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Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 21 août 17, 11:32
par Rick Blaine
Je ne connaissais pas ce docu.
Je viens de voir qu'on pouvait le trouver facilement sur YT, je vais regarder ça. :fiou:

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 29 août 17, 22:51
par bruce randylan
Toujours sur OCS, fin septembre on pourra voir un téléfilm HBO très rare de Lumet : Strip Search / Mise à nu (2004).

Le concept est assez intéressant et répond aux dérives de l'administration Bush post-11/9 et du Patriot Act. On y suit deux histoires en parallèles : une étudiante américaine (Maggie Gyllenhaal) arrêtée en Chine et interrogée par les autorités pour sa participation supposée à des tentatives de déstabilisation politique tandis qu'aux USA une enquêtrice (Glenn Close) questionne un ressortissant arabe soupçonné de préparer un attentat. Le parallèle est encore renforcée par des dialogues identiques d'une histoire à l'autre. L'occasion de mettre les américains face à leur suppression de libertés individuelles et les méthodes d'interrogatoires plus que douteuses à une époque où Guantánamo carburaient à plein régime.
Le scénario de Tom Fontana (créateur de la série Oz) est vraiment audacieux, efficace et dérangeant mais se heurte rapidement à un dispositif condamné à être répétitif au bout d'un moment puisqu'on voit à chaque fois deux fois la même scène, jouée avec des variations différentes qui qui ne suffisent plus à maintenir la dynamique du récit. De plus la réalisation de Lumet est loin de retrouver l'intensité d'autres de ses huit clos (comme The offence).
L'un des problèmes majeurs vient sans doute des intermèdes réguliers où l'on suit maladroitement (et très déséquilibrés) les familles des 2 interpellés essayer de comprendre ce qui se passe. En sortant des salles d’interrogatoires, on perd forcément en tension sans gagner vraiment en profondeur et absurdité sur l'univers kafkaïen des relations diplomatiques et de la bureaucratie.
Celà dit, le premier montage de 2 heures a rapidement effrayé la chaîne qui l'a ramené à un peu moins d'une heure et ne l'a diffusé qu'un nombre très limité de fois, craignant sans doute les réactions des autorités chinoises et du public américain. OCS diffusera un montage intermédiaire de 85 minutes en VM.

Ca mérite en tout cas un coup d’œil car ça prouve que Lumet avait toujours des choses à raconter sur son pays et possédait des convictions très fortes qui ne manquent pas de répercutions morales.
Je crois qu'à part un dvd portugais, il n'existe pas d'autres supports physiques.

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 30 août 17, 00:47
par odelay
Piège Mortel/ Deathtrap (1982)

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Ce film de 1982 est l'adaptation d'un énorme succès à Broadway (plus de 1000 représentations) dont l'auteur est Ira Levin, l'écrivain de Rosemary's baby ou Les Femmes de Stepford. Ici pas de choses futur déglingué ou d'invocations diaboliques, on est dans un cadre à la Agatha Christie ou plutôt dans un cadre très inspiré de Sleuth/Le Limier déjà interprété par Michael Caine. Même structure, huis-clos dans une grande maison, même surprise dans les Twists (qui bien sûr ne sont pas identiques aux deux films), même nombre limité d'acteurs, même style de musique de la part de Johnny Mandel qui écrit comme l'avait fait John Addison, et comme je l'ai dit plus haut, même ...Michael Caine.
Malgré ces grosses similitudes, on prend un grand plaisir à cette adaptation où l'origine théâtrale est tout à fait revendiquée et jamais considérée comme quelque chose de honteux dont il faut se débarrasser. Lumet ne cherche pas à aérer sa pièce, et si on voit le soleil ou les petits oiseaux qui chantent, ça ne dure jamais plus de quelques minutes. Malgré ce côté enfermé, Lumet ne va pas oublier de faire du cinéma. Sa caméra va aller au plus près des acteurs pour créer une angoisse, un malaise et il fait un très bon usage du décor ne sera pas juste un accessoire pour le déplacement des comédiens comme ça peut l'être sur une vraie scène.
Le plaisir vient aussi des acteurs. Pour Caine, on n'est pas surpris, surtout si on a vu "Sleuth", mais on constate que Reeve est totalement à la hauteur dans ce rôle très inattendu que ce soit pour lui ou même pour tout autre acteur qui aurait pu l'interpréter à cette époque. A leur côté, on trouve une Dyan Cannon, elle aussi parfaite (mais comment a-t-elle pu avoir une nomination à razzie pour le pire second rôle???? faut dire que c'était l'époque où ils nommaient Heaven's gate ou The Shining... :roll: ), qui sait juste aller jusqu'à la limite de ce qui est permis de l'excès.
Alors oui, on peut trouver des facilités dans le script, notamment à travers un personnage de voyante, mais là encore l'apport d'un tel personnage n'est pas forcément celui auquel on pourrait s'attendre habituellement.
Voilà un film assez réjouissant, pas ennuyeux pour un sou, sorte de récréation agréable pour Lumet, les acteurs et aussi le spectateur, qui n'a en rien bouleversé l'histoire du ciné mais qui fait passer un bon moment. 4,5/6

