Don Siegel (1912-1991)
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Pour ma part, je tiens L'Evadé d'Alcatraz pour l'aboutissement d'un style. A la manière des vieux maîtres, Siegel tend à l'épure et on y trouve l'apogée de ce que Tavernier me semble-t-il décrivait comme une "virtuosité dans l'économie".
Sentiment renforcé par le travail du compositeur Jerry Fielding.
Sentiment renforcé par le travail du compositeur Jerry Fielding.
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Un post intéressant posté sur un forum voisin :
RonBass a écrit :C'est la rentrée, les enfants !![]()
Alors on prend son cahier et son crayon, car on va reprendre les vielles habitudes.![]()
Le programme d'aujourd'hui : DON SIEGEL.
Evidemment Siegel n'est pas un cinéaste méconnu, mais il n'est peut-être pas reconnu à sa juste valeur.
Il fut avant tout l'un des princes de la série B (à l'époque où ce terme signifiait encore quelque chose). Donc au départ : maigreur des budgets, acteurs inconnus, histoires basiques... mais une efficacité redoutable. Et des mouvements de caméra très ambitieux pour des films de ce budget. Qu'on se souvienne des Révoltés de la cellule II, The Verdict, L'invasion des profanateurs de crépuscule, Ici, Brigade criminelle ou Baby Face Nelson.
Je rappelle qu'il avait commencé par le montage, et cela se ressent.
Don Siegel était un homme d'une grande culture (il a étudié chez les Jésuites !). Et très tôt intéressé par la politique. En 1945, juste à la fin de la guerre, il réalise un moyen métrage documentaire, Hitler Lives, dans lequel il tente de "montrer" que le peuple allemand avait les penchants caractéristiques de l'ordre et de la conquête militaire dans les gênes ! Il s'agit évidemment d'un film outrageusement propagandiste. Mais attention ! Il faut se replacer dans le contexte de l'époque. Et les origines juives de Siegel ont fait le reste. Je précise cela pour ceux qui s'enflamment aujourd'hui dès qu'ils voient un drapeau américain...![]()
J'ai tendance à classer Siegel dans la même tendance que Fuller, même si ses films sont moins orientés socialement (à première vue) et qu'il accorde plus d'importance au spectacle.
Mais il partage avec le grand Sam un penchant pour la sécheresse dans l'action, le goût des personnages rebelles, l'efficacité sans fioritures, et une attirance pour la souffrance des corps (cf. Les Proies).
Siegel a donc oeuvré dans des genres bien codifiés (guerre, polar, westerns) dans lesquels il a pu laisser éclater sa violence et sa sécheresse, et son goût pour les personnages forts et anticonformistes.
Je classe aussi Don Siegel dans ma catégories de réalisateurs de films "couillus" !![]()
(cf. un ancien topic pour les non initiés
)
Quelques grands titres dans le désordre :
L'Invasion des profanateurs de sépulture : il y pose une des bases de la mythologie paranoïaque du fantastique (à l'époque les communistes étaient visés, mais on peut tout autant l'interpréter différemment, à la manière de son remake Ferrarien)
A bout portant : un téléfilm au départ, mais une mise en scène redoutable d'efficacité et de violence physique et psychologique à l'égale de ses plus grandes réussites.
L'Enfer est pour les héros : film de guerre jusqu'au boutiste, très noir et cynique
Police sur la ville : polar sec et nerveux dans un style qui préfigure le polar des seventies.
Un Espion de trop : film d'espionnage tyrès prenant et très plaisant avec l'excellent Charles Bronson au sommet de sa gloire.
Le dernier des géants : un western testament dans lequel un John Wayne fatigué, désabusé et malade d'un cancer, promène sa carcasse en se demandant où est passé son monde.
Bien sûr, ses collaborations avec Clint Eastwood :
Les proies : un film implacable, d'où la terreur s'insinue progressivement dans le décor calme d'un pensionnat de jeunes filles pendant la guerre de Sécession. Le sort réservé au personnage de Eastwood est particulièrement bouleversant, mais je ne peux en dire plus pour ceux qui ne l'ont pas vu.
L'Inspecteur Harry : le film qui, parallèlement à french Connection, réinvente totalement le polar urbain et le personnage de justicier à la limite du hors-la-loi.
Sierra Torride : western franchemenent sympathique et jouissif, dont l'esprit doit beaucoup à Sergio Leone, mais qui est bien caractéristique du cinéma de Siegel dans la forme.
Un Shérif à New York : quand le polar porte à la perfection le nom de western urbain. Un film un brin auto-parodique, mais toujours efficace. Un bon film quand même.
L'Evadé d'Alcatraz: le film ne fait pas oublier celui avec Lancaster, mais l'association Siegel/Eastwood fonctionne toujours à merveille. Je m'extasie oujours devant l'intelligence de ce type de film, qui ne prend pas la peine de saupoudrer sa narration d'un humour ridicule comme on le ferait aujourd'hui...
A vous maintenant...

