Dvdclassik : cinéma et DVD

C'est un casse-tête de se demander quel film vous fait le mieux pénétrer ou appréhender l'univers de son réalisateur.
Parfois (mais pas toujours) je me dis que c'est une fausse question: notre disponibilité dépend de trop de choses exterieures (l'humeur du jour, les conditions de visionnage, nos goûts, etc) et le film le plus hermétique d'une filmographie garde tout de même le pouvoir essentiel de fascination que le réalisateur peut exercer sur nous.
Je me souviens d'avoir vu " Nouvelle vague" en guise d'entrée dans l'oeuvre de Godard. J'en suis ressorti 1) vivant 2) copieusement agacé et 3) avec le désir en germe d'en savoir un peu plus.
J'ai vu "Une femme est une femme" une dizaine d'années plus tard et j'ai aperçu des choses un peu plus précises; peut-être que j'aurais gagné du temps si j'avais commencé par celui-là... Toujours est-il que ma curiosité était déjà un peu acquise à ce réalisateur.

Pour conclure ce post un peu pédant sur une idée forte: on aime ou on aime pas.
@Ratatouille: donc (pour moi) tu peux continuer sur n'importe quel Rohmer -et bravo quand même pour ton stoïcisme!

yaplusdsaisons a écrit :@Ratatouille: donc (pour moi) tu peux continuer sur n'importe quel Rohmer -et bravo quand même pour ton stoïcisme!

Stoïcisme par rapport à quoi ?
Sinon, je constate juste l'absence de réaction de la part de Nicolas...non non, je n'en tirerai aucune conclusion.

Ratatouille a écrit : Stoïcisme par rapport à quoi ?
Sinon, je constate juste l'absence de réaction de la part de Nicolas

La réponse est quelque part dans le post!

yaplusdsaisons a écrit :

Ratatouille a écrit : Stoïcisme par rapport à quoi ?
Sinon, je constate juste l'absence de réaction de la part de Nicolas

La réponse est quelque part dans le post!

C'est bien ce qu'il me semblait.
Comme quoi, tu vois que malgré tous les efforts qu'il a pu faire, il n'a pas réussi à me dégoûter de Rohmer (alors que ce dernier mériterait un meilleur "fan" que lui).

Jeremy Fox a écrit :Si tu pouvais tomber sur Conte d'été, ce serait idéal pour continuer à mon avis.

Même conseil.
Je ne sais pas sur quoi je me base pour dire çà, mais je suis sûr qu'il devrait te plaire, Ratatouille.

En général, les fanatiques de Rohmer (auxquels je me range) ont un petit côté dogmatique...

J'ai commencé avec "Conte d'été" aussi... et vous pouvez voir ce que je suis devenu.

Ratatouille a écrit :

yaplusdsaisons a écrit :@Ratatouille: donc (pour moi) tu peux continuer sur n'importe quel Rohmer -et bravo quand même pour ton stoïcisme!

Stoïcisme par rapport à quoi ?
Sinon, je constate juste l'absence de réaction de la part de Nicolas...non non, je n'en tirerai aucune conclusion.

moi j'en conclus qu'il n'est pas connecté 24/24

Tancrède a écrit :

Ratatouille a écrit : Stoïcisme par rapport à quoi ?
Sinon, je constate juste l'absence de réaction de la part de Nicolas...non non, je n'en tirerai aucune conclusion.

moi j'en conclus qu'il n'est pas connecté 24/24

Sauf qu'il a bien pris le temps (ce matin) de répondre à mon message d'hier soir dans le topic d'à côté...alors que ce message-ci, que j'ai écrit également hier soir, il n'y a apparemment pas fait attention.
Donc non, je pense que ta conclusion n'est pas la bonne.