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 30 août 17, 11:28
par Rick Blaine
Un film très ludique, particulièrement réjouissant avec effectivement un excellent casting. :)

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 31 oct. 17, 12:05
par Kevin95
SERPICO - Sidney Lumet (1973) révision

Mythique sous bien des aspects : personnage iconique au point de générer une série tv et des centaines d'ersatz, récit poids lourd au point de rester, encore aujourd'hui, un des modèles à suivre dans la catégorie « polar d'après une histoire vraie », mise en scène réglo, à la Sidney Lumet, à hauteur d'émotions sans appuyer sur la plaie. Serpico résiste au temps car le film a les pieds sur terre, bien au sol, et rien ne vient dater un tel sujet. Le combat d'un homme face à la corruption, ses doutes, ses limites, tout le film respire l'urgence, la conviction, la détermination. Une énergie qui se mêle à une forme de mélancolie, Serpico étant un homme seul, solitaire, sans scrupules à faire le vide autour de lui pour mener sa croisade. Sur une musique déprimée de Mikis Theodorakis (laquelle renvoie tout de suite aux films « dossiers » de Costa-Gavras), Al Pacino/Serpico se casse les dents face à une réalité qui ne cesse de tricher. Grand.

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 31 oct. 17, 12:18
par Kevin95
PRINCE OF THE CITY - Sidney Lumet (1981) découverte

Énorme dossier, lourd comme trois pierres, de près de trois heures, ne donnant aucune friandise au spectateur pour faire passer la pilule. Prince of the City est une merveille de complexité, de dureté et d'humanité. Le film de Sidney Lumet parait marcher sur la pointe des pieds, donner dans le polar de série or peu à peu, de marche en marche, il emprisonne le personnage principal comme le spectateur dans une toile d'araignée, vertigineuse et tragique. La vérité, n'est plus une affaire de morale comme dans Serpico, mais d'amitié, de confiance en soi et de confiance envers le système de son pays. Treat Williams, aussi horripilant que génial, fanfaronne, joue avec les limites de la loi, de la justice, avant de se rendre compte qu'il est en train de mettre le feu à la baraque. Lumet filme le guet-apens comme une formule mathématique, mise en scène jamais ostentatoire mais terriblement calculée, toujours dans le mille. Trois heures épaisses mais qui semblent passer à la vitesse de l'éclair. Belle musique de l'inconnu Paul Chihara, superbe photo hivernale, l'addition est simple... une perle.

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 31 oct. 17, 12:43
par Alexandre Angel
Kevin95 a écrit :PRINCE OF THE CITY - Sidney Lumet (1981) découverte

