Premake/Remake

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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yiannis
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Re: Premake/Remake

Message par yiannis »

« Anna Karenine » (Love) de Edmound Goulding 1927 (attention spoilers)

En 1927 Greta Garbo est déjà une grande star, auréolée par le succès mondial de la “Chair et le Diable” où elle forma un couple inoubliable avec John Gilbert sous la direction de Clarence Brown. Lasse de jouer les femmes fatales, elle exigea un nouveau contrat avec un meilleur salaire et le droit de choisir de rôles plus complexes et plus intéressants. Donc, elel gagna cette bataille et interprèta pour la première fois un rôle de rêve celui de Anna Karenine. Elle ‘navait que 22 ans à l’époque de tournage.

Tout d’abord, la réalisation du film a été confiée au russe Dmitri Buchowetski. Le rôle de Vronsky a Rocardo Cortez (partenaire peu inspiré de Greta dans « Le Torrent » son premier film américain) et celui de Karenine à Lionel Barrymore. Mais, ni Thalberg ni Garbo n’étaient satisfaits des premières prises de vue de Buchowetski (ni du choix de Cortez dans le rôle de Vrosnky). Donc, Thalberg confia la réalisation à Edmound Goulding , le rôle de Vrosky à John Gilbert (Garbo et Gilbert in « Love » annoncaient les affiches du film !) , le rôle du fils de Anna au merveilleux Philippe de Lacy et le rôle de Karenine à Brandon Husrt.

Il s’agit, certes d’une adaptation libre du roman de Tolstoy qui se consacre principalement à l’histoire d’amour entre Anna et Vrosnky et le déchirement de cette femme car elle doit faire un choix entre son fils qu’elle chérit plus que tout et son amant. La première séquence on voit Garbo avec le visage voilé (ah notre Divien mysterieuse !) lorsqu’elle rencontre Vrosky dans une tempête de neige et ils sont obligés de s’abriter dans une auberge. Vroskny-Gilbert fait des avances à Anna, mais elle le repousse. Cette scène, une des plus puissantes du film, nous permet de sentir l’électricité dégagée et l’intensité entre Garbo et Gilbert et surtout la très grande actrice qui était déjà Garbo à l’époque, capable de suggérer une multitude de sentiments avec son visage et son langage corporel. Attirance, colère, fragilité, culpabilité tout y est dans ses yeux.

Par la suite, Garbo-Anna après une deuxième rencontre avec Vrosnky établit clairement son dilemme de femme et de mère, car elle se sent déjà partagée entre son amour pour Vrosnky et son amour pour son fils. Sa première scène avec le magnifique Philippe de Lacy est une pure merveille de tendresse, de complicité et même de sensualité.

La scène où les deux amants s’enfuient en Italie est aussi l’une de plus belles du film. Une mélancolie qui plane dans le regard et le sourire triste de la Divine, la façon qu’elle caresse tendrement et sensuellement un petit garçon qui lui rappelle son fils, et puis cette manière bouleversante avec la quelle elle s’effondre au sol comme si elle ne pouvait plus subir le poids de sa tristesse et de son chagrin.

La scène (après le retour à Saint Petersburg) dans laquelle elle rend visite à son fils pour son anniversaire est sans doute la plus belle du film et celle où Garbo déploie toute l’étendue de son génie d’actrice et cette magie émanant de sa personnalité secrète et sa tendresse. Philippe de Lacy se réveille et s’aperçoit que sa mère et à ses côtés. Garbo agenouillée, lumineuse et triste offre son visage à son fils qui l’embrasse tel un amant. Scène sensuelle et en même temps très pure et bouleversante. Garbo-Anna aide son fils à prendre son bain. Des moments de détente qui seront brutalement interrompus par l’entrée de son mari. Le visage de Garbo exprime à la fois la détresse, sa tristesse, et sa descente vers la mort.

La scène des adieux avec Vronsky qui a été dirigée par Gilbert nous offre des magnifiques morceaux d’anthologie grâce à la subtilité du jeu et de la complicité amoureuse de deux acteurs. « Anna même la mort ne peut pas nous séparer » lui dit Gilbertt et dans l’expression de Garbo nous verrons la fatalité et l’ombre de la mort. Inoubliable !

La MGM tourna deux fins pour ce film, l’une tragique conforme à Tolstoy avec le suicide de Anna (destinée à l’Europe et aux grandes villes américaines) et l’autre heureuse destinée au Middle West américain). Détail intéressant. La fin heureuse fut tournée avec le nouveau procédé de la caméra panchromatique qui permettait de restituer toutes les nuances dans les visages des acteurs (tandis qu’avant les visages nous paraissent bien pâles et blancs). « La Belle tenebreuse » avec Garbo fut tournée par ailleurs entièrement avec ce procédé.

