Roy Rowland (1910-1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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lupinnipul
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2009

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L'aventure fantastique (1955) de Roy Rowland
Bushrod (sic) Gentry et Mary Stuart Cherne jouent à "je t'aime, moi non plus", à "fuis-moi, je te suis", à "qui aime bien, châtie bien", à...bon bref.
C'est une comédie romantique déguisée en film d'aventures dans laquelle les indiens sont très vilains, les gags très balourds et dont le scénario-patapouf vante, en filigrane mais avec une bêtise effarante, les hautes vertus du mariage et de la reproduction.
Heureusement, Eleanor Parker est radieuse. Elle illumine chaque sapin de sa grâce, élève chaque indigence de mise en scène en virtuosité incomprise, et réussit le prodige de faire croire à un Robert Taylor en légende des trappeurs, et cela malgré un costume ridicule (et toujours impeccable malgré de nombreuses roulades et bagarres). Ah, la belle plume plantée dans la toque en fourrure ! Oh, les jolies franges en daim !
Voilà, c'est entendu, c'est un petit film qui ne vaut pas grand chose à mes yeux, ni même dans la grande histoire du cinématographe. Mais cette Eleanor Parker, bon sang, c'est tout un fantasme adolescent (candide, hein, n'y voyez rien de lubrique) qui se matérialise. Celui de l'aventurière déterminée, insolente, drôle, belle et piquante comme une rose un matin de printemps, une femme, une vraie... Enfin...ouais, je sais, c'est du cinéma. Et il y aussi Paulette et Maureen dans le genre, et de plus, on l'a déjà vu ailleurs la miss Parker, et dans des œuvres de bien meilleure facture. Bin justement, quand tout un film tient uniquement suspendu aux lèvres d'une bonne femme comme celle-là, c'est d'autant plus remarquable. Eleanor, je t'aime (même si t'as 87 ans).
Nestor Almendros
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Nestor Almendros »

L'AVENTURE FANTASTIQUE

Je ne viens pas contrebalancer les avis plus que mitigés sur ce film. J'entame ainsi très doucement (et c'est peu de le dire) le coffret WESTERN CLASSICS avec cette comédie romantique paresseuse qui n'a d'autre ambition que de faire rire une certaine ménagère peu regardante sur la qualité du spectacle. Ce film m'a fait penser, par sa légèreté, à une comédie musicale sans numéros chantés. L'impression d'une mise en scène statique et théâtrale y a certainement fait pour beaucoup. Je rejoins Jeremy sur la qualité toute relative de la réalisation en scope et du soin apporté à une certaine continuité visuelle concernant les scènes de nuit tournées en plein jour. Même le directeur photo était parti pêcher pendant les prises, c'est dire...
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
Nestor Almendros
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Nestor Almendros »

SUR LA TRACE DU CRIME - ROGUE COP (1954)

SPOILERS
Plutôt une bonne surprise.
ROGUE COP est un bon polar qui étonne par sa noirceur. Malgré un tableau pas forcément très neuf car reprenant des figures habituelles du genre (le flic pourri, les parrains influents, un passé secret et inavouable, un conflit moral, des tensions familiales, etc.) le scénario signé Sydney Boehm (THE BIG HEAT de Fritz Lang) réussit son coup en instaurant un climat assez réaliste et une description plutôt crédible grâce à ses personnages bien cernés et à des situations pour une fois pas trop exagérées. Précisons aussi que l'ensemble est parfois très bien dialogué. Si le début m'a beaucoup rappelé CRIME WAVE d'André de Toth (réalisé la même année) à cause d'un cachet presque documentaire, c'est moins dans les choix de mise en scène (on sent bien le tournage en studio) que dans les qualités d'écriture qu'il faut chercher l'intérêt. Les personnages sont bien développés: leur psychologie tient la route, aucun ne s'abandonne à des facilités dramatiques lourdes. Christopher Kelvaney (Robert Taylor) est logiquement celui qui est le mieux approfondi, écrit avec beaucoup de nuances. Dans ses rapports avec son frère cadet on note parfois des subtilités étonnantes et très enrichissantes. Je repense par exemple à cette scène de discussion avec son frère. Kelvaney dépasse les bornes en insultant la fiancée de son frère (Janet Leigh) et reçoit un coup de poing mérité. On remarque aussitôt le repli du personnage qui s'aperçoit de son erreur de jugement, sentant qu'il est allé trop loin, jusqu'à blesser son cadet. On ressent alors très nettement cet attachement filial et le véritable point faible d'un policier tout en masse et en posture. Le scénario est très efficace dans sa gestion des rapports de force, de multiples confrontations croisées qui trouvent leur point commun avec Kelvaney (Robert Taylor). Dans le dernier tiers, il subit même les trois conflits simultanément, au point d'être lassé, exaspéré, fatigué. Tension bien menée et empathique. Rowland ajoute à sa mise en scène honnête quelques choix judicieux: par exemple la scène où Kelvaney apprend la mort de son frère se déroule dans un silence écrasant, sans musique. On notera également un style plutôt sec qui n'évite pas la violence psychologique. Le personnage de Beaumonte (George Raft) m'a semblé bien écrit et convaincant. Je connais très mal la filmographie de George Raft mais il ne m'avait jamais paru si dangereux et violent.

