Retour rapide sur deux titres :
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Mort en fraude (1956) :
Premier film de Marcel Camus, futur palmé pour son film suivant,
Orfeu negro. Ici, on débute avec un film d'aventure exotique, dans lequel un homme est pris en chasse par des truands et la police locale dès son arrivée dans les colonies en Indochine. Poursuivi, il va se retrouver dans les terres accompagné d'une jeune fille qui va le cacher dans son village. Forcément, une histoire d'amour va avoir lieu entre les deux personnages que tout sépare...
J'aurais tellement aimé vous dire : "le documentaire de 10 minutes qui accompagne le film nous éclaire bien sur le film". Mais René Chateau oblige, waloo. Et qu'est ce que c'est dommage ! Un tournage sur place, une copie relativement propre et agréable, des dialogues de Audiard, certes en petite forme (on reconnait bien deux-trois mots d'argot - parce que oui, Audiard plaçait de l'argot dans ses films, même si il s'en est toujours défendu et il avait une bonne raison : il ne voulait pas qu'on le catalogue de la sorte - et quelques répliques typique) mais aussi de belles tirades contre l'absurdité de la guerre. Une grande théma du bonhomme, qu'on croise parfois avec humour (Serrault dans
Carambolages), ou ailleurs avec gravité (dans Le Ptit cheval de retour et la Nuit le jour et toutes les autres nuits, son article "J'ai la mémoire en horreur", et en film
Les yeux de l'amour et
Un taxi pour Tobrouk). Daniel Gélin, un habitué d'Audiard (Une histoire d'amour, les dents longues, Retour de manivelle, Trois Jours à vivre), s'en donne ici à coeur joie, et même si cette histoire d'amour au sous texte pacifiste est finalement très manichéenne aujourd'hui, elle a apparemment choqué à l'époque, puisque le film fut interdit dans les DOM TOM à sa sortie :
« Mort en fraude (...) est censuré dans les DOM-TOM pour son message subversif de fraternisation entre les peuples » (fiche de Marcel Camus dans Ciné-Ressources)
La mise en scène est ouatée comme dans
Orfeu negro, flottante et cotonneuse, sans qu'on n'arrive jamais à pointer du doigt ce qui en est à l'origine. C'est étrange et plaisant, même si on sent les années sur ce premier film au demeurant mineur mais pas désagréable. Pourtant, on aurait aimé en savoir plus, tant historiquement que cinématographiquement. Comment le film a été reçu, notamment, et si le film a à voir avec l'autre adaptation d'un roman de l'écrivain Jean Hougron :
Je reviendrai à Kandara, sorti un an plus tôt et réalisé par Victor Vicas...
Attendez une promo, à 15 euros c'est trop. Il se retrouvera peut être dans un an en solde. Là ça ne vaut pas le coup à mon avis, à moins d'en savoir un peu plus sur les conditions de fabrication de l'oeuvre.
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Les Nuits de Montmartre (1956) :
Même année, mais tout autre univers. Choppé dans un coffret "3 polars des années 50". Etonné de ne pas trouver dans le livre de Guérif, j'ai visionné le film en Eastman si cher au Commissaire. La copie est en 16/9 et au format, et a quelques tâches mais rien de rédhibitoire. En réalité il s'agit autant d'un polar que
La Soupe aux choux d'un film de SF. On y croise : de la romance, de la comédie, des séquences de comédies musicales, et oui, au fond à gauche, une vague intrigue policière qui sert à peine de prétexte. Donc assez opportuniste de le retrouver dans le coffret. Sinon le reste est du standard de chez standard : vu mille fois, réalisé mollement, pas désagréable mais très artificiel.
Unique film de Pierre Franchi, qui officia par ailleurs comme chef opérateur sur
Pas si bête de André Berthomieu,
Les Nuits de Montmartre semble un véhicule pour Jean Marc Thibault, petite gouape sympathique au grand coeur, pris au coeur d'une machination mais qui n'hésite pas à aller aider un cheminot dans la détresse. Du cinéma de sam'di soir qui a du mal à laisser une trace indélébile à la in du weekend...
A suivre : les deux autres DVD du coffret (les Impures et Interdit de séjour).