Ratatouille a écrit :

Tancrède a écrit :
moi j'en conclus qu'il n'est pas connecté 24/24

Sauf qu'il a bien pris le temps (ce matin) de répondre à mon message d'hier soir dans le topic d'à côté...alors que ce message-ci, que j'ai écrit également hier soir, il n'y a apparemment pas fait attention.
Donc non, je pense que ta conclusion n'est pas la bonne.

OK.
alors je dirais qu'il se fiche de ton avis.

C'est p'têt juste un faux-fan de Rohmer. Son vrai trip c'est Shrek 3.

Conte d'été, c'est moins bien que conte de printemps, qui lui-même était nettement inférieur à conte d'hiver.









Je ne sais pas si je verrai un jour conte de printemps, ce doit être vraiment à chier

La Collectionneuse, Eric Rohmer, 1967

Encore succombé au charme indéfinissable de l'univers rohmerien. Premières minutes toujours déstabilisantes où je suis prêt à régler leur compte aux acteurs au jeu et à la diction si artificiels, à la mise en scène et au montage faussement détachés. Et puis tous ces éléments de mettent en place, imposent leur rythme et je me régale de me retrouver dans des terres à la fois familières et génératrices de surprises permanentes. Déjà, j'ai adoré le postulat du film : un squatt dans une superbe maison de campagne, un personnage de dandy qui s'applique à ne surtout rien faire. Ambiance délicieuse et fascinante. Et puis un trio se met en place, les personnages s'approchent, discutent, rien de linéaire, on tente des trucs, on croit maîtriser la situation avant de repenser sa stratégie. Et nous, spectateurs, sommes invité à regarder ces touchants marivaudages, parfois cruels, souvent touchants.

La photographie de Nestor Almendros est absolument sublime, avec notamment des plans fixes au rendu incroyablement pictural. Patrick Bauchau a un charme fou (sa voix, ses gestes). Sa voix off habite véritablement le film, remarquablement bien écrite. Et puis il y a cette séquence magnifique où il découvre soudain l'ennui à la terrasse d'un café, observant les passants, réalisant alors qu'il ressent sans doute vraiment quelque chose pour cette "petite salope" d'Haydée. La toute dernière scène est d'un cynisme parfait. Hallucinant d'apprendre qu' "on" a pu interdire ça aux moins de 18 ans à l'époque.

yaplusdsaisons a écrit :Ce qui me pose problème dans Conte de Printemps, je l'ai dit, c'est la mode. Les jeunes filles de la bonne bourgeoisie de l'époque étaient durement touchées: jeans qui montent haut et qui boudinent la taille, ballerines/mocassins plats sans grâce qui couvraient jusqu'au coup-de pied, et on pouvait s'estimer heureux si ce n'était pas les treillis avec les talons aiguilles...

Tu noteras que l’on remarque beaucoup plus ce genre de petits défauts lorsque l’intrigue est faiblarde que lorsque le film est « fermement et brillamment tenu ».
Il y a aussi des éléments de mode calamiteux dans Le Genou de Claire et Les Nuits de la Pleine Lune, mais qui s’en soucie ?

Pour en revenir à Florence Darel si peu mise en valeur par ses jeans ridicules : la même année, elle tournait pour Rohmer dans un sketch des Jeux de Société, diffusé pour la TV.
Une séquence moyenâgeuse et sylvestre dans laquelle, vêtue à la mode de l’époque, son charme irradiait beaucoup plus

Ratatouille a écrit :je constate juste l'absence de réaction de la part de Nicolas

minute, papillon, on n'est pas aux pièces

Nicolas Brulebois a écrit :Il y a aussi des éléments de mode calamiteux dans Le Genou de Claire et Les Nuits de la Pleine Lune, mais qui s’en soucie ?