Le film évite de peu d'être placé dans le haut du panier, à mon goût, par un relâchement ponctuel mais tenace où l'on sent trop facilement les conventions du genre reprendre le dessus. Par exemple les deux parrains cachés derrière leur voiture pendant la fusillade finale m'ont semblé être un raccourci bien visible pour conclure le film en vitesse (l'envoi d'un homme de main m'aurait paru plus cohérent...).

Pour l'anecdote, j'ai souvent eu l'impression de voir un master open matte: Imdb signale que le format du film est du 1.75. CQFD.
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par AtCloseRange »

Nestor Almendros a écrit :SUR LA TRACE DU CRIME - ROGUE COP (1954)

SPOILERS
Plutôt une bonne surprise.
ROGUE COP est un bon polar qui étonne par sa noirceur. Malgré un tableau pas forcément très neuf car reprenant des figures habituelles du genre (le flic pourri, les parrains influents, un passé secret et inavouable, un conflit moral, des tensions familiales, etc.) le scénario signé Sydney Boehm (THE BIG HEAT de Fritz Lang) réussit son coup en instaurant un climat assez réaliste et une description plutôt crédible grâce à ses personnages bien cernés et à des situations pour une fois pas trop exagérées. Précisons aussi que l'ensemble est parfois très bien dialogué. Si le début m'a beaucoup rappelé CRIME WAVE d'André de Toth (réalisé la même année) à cause d'un cachet presque documentaire, c'est moins dans les choix de mise en scène (on sent bien le tournage en studio) que dans les qualités d'écriture qu'il faut chercher l'intérêt. Les personnages sont bien développés: leur psychologie tient la route, aucun ne s'abandonne à des facilités dramatiques lourdes. Christopher Kelvaney (Robert Taylor) est logiquement celui qui est le mieux approfondi, écrit avec beaucoup de nuances. Dans ses rapports avec son frère cadet on note parfois des subtilités étonnantes et très enrichissantes. Je repense par exemple à cette scène de discussion avec son frère. Kelvaney dépasse les bornes en insultant la fiancée de son frère (Janet Leigh) et reçoit un coup de poing mérité. On remarque aussitôt le repli du personnage qui s'aperçoit de son erreur de jugement, sentant qu'il est allé trop loin, jusqu'à blesser son cadet. On ressent alors très nettement cet attachement filial et le véritable point faible d'un policier tout en masse et en posture. Le scénario est très efficace dans sa gestion des rapports de force, de multiples confrontations croisées qui trouvent leur point commun avec Kelvaney (Robert Taylor). Dans le dernier tiers, il subit même les trois conflits simultanément, au point d'être lassé, exaspéré, fatigué. Tension bien menée et empathique. Rowland ajoute à sa mise en scène honnête quelques choix judicieux: par exemple la scène où Kelvaney apprend la mort de son frère se déroule dans un silence écrasant, sans musique. On notera également un style plutôt sec qui n'évite pas la violence psychologique. Le personnage de Beaumonte (George Raft) m'a semblé bien écrit et convaincant. Je connais très mal la filmographie de George Raft mais il ne m'avait jamais paru si dangereux et violent.

