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Publié : 6 juil. 07, 14:08
par julien
Nicolas Brulebois a écrit :
as-tu lu "De Mozart en Beethoven", l' essai sur la notion de profondeur en musique qu'il a écrit récemment?
C'est assez intéressant, même si (comme moi) l'on n'y entrave que pouic !
J'ai jamais eu le courage de lire ça. Et puis je n'aime pas beaucoup Mozart. C'est vrai que lui il est très amateur.
Nicolas Brulebois a écrit :en même temps, il y a des exceptions à cette règle: le thème musical du
Rayon Vert, développé à la fin du film, participe pleinement à la montée dramatique de l'attente de Delphine/Marie Rivière.
Egalement l'utilisation d'une sonate de Beethoven, en conclusion des dernières minutes de
Conte de Printemps...
Sans parler, dans un tout autre genre, la place IMMENSE que tient la musique dans le scénar' même de
Conte d'Eté: c'est finalement pour elle que le bellâtre laisse tomber les 3 filles
On sent le passionné ! Oui bien sûr, je suppose que l'on peut toujours trouver des exceptions.
Nicolas Brulebois a écrit :Alors là, je m'inscrit totalement en faux avec ce que tu écris sur Elli & Jacno: à l'époque où il tournait le film (84), c'était tout de même ce qui se faisait de mieux en matière de synth-pop-française-sous-influence-60's!
Tu peux trouver ça ringard aujourd'hui (mais dans ce cas, il faudrait trouver ringarde toute musique pop utilisée au cinéma), mais pour les contemporains du film, ce n'était ni démodé ni désuet --- et même plutôt branché et pointu, on va dire.
Oui mais voila ce qui était branché à une époque peut devenir parfois totalement démodé des années aprés. C'est ce que je m'évertue à dire à Jeremy Fox.

. Je crois aussi que dans LE GENOU DE CLAIRE, lors de la séquence du bal il y a des chansons assez nanardes également. Ca donne aussi une certaine naïveté aux personnages. Ca les rend plus touchant. Il y a dans tout cela une candeur enfantine évidente. C'est à mon sens un aspect recherché par Rohmer.
Nicolas Brulebois a écrit :Sinon, pour en revenir aux BO des films: je constate que, malgré son amour pour la musique classique, il a souvent fait appel - via Jean-Louis Valero, en général - à des musiques un peu synthétiques: outre Jacno (auteur par ailleurs du fameux Rectangle, jalon inestimable de la musique pop électronique en France) sur les Nuits de la Pleine Lune, il y a les génériques du Beau Mariage ou de Reinette & Mirabelle, par exemple, qui sont très minimalistes et intrigants...
Ah oui c'est intéressant tiens. Je crois que Rohmer utilise surtout ce type de musique pour éviter de surenchérir l'action dramatique du récit. Tout le contraire de ce que peuvent faire Scorsese ou Hitchcock par exemple. C'est d'ailleurs ça que je trouve intéressant car il est l'un des rares réalisateur à procéder ainsi.
Publié : 6 juil. 07, 14:17
par Jeremy Fox
julien a écrit :
Oui mais voila ce qui était branché à une époque peut devenir parfois totalement démodé des années aprés. C'est ce que je m'évertue à dire à Jeremy Fox.

.

Publié : 6 juil. 07, 14:24
par julien
On en avait déjà parlé. Je me souviens d'un topic lancé par K. Chan "Les Vieux films c'est de la merde" qui avait d'ailleurs un peu dégénéré.

Publié : 6 juil. 07, 14:28
par Jeremy Fox
Mouais. Je ne vois vraiment pas où j'aurais pu aller à l'encontre d'une telle évidence mais bon, ça a l'air de te rendre hilare de me faire passer pour un idiot, ça me fait plaisir pour toi.
Publié : 6 juil. 07, 18:38
par Nicolas Brulebois
julien a écrit :Nicolas Brulebois a écrit :
en même temps, il y a des exceptions à cette règle: le thème musical du
Rayon Vert, développé à la fin du film, participe pleinement à la montée dramatique de l'attente de Delphine/Marie Rivière.
Egalement l'utilisation d'une sonate de Beethoven, en conclusion des dernières minutes de
Conte de Printemps...
Sans parler, dans un tout autre genre, la place IMMENSE que tient la musique dans le scénar' même de
Conte d'Eté: c'est finalement pour elle que le bellâtre laisse tomber les 3 filles
Oui bien sûr, je suppose que l'on peut toujours trouver des exceptions...
… Ceci dit, il y a aussi des « exceptions » qui se plantent : dans les
Nuits de la Pleine Lune, deux chansons (
les Tarots et
Toujours les Souvenirs) sont utilisées comme ambiance dans le cadre de soirées, et une troisième (les
Nuits de la Pleine Lune, justement) comme « élément dramatique » - pour illustrer l’escapade amoureuse de l’héroïne et du bellâtre.
Eh bien, je trouve cette troisième utilisation musicale complètement loupée, et les petites scènes-clipées qui l’accompagnent (au resto, sur la moto, en boîte branchouille) totalement ineptes.
Jeremy Fox a écrit :Julien a écrit :C'est ce que je m'évertue à dire à Jeremy Fox.
ça a l'air de te rendre hilare de me faire passer pour un idiot, ça me fait plaisir pour toi.
Je n’ai rien décelé de particulièrement méprisant dans le message de Julien à ton égard. Tu ne nous ferais pas un petit coup de parano, là ?
Allez, keep cool

