Re: George Cukor (1899-1983)
Publié : 4 juil. 17, 10:56
C'est probablement ma comédie de Cukor préférée ; j'aime énormément sa nonchalance, sa légèreté et sa futilité.
A ce point-là ?Jeremy Fox a écrit :C'est probablement ma comédie de Cukor préférée
Effectivement mais j'ai toujours eu un faible pour cet éloge de la futilité. Une écriture brillante me rend parfois un film assez froid alors que Pat and Mike -ou chez Hawks dans le même style Le sport favori de l'homme- me font l'effet d'être sur un petit nuage de plaisir ; c'est difficile à expliquer mais ces deux films certes pas particulièrement virtuoses font néanmoins partie de mes comédies américaines favorites.Max Schreck a écrit :A ce point-là ?Jeremy Fox a écrit :C'est probablement ma comédie de Cukor préférée![]()
J'ai vu pourtant tellement plus brillant de sa part, que ce soit dans l'écriture ou dans la forme
Il me semble qu'en anglais de l'époque, "make love" signifie souvent flirter, se courtiser, ça n'évoque pas forcément une activité sexuelle. Même si je suppose que le film se rapporte tout de même à ça bien sûr. Sans compter que le film date de 1960 donc on se rapproche de la période plus libérée à ce sujet. Et je ne parle pas des sujets des chansons eux-mêmes, je ne m'en souviens plus.Max Schreck a écrit : Et puis quelle audace dans les sujets des chansons, pour ce Hollywood du début des 60's (le titre VO est sans aucun double sens) !
Oui, c'est toujours amusant de voir comment le cinéma se débrouille avec les limites de la censure, mais là, même si on n'est pas non plus chez Despentes, c'est même plus de la suggestion. Le numéro musical qui donne son titre au film montre explicitement Frankie Vaughn se faire chauffer par Monroe censée être sa compagne à la scène.Sybille a écrit :Il me semble qu'en anglais de l'époque, "make love" signifie souvent flirter, se courtiser, ça n'évoque pas forcément une activité sexuelle. Même si je suppose que le film se rapporte tout de même à ça bien sûr. Sans compter que le film date de 1960 donc on se rapproche de la période plus libérée à ce sujet. Et je ne parle pas des sujets des chansons eux-mêmes, je ne m'en souviens plus.Max Schreck a écrit : Et puis quelle audace dans les sujets des chansons, pour ce Hollywood du début des 60's (le titre VO est sans aucun double sens) !![]()
Mais dans de nombreux films anciens américains (des années 30, 40...) on peut entendre les personnages prononcer cette expression - ce qui peut surprendre à première vue - mais avec le contexte, on s'aperçoit vite qu'ils ne font pas référence à la sexualité mais plutôt à ce que j'ai signalé.
Oui, en même temps je trouve que le film porte les stigmates plastiques d'un certain nombre de films américains des années 70 déconnectés, pour reprendre ton terme, de leur temps. D'où, en effet, cette récurrence de projections nostalgiques, phantasmes passéistes rutilants que l'on retrouvera dans Fedora, de Billy Wilder, mais que l'on avait déjà rencontrés chez le Minnelli de Melinda et qui réapparaitront surtout dans Nina.Max Schreck a écrit :
Travels with my aunt (Voyages avec ma tante), 1972
Adapté du roman de Graham Greene, paru deux ans plus tôt. Il est sûr qu'au milieu du cinéma américain des 70's, de ce Nouvel Hollywood, ce Cukor paraît bien déconnecté. Autre façon de concevoir le cinéma, avec des décors ultra-soignés dignes des productions MGM de l'âge d'or. On ne fréquente ici que des hôtels de luxe, et les chambres débordent de bouquets de fleurs (et le film obtiendra d'ailleurs l'Oscar des meilleurs costumes). On est dans du divertissement haut de gamme visuellement, où rien ne dépasse, mais en même temps ça n'a rien de figé ou de compassé. La mise en scène de Cukor épouse avec une vraie maestria le rythme du récit fait de soudaines accélérations (descentes d'escaliers au pas de course pour attraper un train) et de confrontations entre 4 murs (et même coincée dans un compartiment de train, la caméra parvient à ne jamais rester figée), avec en fond un très chouette score signé Tony Hatch à l'élégance très "mancinienne". Et on voyage de la France au Maghreb, en passant par l'Italie et la Turquie, sous la riche lumière de Douglas Slocombe.
Tout le film est ainsi mouvement, dès la scène d'ouverture où le personnage de la "Tante" attrape son neveu et l'embarque dans une aventure qui tient presque du jeu, jusqu'au final qui préfère relancer la partie plutôt que de conclure. On joue aux espions, on flirte avec le danger sans se priver si besoin de ralentir le rythme, de profiter du temps du voyage pour faire connaissance, permettant à la Tante de faire le récit presque mythique de son passé de cocotte Belle époque. Ce que ces flashbacks laissent alors entrevoir c'est une certaine nostalgie du passé, que Cukor met en scène avec délicatesse mais ça manque un peu d'incarnation pour pleinement émouvoir, Maggie Smith n'y ayant pratiquement pas une ligne de dialogue. On se retrouve donc plutôt du côté du personnage du neveu, bousculé dans sa petite vie bien rangée mais qui va accepter de jouer le jeu, malgré quelques protestations de principe.
Le récit avance avec une sorte de désinvolture assez perturbante au départ, et le spectateur doit accepter un temps de nager dans la confusion. Mais ça colle avec le caractère loufoque de cette protagoniste qui est comme un tourbillon, entourée de personnages qui comprennent et légitiment son comportement et ses codes. L'intrigue assume donc sa fantaisie, et ce sont surtout ses à-côtés qui vont compter. Les personnages sont hauts en couleurs, souvent à fond dans le cabotinage (Lou Gossett), avec évidemment dominant le film, l'interprétation survoltée de Maggie Smith, incroyablement convaincante en jeune comme en vieille (maquillage bluffant). Mais c'est peut-être encore davantage l'interprétation d'Alec McCowen en neveu so british que j'ai trouvée irrésistible. Bref, une délicieuse friandise.
Jamais entendu parler de ce Cukor!Kevin95 a écrit :
WILD IS THE WIND - George Cukor (1957) découverte
Le mélodrame italien mis en conserve par Hollywood. Aucun ingrédient ne semble manquer : cris, pleurs, menaces (d'homicide ou de suicide), pâtes, grands gestes, Anna Magnani et tapis de violons. Le produit réchauffé manque peut être de fraîcheur, mais George Cukor fait de son mieux pour faire vibrer le ménage à trois entre Magnani, Anthony Quinn et Anthony Franciosa. Un drame intéressant à défaut d'être bouleversant, si la diva italienne et Franciosa font suer le compteur de sur-jeu, Anthony Quinn (encore et toujours dans on rôle d’une brute naïve mais attachante) est très bon. Une relation Quinn/Cuckor qui retrouvera ces couleurs trois ans plus tard dans Heller in Pink Tights (là encore, un film amoché par une actrice italienne en roue libre). Si Wild Is the Wind semble s'être perdu dans le temps, un élément étonnant vient lui donner un peu plus d'importance, ses liens avec The Misfits de John Huston. Il est frappant de voir combien le Cuckor et le Huston (sorti quatre ans plus tard) se ressemblent, même personnage féminin perdue dans un environnement masculin, mêmes paysages, même métaphore du cheval sauvage, même relation entre un aîné (Anthony Quinn/Clark Gable) et son cadet (Anthony Franciosa/Montgomery Clift). Rien que pour le jeu des sept différences, Wild Is the Wind vaut bien un détour sur Paramount channel.