Énorme dossier, lourd comme trois pierres, de près de trois heures, ne donnant aucune friandise au spectateur pour faire passer la pilule. Prince of the City est une merveille de complexité, de dureté et d'humanité. Le film de Sidney Lumet parait marcher sur la pointe des pieds, donner dans le polar de série or peu à peu, de marche en marche, il emprisonne le personnage principal comme le spectateur dans une toile d'araignée, vertigineuse et tragique. La vérité, n'est plus une affaire de morale comme dans Serpico, mais d'amitié, de confiance en soi et de confiance envers le système de son pays. Treat Williams, aussi horripilant que génial, fanfaronne, joue avec les limites de la loi, de la justice, avant de se rendre compte qu'il est en train de mettre le feu à la baraque. Lumet filme le guet-apens comme une formule mathématique, mise en scène jamais ostentatoire mais terriblement calculée, toujours dans le mille. Trois heures épaisses mais qui semblent passer à la vitesse de l'éclair. Belle musique de l'inconnu Paul Chihara, superbe photo hivernale, l'addition est simple... une perle.
C'est bizarre, j'aurais juré t'avoir déjà lu sur ce film (ce qui ne me poserait d'ailleurs aucun problème).
C'est vrai que Treat Williams joue parfois avec notre patience (la séquence où il raconte une anecdote sensée être drôle à ses "nouveaux amis", ouch..) mais c'est l'hystérie du personnage qui veut ça.
Par ailleurs, si je devais faire mon Voyage à travers le cinéma américain et citer ce film, sans hésiter, je calerais le passage où Williams pète un plomb contre le gangster bedonnant et moustachu, qui finit par s'encastrer dans une porte vitrée. Séquence proprement hallucinante.

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 31 oct. 17, 12:55
par Alexandre Angel
Jeremy Fox a écrit :
Ben Castellano a écrit : en tout cas c'est plus intéressant que le Annie de John Huston sur la période.
Alors que pour ma part j'ai un gros faible pour cet Huston mal-aimé.
Je n'avais pas vu ça.
+1 : j'aurais adoré le voir en salle!

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 31 oct. 17, 13:54
par Kevin95
Alexandre Angel a écrit :C'est bizarre, j'aurais juré t'avoir déjà lu sur ce film (ce qui ne me poserait d'ailleurs aucun problème).
Et non ! Je rattrape mon retard de... trois mois (je l'avais palmé film du mois de juillet)

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 31 oct. 17, 14:00
par Alexandre Angel
Kevin95 a écrit :(je l'avais palmé film du mois de juillet)
Ah oui, c'est ça....

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 21 avr. 18, 15:42
par 1kult
M15 demande protection (The Deadly affair) :

Un Lumet mineur n'en demeure pas moins passionnant. Maîtrise du découpage, interprétation au cordeau, le film n'en demeure pas moins pris au piège de son austérité. Un récit d'espionnage légèrement brumeux, vaporeux, flottant, manquant parfois un peu de corps, qui refuse toute mythologie de ses personnages, mais qui du coup perd un peu le spectateur. Mais il y a suffisamment de belles idées pour séduire, tant qu'on accepte le film comme un titre plus secondaire de la filmo de son auteur.

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 28 mai 18, 16:37
par batfunk
Image
Dans "Contre-enquête",il y a ce magnifique plan d'une rue de New York.
Quelqu'un connaît il son nom?
A noter que ce plan est repris plusieurs fois dans "Anon" d'Andrew Nicoll sur Netflix.Hommage?

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 28 mai 18, 18:05
par El Dadal
Si je ne m'abuse, c'est à l'angle de Wadsworth Terrace et Fairview Avenue, dans le quartier de Fort George, la pointe nord de Manhattan (un quartier à prominence hispanique):
https://www.google.fr/maps/place/82-98+ ... 73.9297418

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 29 mai 18, 16:33
par batfunk
effectivement,la mère de l'ex du héros y vit et est hispanique.
merci!

Re: Sidney Lumet (1924-2011)

Publié : 31 mai 18, 18:37
par manuma
batfunk a écrit :Image
Dans "Contre-enquête",il y a ce magnifique plan d'une rue de New York.
Quelqu'un connaît il son nom?
A noter que ce plan est repris plusieurs fois dans "Anon" d'Andrew Nicoll sur Netflix.Hommage?
Pas revu le film depuis plus de 25 ans, mais j'ai toujours gardé en tête ce plan. D'ailleurs, si quelqu'un peut m'aider, hommage dissimulé ou non au remarquable film de Lumet, on retrouve, me semble-t-il, ce même immeuble dans un film beaucoup plus récent dont le titre m'échappe. Je me demande même s'il ne s'agit pas là du lieu d'habitation du personnage principal de ce film...