, réconciliez-vous, mes enfants

Publié : 6 juil. 07, 20:38
par Jeremy Fox
Nicolas Brulebois a écrit :
Je n’ai rien décelé de particulièrement méprisant dans le message de Julien à ton égard.
Ca ne m'étonne pas. Les deux font la paire.
Publié : 11 sept. 07, 21:05
par Nicolas Brulebois
A signaler: Arte rediffuse les
Contes des 4 Saisons tous les jeudi.
Après l'horripilant
Conte de Printemps la semaine dernière (diffusion un peu absurde, vu que France 3 l'avait déjà passé 2 mois plus tôt

), c'est au tour du gigantesque
Conte d'Eté , demain.
Avis aux néophytes: il s'agit de l'un des films les plus charmeurs du cinéaste, et peut-être l'idéal pour découvrir l'oeuvre sous un bon jour.

Publié : 11 sept. 07, 21:51
par Nomorereasons
Ouaip, et les deux suivants sont bien aussi!
@Nicolas: tu as vu le dernier Momo, alors? En voyant ce petit remontage de topic de ta part je pensais qu'il aurait affecté ton classement
Cela dit je suis moi-même très embarrassé devant L'Aglaise et le Duc et Triple Agent. Ce sont des films durs, je ne sais toujours pas quoi en penser...
Publié : 12 sept. 07, 11:04
par Watkinssien
Le seul film que j'adore de Rohmer est Ma nuit chez Maud !
Publié : 12 sept. 07, 11:13
par Nomorereasons
Cui-là je le connais par coeur!!! Il suffit que je regarde les premieres images, qui n'ont pas l'air de péter bien fort et qui pourtant sont profondément originales, pour que je décide de voir les suivantes... jusqu'à ce que l'intrigue -du moins les enjeux du film- me happe. Tout y est fascinant, de la messe au duo de musiciens, en passant par les plans sur le texte des "Pensées"; il n'y a que Marie-Christine Barrault qui m'exaspère un peu (dans tous ses films, d'ailleurs) mais ça fait partie de ces personnages rohmeriens qu'on a parfois envie d'égorger. Mais Françoise Fabian en robe courte, pardon!
Publié : 12 sept. 07, 20:04
par Nicolas Brulebois
yaplusdsaisons a écrit :Watkinssien a écrit : Le seul film que j'adore de Rohmer est Ma nuit chez Maud !
Cui-là je le connais par coeur!!! Il suffit que je regarde les premieres images, qui n'ont pas l'air de péter bien fort et qui pourtant sont profondément originales, pour que je décide de voir les suivantes... jusqu'à ce que l'intrigue -du moins les enjeux du film- me happe. Tout y est fascinant, de la messe au duo de musiciens, en passant par les plans sur le texte des "Pensées"; il n'y a que Marie-Christine Barrault qui m'exaspère un peu (dans tous ses films, d'ailleurs) mais ça fait partie de ces personnages rohmeriens qu'on a parfois envie d'égorger. Mais Françoise Fabian en robe courte, pardon!
Malgré la réussite incontestable, je le trouve pour ma part trop « théorique », trop prompt à exposer ouvertement son intelligence – les discussions sur Pascal, etc.
Un défaut qu’il partage, à mes yeux, avec
Conte de Printemps et (dans une moindre mesure)
Conte d’Hiver.
Je préfère les films de Rohmer dans lesquels l’aspect « réflexion » est plus discret et bien équilibré avec le facteur « charme » impondérable. Les films qui ne jettent pas leur "réflexivité" à la gueule du spectateur, mais lui laissent au contraire le loisir de rêvasser, se faire lui-même sa petite théorie.
La Femme de l’Aviateur ou
les Rendez-Vous de Paris n’ont pas l’air excessivement profonds de prime abord, mais ils m’accompagnent plus volontiers que
Maud – l’atout « charme » y étant + probant à mes yeux, même s’il est purement subjectif.
(D’ailleurs, malgré son apparente simplicité, une œuvre comme La
Femme de l’Aviateur peut donner lieu à des exégèses aussi riches et révélatrices que
Maud ou
Le Genou de Claire – cf le bouquin de Bonnitzer)
Pour finir : Rohmer a généralement le chic pour filmer la nature ou l’urbanité, qui sont bien + que de simples « décors » classiques, et où les déambulations/contemplations s’avèrent souvent passionnantes. Or, je trouve que
Ma Nuit Chez Maud est un peu trop confiné en appartement, et qu’il ne « respire » pas assez.
Publié : 12 sept. 07, 20:26
par Nomorereasons
Aaah pardon Nicolas! Tu sais comme moi que dans "Ma nuit chez Maud" le dialogue si savant soit-il, comme partout chez Rohmer, est une composante de l'intrigue. Ici je trouve même qu'il l'aiguise presque plus qu'ailleurs.
Peut-être qu'en tant que catholique, j'ai été plus sensible que toi à la relative mauvaise foi de Trintignant qui se sert du catholicisme tour à tour pour justifier que "le corps et l'esprit ne font qu'un" (=pour coucher avec n'importe quelle fille dont il soit amoureux) et que "le décompte des péchés est une aberration" étant donné que "la vie est un tout", tout ceci au pretexte fallacieux de se montrer dépouillé de l'influence rigoriste de Pascal aux yeux de Maud la libertine. Ce qui n'empêche pas cette dernière, sous tant de bavardage, de voir clair dans son jeu: il est "un Don Juan honteux doublé d'un catholique honteux". Mais je ne t'apprends rien; disons que ce film m'a parlé davantage qu'à toi.
Quant au statisme du décor, j'avoue n'y avoir pas tellement fait attention... Peut-être que le film possède malgré lui une apogée (la nuit chez Maud, donc) qui le fige instantanément dans les souvenirs du spectateur, au détriment d'autres lieux pourtant assez présents comme les collines enneigées (à trois reprises), la chambre de Marie-Christine Barrault, les rues de Clermont, etc...
Publié : 12 sept. 07, 20:41
par Commissaire Juve
Tiens, dernièrement sur un forum suédois, j'ai recommandé :
Pauline à la plage et
Conte d'été à un forumeur qui demandait "par quoi commencer ?"...
Je suis pas expert, mais je pense que c'est pas trop mal.
Il n'a pas dit s'il avait aimé !