Le film évite de peu d'être placé dans le haut du panier, à mon goût, par un relâchement ponctuel mais tenace où l'on sent trop facilement les conventions du genre reprendre le dessus. Par exemple les deux parrains cachés derrière leur voiture pendant la fusillade finale m'ont semblé être un raccourci bien visible pour conclure le film en vitesse (l'envoi d'un homme de main m'aurait paru plus cohérent...).

Pour l'anecdote, j'ai souvent eu l'impression de voir un master open matte: Imdb signale que le format du film est du 1.75. CQFD.
Tiens, j'ai justement pensé à The Big Heat sans savoir que c'était le même scénariste. Notamment à cause du personnage d'Anne Francis (ça faisait d'ailleurs plaisir de la revoir à cette occasion) qui fait penser à celui de Gloria Grahame.
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Jeremy Fox
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Jeremy Fox »

Le Convoi Maudit (The Outriders, 1950) MGM

Avec Joel McCrea, Arlene Dahl, James Withmore, Barry Sullivan, Ramon Novarro, Claude Jarman Jr…
Scénario : Irving Ravetch
Musique : André Prévin
Photographie : Charles Schoenbaum (Technicolor)
Une production Richard Goldstone pour la MGM
Couleur - 92 mn


Sortie USA : 01 mars 1950

Alors que le western n’était jusqu’à présent pas franchement la tasse de thé de la MGM, elle nous en aura offert deux très bons en ce début de décennie, Embuscade (Ambush) de Sam Wood et, encore un cran au-dessus, Le Convoi Maudit (The Outriders) de Roy Rowland, ce dernier, ce qui ne gâte rien, proposé dans un très beau Technicolor qui avait fait défaut au précédent. Décennie qui peine cependant encore à trouver ses marques, aucun des deux titres n’ayant de réelle importance au sein de l’histoire du genre, ne révolutionnant pour ainsi dire pas grand chose et ne dépassant guère le stade de l’honnête divertissement. Mais nous aurions tort de faire la fine bouche alors que les deux spectacles proposés, aussi conventionnels soient-il, ne lésinent pas sur la qualité du service à quelque niveau que ce soit. Alors que Ambush nous emmenait passer quelques jours au sein d’un fort Yankee, le film de Roy Rowland débute aussi dans une garnison nordiste située cette fois dans le Missouri.

En 1865, trois soldats confédérés, Will (Joel McCrea), Jesse (Barry Sullivan) et Clint (James Whitmore) s’évadent d’un camp de prisonniers nordiste dans le Missouri. Poursuivis par les troupes Yankees, ils tombent nez à nez avec un groupe de francs tireurs dévoués au fameux Quantril. Dirigé par le sanguinaire Keeley (Jeff Corey), sous prétexte d’aider les troupes sudistes en difficulté et de continuer à lutter pour cette cause, ces hommes assassinent impunément civils et militaires. Leur devant néanmoins la vie et étant en principe du même bord, nos trois fuyards acceptent une mission qui leur est alors confiée, celle de conduire un convoi partant de Santa Fe et transportant secrètement de l’or jusqu’à Saint Louis. Ils doivent le faire passer à Cow Creek, un plateau désert où les hommes de Keeley les attendront pour leur tendre une embuscade et s’emparer du butin. Sans se douter de quoi que ce soit, le chef du convoi, Don Antonio (Ramon Novarro), accepte l’aide qui lui est proposé après que les Apaches aient malmenés ses hommes et chariots. Font également partie du voyage, Jen (Arlene Dahl), une jolie veuve accompagnée par le jeune frère de son mari défunt, Roy (Claude Jarman Jr). La beauté de cette femme va provoquer bien des jalousies et notamment créer des rivalités entre Will et Jesse. A côté de ça, la petite troupe aura fort à faire : se protéger contre les attaques indiennes, traverser des rivières tumultueuses, rattraper les chevaux effrayés par l’orage ; ils ne sont pas au bout de leur peine alors même qu’on vient leur annoncer triomphalement que le Général Lee vient de se rendre et que la guerre civile est donc enfin terminée. Car évidemment, les hommes de Quantril et de Keeley n’en ont rien à faire…

