Marie-Antoinette (Sofia Coppola - 2006)
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Je remets mon avis ici après avoir lu ce topic. Surpris de voir des avis si divergents. Autant je peux comprendre qu'on ait du mal à rentrer dedans mais l'enfoncer à ce point. Content de l'avoir vu à distance de toutes ces polémiques cannoises sur fond de hype et Cie. Qu'est ce qu'on s'en fiche...
Donc mon avis:
Marie Antoinette - Sofia Coppola
Après tous les avis contradictoires que ce film a entraîné, je pensais voir un film pop où Marie Antoinette ne servirait que de toile de fond.
Je suis donc surpris un film beaucoup plus "réaliste" qu'on ne l'a dit (et ce n'est pas la BO new wave qui y change quoi que ce soit). Seul le bal masqué au son de Souxsie évoque cet autre film que n'est pas Marie Antoinette. Je trouve la reconstitution assez belle et la lumière assez sublime (on n'est pas si loin des éclairages de John Alcott pour Barry Lyndon). Kirsten Dunst est vraiment formidable et montre toute l'étendue de son talent (après quelques films peu glorieux). Coppola a réussi à faire un film qui parle de cette époque mais tout en faisant echo à aujourd'hui. Les soirées de Lost In Translation sont-elles si différentes de celles de Marie Antoinette mais pourtant on y croit.
Bon, on peut dire que Sofia Coppola se répète (déjà dans son premier scénario pour New York Stories, elle parlait des "malheurs" d'une pauvre petite fille riche), que le film est un peu froid (mais pas tellement plus que Barry Lyndon) et distille peu d'émotions.
J'ai lu ici ou là que un des problèmes du film serait qu'on ne comprend pas le personnage Marie Antoinette, ce qui me semble un argument étrange.
Je ne suis pas frocément complètement convaincu par le film (en raison de sa froideur) mais il y a vraiment un auteur derrière tout ça qui petit à petit construit une des oeuvres les plus intéressantes du cinéma américain d'aujourd'hui.
Donc mon avis:
Marie Antoinette - Sofia Coppola
Après tous les avis contradictoires que ce film a entraîné, je pensais voir un film pop où Marie Antoinette ne servirait que de toile de fond.
Je suis donc surpris un film beaucoup plus "réaliste" qu'on ne l'a dit (et ce n'est pas la BO new wave qui y change quoi que ce soit). Seul le bal masqué au son de Souxsie évoque cet autre film que n'est pas Marie Antoinette. Je trouve la reconstitution assez belle et la lumière assez sublime (on n'est pas si loin des éclairages de John Alcott pour Barry Lyndon). Kirsten Dunst est vraiment formidable et montre toute l'étendue de son talent (après quelques films peu glorieux). Coppola a réussi à faire un film qui parle de cette époque mais tout en faisant echo à aujourd'hui. Les soirées de Lost In Translation sont-elles si différentes de celles de Marie Antoinette mais pourtant on y croit.
Bon, on peut dire que Sofia Coppola se répète (déjà dans son premier scénario pour New York Stories, elle parlait des "malheurs" d'une pauvre petite fille riche), que le film est un peu froid (mais pas tellement plus que Barry Lyndon) et distille peu d'émotions.
J'ai lu ici ou là que un des problèmes du film serait qu'on ne comprend pas le personnage Marie Antoinette, ce qui me semble un argument étrange.
Je ne suis pas frocément complètement convaincu par le film (en raison de sa froideur) mais il y a vraiment un auteur derrière tout ça qui petit à petit construit une des oeuvres les plus intéressantes du cinéma américain d'aujourd'hui.
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Oui, mais enfin, un peu de verité historique n'aurait pas été de trop: Louis le quinzième n'etait pas ce roi libidineux, et louis xvi etait loin, tres loin même d'etre un nabot!!!Colqhoun a écrit :J'avoue ne pas du tout saisir en quoi ce film est froid.
Je le trouve au contraire gorgé d'émotions, qui nous font vraiment entrer dans l'intimité de cette jeune fille.
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J'aime beaucoup le tout début du film : la remise de la princesse aux Français, l'arrivée à Versailles, la découverte des appartements, les premières prises de tête avec l'étiquette...
Il y a quelques moi, j'avais montré ces premières scènes à mes élèves, au vidéoprojecteur, sur un écran de 2,20 m de diagonale. Super !
Sinon, seuls les anachronismes volontaires m'ont un peu gonflé.
(incidemment, on a le même genre de délire dans Un fil à la patte de Boisset... on est dans une pièce de Feydeau, fin 19e siècle, et, à un moment, un mec sort un portable de sa poche !!! complètement gratuit... vraiment naze !
)
Il y a quelques moi, j'avais montré ces premières scènes à mes élèves, au vidéoprojecteur, sur un écran de 2,20 m de diagonale. Super !

Sinon, seuls les anachronismes volontaires m'ont un peu gonflé.