« Anna Karenine » (1935).(attention spoilers)

En 1935 Garbo tente à nouveau d’entrer dans l’âme de l’héroïne de Tolstoy. Dans un film parlant qui la réunit avec l’un de ses réalisateurs préférés, Clarence Brown (magnifiques costumes d’Adrian et travail exemplaire du chef opérateur William Daniels). Son partenaire est Fredric March qui paraît-t-il ne voulait plus jouer dans de films en costumes. Freddie Bartholomew joua le fils de Anna et Basil Rathborne interpréta le rôle de son mari (on remarque aussi Maureen O Sullivan convaincante dans le rôle de Kitty).

La scène de l’ivresse des officiers au début du film est un véritable morceau d’anthologie avec un travelling magnifique sur la table qui donne un relief extraordinaire à cette scène (Clarence Brown utilisa déjà cette technique dans un film muet, « L’aigle » avec Valentino). La première apparition de Garbo-Karenina sous la fumée du train est à juste titre célèbre et établit clairement le personnage de Anna. Une apparition, une âme plus qu’un être de chair et de sang, vouée à la tragédie.

La maitrise dramatique du rôle par Garbo au sommet de sa maturité d’actrice est étonnante. Chaque intonation, chaque inflexion de sa voix exprime le désarroi de son personnage, ses doutes, sa joie, sa peine. Une voix pleine de sagesse (lorsqu’elle évoque magnifiquement sa jeunesse à Kitty qui lui parle du bal où elle reverra Vrosnky), triste dans la partie du croquet lorsqu’elle essaie en vain de résister aux avances de Vrosnky, fragile et tendre dans ses scènes avec son fils, dure et hantée par la peur lorsqu’elle ressent la lassitude de son amant. La dernière scène dans la gare est aussi célèbre avec le regard perdu de Anna, vidé de tout poussé par le désespoir vers la mort.

Il s’agit probablement de la plus célèbre adaptation du livre de Tolstoy. Certes, ce n’est pas un film parfait, mais il demeure néanmoins passionnant et Garbo y interprète une grande Anna Karenine, moins sensuelle et peut-être moins fragile que sa première Anna, mais plus mure et sûre d’elle-même. Fredric March est convaincant en Vrosnky surtout dans ses scènes d’officier et ses scènes de lassitude avec Anna. Freddie Bartholomew fonctionne assez bien dans ses scènes avec Garbo, mais il manque la sensualité de Philippe de Lacy, tandis que Basil Rathborne campe un Alexei froid et calculateur qui fonctionne assez bien mais qui manque peut-être d’humanité.

« Anna Karenine » 1948 de Julien Divivier (attention spoilers)

Après Greta Garbo une autre grande actrice tenta sa chance avec Anna Karenine. Vivine Leigh. Très belle et gracieuse, avec de costumes magnifiques de Cecil Beaton et merveilleusement photographiée par Henri Alekan, c’est vrai que physiquement elle correspond parfaitement à la description de Tolstoy. Pourtant, pour mois au moins, soin interprétation est une grande déception. Pour autant j’aime beaucoup Vivien Leigh qui fait partie de mes actrices préférées. Ses interprétations dans « Autant en emporte le vent » et surtout dans « Tramway nommé désir » figurent parmi les plus grandes de tout le temps. Mais ici, on a l’impression que la flamme qui pouvait animer le personnage de Anna n’y est pas. Le film reste beau mais il manque de vie. En apparence, il est pourtant plus proche du livre de Tolstoy que les précédents films (le personnages de Levin et Kitty sont mieux développés, ainsi que la maladie de Anna), mais cela ne suffit pas pour rendre ce film passionant.

Le problème c’est peut-être du au casting de Vrosnky avec l’inexpressive Kieron Moore dont le couple formé avec Vivien Leigh ne fonctionne jamais. En revanche, le Karenine du grand Ralph Richardson (l’un des plus grands acteurs du théâtre britannique avec John Gielgud, et Laurence Olivier) est exceptionnel de retenue, plus en être torturé et victime de sa position sociale qu’un homme dur (comme c’était le Karenine de Basil Rathborne). Il nous laisse voir son humanité peu à peu et rend le personnage complexe et même émouvant.

Vivien Leigh apporte néanmoins un élément intéressant dans son interprétation, une touche de fragilité et une descente progressive dans la folie ce qui peut expliquer aussi la déchéance de Anna. Et son interprétation annonce déjà sa plus grande interprétation à venir celle de Blanche dans « Tramway nommé désir ».
Parmi els autres adaptations du roman de Tolsty, je me souviens avoir vu la version russe de 1967 de Aleksander Zavkihi avec Tatyana Samojlova (convaincante). On peut citer aussi Jacqueline Bisset (très belle mais pas très convaincante) dans un film pour la télévision de 1985 avec Christopher Reeve dans le rôle de Vrosnky et Paul Scofield (grand acteur britannique et le meilleur élément du film dans le rôle du mari), ainsi qu’une version bâclée de Bernard Rose de 1997 avec Sophie Marceaux qui n’arrive jamais à exprimer l’âme du personnage de Anna. En revanche, je garde encore un excellent souvenir d’une série britannique de Anna Karenine des années 70 en 1977 avec une merveilleuse Nicola Paget dans le rôle- titre.