Roy Rowland n’a que 40 ans lorsqu’il tourne son premier western qui n’est autre que The Outriders. Très peu connu auprès des spectateurs français, le cinéaste n’en aura pas moins signé quelques belles réussites notamment dans la comédie musicale avec l’amusant et dynamique La Fille de l’Amiral (Hit the Deck) mais surtout, son plus grand titre de gloire, le curieux et fascinant Les 5000 Doigts du Dr T (The 5000 Fingers of Dr T). Difficile d’en dire plus car excepté ses autres westerns sur lesquels nous reviendrons plus tard, peu de ses autres films nous sont connus excepté Sur la Trace du Crime (Rogue Cop), un honnête thriller et Viva Las Vegas (Meet me in Las Vegas), comédie musicale gentillette avec Cyd Charisse. Le Convoi Maudit (bien nommé pour une fois dans sa traduction française) est un western qui remplit parfaitement son contrat sans jamais se moquer de son public. Presque entièrement filmé dans les superbes paysages de l’Utah, il y aurait esthétiquement juste à déplorer quelques rares transparences ratées lors de certaines scènes d’action car sinon les toiles peintes signées Arnold Gillespie sont très belles (notamment celle de Santa Fe) et les séquences nocturnes en studio s’avèrent très correctes, témoin celle, plastiquement réussie de l’orage avec les ombres inquiétantes portées sur les rochers qui vont effrayer le jeune Claude Jarman Jr. Correctement réalisé, écrit et interprété, même s’il ne comporte guère de surprises (sauf dans son premier quart d’heure), The Outriders devrait pouvoir plaire au plus grand nombre des aficionados du genre.

En effet, Irving Ravetch, qui sera plus tard le scénariste attitré du très intéressant Martin Ritt et l’auteur notamment de l’excellent Celui par qui le Scandale arrive (Home from the Hill) de Vincente Minnelli, pour son premier travail dans le cinéma, nous offrait à cette occasion une belle histoire bien charpentée et respirant l’aventure et les grands espaces. Dès le départ, les situations évoquées nous semblent un peu nouvelles : le bain forcé que doivent prendre les prisonniers crasseux, l’acharnement de Jesse, proche de la folie meurtrière, lorsqu’il tue l’un de ses gardiens laissant l’eau du lac rougie du sang de sa victime, la délation avec une pointe de contentement des civils lorsqu’ils s’aperçoivent avoir hébergé des soldats ennemis, le mensonge et la trahison que doivent perpétrer nos trois héros vis-à-vis des personnes convoyées… Et puis qui dit film de convoi (que ce soit une caravane de pionniers comme dans La Piste des Géants (The Big Trail) ou de bétail comme dans La Rivière Rouge (Red River) dit nombreuses embuches à affronter : ici nous avons droit à une attaque Apache, la traversée d’une rivière tumultueuse, un vol de chevaux par les Pawnee, un orage amenant une ambiance quasi-fantastique ainsi que l’embuscade finale qui doit clore violemment le voyage comme attendu. Sans que le rythme soit endiablé, loin de là, toutes ces péripéties sont assez bien amenées, efficacement réalisées et entrecoupées par la description des relations amicales ou tendues entre les trois convoyeurs, deux d’entre eux se querellant pour les yeux de la belle Arlene Dahl, le dernier, joué par James Withmore, étant là pour tempérer dans un rôle à la Walter Brennan sans cependant qu’il ait à forcer sur l’humour quasiment absent du film.

