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Re: Greta Gerwig

Publié : 18 avr. 21, 18:56
par Supfiction
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Le roman de Louisa May Alcott sorti en 1868 a depuis été adapté à six reprises dont 4 versions majeures (1933, 1948, 1994 et 2019) ayant connu chacune un grand succès.

La version de Greta Gerwig bénéficie d’une mise en scène dynamique et d’un montage rapide (en particulier au début, le rythme évoluant avec le récit) lui donnant un aspect non académique et indéniablement moderne. Comme le suggère pertinemment l’affiche, il y a beaucoup de mouvement, comme pour souligner la vitalité de la jeunesse.
En revanche, pour qui n’a pas l’histoire bien en tête, le récit paraît assez confus (pourtant ce n’est pas censé être compliqué) en raison d’un abus de flashbacks (le film démarre en 1868 puis revient en 1861 et alterne par la suite les époques) perturbant.
Ces allers-retours dans le temps donnent au film une plus grande ampleur mais aussi une amertume diffuse que l’on ne trouvait pas dans les précédentes versions même si la douceur était finalement quelque-peu atténuée par la tragédie de la seconde partie du récit.
Cette impression se prolonge jusqu’au dénouement que j’ai trouvé un brin cynique et très contemporain. Vraisemblablement Greta Gerwig ne pouvait envisager la fin habituelle beaucoup trop conformiste pour notre époque. Elle a trouvé un subterfuge malin pour filmer la fin attendue et écrite tout en la présentant astucieusement comme irréelle. Ainsi, les ultimes scènes avec l’éditeur sont de nouveaux clins d’oeil féministes appuyés. Gerwig nous dit quelque-chose dans ce genre : « nous les femmes d’aujourd’hui, nous ne sommes pas dupes de ce à quoi vous voulez nous réduire ».
Cette fin est donc à la fois un clin d’œil à l’état d’esprit des spectatrices contemporaines et une manière de s’inscrire en creux dans la woke culture.

Greta Gerwig parle du film et de ses choix ici et d’après elle, ces choix correspondent à ce qu’aurait voulu l’auteure sans oser l’imaginer :
https://m.soundcloud.com/thedirectorscu ... son-ep-229
https://podcasts.apple.com/jm/podcast/l ... 0456261535


Côté casting, Louis Garrel m’a impressionné par son charisme et Saoirse Ronan est très bien. Je n’en dirais pas autant de Emma Watson plutôt insipide et qui a constamment l’air d’être déguisée.

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J’ai voulu (re)voir la version de 94 avec Wynona Ryder en vedette ainsi que Kirsten Dunst et Claire Danes. Exercice très intéressant qui permet d’éclairer les choix de Greta Gerwig pour le film de 2019 et de mieux cerner les qualités et défauts du film. En premier lieu le casting. Deux choses sautent aux yeux : les actrices paraissent globalement un peu plus âgées et puis surtout il y a le choix de Louis Garrel beaucoup plus jeune que Gabriel Byrne en 1994. Ainsi, il n’y a plus que 11 ans d’écart avec Saoirse Ronan alors qu’il y en avait 21 entre Wynona Ryder et Gabriel Byrne précédemment.
Évidemment c’est un choix totalement dans l’air du temps.

Concernant les actrices, l’élément le plus intéressant est l’âge de Florence Pugh incarnant Amy la plus jeune sœur. Ce choix de casting est un peu perturbant au premier abord car on ne distingue plus bien les différences d’âge entre les sœurs (Amy est censée avoir 12 ans au départ alors que l’actrice fait le double). Mais le gros avantage, on s’en rend compte en voyant la version de 94, est que cela économise un changement d’actrice lorsque les années passent. Cela saute aux yeux en voyant la version de 1994 : Amy est excellemment interprétée par Kirsten Dunst, parfaite chipie, au début du film, puis on découvre au milieu du film une nouvelle actrice pour incarner le personnage à 20 ans. Ce changement n’est pas très bien géré et est un des points faibles du film de 94 qui a en revanche pour lui un casting féminin globalement supérieur (Wynona Ryder, Kirsten Dunst, Claire Danes ainsi que la moins célèbre mais parfaite Trini Alvarado qui incarne beaucoup mieux il me semble le personnage de la douce Meg que Emma Watson).
Mais la nouvelle version a pour lui une excellente Saoirse Ronan, qui ne fait pas tout à fait oublier Wynona Ryder mais impose sa version de Jo, plus ambitieuse peut-être et un peu moins attentionnée pour ses sœurs que ne l’étaient les précédentes incarnations.