Pour résumer de toutes les adaptations du livre de Tolstoy, j’ai un faible pour la version muette de 1927 même si c’est la version qui a pris le plus de libertés avec le roman (mais un fun livre après tout est une source d’inspiration pas un scénario pour faire un film) car il y a une sensualité, une magie dans le jeu et la présence de Garbo qui me touchent profondément plus que dans les autres adaptations du roman.
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Re: Premake/Remake

Message par villag »

yiannis a écrit :«



ainsi qu’une version bâclée de Bernard Rose de 1997 avec Sophie Marceaux qui n’arrive jamais à exprimer l’âme du personnage de Anna. .



Film sans doute inferieur aux classiques dont on parle plus haut, mais ayant cependant un merite: le couple Levine/ kitty n'est pas sacrifié...;.ceci dit, ce n'est pas un grand film bien qu'on puisse le voir sans ennui...!
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yiannis
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Re: Premake/Remake

Message par yiannis »

C'est vrai, j'étais un peu dur avec le film de Rose avec Sophie Marceau, c'est tout à fait regardable. Je voulais juste ajouter que par rapport au livre de Tolstoy (l'un des grands chefs d'oeuvre de la littérature) que j'adore, il me semble qu'il est difficile de faire un film tout à fait fidèle au livre. Il n'est pas donc étonnant que la plupart de films réalisés jusqu'à aujourd'hui se consacrent principalement au personnage de Anna plus que à celui de Levine, car dans l'imaginaire populaire c'est surtout à Anna Karenine qu'on y pense: personnage romanesque, et féministe, tragique, qui réunit la mère, l'épouse,la maitresse, un rôle de rêve pour toute actrice. Un autre cinéaste pourrait aussi faire un film mettant l'accent sur Levine qui exprime la philosophie de Tolstoy par rapport au peuple russe et à la vie d'une manière générale (mais cela aurait eu peut-être moins de succès).
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Ann Harding
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Re: Premake/Remake

Message par Ann Harding »

Voici un autre cas de premake/remake intéressant. J'ai pu voir le WE dernier au National Film Theatre de Londres la toute première version de The Constant Nymph.

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The Constant Nymph (1928, Adrian Brunel) avec Ivor Novello, Mabel Poulton, Elsa Lanchester et Benita Hume

Lewis Dodd (I. Novello) un compositeur bohème rend visite à son ami Sanger dans les Alpes suisses. La maisonnée turbulente comprend les filles de Sanger issues de différents mariages. Sanger, alcoolique, décède brusquement laissant ses filles sans ressources...

Cette première adaptation du roman de Margaret Kennedy a été réalisée en 1928, en GB, par Adrian Brunel. Le film bénéficie de nombreux avantages par rapport au remake de 1943. D'abord, l'interprétation qui est dominée par la remarquable composition de Mabel Poulton en Tessa. Elle paraît être adolescente sans avoir besoin d'aucun subterfuge. Ivor Novello a lui aussi l'âge du rôle face à un Boyer nettement plus âgé qui n'a pas sa légèreté. Ensuite, il y a ici un film tourné dans les Alpes autrichiennes face à un film de 1943 tourné entièrement en studio qui manque de respiration. Et pour couronner le tout, il y a la censure du Hays Office qui ampute le film de Goulding de la fuite des amants. Cette version muette commence comme une comédie légère décrivant la famille dysfonctionnelle de Sanger, ses nombreuses filles et sa mégère de femme. Mabel Poulton est parfaite dans un rôle qui lui va comme un gant : espiègle, délurée et charmante. Le film reste comique avec l'arrivée de Dodd à Londres avec sa nouvelle femme très snob qui entreprend de l'introduire dans la bonne société. On assiste à un soirée musicale guindée qui ennuie copieusement Lewis et Tessa. Tous deux disparaissent dans la cuisine pendant qu'une jeune Elsa Lanchester fait un numéro comique en dame très snob. Lewis réalise alors qu'il a toujours aimé Tessa malgré leur différence d'âge et ils s'enfuient tous deux vers le continent. Hélas, Tessa meurt dans une pension de Bruxelles. La scène finale avec la mort de Tessa est une belle réussite. Le film réussit sa transition de la comédie au drame. Adrian Brunel n'est pas un grand réalisateur, mais son film tient très bien la route narrativement. Il est fort dommage que ce film muet ne soit que peu diffusé. Il n'existe plus que sous la forme d'une copie 16 mm teintée ambrée, mais de bonne qualité. La présentation au BFI a attiré les foules avec une salle pleine. Il faut d'ailleurs que je mentionne comment les films sont présentés au BFI (une manière qui tranche avec la Cinémathèque Française). On entre dans la salle et on reçoit un programme de deux pages qui donne le générique artistique & technique complet du film accompagné de notes et de critiques d'époque. Et les films muets sont toujours accompagnés par un pianiste. Ce soir-là, John Sweeney a offert un accompagnement remarquable mêlant comique et tragique, sans jamais tirer la couverture à lui. Une excellente soirée.
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Je reposte en complément mon avis le film de Goulding.

