AtCloseRange a écrit :Permets-moi d'en douter.
ça représente quoi dans le film de PTA cette représentation d'un soldat traumatisé? 5 minutes sur 2h30?
C'est totalement périphérique. T'as vraiment bien dû pioncer pendant le film.
Je me doutais bien que tu allais réagir.
Ce n'est pas périphérique à partir du moment où le désordre mental du personnage de Phoenix conditionne son rapprochement et sa fascination pour le personnage de Hoffmann, et que sa faiblesse psychologique est à la base de leur rapport de dépendance/domination psychanalytique.
The Master développe un propos sur les traumatismes post-combat autant si ce n'est plus que sur l'influence psychologique sectaire. C'est justement là que PTA loupe pour moi le coche car là où le documentaire de Huston rend bouleversants ces soldats névrosés, en étudiant vraiment ce qui cloche chez eux, en s'intéressant à leur humanité et pas en brassant du vide en faisant genre,
The Master ne provoque rien envers le soldat Joaquin Phoenix.
Donc oui, non seulement PTA recopie les scènes d'hôpital (au moins il a l'honnêteté intellectuelle de le reconnaître, car le docu de Huston est fourni en bonus sur le disque du film aux USA....) mais le fait qu'elles représentent une goutte d'eau de 5/10 minutes dans l'océan interminable de
The Master ne change rien au fait que c'est de là que tout est censé commencer psychologiquement pour Phoenix.
PTA repompe le film de Huston pour en faire le point de départ d'un "suivi" psychologique qui, contrairement au docu, continuerait d'étudier le désordre mental du soldat une fois réinséré dans la vie active. Tu ramènes ma remarque à la durée qu'occupent ces scènes d'hôpital chez PTA, mais ce n'est pas parce qu'elles durent 10 minutes au tout début du film que ça en fait un sujet périphérique : c'est au contraire ce qui conditionne tout sur le papier, car l'échec d'établir un dialogue psychiatrique et une cure avec l'armée, c'est ce qui va conduire au "besoin" curatif ressenti dans la relation de domination avec Hoffmann... le traumatisme et la faiblesse psychologiques d'un soldat revenu du front, c'est quand même le fil d'Ariane de tout le film.
Or le vrai problème, c'est que le regard que porte PTA sur le traumatisme mental des soldats reste totalement théorique/hermétique là où la source dont il se prévaut exploite vraiment son sujet de manière émotionnelle et authentique... ne fait pas dans la pose, quoi. Comme dirait Blue, entre les deux je sais où me positionner.