Puisque nous en sommes à nous attacher aux yeux de la belle rousse (c’est une des Deux Rouquines dans la Bagarred’Allan Dwan), on dirait que le Technicolor a été inventé pour cette actrice physiquement superbe et qui est d’ailleurs à l’origine de la séquence la plus troublante du film. Rien que pour cette scène, Irving Ravetch et Roy Rowland méritent nos éloges car que ce soit par son écriture ou sa mise en scène, elle reste inoubliable. Alors qu’à la nuit tombée, les hommes enivrés se mettent à danser autour du feu de camp, Arlene Dahl, censée restée dans son chariot, fait une apparition remarquée dans sa splendide robe noire de deuil. Agrémentant le bal de sa présence féminine, elle accepte quelques pas de danse avec chacun des hommes pour contenter tout le monde. Puis Barry Sulivan, qui ne cache pas son désir, l’enlace avec un ruban vert lui faisant faire quelques pas de danse assez langoureux. Mais ayant jetée son dévolu sur Joel McCrea, elle lui susurre à l’oreille "you wanted me the most" avant d’aller chercher d’autres chaussures avec lesquelles elle serait plus à l’aise. Elle lui amène et lui demande devant tout le monde de les lui mettre. Il s’exécute, lui prend délicatement les chevilles et lui enfile de délicats souliers verts. Cette séquence est tout à la fois d’une élégance et d’une sensualité encore assez rare jusqu’à présent dans le western.

L’autre moment mémorable du film est la traversée de la rivière à fort courant, les gens du convoi étant obligés de construire un radeau servant de bac sur lequel ils pourront transporter les chariots ; séquence très bien construite avec tout ce qu’il faut de réalisme, de suspense et de tragédie pour nous tenir en haleine. Si le reste n’est pas de ce niveau, si le rythme a tendance à faiblir vers le milieu du film, le spectacle est assuré et ne procure d’ennui à aucun moment. Même si la mise en scène de Rowland manque de souffle et d’idées, c’est celle d’un homme respectueux de son public ; nous nous étonnons même de pouvoir contempler dans ce western mineur des plans aussi beaux que celui des quatre cavaliers en contre jour en haut d’une colline. Quant à l’interprétation, elle s’avère elle aussi convaincante. Si Arlene Dahl n’est finalement pas aussi bien utilisée que dans Embuscade de Sam Wood, si Claude Jarman Jr, le jeune acteur attachant de Jody et le Faon (The Yearling) de Clarence Brown, est sacrifié dans tous les sens du terme (mais John Ford lui octroiera un rôle bien plus consistant la même année dans Rio Grande) et si la plupart des seconds rôles ne font office que de toile de fond, Joel McCrea acquiert de plus en plus d’assurance dans le genre, James Withmore s’avère excellent ainsi que l’inquiétant Barry Sullivan. Quant au chef de convoi, c’est le Ben-Hur de Fred Niblo, Ramon Novarro en personne avec pour une fois un rôle plutôt conséquent en comparaison de ceux qu’il avait pu tenir jusqu’ici dans le cinéma parlant. Dommage en revanche que Jeff Corey, le chef de bande psychopathe, soit aussi peu présent à l’écran.

Bref, rien qui nous pousserait à crier au génie, aucune franche originalité mais une histoire bien ficelée au point de départ assez neuf, celle d’un convoi escorté par des hommes supposés le défendre mais l’envoyant en fait dans la gueule du loup pour y trouver la mort et un bon travail d’ensemble des équipes techniques et artistiques de la MGM à l’image d’une des premières partitions de André Prévin et de la belle photographie de Charles Edgar Schoenbaum. Roy Rowland, un réalisateur à suivre et un petit DVD de ce film serait le bienvenue.
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Jack Carter »

Jeremy Fox a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Quelques uns de mes avis :

Les 5000 Doigts du Dr T. : The 5000 Fingers of Dr T. (1953) COLUMBIA
Spoiler (cliquez pour afficher)
Excédé par les leçons de piano imposées par sa mère, le jeune Bart s'endort... pour se retrouver au pouvoir du redoutable Dr T qui ressemble étrangement à son professeur de solfège, le sévère Terwiliker. Bart s'aperçoit également que sa mère est détenue par le Dr T qui veut l'épouser. Le Dr T a réduit en esclavage musical 500 enfants dans le but de leur faire interpréter un concerto pour piano géant à 5 000 doigts...
Lors de sa découverte, j'avais un peu peur de tomber sur un "monument de laideur et de balourdise" comme le disait à peu près Lourcelles dans son dictionnaire du cinéma. Quelle surprise donc que de me retrouver devant un tel "Ovni cinématographique", l'une des rares incursion hollywodienne à ma connaissance dans un univers débridé à la Lewis Carroll. Décors et costumes surprenants, imagination à tous les étages, script délirant et bien barré, humour toujours sur le fil du ridicule mais qui finalement ne se casse jamais la gueule, numéros musicaux étonnants comme celui des musiciens non-pianistes et musique plutôt très agréable à écouter (et à fredonner) même si nous sommes loin de Cole Porter ou Richard Rodgers. Une excellente surprise atténuée par le fait que j'aurais souhaité une mise en scène moins sage et plus débridé, à l'image du scénario. Mais en l'état, ça m'a paru très satisfaisant et en tout cas fortement original. En revanche, amateurs de décors en cartons, passez votre chemin.
Parmi ses comédies musicales, j'ai beaucoup apprécié dernièrement Two Weeks with Love et Hit The Deck
Et je viens de finir The Outriders (Le Convoi Maudit), vraiment un très bon western dont je parlerais plus longuement la semaine prochaine
vu en mars 2010, ça ne m'avait pas emballé. Moins d'un an apres, je n'en ai absolument aucun souvenir :oops:

à retenter à l'occasion :wink:
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit : vu en mars 2010, ça ne m'avait pas emballé. Moins d'un an apres, je n'en ai absolument aucun souvenir :oops:
Pas même Arlene Dahl dansant dans sa robe de deuil et le scène des chaussures vertes qui s'ensuit ? On dirait que le Technicolor a été inventé pour cette superbe femme :oops:
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Jack Carter »

Jeremy Fox a écrit :
Jack Carter a écrit : vu en mars 2010, ça ne m'avait pas emballé. Moins d'un an apres, je n'en ai absolument aucun souvenir :oops:
Pas même Arlene Dahl dansant dans sa robe de deuil et le scène des chaussures vertes qui s'ensuit ? On dirait que le Technicolor a été inventé pour cette superbe femme :oops:
meme pas :oops:
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Federico »

Je n'ai pas du voir plus de 5 films de Rowland (et je suis peut-être tombé sur les meilleurs) mais j'ai l'impression qu'il a su faire du bon boulot dans les différents genres abordés, western, polar, fantastique.
Très envie de revoir Les 5000 doigts du Dr T (découvert dans une reprise en salle dans les années 80) et Solo pour une blonde, petit film noir bien emballé à défaut d'être bien interprété par son acteur principal. Le créateur de Mike Hammer, Mickey Spillane, jouant son propre anti-héros ne risquera pas de faire oublier Ralph Meeker ni Stacy Keach mais le film vaut le coup d'oeil (avec une fin vacharde mémorable pour la belle Shirley Eaton, un an avant qu'elle se fasse dorer sur tranche dans Goldfinger).
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par feb »

L'aventure fantastique (Many rivers to cross) - Roy Rowland (1955)
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"The more you hug and kiss a gal, the more she wants to marry"
Tout était réuni pour faire de L'aventure fantastique (Many rivers to cross en VO), une sympathique comédie sur fond de "western", de trappeurs et de comédie romantique : une production MGM, un beau CinemaScope, des décors naturels, un Robert Taylor sans moustache mais avec toque de raton-laveur à la Davy Crockett et petite veste en daim, un Victor McLaglen en père grognon qui veut marier ses enfants et qui donne un petit coté "film de John Ford", de l'humour, un peu d'action...et surtout...et surtout Eleanor Parker :oops: actrice faite pour le Technicolor, parfaite pour l'étalonnage de la couleur de votre écran, une belle actrice au regard qui marque et dont le moule à été cassé. Bref tout était là pour faire de ce film une petite friandise, et ce malgré une histoire vraiment basique, mais c'était oublier un détail qui a son importance : un réalisateur et un directeur photo qui sont partis en vacances.
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Quel gâchis de voir un film regroupant toutes ces points positifs, tous ces détails qui font envie, être traité de la sorte par son réalisateur : la mise en scène est statique et donne l'impression de voir une pièce de théâtre ou un film musical (mais sans les scènes chantées et sans Vincente Minnelli derrière la caméra), le Scope n'apporte rien et Roy Rowland ne profite même pas des décors naturels pour remplir son cadre et enfin comble du comble qui m'a foutu hors de moi, une scène de nuit où le réalisateur et le directeur photo ne prennent même pas le soin d'appliquer la nuit américaine sur toute la scène...ou comment gâcher une scène qui s'avérait assez sympathique avec Mary Stuart qui presse Bushrod, alors qu'ils sont tous les deux enroulés dans leur couverture, en faisant de petites roulades façon petite saucisse Knacky :mrgreen:
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Jour...nuit :mrgreen:
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Nuit...jour :mrgreen:
Heureusement qu'il reste 2-3 détails qui sauvent (un tout petit peu) le film :
- Robert Taylor, pas crédible pour un sou en trappeur qui refuse les avances de la belle avant de tomber dans son piège, est à l'aise dans son rôle.
- Eleanor Parker, qui apporte une magnifique touche de couleur à chacune de ses scènes, campe une femme, une vraie, qui cherche à tout prix (et par tous les moyens) à se marier avec le trappeur,
- Victor McLaglen, en père d'origine écossaise, apporte sa trogne caractéristique et une tchatche qui donne l'illusion de voir un film de John Ford (mais alors juste l'illusion :fiou: ),
- 2-3 scènes de bagarre distrayantes et une scène de fin cocasse mais bien insuffisantes pour rehausser le niveau.