The Constant Nymph (Tessa, la nymphe au coeur fidèle, 1943) avec J. Fontaine, Charles Boyer et Alexis Smith

Le compositeur Lewis Dodd (C. Boyer) est l'ami du compositeur Albert Sanger (M. Love) qui vit dans les montagnes suisses avec ses filles. L'une d'elles Tessa (J. Fontaine) est secrètement amoureuse de Dodd sans qu'il s'en doute. Suite à la mort de leur père, les filles partent en Angleterre pour un pensionnat tandis que Lewis épouse la richissime Florence Creighton (A. Smith)...

En 1943, Goulding réalise la troisième version cinématographique du roman de Margaret Kennedy. Les deux premières versions sont britanniques. La première de 1928 (muette) doit être fort intéressante car tournée en Autriche avec l'icone du cinéma anglais de l'époque Ivor Novello et la jeune Mabel Poulton. Par contre, Goulding doit se contenter de filmer le film entier en studio. Cela réduit singulièrement l'ampleur qu'il pourrait avoir. Mais, Goulding utilise la grue et les mouvements de caméra pour tenter de compenser cette claustrophobie. Joan Fontaine est une adolescente très crédible comme elle le sera dans Letter from an Unknown Woman pour Ophüls en 1948. Ce qui donne au film un charme tout particulier -en tous cas, pour moi!- c'est la superbe partition signée Erich Wolfgang Korngold. Il réutilisera la musique (comme il en avait le droit dans son contrat avec la Warner) pour une pièce symphonique intitulée Tomorrow Op. 33. Cette histoire d'amour entre une jeune adolescente et un homme d'âge mur semble avoir subi quelques coupes dues à la censure. Il n'est pas question de suggérer que Dodd ait eu de quelconque rapports avec Tessa (contrairement au film muet de 1928). Ici, nous restons dans les limites de la censure. Néanmoins, le film a beaucoup de charme grâce à Joan Fontaine. Alexis Smith a par contre un rôle assez stéréotypé en femme jalouse. Boyer est bon comme à son habitude. J'ai passé un bon moment avec ce film où de nombreux seconds rôles sont tenus par des piliers d'Hollywood comme Charles Coburn ou Montagu Love (un méchant des films muets que je n'ai pas du tout reconnu sous sa barbe blanche). Il est bien dommage que ce film soit quasiment invisible depuis des années. La copie que j'ai vue était assez médiocre et ne permet pas d'apprécier le travail de Tony Gaudio.
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Re: Premake/Remake

Message par jacques 2 »

Tout cela est bel et bon mais terriblement sérieux et très (trop ?) cinéphile de bon goût ... :D

Si on parlait plutôt du remake de "Casablanca" avec Pamela Anderson ? :mrgreen:
francesco
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Re: Premake/Remake

Message par francesco »

Moi quand je vois la qualité des analyses et des commentaires qu'on trouve dans ce fil je suis très fier de l'avoir lancé. :D

Je n'ai même pas besoin d'intervenir d'ailleurs ...
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Re: Premake/Remake

Message par jacques 2 »

francesco a écrit :Moi quand je vois la qualité des analyses et des commentaires qu'on trouve dans ce fil je suis très fier de l'avoir lancé. :D

Je n'ai même pas besoin d'intervenir d'ailleurs ...
Et tu as bien raison d'en être fier : je badinais ...
Quoique, les remakes "bis", c'est intéressant aussi, non ? :wink:
francesco
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Re: Premake/Remake

Message par francesco »

Non mais les "bis" on sort déjà souvent du naphta pur et dur, des antiquailles qu'on aime ... déjà qu'on se bat comme des forcenés pour exister face aux déferlantes 70's :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Finalement je me dis que le topic a pris la direction que je lui avais donné dans mes premiers posts, ce n'est pas si fréquent en fait.

C'est vrai que je suis impressionné par la manière qualitative dont Cathy a entretenu le fil, par les participation de Yannis (qui connait bien autre chose que Garbo en dépit de son amour pour elle :wink: ) et par celle toute récente d'AnnHarding. Et puis ça permet de faire des voeux. Par exemple on aimerait tous qu'un jour la première version de Chagrin d'amour puisse se trouver !

