Le Chagrin et la pitié (Ophüls) 8,5/10 ❤︎
Un documentaire sur l'occupation incisif, cinglant, terriblement évocateur sur l'affiliation d'une majorité au pouvoir, notamment à travers la fiction ralliante du bouclier et du glaive, et de sa résistance ultra minoritaire. Une oeuvre qui scrute les silences coupables, fait feu de tout ce qui ne s'avoue pas, remonte le fil de cette page d'histoire délibérément oubliée, tout en dénonçant cette honteuse normalité.
Le Disciple (Tamhane) 7/10 ❤︎
Belle surprise que ce film doux et mystérieux, qui atterrit en toute indifférence sur la plateforme de contenus Netflix. Quête initiatique d'un apprenti chanteur qui se transforme en une quasi méditation sur le temps, sur l'incompatibilité entre une pratique ancestrale à infusion lente, le râga, et la vitesse et attraits d'une modernité. Un certain portrait de l'Inde moderne.
L'Ange de la vengeance (Ferrara) 5/10
Revision pour ce célèbre rape & revenge réduit à l'os, qui emprunte pas mal à Carrie : même oeil halluciné et rageur de la victime qui en trop subie, le final, tout en répétant la même scène de tuerie, jusqu'au paroxysme. Film entièrement contenu dans la catharsis, ses trouées de violence, qui questionne le visage de sainte et impénétrable de Zoë Lund. Un prototype de défiguration de l'économie pulsionnelle chrétienne séduisant dans son épure mais qui dans son programme, malgré de belles images de ce NY craspec des 80's, laisse aussi sur sa faim.
In the Earth (Wheatley) 3/10
Authentique film psychédélique, qui engendre, dans son refus des étiquettes, au moins trois films : de pandémie, folklo-horrifique, et hallucinogène. Un geste résolument à part, mélange extrêmement bordélique et what's the fuck, qui peine à convaincre : l'absence de rigueur d'écriture, de direction d'acteurs renvoient le projet aussi au nanar incontrôlable. Mais pour ceux qui aiment les films pour une poignée de visions, les coloscopies cinématographiques à la Gaspard Noé, cela pourrait être le ticket gagnant.
La Grande Menace (Gold) 6/10
Brisby et le secret de Nihm (Bluth) 5/10
A l'abordage (Brac) 4,5/10
Film-bulle lui-même en vacance, totalement hermétique aux enjeux d’époque (2 blacks aux côté d’un ersatz de Doinel, horizons sociaux que Brac évacue très vite au profit exclusif d’une parade amoureuse), sorte de parenthèse petit bourgeoise répétant la forme rohmerienne : mise en scène « invisible », jeu d’acteurs approximatif, et sentimentalité . Un cinéma prônant la coupure, sinon le retour nostalgique à une forme d’innocence et de légèreté perdues. Bibelot cinéphile par excellence.
Jardins de pierre (Coppola) 8/10 ❤︎
Army of the dead, (Snyder)
Fidèle à sa sinistre réputation, une bouse atroce qui fait mal aux yeux, dans lequel Snyder invente le premier film myope. Entre la satire pénible de Vegas à la Mars Attack, les zombies sprinters qui poussent des cris de félins, l'escouade de durs à cuirs à la Aliens ou façon Les 12 salopards, traversé de boursouflures mélos et de scènes d'action floutées, la durée eléphantesque de 2H30, difficile de dire ce qui, ici, agresse le plus les sens, et l'âme. Une déchetterie à ciel ouvert qui voit se potentialiser les médiocrités, pour atteindre le point de non retour. Netflix strikes again.
The Father, (Zeller) 6/10
Bel effort de retranscription de la maladie d’Alzheimer qui, traduite en termes de film paranoïaque et d’inconfort émotionnel, rappelle le travail de Mother sur la défiguration de l’espace domestique. Film dont on sent l’origine théâtrale mais qui sait tirer profit de l’interchangeabilité des décors, et de l’effet de troupe, ici emmené par le tour de force Hopkins qui étonne encore, en travaillant une inattendue vulnérabilité de fin de vie.
Star Wars, (Lucas) 5/10
Intro immersive, ventre mou du milieu, esthétique bricolée kitch ( avec un coté très Muppet Show) et une spiritualité de pacotille, faisant l’éloge de l’intuition. Une tentative de recréation de mythe datée, qui atteste aussi d’une réalisation rigide et maladroites, d’une troupe médiocre. Deux épisodes suivront, supérieures…
SERIE
The Queen's Gambit : 2/10
Glamourisation des échecs, le tout coupé à l'eau.