09 !...c'est-à-dire un long-métrage par rapport à d'autres" *rires*).
Et je retiens également une punchline, signée de je-ne-sais-plus-qui, à propos de Sean Connery dans le 3ème Indiana Jones : "Il est tellement mignon qu'on lui lécherait la calvitie".

Autre remarque plus généraliste : ce qui me frappe, c'est la qualité du langage. Tous ces gens parlaient alors un français parfait (même dans les années 90, c'est assez criant). Quand on compare avec aujourd'hui et certains critiques comme Leherpeur ou Neuhoff, ça pique un peu.

[Alexandre Angel]

Fargo : ils le dézinguent globalement.

Il faut que j'écoute ça parce que je suis sur le cul. Ils sont bien plus imprévisibles que ce que j'imaginais. Si tu m'avais demandé de deviner ce qu'ils diraient de Fargo, je t'aurais répondu, genre finger in the noose, qu'ils adoreraient!

[Flol]

Là j'écoute celle consacrée à Mission : Impossible. Hormis "Ouuuiiiii alors ça a déjà été fait, De Palma n'invente rien, etc..." et le spectateur qui dit que c'est un film où il ne vaut mieux pas chercher des messages ou réfléchir un minimum (oui c'est vrai que le cinéma de De Palma n'a jamais été un cinéma réfléchissant sur lui-même), je ne retiens pas grand-chose de leurs interventions.
Et juste avant, j'ai écouté celle sur Superman, encore plus douloureuse. En 1978, ils critiquaient déjà le Hollywood infantilisant, affirmant que le film de Donner n'est qu'une simple petite série B pleine de trucages et basta. Mais que diraient tous ces gens des blockbusters d'aujourd'hui ?

[tenia]

La même chose voire pire, mais cette fois ci on dirait qu'ils ont plus raison qu'à l'époque.

[EliWallou]

Il faut que j'écoute ça parce que je suis sur le cul. Ils sont bien plus imprévisibles que ce que j'imaginais. Si tu m'avais demandé de deviner ce qu'ils diraient de Fargo, je t'aurais répondu, genre finger in the noose, qu'ils adoreraient!

Ca m'a surpris aussi pour Fargo.

Terminator 2 : un film bourré d'effets spéciaux, et quand l'un des critiques (Pierre Murat, je crois) ose affirmer que c'est en fait un film très sérieux, tout le monde s'esclaffe (Garcin y compris). A noter cette citation qui m'a fait marrer : "il y a des images de synthèse, je ne dis pas que ce sera l'avenir du cinéma...". Bien vu !

La conclusion de Pierre Murat "la philosophie du film c'est ça : mieux vaut des robots que les hommes actuellement"

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Je constate aussi globalement que Ciment est constamment le plus intéressant, à la fois très juste et mesuré dans ses propos.

C'est celui qui me semble le plus vouloir analyser les films pour ce qu'ils sont sans trop d'apriori parce que gros budget, divertissement ou film d'action…

En 1978, ils critiquaient déjà le Hollywood infantilisant, affirmant que le film de Donner n'est qu'une simple petite série B pleine de trucages et basta. Mais que diraient tous ces gens des blockbusters d'aujourd'hui ?

Certes ils passent souvent à de films à cause de ça, mais est-ce que ça dénote pas aussi le choc que représentait la grosse machinerie marketing pour l'époque ?
Auquel on est habitué, donc on arrive mieux à prendre du recul et faire la part des choses, mais qui a aussi eu un impact négatif pour le cinéma.

[Alexandre Angel]

Ca m'a surpris aussi pour Fargo.

Ils sont nuls sur ce coup-là (Kaganski sauve un peu la mise).
Fargo est un film noir (et blanc) magnifique, avec certainement ses limites, et ils le traitent comme C'est arrivé près chez vous.

Je constate aussi globalement que Ciment est constamment le plus intéressant, à la fois très juste et mesuré dans ses propos.

C'est celui qui me semble le plus vouloir analyser les films pour ce qu'ils sont sans trop d'apriori parce que gros budget, divertissement ou film d'action…

D'accord bien sûr.

Parfois il est faiblard. Je ne comprends pas du tout ses réserves sur Casino, pointant négativement la voix off qui suit pourtant le même principe que celle de Goodfellas
. De plus, il loue la bande son formidable de Goodfellas (il a raison) alors que celle de Casino serait constituée de morceaux sirupeux.
Mais non Michael. Ni plus, ni moins que pour l'autre film. Et de toute façon, quand Martin Scorsese utilise de la musique sirupeuse, cela ne rend pas pour autant le film sirupeux. Elle est choisie avec amour pour sublimer le flux narratif. Dois-je te le rappeler?

