Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)
Publié : 18 juin 20, 15:04
Encore un coup du RN pour financer sa prochaine campagne.alamo a écrit :Et les prix des DVD s'envolent...
https://www.dvdclassik.com/forum/
Encore un coup du RN pour financer sa prochaine campagne.alamo a écrit :Et les prix des DVD s'envolent...
Ah, il y en a au moins un qui est d'accord avec moi sur les répercussions du débat.Stromboli a écrit :Un peu en marge du débat spécifique GWTW mais en rapport avec ce qui est en jeu et la désinvolture avec laquelle nous traitons ce sujet ici en France voici un texte récent de Raoul Peck, l'ancien directeur de la Femis et surtout réalisateur du chef d'oeuvre : "I am not your negro".
Je le place ici car je n'ai pas trouvé de sujet spécifique sur Peck ou le film sus-cité mais en fait il cerne tout à fait les incompréhensions de notre débat sur le film de Selznick.
https://le1hebdo.fr/journal/jetouffe/30 ... -3898.html
A lire à l'heure où un ancien 1er ministre "socialiste" se permet de déclarer benoîtement qu'on est plus dans une guerre de classes mais une guerre de races...
]Seront désaliénés Nègres et Blancs qui auront refusé de se laisser enfermer dans la Tour substantialisée du Passé.
Je suis un homme, et c’est tout le passé du monde que j’ai à reprendre. En aucune façon je ne dois tirer du passé des peuples de couleur ma vocation originelle.
Ce n’est pas le monde noir qui me dicte ma conduite. Ma peau noire n’est pas dépositaire de valeurs spécifiques.
N’ai-je donc pas sur cette terre autre chose à faire qu’à venger les Noirs du XVIIème siècle ? Dois-je sur cette terre, qui déjà tente de se dérober, me poser le problème de la vérité noire ? Dois-je me confiner dans la justification d’un angle facial ? Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de rechercher en quoi ma race est supérieure ou inférieure à une autre race. Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur de souhaiter la cristallisation chez le Blanc d’une culpabilité envers le passé de ma race. Je n’ai pas le droit, moi homme de couleur, de me préoccuper des moyens qui me permettraient de piétiner la fierté de l’ancien maître. Je n’ai pas le droit ni le devoir d’exiger réparation pour mes ancêtres domestiqués. Il n’y a pas de mission nègre ; il n’y a pas de fardeau blanc.
Je me découvre, moi homme, dans un monde où les mots se frangent de silence. Dans un monde où l’autre, interminablement, se durcit. Non, je n’ai pas le droit de venir et de crier ma haine au Blanc. Je n’ai pas le devoir de murmurer ma reconnaissance au Blanc. Il y a ma vie prise au lasso de l’existence. Il y a ma liberté qui me renvoie à moi-même. Non, je n’ai pas le droit d’être un Noir.
Si le Blanc me conteste mon humanité, je lui montrerai, en faisant peser sur sa vie tout mon poids d’homme, que je ne suis pas ce « Y a bon banania » qu’il persiste à imaginer. Je me découvre un jour dans le monde et je me reconnais un seul droit : celui d’exiger de l’autre un comportement humain. Un seul devoir. Celui de ne pas renier ma liberté au travers de mes choix.
Ma vie de doit pas être consacrée à faire le bilan des valeurs nègres. Il n’y a pas de monde blanc, il n’y a pas d’éthique blanche, pas davantage d’intelligence blanche. Il y a de part et d’autre du monde des hommes qui se cherchent. Je ne suis pas prisonnier de l’Histoire. Je ne dois pas y chercher le sens de ma destinée. Je dois me rappeler à tout instant que le véritable saut consiste à introduire l’invention dans l’existence. Dans le monde où je m’achemine, je me crée interminablement.
Vais-je demander à l’homme blanc d’aujourd’hui d’être responsable des négriers du XVIIème siècle ? Vais-je essayer par tous les moyens de faire naître la Culpabilité dans toutes les âmes ? La douleur morale devant la densité du Passé ? Je suis nègre et des tonnes de chaînes, des orages de coups, des fleuves de crachats ruissellent sur les épaules. Mais je n’ai pas le droit de me laisser ancrer. Je n’ai pas le droit d’admettre la moindre parcelle d’être dans mon existence. Je n’ai pas le droit de me laisser engluer par les déterminations du passé. Je ne suis pas esclave de l’Esclavage qui déshumanisa mes pères.