Moi

Je pense également à l'utilisation de la musique chez Rohmer. C'est intéressant car c'est un grand amateur. De Mozart en particulier. Mais dans ses films il n'en met quasiment jamais. Il utilise surtout des musiques de sources qui sont la plupart du temps des chansons assez démodées et un peu désuètes. La musique de Jacno et d'Elli Medeiros par exemple dans Les Nuits de la pleine Lune. C'est totalement ringard. En même temps ça colle parfaitement au film et aux personnages. Je crois que Rohmer a un tel respect pour la musique qu'il préfère ne pas l'utiliser où alors de manière presque imperceptible; comme une ambiance. Tout le contraire par exemple de ce que peut faire Alain Resnais qui lui utilise la musique en tant qu'élément dramatique.

julien a écrit : Je pense également à l'utilisation de la musique chez Rohmer. C'est intéressant car c'est un grand amateur. De Mozart en particulier

as-tu lu "De Mozart en Beethoven", l' essai sur la notion de profondeur en musique qu'il a écrit récemment?
C'est assez intéressant, même si (comme moi) l'on n'y entrave que pouic !

Et puis, sur le même thème, il y a aussi la pièce Le Trio en Mi Bémol: les joutes oratoires et sentimentales d'un amoureux de Mozart et de son ex, une pimbêche fan de rock

julien a écrit :Mais dans ses films il n'en met quasiment jamais. (...) Je crois que Rohmer a un tel respect pour la musique qu'il préfère ne pas l'utiliser où alors de manière presque imperceptible; comme une ambiance. Tout le contraire par exemple de ce que peut faire Alain Resnais qui lui utilise la musique en tant qu'élément dramatique

en même temps, il y a des exceptions à cette règle: le thème musical du Rayon Vert, développé à la fin du film, participe pleinement à la montée dramatique de l'attente de Delphine/Marie Rivière.
Egalement l'utilisation d'une sonate de Beethoven, en conclusion des dernières minutes de Conte de Printemps...
Sans parler, dans un tout autre genre, la place IMMENSE que tient la musique dans le scénar' même de Conte d'Eté: c'est finalement pour elle que le bellâtre laisse tomber les 3 filles

julien a écrit :Il utilise surtout des musiques de sources qui sont la plupart du temps des chansons assez démodées et un peu désuètes. La musique de Jacno et d'Elli Medeiros par exemple dans Les Nuits de la pleine Lune. C'est totalement ringard. En même temps ça colle parfaitement au film et aux personnages

Alors là, je m'inscrit totalement en faux avec ce que tu écris sur Elli & Jacno: à l'époque où il tournait le film (84), c'était tout de même ce qui se faisait de mieux en matière de synth-pop-française-sous-influence-60's!
Tu peux trouver ça ringard aujourd'hui (mais dans ce cas, il faudrait trouver ringarde toute musique pop utilisée au cinéma), mais pour les contemporains du film, ce n'était ni démodé ni désuet --- et même plutôt branché et pointu, on va dire.

La musique des années 80 a généralement une très mauvaise réputation, quand on n'en considère que les aspects les plus commerciaux. Mais Elli & Jacno, anciens punks (Stinky Toys) virés jeunes gens modernes synthétiques, ça conserve à mes yeux une fraîcheur inaltérable.

Non, franchement: une musique un peu trop marquée par une époque me défrisera toujours moins que certains aspects visuels, par exemple.
(d'ailleurs: quand je parlais d'éléments de mode calamiteux dans Les Nuits..., je pensais plus aux fringues de Virginie Thévenet ou du fils de Deneuve et Vadim (son prénom m'échappe, c'est lui qui incarne le bellâtre) )

Sinon, pour en revenir aux BO des films: je constate que, malgré son amour pour la musique classique, il a souvent fait appel - via Jean-Louis Valero, en général - à des musiques un peu synthétiques: outre Jacno (auteur par ailleurs du fameux Rectangle, jalon inestimable de la musique pop électronique en France) sur les Nuits de la Pleine Lune, il y a les génériques du Beau Mariage ou de Reinette & Mirabelle, par exemple, qui sont très minimalistes et intrigants...