Et juste avant, j'ai écouté celle sur Superman, encore plus douloureuse. En 1978, ils critiquaient déjà le Hollywood infantilisant, affirmant que le film de Donner n'est qu'une simple petite série B pleine de trucages et basta. Mais que diraient tous ces gens des blockbusters d'aujourd'hui ?

Là, je ne suis pas choqué. Tu peux facilement adapter ces interventions 1979 à la sauce contemporaine. Et je ne parle pas du fait qu'un Coppola, quand on le branchait, au même moment, sur le budget d'Apocalypse Now, arguait que les mêmes 35 ou 40 millions de dollars déboursés pour Superman ne gênaient personne.

Par contre, comme dit tenia, ce qu'ils diraient tous à l'ère des blockbusters sous égide Marvel, et pas seulement, seraient pire.

Dans les faits, cela va même plus loin : ils n'en parlent même pas.

Concernant Superman en 1979 (je te dis pas le souvenir de sortie pour moi), celui, au Masque, qui a le plus raison à mon sens est Charensol.

Après, le constat que tu fais est tout à fait intéressant : la condescendance vis-à-vis de Superman comme film infantilisant est située à équidistance, grosso modo-on rentre pas dans le calcul mental-, entre la "dérive" entertainment pointée sans nuance à propos du Parrain et des Dents de la mer et un certain devenir du cinéma US dont il faut bien admettre qu'il se laisse, à partir d'un certain moment, coloniser par les effets spéciaux et la dictature des franchises.

[Flol]

Après avoir écouté les émissions consacrée à 2001, The Exorcist et Taxi Driver, j'ai tout de même l'impression de voir une certaine tendance : cette capacité qu'ils avaient à passer complètement à côté des grands films, et plus globalement...à être régulièrement totalement à côté de la plaque.
Je les aime beaucoup, c'est toujours passionnant à écouter (surtout avec parfois 50 ans de recul), mais mon dieu par moments, c'est assez incroyable d'entendre à quel point ils étaient bêtement dogmatiques et premier degré (et vas-y que ça s'offusque sur le final "dégueulasse" de Taxi Driver).

[EliWallou]

Pour être tombé sur quelques unes de ses critiques, ça arrivait régulièrement à Pauline Kael également.
À l'inverse y a-t-il des critiques qui ont presque systématiquement reconnu les chefs-d'œuvres dès le moment de leur sortie ?

[Jeremy Fox]

À l'inverse y a-t-il des critiques qui ont presque systématiquement reconnu les chefs-d'œuvres dès le moment de leur sortie ?

Michel Ciment, très souvent, à mon avis.

[Flol]

Et rebelote avec Alien.
Même Ciment dit un peu n'importe quoi ("la plus belle plastique du film, c'est celle de Sigourney Weaver").
Et dire que je m'apprête à écouter celle sur Starship Troopers...j'ai peur. Très peur.

[Flol]

Et dire que je m'apprête à écouter celle sur Starship Troopers...j'ai peur. Très peur.

Et voilà. Personne n'a aimé, tout le monde a pris le film au 1er degré, Ciment compris.
Autre constatation : dès qu'il s'agit d'aborder les genres horreur, SF, fantastique, on les sent constamment en-dehors du coup, pas à leur place, condescendants. Et un peu bêtes, aussi (Pierre Murat...).

[Alexandre Angel]

Starship Troopers, que je ne déteste pas par ailleurs, ça ne me gêne pas trop : le film sera toujours discutable à mon sens (et toujours assez éblouissant techniquement).
C'est un peu le même principe pour Basic Instinct, film regardable (je préfère Starship) mais les réactions ne me paraissent pas vraiment à côté de la plaque.

Mais sur beaucoup d'exemples, en effet, ça choque (Fargo, ça m'a impressionné).

En revanche, les salauds, ils m'ont donné envie de revoir encore Full Metal Jacket alors que je l'ai revu il n'y a pas un an (et il n'y a même pas Michel Ciment!).

[AtCloseRange]

Après avoir écouté les émissions consacrée à 2001, The Exorcist et Taxi Driver, j'ai tout de même l'impression de voir une certaine tendance : cette capacité qu'ils avaient à passer complètement à côté des grands films, et plus globalement...à être régulièrement totalement à côté de la plaque.
Je les aime beaucoup, c'est toujours passionnant à écouter (surtout avec parfois 50 ans de recul), mais mon dieu par moments, c'est assez incroyable d'entendre à quel point ils étaient bêtement dogmatiques et premier degré (et vas-y que ça s'offusque sur le final "dégueulasse" de Taxi Driver).

Je pense la même chose