Je peux aussi avouer que je fantasme sur le remake allemand de Grand Hotel avec Michèle Morgan par exemple.
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Cathy
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

Je te remercie Francesco :) ! Ton topic était une très bonne idée, surtout quand on a une manière compulsive de regarder les films !

Je dois avouer trouver passionnant de comparer deux versions d'une même histoire ou réel remake ! Si certaines versions sont plus des relectures du même thème comme Anna Karenine (il faudrait que je vois aussi la version Sophie Marceau :fiou: ), j'ai adoré visionné les deux Gaslight l'un après l'autre et voir toutes les différences de traitement autour d'un même thème et d'une même issue dramatique !
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Re: Premake/Remake

Message par yiannis »

C'est vrai que c'est un sujet passionnant de pouvoir visionner deux voir trois faces de la même histoire, parfois avec les mêmes acteurs ou avec des interprètes, ou des réalisateurs différents. Combien de fois j'ai vu "Love" suivi par la version de 1935 ou la version américaine de "Anna Christie" suivie par la version allemande (plus convaincante) de Jacques Feyder (il faut toujours que je parle de Garbo!). Les deux versions de "Gaslight" sont passionnantes. Sans doute, moins de séduction dans la version britannique de 1940, même si le film est plus proche de la source à savoir la pièce de Patrick Hamilton, ainsi que le personnage de Diana Wynyard (moins romanesque et moins évidemment fragile que Ingrid Bergman). Mais après tout, il y a toujours tant de façons d'adapter un livre, une pièce de théâtre ou une histoire connue. Après tout, nous avions eu "Mata Hari" interprétée par Asta Nielsen, puis par la Divine Garbo et même Marlène dans "Agent X 27", puis par Jeanne Moreau dans de films très différents. Quant à la pièce des pièces "Hamlet" combien de versions différentes? "Hamlet" interprété par une femme, Asta Nielsen, par le grand Laurence Olivier, par Kenenth Branagh ou le russe (l'un des meilleurs) Innokenti Smoktunovsky? "Stella Dallas" dans un muet avec Belle Bennett et Colman et dans de films parlants avec la merveilleuse Barbara Stanwyck et même plus tard par Bette Midler. Tant de versions, certaines plus réussies que d'autres mais qui nous permettent de comparer, discuter, d'échanger de points de vue et aimer passionnément ou même rejeter certaines d'entre elles.
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Ann Harding
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Re: Premake/Remake

Message par Ann Harding »

Voici un autre cas intéressant de remake passant du muet au parlant.
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Chicago (1927, Frank Urson) avec Phyllis Haver, Victor Varconi et Eugene Palette

Roxie Hart (P. Haver) tue de sang froid son amant Rodney Casley (E. Palette) quand il lui annonce qu'il la quitte. Elle téléphone à son époux pour lui annoncer qu'elle a tué un cambrioleur...

Maurine Watkins était reporter au Chicago Tribune lorsqu'elle eut à couvrir deux cas de meutres par de jolies femmes sans scrupules. Elle en tira une pièce à succès qui se joua à Broadway avant de se retrouver à l'écran en 1927 produite par Cecil B. DeMille. Si le grand Cecil n'est pas crédité comme réalisateur, c'est qu'il vient de sortir The King of Kings et que l'histoire sulfureuse de Roxie Hart est en contradiction avec ses sujets bibliques. Son assistant sur de nombreux films, Frank Urson le signe. Mais, Cecil a bel et bien supervisé (et réalisé) des scènes de ce film. Nous sommes dans le Chicago des années 20 où la corruption et le vice règnent en maître. Policiers, magistrats et journalistes sont obsédés par l'opportunisme qui pourrait les rendre célèbres à n'importe quel prix. Roxie Hart est une gold digger vénale qui trompe son mari pour de l'argent et n'hésite pas à éliminer son amant lors qu'il lui refuse de l'argent. Les journalistes sont obsédés par les scoops et l'avocat de Roxie, William Flynn, est corrompu jusqu'à la moëlle. Parmi tout ce beau monde, il y a le mari de Roxie, Amos Hart qui reste probe. Mais, lui aussi est poussé au crime pour obtenir de l'argent pour payer l'avocat de sa femme. Voici une vision bien noire de la société des années 20. Les collaborateurs habituels de DeMille ont oeuvré sur le film: Peverell Marley à la photo, Anne Bauchens au montage et Mitchell Leisen aux décors. C'est une belle réussite avec au premier plan la performance de Phyllis Haver en Roxie Hart. La blonde platine en déshabillé provocant se méthamorphose en oie blanche pour le procès. Un film très agréable et d'une grande beauté visuelle dans la superbe copie offerte par Flicker Alley accompagnée de musiques des années 20.