Bref une réelle déception pour ce film, dont je n'attendais rien d'extraordinaire certe, mais qui échoue dans son but premier : celui de distraire...et que dire de la réalisation faite par-dessus la jambe ! J'ai du mal à croire qu'un tel film ait pu être produit tel quel par la MGM. :roll:
Pour la peine, je finis mon post sur des captures d'Eleanor quitte à se faire plaisir :oops: :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Jeremy Fox »

Je te donne raison sur toute la ligne ; comment, avec de tels atouts en main, réussir à ne pondre qu'un film à ce point bâclé. Metteur en scène et chef opérateur semblent être partis en vacances en plein tournage. Il reste heureusement quelques éléments qui font que le film est regardable mais ça n'enlève en rien à la déception.
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feb
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par feb »

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Vous avez bien raison M. Fox c'en est déprimant :mrgreen:
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Jeremy Fox »

feb a écrit :
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Vous avez bien raison M. Fox c'en est déprimant :mrgreen:
Soupir.
Reste que c'est un film avec Eleanor Parker et qui de ce fait doit faire partie de toute bonne DVDthèque :mrgreen:
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par feb »

Oui mais alors le DVD doit être caché derrière Scaramouche, Fort Bravo et Le roi et quatre reines :mrgreen:
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Re: Roy Rowland (1910-1995)

Message par Jeremy Fox »

J'ai retrouvé mon avis d'ailleurs qui rejoint beaucoup le tien

L'Aventure fantastique : Many Rivers to Cross (1955) de Roy Rowland

Ce film fait partie, avec La Vallée de la poudre de George Marshall, des comédies westerniennes les plus connues, celles ayant été les plus souvent diffusées à la télévision en France. Ce qui n'est pas synonyme de qualité, la preuve ! Si le postulat de départ était amusant (une jeune fille n'a de cesse que de se faire épouser de force par le trappeur qui l'a tirée des griffes des Indiens, ce dernier ne voulant à aucun prix s'encombrer d'une femme), la mise en scène de Rowland est tellement indigente qu'elle casse pas mal d'effets. Le réalisateur ne sait même pas se servir du scope ni profiter des formidables décors naturels qu'il tient à sa disposition. Un bien beau gachis d'autant plus que pour les scènes de nuit, il fait se suivre indifféremment des plans nocturnes et diurnes sans même utiliser la nuit américaine en ayant l'air de s'en fiche comme d'une guigne. Nous n'attendions évidemment pas de vraisemblance mais il y a des limites surtout qu'à la MGM et avec un tel casting (avec dans les seconds rôles, James Arness, Russ Tamblyn, Victor McLaglen...), les moyens devaient très probablement être mis à disposition.
Sinon, grâce à l'abattage et à la beauté d'Eleanor Parker, à l'amusante composition de Robert Taylor en homme dépassé par les évènements, la sympathique partition de Cyril J. Mockridge, on s'amuse quand même un peu et la séquence finale de l'attaque indienne dans une grotte est plutôt bien menée. Mais c'est tout juste et c'est bien dommage.
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