Moi, l’homme de couleur, je ne veux qu’une chose : Que jamais l’instrument ne domine l’homme. Que cesse à jamais l’asservissement de l’homme par l’homme. C’est-à-dire de moi par un autre. Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où qu’il se trouve. Le nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc. Tous deux ont à s’écarter des voix inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs afin que naisse une authentique communication. Avant de s’engager dans la voix positive, il y pour la liberté un effort de désaliénation. Un homme, au début de son existence, est toujours congestionné, est noyé dans la contingence. Le malheur de l’homme est d’avoir été enfant. C’est par un effort de reprise de soi et de dépouillement, c’est par une tension permanente de leur liberté que les hommes peuvent créer les conditions d’existence d’un monde humain.
Passer d'un vénérable film de 1939 au monde sado-maso dans ce vénérable forum, j'en connais qui vont encore rouspéter... Mais c'est ainsi. Allez, tous en string clouté !Je me demande de plus en plus si ces blancs qui lavent les pieds à des noirs aux Etats-Unis, plutôt que de faire acte de repentance, n’assouviraient pas plutôt des fantasmes sadomasochistes qu’ils n’arrivaient pas à assouvir auparavant faute de partenaires consentants. C’est un vrai sujet hein, la solitude des esclaves sexuels, mes années à m’occuper de la communication de la Musardine, et donc d’entretenir un contact privilégié avec le public d’une maison d’édition érotique, me l’ont enseigné. Pour un homme soumis, trouver une domina est extrêmement compliqué, car il y a beaucoup plus de demande que d’offre. Pour une femme soumise, trouver un maitre est simple, mais en trouver un suffisamment cérébral pour ne pas dégainer sa bite aussitôt après lui avoir flanqué trois fessées règlementaires, relève du parcours du combattant. Trouver une domina ou un maitre du même sexe est également compliqué, en raison des lois de l’offre et de la demande, là encore. Et donc, si l’on suit mon hypothèse, des hommes et des femmes qui ne réussissent pas à assouvir leurs fantasmes trouvent l’opportunité de laver des pieds à des noirs en public et de se faire prendre en photo ! Quelle délicieuse perspective d’humiliation ! Quand je bossais à la Musardine, vous n’imaginez pas le nombre de messages que j’ai reçus de la part de personnes qui voulaient laver des pieds, masser des pieds, lécher des pieds, peindre des pieds, chausser et déchausser des pieds, et utilisaient la Musardine comme une agence de rencontre dans une sorte de tentative désespérée de sortir de leur solitude sexuelle. Donc ce qu’il faut peut-être expliquer à ces noirs qui se laissent laver les pieds par des blancs, c’est que si mon hypothèse est juste, leurs esclaves vont devenir de plus en plus chiants. Après leur avoir lavé les pieds, ils vont en vernir les ongles, leur faire enfiler des mules à pompons, leur demander de les piétiner, non, pas comme ça, oui, comme ça… et une fois encore, les noirs se seront fait avoir.
Merci du partage!Stromboli a écrit : Je le place ici car je n'ai pas trouvé de sujet spécifique sur Peck ou le film sus-cité mais en fait il cerne tout à fait les incompréhensions de notre débat sur le film de Selznick.
https://le1hebdo.fr/journal/jetouffe/30 ... -3898.html
Oui Griffith les comprenait comme ça, à sa façon. C'est la conclusion historique de son film...Cela dit, il les comprenait à sa façon, en bon sudiste qu'il était,
... Griffith and "The Birth of a Nation" were no more enlightened than the America which produced them. The film represents how racist a white American could be in 1915 without realizing he was racist at all. That is worth knowing. Blacks already knew that, had known it for a long time, witnessed it painfully again every day, but "The Birth of a Nation" demonstrated it in clear view, and the importance of the film includes the clarity of its demonstration. That it is a mirror of its time is, sadly, one of its values.
To understand "The Birth of a Nation" we must first understand the difference between what we bring to the film, and what the film brings to us. All serious moviegoers must sooner or later arrive at a point where they see a film for what it is, and not simply for what they feel about it. "The Birth of a Nation" is not a bad film because it argues for evil. Like Riefenstahl’s “The Triumph of the Will,” it is a great film that argues for evil. To understand how it does so is to learn a great deal about film, and even something about evil. ...