Roxie Hart (1942, WA Wellman) avec Ginger Rogers, Adolphe Menjou et George Montgomery

Quand Wellman reprend l'histoire de Roxie Hart en 1942, le code Hays est en place et on peut deviner les difficultés rencontrées par les scénaristes pour dépeindre le personnage: adultère, meurtrière et qui est libérée et innocentée. Je dois admettre qu'ils se sont remarquablement bien débrouillés. Le mari de Roxie est ici un être fallot, inconscient des tords de son épouse. Roxie tue un homme (presque) en état de légitime défense alors que Phyllis Haver, elle assassinait Eugene Palette d'une balle dans le dos. Mais, l'avocat marron William Flynn est remarquablement interprété par Adolphe Menjou. Ses séances de répétition avec Ginger avant le procès sont vraiment hilarantes. Ginger dans le rôle principale est superbe mélangeant gouaille, agressivité et un charme canaille. Elle aussi essaie de passer pour une oie blanche durant le procès tout en machouillant du chewing gum et en soulevant sa jupe pour montrer ses genoux. On peut seulement regretter le traitement en flash-back par le reporter et une fin conventionnelle qui montre une Roxie assagie (peu crédible). Les rôles secondaires sont excellement joués surtout par Spring Byington (en éditorialiste à sensation). Un bon Wellman.
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Ann Harding
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Re: Premake/Remake

Message par Ann Harding »

Décidément, je deviens une habituée de ce topic! :mrgreen:

The Blue Veil (1951, C. Bernhardt) avec Jane Wyman, Charles Laughton et Agnes Moorehead

Ce mélo lacrymal est un remake quasiment identique du Voile Bleu (1942, Jean Stelli) qu'interprétait Gaby Morlay et qui fut un des plus gros succès du cinéma pendant la guerre. RKO a racheté les droits pour en faire un 'woman's picture' avec Jane Wyman. L'intrigue reste pratiquement la même. Louise Jarraud perd son enfant peu de temps après sa naissance et décide de se consacrer aux enfants des autres en tant que nurse. Le film français est un prétexte pour introduire de nombreux grands acteurs français tels que Charpin, Elvire Popesco, Alerme et Pierre Larquey. Dans le film américain, Laughton reprend le rôle de Charpin et Joan Blondell celui de la star du show-biz jouée par Elvire Popesco. Néanmoins, il y a quelques différences. Le dernier employeur de Louise dans la version française était une odieuse vieille femme alors qu'ici elle devient simplement femme de ménage dans une école (prétexte à une courte scène avec un enfant). La noirceur absolue de cet épisode est donc gommée au profit d'une séquence moins intéressante. Quant au final, il reste à peu près identique avec les retrouvailles entre la nurse et ses 'enfants' devenus tous adultes. Il est intéressant de constater que le message original du film -plutôt Vichyste- montrait une France en déliquescence avec des parents qui n'assumaient pas leurs responsabilités. Ici, le message reste le même : les parents sont totalement absents alors que la dévouée Louise élève seule ses malheureux enfants abandonnés. Mais, les 'mères sacrificielles' sont légion dans de nombreux mélos américains comme dans The Life of Vergie Winters, donc un sujet comme The Blue Veil convient idéalement au cinéma américain. Dans l'ensemble, le remake est intéressant, mais un peu moins bon que le film original. Morlay n'a plus émue que Wyman. Merci à Francesco pour cette découverte. :wink:
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Cathy
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

I Wake up screaming (1941) et Vicki (1953) - réalisés respectivement par Bruce Humberstone et Harry Horner

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Une mannequin est retrouvée assassinée à son domicile. Tous les soupçons se portent sur celui qui a lancé sa carrière, un policier s'acharne à prouver sa culpabilité.

Attention spoilers un peu partout

12 ans avant Vicki, Bruce Humberstone réalise une première adaptation du roman de Steve Fisher. Si les grandes lignes du roman sont illustrées sensiblement de la même manière dans les deux films, l'ambiance est radicalement différente dans les deux films. Si la seconde version est résolument noire, la première montrait aussi les relations qui se nouaient entre la soeur de la victime et le producteur de celle-ci. L'importance du policier n'est pas tout à fait traitée de la même manière. Dans la seconde version, c'est lui, en quelque sorte la vedette du film, on le voit interrompre ses vacances pour aller résoudre le crime de Vicki et sa fin n'est pas la même, plus dramatique et plus logique dans la première version, plus dans une tendance psychanalytique dans la seconde version. La grande différence est aussi dans les deux milieux différents dans lesquels évoluent les personnages. Si dans la seconde version, on a l'impression de deux soeurs vivant dans un appartement plus que modeste, ce n'est pas la même sensation que l'on a en voyant le premier film, appartement plus "cossu", même si les deux jeunes femmes n'apparaissent pas fortunés. L'ambiance est aussi plus légère, le policier est beaucoup moins angoissant dans la première version, alors que dans la seconde, il paraît un coupable tout à fait possible. L'utilisation des flashbacks est moins présente dans cette première version et la personnalité de Vicki moins omniprésente, alors que dans le second, les rues sont couvertes d'affiches représentant Vicki dans toute sa gloire. On comprend d'ailleurs mieux que le second film s'intitule Vicki, car le film tourne beaucoup plus autour de la personnalité de la victime. il y a aussi la révélation du coupable qui est présentée légèrement différemment, avec cet appel dont on entend juste la voix dans la seconde version appuyant le côté "surnaturel" de la scène, contrairement au premier où on sait ce qui va se passer.