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Le jeune Beule, tout frais et tout timide, intervient lui aussi. Tout le monde se rappelle encore qu'il est arrivé sur dvdrama pour nous communiquer sa passion du Tennis au cinéma (vaste et primordial sujet!) . Le voilà pris sur le fait en train de critiquer Siegel :
Beule a écrit :J'avoue etre assez surpris par votre célébration dithyrambique de Don Siegel, dont la filmo m'apparaît pour le moins disparate en termes de qualite. Je le classerais plus volontiers parmi les honnêtes faiseurs de séries B, plus proche d'un Phil Karlson ou d'un André De Toth que d'un Fuller, ou a fortiori que d'un Walsh. Le plus souvent sa mise en scène ne décolle vraiment que le temps de ces petites fulgurances seches et arrides. Entre deux éclairs c'est la routine d'une mise en scène plan plan. Et il n'est pas rare que cette routine s'installe le temps d'un film entier: Ca commence à Vera Cruz, pesant, répétitif effectivement, dans lequel je ne vois qu'un véhicule de - basse - série pour le flegme nonchalent de Mitchum (Désolé Moonfleet), The gun runners, Le lion sort ses griffes (rrron, pzz...), Contre une poignée de diamants...
Il manque d'universalité pour réussir dans le western, et si Les rôdeurs de la plaine, reste l'un des seuls Elvis à peu près regardable, je trouve qu'il ne faut rien en attendre de plus. Certes, je n'ai pas vu Le dernier des géants.
Il serait donc plutôt le spécialiste du polar urbain, et il est vrai qu'on pourrait voir en lui le précurseur du néo polar cinglant et rugueux des années 70. Mais même dans ce domaine il n'y a pas que des réussites.
Revu ce week end, son Shérif à New York ne se démarque du tout venant de la production que par l'incongruité goguenarde de son développement: un "bouseux" conservateur et presque parodique saisi dans un environnement urbain très réaliste. Son Dirty Harry ne m'a jamais vraiment fasciné non plus mais avait au moins le mérite d'une construction novatrice. Je reconnais en revanche bien des qualités à ces deux tout petits budgets que sont Baby Face Nelson et The line-up, tendus et électriques, qui prouvent son talent à faire vivre les exclus et les marginaux. Dommage que The line up use et abuse des transparences. J'imagine que la maigreur des budgets l'ont souvent contraint à recourir à cette artifice, néanmoins fort pénalisant pour un metteur en scène dit "couillu" (cf The Big steal ou Gun runners). Sans ces scories, l'échevelée course poursuite finale aurait tenu du tour de force.
Tout ça me laisse un sentiment très mitigé en fin de compte. Bon il reste effectivement The verdict, Les proies, et bien sûr l'inégalé Body snatchers pour le réévaluer quand même.

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2. L’Invasion des profanateurs de sépulture
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Palmarès tout provisoire dans l’ignorance où je suis d’une bonne quinzaine de Siegel (et non des moindres : Riot in Cell Block II, dont on dit le plus grand bien). Mais je ne crois pas que le trio de tête bougera.
Sans aller (sûrement pas) jusqu’à brandir l’étiquette de « fasciste » comme certains excités à l’époque, Un shérif à New York et Dirty Harry restent tout de même très discutables même après plusieurs revisions, mais intéressants en raison des contradictions idéologiques dans lesquelles ils se débattent.
Ça commence à Vera Cruz, vu l’an dernier, est très mineur mais plaisant par son alliage de nonchalance et de nervosité. Assez déçu en revanche à la revoyure de Madigan et l’Évadé d’Alcatraz (malgré son souci de l’épure qui n’a pas été, ce me semble, sans marquer Eastwood cinéaste).
Par ailleurs, pardonnez mon tatillonisme bien connu et souvent exaspérant, mais je crois qu’il est important de distinguer la série B (en tant que mode de production et de distribution historiquement daté, ayant accouché le cas échéant d’une esthétique : économie narrative, rapidité d’exécution, inventivité au sein de budgets ultra-serrés) et l’esprit série B, qui perdure jusqu’à nos jours.
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Palmarès tout provisoire dans l’ignorance où je suis d’une bonne quinzaine de Siegel (et non des moindres : Riot in Cell Block II, dont on dit le plus grand bien). Mais je ne crois pas que le trio de tête bougera.
Sans aller (sûrement pas) jusqu’à brandir l’étiquette de « fasciste » comme certains excités à l’époque, Un shérif à New York et Dirty Harry restent tout de même très discutables même après plusieurs revisions, mais intéressants en raison des contradictions idéologiques dans lesquelles ils se débattent.
Ça commence à Vera Cruz, vu l’an dernier, est très mineur mais plaisant par son alliage de nonchalance et de nervosité. Assez déçu en revanche à la revoyure de Madigan et l’Évadé d’Alcatraz (malgré son souci de l’épure qui n’a pas été, ce me semble, sans marquer Eastwood cinéaste).
Par ailleurs, pardonnez mon tatillonisme bien connu et souvent exaspérant, mais je crois qu’il est important de distinguer la série B (en tant que mode de production et de distribution historiquement daté, ayant accouché le cas échéant d’une esthétique : économie narrative, rapidité d’exécution, inventivité au sein de budgets ultra-serrés) et l’esprit série B, qui perdure jusqu’à nos jours.
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Yes ! Mon Tracy/Hepburn préféré avec Adam's RibJeremy Fox a écrit :Je m'en souviens très bien même que j'avais pu caser mon Pat and Mike adoréTROMA a écrit :Le jeune Beule, tout frais et tout timide, intervient lui aussi. Tout le monde se rappelle encore qu'il est arrivé sur dvdrama pour nous communiquer sa passion du Tennis au cinéma

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Jeremy Fox a écrit :Mais non, sa suite, Pat and Mike, (Mademoiselle gagne tout) que je préfèreBartlebooth a écrit : Yes ! Mon Tracy/Hepburn préféré avec Adam's Rib

Que veux-tu dire ?
Je croyais que c'était clair : j'aime les deux films : Adam's Rib (je ne me résous pas à écrire le stupide titre français) et Pat and Mike.
Or is it a joke ?

- Jeremy Fox
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Bartlebooth a écrit :Jeremy Fox a écrit :
Mais non, sa suite, Pat and Mike, (Mademoiselle gagne tout) que je préfère![]()
Que veux-tu dire ?
Je croyais que c'était clair : j'aime les deux films : Adam's Rib (je ne me résous pas à écrire le stupide titre français) et Pat and Mike.
Or is it a joke ?