Après avoir revu les versions 1933, 1948, 1994 et 2019, je trouve Wynona Ryder et Saoirse Ronan meilleures que leurs prédécesseurs June Allyson (trop âgée et pas assez garçon manquée) et surtout Katherine Hepburn qui en faisait des tonnes (avec, il me semble, un travail sur l’accent).
Des quatre rôles, Joe et Amy sont les plus intéressants et constituent sans aucun doute un énorme plaisir de jeu pour les actrices. Les deux autres rôles sont beaucoup plus fades. Ainsi, toutes les Amy sont mémorables, tant Joan Bennett qu’Elizabeth Taylor (la plus égoïste probablement mais qui accapare souvent l’attention), Kirsten Dunst (la seule à avoir le bon âge pour le rôle) mais Florence Pugh, la dernière en date, marque les esprits. Greta Gerwig lui donne l’occasion de donner une version plus subtile et complexe du personnage sur une plus large échelle de temps (c’est l’avantage d’avoir pris une actrice plus âgée). Elle est très convaincante et parfaitement égocentrique mais on découvre également davantage ses propres aspirations et talents artistiques.

Quant à Meg, l’aînée, plus effacée mais au grand cœur, j’ai un faible pour Trini Alvarado en 1994 ainsi que Janet Leigh. Malheureusement on ne retrouve pas la même bonté dans le jeu d’Emma Watson.

Re: Greta Gerwig

Publié : 30 avr. 22, 17:20
par Supfiction
candygirl a écrit : 30 avr. 22, 16:01
De mon côté, comme j'en ai fini avec la sœur du diable, j'ai pu faire la grasse mat' ce matin et me poser la nuit dernière devant Netflix pour égrainer les films qui disparaitront demain de sa grille... Comme j'aime bien Greta Gerwig, mon choix s'est porté sur No Strings Attached (Sex Friends en VF), avant dernier film d'Ivan Reitman et comédie romantique sans suspens dotée d'un humour qui n'est pas vraiment ma tasse de thé. Natalie Portman y est néanmoins attachante, Greta Gerwig est quasi absente et le fameux happy end aussi attendu qu'éventé dès la 1ère scène du film est quant à lui bien peu touchant.
4.5/10 pour l'affiche de The Warriors qui trône dans l'appart' d'Ashton Kutcher.
Comédie plutôt sympa de même que son jumeau Sex quelque chose avec Mila Kunis et Timberlake, au point que je mélange souvent les deux dans mon souvenir. Gerwig a effectivement un rôle de copine assez anodin.
comédie romantique sans suspens
Pléonasme.

Re: Greta Gerwig

Publié : 30 avr. 22, 17:23
par Torrente
Je suis d'accord avec candygirl.
Revu il y a 1 an ou 2 et même constat.

Re: Greta Gerwig

Publié : 30 avr. 22, 17:37
par Supfiction
Accessoirement Greta Gerwig fera cette année son retour devant la caméra (de son Noah Baumbach) depuis Jackie (2016).
Et tourne actuellement derrière la caméra Barbie avec Margot Robbie. Projet peu excitant à priori (mais sait-on jamais, il y a le précédent Il était une fois).