Il y a aussi le traitement du producteur, sans doute présence de Victor Mature oblige, Christopher est beaucoup plus chaleureux dans la première version, et tout de suite on voit qu'il tombe sous le charme de la soeur de Vicky. Il y a aussi une grosse différence avec sa "cavale". Si dans le premier, les deux "amoureux" s'enfuient ensemble, c'est même la soeur de Vicki qui scie les menottes, dans le second, le caractère "coupable" potentiel est plus accentué avec une cavale plus solitaire. La scène du cinéma figure dans les deux films, mais si elle n'est que le prétexte de leurs retrouvailles et d'un clin d'oeil à Laura dans le second, dans le premier, le cinéma est un endroit plus intime. On voit aussi se nouer réellement les relations entre la soeur de Vicki et Christopher, Betty Grable oblige, il fallait la montrer en pin up, du coup, une scène à la piscine totalement absente du second film permet de la montrer brièvement en maillot de bain. La personnalité de Vicki est aussi moins "présente" dans la première version, dans la seconde, les flashbacks sont sans doute plus forts, et les liens entre les différents suspects sont plus confus, alors que dans la première version, on les voit se saoûler ensemble montrant leur amitié. Par contre le personnage de l'acteur est plus important dans la seconde version.

Ce ne sont sans doute que des détails, mais les deux films bien que très semblables montrent des différences très notables surtout dans cette ambiance plus "romantique" du premier film et plus "psychanalytique" du second. La personnalité de Laird Cregard est moins impressionnante, plus bonhomme, moins inquiétant que celle de Richard Boone en policier obsédé par ce meurtre. Betty Grable est excellente dans le rôle de la soeur tout comme Jeanne Crain, mais la personnalité de la seconde montre une soeur plus "froide", moins sympathique. Quant à Victor Mature, il campe un producteur plus humain, plus sympathique, plus "vivant" et surtout à l'innocence totalement évidente alors que Elliott Reid joue un rôle plus victimisé. Des doutes persistent sur sa culpabilité tout le long du film, même si on sait pertinement qu'il ne peut être le coupable. Carole Landis est la première Vicki plus coquette que celle de Jean Peters, plus glamour.
Les deux versions sont donc assez intéressantes à comparer par cette ambiance finalement très différente, angoissante dans le second, plus légère dans le premier sans doute aussi par l'utilisation régulière d'Over the Rainbow comme thème musical ou une musique jazz plus gaie, plus proche d'un univers à la Gershwin, que d'un univers stressant. En tout cas deux versions intéressantes du même thème.
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Re: Premake/Remake

Message par Federico »

Cathy a écrit :I Wake up screaming (1941) et Vicki (1953) - réalisés respectivement par Bruce Humberstone et Harry Horner

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Une mannequin est retrouvée assassinée à son domicile. Tous les soupçons se portent sur celui qui a lancé sa carrière, un policier s'acharne à prouver sa culpabilité.

Attention spoilers un peu partout

12 ans avant Vicki, Bruce Humberstone réalise une première adaptation du roman de Steve Fisher. Si les grandes lignes du roman sont illustrées sensiblement de la même manière dans les deux films, l'ambiance est radicalement différente dans les deux films. Si la seconde version est résolument noire, la première montrait aussi les relations qui se nouaient entre la soeur de la victime et le producteur de celle-ci. L'importance du policier n'est pas tout à fait traitée de la même manière. Dans la seconde version, c'est lui, en quelque sorte la vedette du film, on le voit interrompre ses vacances pour aller résoudre le crime de Vicki et sa fin n'est pas la même, plus dramatique et plus logique dans la première version, plus dans une tendance psychanalytique dans la seconde version. La grande différence est aussi dans les deux milieux différents dans lesquels évoluent les personnages. Si dans la seconde version, on a l'impression de deux soeurs vivant dans un appartement plus que modeste, ce n'est pas la même sensation que l'on a en voyant le premier film, appartement plus "cossu", même si les deux jeunes femmes n'apparaissent pas fortunés. L'ambiance est aussi plus légère, le policier est beaucoup moins angoissant dans la première version, alors que dans la seconde, il paraît un coupable tout à fait possible. L'utilisation des flashbacks est moins présente dans cette première version et la personnalité de Vicki moins omniprésente, alors que dans le second, les rues sont couvertes d'affiches représentant Vicki dans toute sa gloire. On comprend d'ailleurs mieux que le second film s'intitule Vicki, car le film tourne beaucoup plus autour de la personnalité de la victime. il y a aussi la révélation du coupable qui est présentée légèrement différemment, avec cet appel dont on entend juste la voix dans la seconde version appuyant le côté "surnaturel" de la scène, contrairement au premier où on sait ce qui va se passer.

