Zygel n'as pas vraiment écrit de 'partition' pour
L'Argent. Il s'agit d'une improvisation au piano. En tous cas, il connait son boulot. ce n'est certainement pas ma partition préférée sur un muet.
Mais, je suis désolée, les partitions soit-disant modernes et contemporaines que j'ai entendu jusqu'à présent ne m'ont
jamais convaincue. La raison ? La musique n'accompagne pas le film; la musique reste extérieure à l'atmosphère et aux personnages. Je me souviens d'un accompagnement électro-acoustique particulièrement lourd et bruyant sur
The Son of the Sheik qui ignorait les aspects humoristiques du film. Et en plus, en complet décalage avec l'image.
Quand à la musique de Jodlowski sur
La Grève, j'ai eu la chance - si je puis dire! - de l'entendre en direct lors d'une présentation du film. Dire qu'elle n'aidait pas le film est un euphémisme. C'était lourd, sans relation avec l'image et une véritable torture pour les tympans.
Si Eisenstein avait demandé à Meisel d'écrire une partition pour
Octobre, je pense qu'il savait ce qu'il faisait.
Les films muets ont-ils vraiment besoin d'un rajeunissement par une nouvelle partition, pourquoi pas ? Mais, pas n'importe comment. De nombreux musiciens utilisent le cinéma muet comme un tremplin pour se faire connaître. Très bien, mais, il ne faudrait pas qu'ils perdent de vue qu'ils sont au service de l'image et des intentions du réalisateur, et pas de leur propre fond de commerce.

On ne peut pas s'improviser musicien de film muet. C'est un art difficile. J'ai eu la chance d'entendre la crème des accompagnateurs de films muets récemment à Pordenone (Stephen Horne, Neil Brandt, Philip Carli, Donald Sosin, etc.) et franchement, je préfère entendre un pianiste qui connait son travail, qui sait doser le rythme et l'atmosphère plutôt qu'un accompagnement moderne qui écrase le film.