Re: Greta Gerwig

Publié : 30 avr. 22, 19:46
par Invité1
Supfiction a écrit : 30 avr. 22, 17:20
comédie romantique sans suspens
Pléonasme.
Ben non, pas forcément. Je ne suis pas une grande adepte du genre mais j'en ai vu quelques-unes où j'étais bien incapable de deviner si le couple allait finir ensemble ou pas de par l'originalité du script. (500) Days of Summer, par exemple. Ou encore Once. Voire même Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Il y a une forme de suspens romantique jusqu'à la finalité de ces récits. Avec No Strings Attached, j'ai immédiatement deviné comment cela allait se terminer.

Re: Greta Gerwig

Publié : 30 avr. 22, 20:04
par Torrente
candygirl a écrit : 30 avr. 22, 19:46 (500) Days of Summer
Rha ce film !!! :oops:

Re: Greta Gerwig

Publié : 30 avr. 22, 22:00
par Supfiction
candygirl a écrit : 30 avr. 22, 19:46
Supfiction a écrit : 30 avr. 22, 17:20

Pléonasme.
Ben non, pas forcément. Je ne suis pas une grande adepte du genre mais j'en ai vu quelques-unes où j'étais bien incapable de deviner si le couple allait finir ensemble ou pas de par l'originalité du script. (500) Days of Summer, par exemple. Ou encore Once. Voire même Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Il y a une forme de suspens romantique jusqu'à la finalité de ces récits. Avec No Strings Attached, j'ai immédiatement deviné comment cela allait se terminer.
Tu cites effectivement de bons contre-exemples, quoique je ne crois pas que le Gondry soit vraiment une comédie romantique. Once est effectivement en dehors des sentiers battus.
Me rappelle plus comment finissait (500) Days of Summer mais peut-être pas par une fin si anticonformiste que ça. A propos de Marc Webb, il réalise la série Crazy Ex-Girl friend, et l’on retrouve dans le premier épisode une scène de comédie musicale qui rappelle celle de (500) Days of Summer.

Re: Greta Gerwig

Publié : 14 déc. 23, 11:08
par Supfiction
Selon certains médisants, il n'y aurait pas beaucoup de considération (ici) envers Greta Gerwig (parce que c'est une femme je suppose réalisatrice).. Permettez-moi d'en douter.
Supfiction a écrit : 15 nov. 17, 20:32 Voir Greta Gerwig et record au box office dans la même phrase, ça fait un peu bizarre.
:mrgreen:
(message de 2017, une autre époque où Gerwig sortait de film new-yorkais en noir et blanc)

Re: Greta Gerwig

Publié : 14 déc. 23, 13:11
par Supfiction
innaperfekt_ a écrit : 14 déc. 23, 13:03
Hâte de voir les blockbusters proposés en compétition, dis donc.

Sinon, Gerwig reste à jamais dans mon coeur pour Greenberg. Quel film formidable ! Et Damsels in Distress, c'est super aussi.
J’aime énormément Damsels in Distress. Un film tellement désuet et étrange qu’on aurait pu y croiser Jean-pierre Leaud.

Re: Greta Gerwig

Publié : 6 juin 24, 12:19
par Supfiction
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Mise en ligne sur Mycanal. Quelqu’un l’a vu ?

Re: Greta Gerwig

Publié : 6 juin 24, 14:06
par MJ
Supfiction a écrit : 6 juin 24, 12:19Mise en ligne sur Mycanal. Quelqu’un l’a vu ?
Passer de ce script à celui de Barbie en seize ans, ça raconte bien à quel point le monde est devenu plus stupide.

Re: Greta Gerwig

Publié : 6 juin 24, 16:58
par Flol
MJ a écrit : 6 juin 24, 14:06
Supfiction a écrit : 6 juin 24, 12:19Mise en ligne sur Mycanal. Quelqu’un l’a vu ?
Passer de ce script à celui de Barbie en seize ans, ça raconte bien à quel point le monde est devenu plus stupide.
Parfaitement résumé.
Donc oui : Hannah Takes the Stairs, c'est bien.