Oui il faut continuer à montrer ces films, ce sont des documents sociologiques avant tout. Comme il faut montrer et parler des contre points aussi, comme Un tramway nommé désir où Vivian Leigh interprète une Scarlett O'Hara ( Blanche Dubois) vieillissante, alcoolique, névrosée et couguar et qui finit par se faire culbuter par un ouvrier d'origine polonaise. Donc j'aime regarder Gone with the wind, mais j'aime surtout voir le Kazan juste après.A serious man a écrit :Le texte de James Agee est franchement gerbant, il vient un moment ou l'aveuglement volontaire devient obscène.
Par contre Ebert en parle très bien en effet, j'aime beaucoup son texte : "To understand how it does so is to learn a great deal about film, and even something about evil. ..." est une conclusion très juste.
Agee est mort en 1955 et était originaire du Tennessee, un bastion sudiste.A serious man a écrit :Le texte de James Agee est franchement gerbant, il vient un moment ou l'aveuglement volontaire devient obscène.
Par contre Ebert en parle très bien en effet, j'aime beaucoup son texte : "To understand how it does so is to learn a great deal about film, and even something about evil. ..." est une conclusion très juste.
C'est dans ces moments-là que je me dis que Intolérance, aussi impressionnant soit-il, pourrait hélas se résumer par "Moi je n'suis pas raciste hein, j'ai même des disques de Sidney Bechet".Geoffrey Firmin a écrit :Oui Griffith les comprenait comme ça, à sa façon. C'est la conclusion historique de son film...Cela dit, il les comprenait à sa façon, en bon sudiste qu'il était,
C'est écœurant...
Merci du rappel pour la date, effectivement ça fait plus sens et ça remet les choses un peu en perspectives, je connais le nom d'Agee, je pense même avoir lu d'autres textes mais je ne sais pas pourquoi je pensais que c'était beaucoup plus récent.Stromboli a écrit :Agee est mort en 1955 et était originaire du Tennessee, un bastion sudiste.A serious man a écrit :Le texte de James Agee est franchement gerbant, il vient un moment ou l'aveuglement volontaire devient obscène.
Par contre Ebert en parle très bien en effet, j'aime beaucoup son texte : "To understand how it does so is to learn a great deal about film, and even something about evil. ..." est une conclusion très juste.
Ça n'a surtout pas beaucoup de sens de se référer à son texte écrit il y a si longtemps alors que les USA vivaient en pleine ségrégation et que son texte est le reflet de son temps alors qu'on essaie justement d'examiner ces œuvres avec notre sensibilité et nos connaissances actuelles.
Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire! ce sont aussi et peut être même avant tout, des objets esthétiques qu'on les aime ou non. Si Naissance d'une Nation (film qu'il m'est trés pénible de regarder) et Autant en Emporte le Vent continue de trouver un écho aujourd'hui (sans doute plus le second que le premier, qui doit être cantonné au cercles cinéphiles) c'est justement parce qu'il ne se limite a des documents sociologique sur une époque passé, s'ils peuvent trouvé des défenseurs c'est qu'il y a aussi quelque chose d'autre en dire au delà des attitudes qu'ils révèlent.Geoffrey Firmin a écrit :Oui il faut continuer à montrer ces films, ce sont des documents sociologiques avant tout. Comme il faut montrer et parler des contre points aussi, comme Un tramway nommé désir où Vivian Leigh interprète une Scarlett O'Hara ( Blanche Dubois) vieillissante, alcoolique, névrosée et couguar et qui finit par se faire culbuter par un ouvrier d'origine polonaise. Donc j'aime regarder Gone with the wind, mais j'aime surtout voir le Kazan juste après.A serious man a écrit :Le texte de James Agee est franchement gerbant, il vient un moment ou l'aveuglement volontaire devient obscène.
Par contre Ebert en parle très bien en effet, j'aime beaucoup son texte : "To understand how it does so is to learn a great deal about film, and even something about evil. ..." est une conclusion très juste.
Il est aussi différent parce qu'il ne réécrit pas l'histoire et que la défaite du Sud y est admise. Alors que Naissance d'une nation réécrit l'histoire en transformant une défaite en victoire. C'est comme si on avait parmi à Riefenstahl ou Veit Harlan de tourner après la deuxième guerre mondiale un film fantasmant une victoire des nazis et où les mérites de l'antisémitisme seraient vantés. Ca n'est évidemment pas arrivé, mais Griffith lui l'a fait et son film en est la preuve...A serious man a écrit : Autant en Emporte le Vent est un peu différent puisque le propos politique est un peu plus difficile a cerner.