Publié : 12 sept. 07, 20:48
par Nomorereasons
Dur de conseiller un Rohmer... il y a toujours un petit truc pour rebuter le profane: dans "Pauline", c'est Arielle Dombasle et dans l'autre c'est Melvil Poupaud (et sa conne de cruche de science-po). Mais enfin si ton pote est rompu aux pires voluptés Bergmaniennes style "Le Rite" ça devrait passer tout seul

Publié : 12 sept. 07, 20:57
par Nicolas Brulebois
yaplusdsaisons a écrit :Quant au statisme du décor, j'avoue n'y avoir pas tellement fait attention... Peut-être que le film possède malgré lui une apogée (la nuit chez Maud, donc) qui le fige instantanément dans les souvenirs du spectateur, au détriment d'autres lieux pourtant assez présents comme les collines enneigées (à trois reprises), la chambre de Marie-Christine Barrault, les rues de Clermont, etc...
voilà: pour ma part, les scènes que je trouve les plus réussies dans ce film sont celles que tu mentionnes (la neige, la chambre de la jeune femme, la course-poursuite solex VS bagnole dans Clermont).
Je suis moins sensible à la "nuit chez Maud" proprement dite.
Commissaire Juve a écrit :Tiens, dernièrement sur un forum suédois, j'ai recommandé : Pauline à la plage et Conte d'été à un forumeur qui demandait "par quoi commencer ?"...
Conte d'Eté me semble effectivement une porte d'entrée efficace.
Pauline à la Plage un peu moins (ou alors, il faut que le spectateur ait un minimum de goût pour la "profondité" cachée derrière les maillots de bain

)
Y'aPlusd'Saisons a écrit :Arielle Dombasle
elle est formidable. On a rarement vu des rôles de "précieuse" aussi nuancés. Je ne comprends pas ce rejet et cet amalgamme un peu foireux que font beaucoup de gens, qui confondent le personnage et l'actrice
