C'est Noël et je ne résiste pas à l'envie de vous parler de Mme Nandita Das. Music Man me parlait du coup de foudre Kajol. C'est clair que c'en est un. Sushmita Sen est aussi un joli coup de coeur. Nandita est un autre coup de foudre. Un vrai.
Née le 7 novembre 1969 à Delhi, Nandita Das est la fille du célèbre peintre Jatin Das. Sa maman Vasha Das est écrivain. Autant dire que dans la famille Das on baigne dès sa plus tendre enfance dans l'Art.
Après des études en géographie, elle se lance dans l'Enseignement après un master en science sociales, auprès des jeunes élèves défavorisés. Très engagée sur le plan social à l'instar de Shabana Azmi et Rekha quant à elle originaire du Sud de l'Inde, Nandita mène des combats (pacifiques) qui lui tiennent à coeur : l'éducation des enfants, le progrès de leur condition de vie et charpente des manifestations, interventions publiques et autres dans le but d'engager le débat sur des questions parfois épineuses voire tabou.

Elle ne se destine pas à l'actorat qui n'est pas une priorité pour elle, mais elle finit par fouler un plateau de ciné en 1987 avec
Parinati. Elle n'est pas véritablement une vedette de films musicaux, tournant dans des oeuvres qui comptent peu de numéros chantés et dansés, mais elle est rattachée à un genre qui fait appel à la musique de toutes les manières.
Ce n'est que 10 ans plus tard, soit une éternité sur l'échelle d'une carrière d'actrice, qu'elle se remet en selle en choisissant un scénario audacieux afin de promouvoir la liberté des femmes sans attaquer les hommes pour autant comme étant leurs ennemis, bien au contraire, la liberté et l'égalité des sexes étant une de ses préoccupations.
Le film tourné par Deepa Mehta
s'intitule
Fire et est le premier volet d'une trilogie. Elle joue le rôle d'une jeune femme homosexuelle tiraillée entre son envie de quitter la petite ville dans laquelle elle étouffe et celle de vivre son amour pour une femme plus âgée qu'elle, chose impensable dans le système des castes mais plus encore dans un système dominé par les hommes.
Subtil, intelligent, émouvant, le film fait beaucoup parler de lui en gagnant quelques prix prestigieux. Nandita Das est enfin reconnue comme une actrice majeure de sa génération.
Elle enchaîne l'année suivante avec le bouleversant
1947 Earth, retraçant la période post 1947 et l'Indépendance naissante de l'Inde, avec les premiers conflits religieux qui vont créer des tensions civiles encore aujourd'hui vivaces. Elle a pour partenaire Aamir Khan. Le couple fait des étincelles, et la scène finale, inoubliable permet de les faire rentrer dans la légende. Deepa Mehta, alors ultra inspirée, terminera sa trilogie avec un film moins attachant, le très inégal
Water, sorti en france en salles il y a quelques mois.
En 2000, semble-t-il tiraillée par les questions d'assouvissement et s'emballant pour un rôle qui l'interpelle une fois de plus, elle accepte de jouer le rôle principal de
Bawandar, drame politisé et social, dans lequel une femme est réduite à l'esclavage et vendue par des villageois qui ont de plus commis un viol sur elle.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Le crime restera impuni, tandis que Saanvri sillonnera les villages pour porter son témoignage et donner du courage aux femmes qui ont subi le même affront et la même violence.
Pour ce rôle elle est distinguée au Festival de Santa Monica par le Prix de la Meilleure Actrice. Elle recevra le même Prix au festival du Caire pour celui de
Amar Bhuvan.
Elle joue dans
Azhagi en 2002, un film tamoul assez dur, pas mal de films sortant en 2001 et 2002 que je n'ai pu visionné.
Même si elle en tient un secondaire, il est particulièrement remarqué dans
Kannathil Muthamittal de Mani Ratnam, dominé par l'interprétation impériale de Madhavan et Simran, où elle est la mère de la petite fille qu'elle a dû abandonner et que cette dernière va rechercher dans un contexte de guerre civile. Peu de dialogue, mais une intensité de regard qui subjugue. Tout Nandita Das est là, dans sa capacité à varier les émotions, à en utiliser une large palette, un peu comme le fait Kajol qui peut vous faire exploser de rire puis vous scier par son jeu dramatique la seconde d'après.
Elle continue de tourner pour des réals tamouls, bien davantage que pour le ciné hindi pour lequel elle n'a pas tant tourné que cela.
Entre temps elle se marie et divorce deux fois.
En 2005, elle fait partie du jury du Festival de Cannes. Elle apparaît le soir de la cérémonie d'ouverture dans un grandiose sari rouge, rendant ainsi honneur à son pays.
En 2006 elle est à l'affiche de
Provoked, le nouveau film avec Aishwarya Rai, et sera en 2007 dans
Maati May aux côtés d'Utal Kulkarni remarquable acteur souvent cantonné à des seconds rôles, qui mérite pourtant bien plus. Puis dans
Road to the Sky de Santosh Sivan, le génie de la photo et
Kamagata Maru le prochain Deepa Mehta qui en fait son actrice fétiche.
En trois films elle a su s'imposer comme l'une des trois actrices majeures du ciné hindi et tamoul, par son jeu, bluffant, à fleur de peau, sensible, par sa beauté naturelle, renversant tous les clichés les uns après les autres, et s'aventurant dans des films osés, courageux et audacieux.
Une immense dame, une femme magnifique dont la carrière nous réserve encore de nombreuses surprises. Et à mes yeux, un modèle.
Vous comprenez désormais la signification de ma signature si besoin était.
Elle a un site perso :
http://www.nanditadasonline.com