Il y a aussi le traitement du producteur, sans doute présence de Victor Mature oblige, Christopher est beaucoup plus chaleureux dans la première version, et tout de suite on voit qu'il tombe sous le charme de la soeur de Vicky. Il y a aussi une grosse différence avec sa "cavale". Si dans le premier, les deux "amoureux" s'enfuient ensemble, c'est même la soeur de Vicki qui scie les menottes, dans le second, le caractère "coupable" potentiel est plus accentué avec une cavale plus solitaire. La scène du cinéma figure dans les deux films, mais si elle n'est que le prétexte de leurs retrouvailles et d'un clin d'oeil à Laura dans le second, dans le premier, le cinéma est un endroit plus intime. On voit aussi se nouer réellement les relations entre la soeur de Vicki et Christopher, Betty Grable oblige, il fallait la montrer en pin up, du coup, une scène à la piscine totalement absente du second film permet de la montrer brièvement en maillot de bain. La personnalité de Vicki est aussi moins "présente" dans la première version, dans la seconde, les flashbacks sont sans doute plus forts, et les liens entre les différents suspects sont plus confus, alors que dans la première version, on les voit se saoûler ensemble montrant leur amitié. Par contre le personnage de l'acteur est plus important dans la seconde version.

Ce ne sont sans doute que des détails, mais les deux films bien que très semblables montrent des différences très notables surtout dans cette ambiance plus "romantique" du premier film et plus "psychanalytique" du second. La personnalité de Laird Cregard est moins impressionnante, plus bonhomme, moins inquiétant que celle de Richard Boone en policier obsédé par ce meurtre. Betty Grable est excellente dans le rôle de la soeur tout comme Jeanne Crain, mais la personnalité de la seconde montre une soeur plus "froide", moins sympathique. Quant à Victor Mature, il campe un producteur plus humain, plus sympathique, plus "vivant" et surtout à l'innocence totalement évidente alors que Elliott Reid joue un rôle plus victimisé. Des doutes persistent sur sa culpabilité tout le long du film, même si on sait pertinement qu'il ne peut être le coupable. Carole Landis est la première Vicki plus coquette que celle de Jean Peters, plus glamour.
Les deux versions sont donc assez intéressantes à comparer par cette ambiance finalement très différente, angoissante dans le second, plus légère dans le premier sans doute aussi par l'utilisation régulière d'Over the Rainbow comme thème musical ou une musique jazz plus gaie, plus proche d'un univers à la Gershwin, que d'un univers stressant. En tout cas deux versions intéressantes du même thème.
Il faudrait que je les revois tous les deux mais ils m'avaient fait une très forte impression. Plus encore dans le cas de Vicki avec la performance du dangereusement inquiétant Richard Boone (j'ai le souvenir - un peu confus - d'une scène où il amène des fleurs...). Je me suis toujours demandé si le merveilleux Laura de Preminger (1944) n'avait pas un peu emprunté au scénario de la première version (le - mauvais - polar de Vera Caspary fut publié en 1941).
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Re: Premake/Remake

Message par Cathy »

Federico a écrit :
Cathy a écrit :I Wake up screaming (1941) et Vicki (1953) - réalisés respectivement par Bruce Humberstone et Harry Horner

Il faudrait que je les revois tous les deux mais ils m'avaient fait une très forte impression. Plus encore dans le cas de Vicki avec la performance du dangereusement inquiétant Richard Boone (j'ai le souvenir - un peu confus - d'une scène où il amène des fleurs...). Je me suis toujours demandé si le merveilleux Laura de Preminger (1944) n'avait pas un peu emprunté au scénario de la première version (le - mauvais - polar de Vera Caspary fut publié en 1941).
Il y a effectivement une scène avec des fleurs à la fin du film. J'ai oublié de reparler de l'analogie entre Vicki et Laura que j'avais signalé dans le topic sur les films du mois de septembre, le générique et son tableau portrait de Vicki qui ressemble comme une goutte d'eau à celui de Laura, la musique du second. Richard Boone est inquiétant à souhait, ce qui n'est pas du tout le cas du policier du premier film. L'analogie avec Laura s'arrête quand même là
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quoique l'amour que porte le policier à Vicki ait pu donner l'envie de faire une intrigue plus développée entre un policier et une victime. Maintenant le policier connait Vicki Lynn et son amour n'est pas suggeré par un simple tableau
Maintenant si j'avais vu en premier I Wake up screaming, je n'aurais pas pensé à Laura alors que c'est flagrant dans Vicki !
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