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La vérité historique ici, on s'en carre le mou... et je ne comprend pas le rapport avec la supposée froideur du film ?andrino a écrit :Oui, mais enfin, un peu de verité historique n'aurait pas été de trop: Louis le quinzième n'etait pas ce roi libidineux, et louis xvi etait loin, tres loin même d'etre un nabot!!!Colqhoun a écrit :J'avoue ne pas du tout saisir en quoi ce film est froid.
Je le trouve au contraire gorgé d'émotions, qui nous font vraiment entrer dans l'intimité de cette jeune fille.
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ça peut aussi être considéré comme de la retenue en fait. La limite est toujours un peu difficile à définir.Colqhoun a écrit :La vérité historique ici, on s'en carre le mou... et je ne comprend pas le rapport avec la supposée froideur du film ?andrino a écrit :Oui, mais enfin, un peu de verité historique n'aurait pas été de trop: Louis le quinzième n'etait pas ce roi libidineux, et louis xvi etait loin, tres loin même d'etre un nabot!!!
Disons qu'il ne m'embarque pas émotionnellement, seul reproche que je lui fais vraiment.
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Colqhoun a écrit :La vérité historique ici, on s'en carre le mou... et je ne comprend pas le rapport avec la supposée froideur du film ?andrino a écrit :Oui, mais enfin, un peu de verité historique n'aurait pas été de trop: Louis le quinzième n'etait pas ce roi libidineux, et louis xvi etait loin, tres loin même d'etre un nabot!!!
Tu as raison, j'ai inserré mon post dans cette rubrique de façon aleatoire; ce que je voulais dire: on peut comme Dumas, bafouer la verité historique, jusqu'à un certain point; avant de faire un film sur un sujet assez pointu, on se renseigne; Dumas violait l'histoire, c'est vrai, mais ses descriptions de Richelieu, de Mazarin, etaient tres justes; il ne prenait des libertés qu'avec les faits, pas dans la descriptions de personnages reels! Quand on toune un film se passant sous De Gaule, par ex, on peut prendre des libertés avec l'intrigue, on ne prend pas un nain pour incarner le general!
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Voilà qui me semble hautement discutable. Tout dépend des intentions de l'oeuvre. Est-ce que Sofia Coppola voulait faire oeuvre d'historienne? Sans doute pas.andrino a écrit :Colqhoun a écrit :La vérité historique ici, on s'en carre le mou... et je ne comprend pas le rapport avec la supposée froideur du film ?
Tu as raison, j'ai inserré mon post dans cette rubrique de façon aleatoire; ce que je voulais dire: on peut comme Dumas, bafouer la verité historique, jusqu'à un certain point; avant de faire un film sur un sujet assez pointu, on se renseigne; Dumas violait l'histoire, c'est vrai, mais ses descriptions de Richelieu, de Mazarin, etaient tres justes; il ne prenait des libertés qu'avec les faits, pas dans la descriptions de personnages reels! Quand on toune un film se passant sous De Gaule, par ex, on peut prendre des libertés avec l'intrigue, on ne prend pas un nain pour incarner le general!
En plus de cela, il y avait si je ne me trompe dans l'équipe du film des spécialistes français de l'époque et de Marie-Antoinette. On peut donc imaginer que si "libertés" avec l'histoire il y a, elles sont délibérées.
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N'exagérons rien... des libertés avec la réalité historique, d'accord, mais l'histoire d'une gamine autrichienne qui est catapultée dans un monde qu'elle ne connaît que très mal et qui ne l'aime pas est totalement vraie du strict point de vue historique.andrino a écrit :Tu as raison, j'ai inserré mon post dans cette rubrique de façon aleatoire; ce que je voulais dire: on peut comme Dumas, bafouer la verité historique, jusqu'à un certain point; avant de faire un film sur un sujet assez pointu, on se renseigne; Dumas violait l'histoire, c'est vrai, mais ses descriptions de Richelieu, de Mazarin, etaient tres justes; il ne prenait des libertés qu'avec les faits, pas dans la descriptions de personnages reels! Quand on toune un film se passant sous De Gaule, par ex, on peut prendre des libertés avec l'intrigue, on ne prend pas un nain pour incarner le general!
Alors oui, l'adolescence est une construction moderne et MA ne souffrait sans doute pas du spleen raconté par Coppola dans ses trois premiers films ; mais là réside tout l'intérêt de la chose : prendre une figure historique qui représente la jeunesse et l'isolement dû à sa condition enviée, et en faire une nouvelle fois une de ces adolescentes sorties de VIRGIN SUICIDES, qui ne savent pas bien où aller et comment y aller, que faire pour ne plus s'ennuyer, que faire pour plaire aux autres sans se compromettre...
Le scénario tient évidemment sur deux lignes mais l'intérêt ne réside pas dans le scénario mais dans l'émotion qui affleure à chaque image... Marie-Antoinette qui se jette dans les bras de la première Française qu'on lui présente (j'ai depuis oublié son nom), alors qu'évidemment ça ne se fait pas, alors que MA ne cherche au fond qu'à retrouver une famille...
Le luxe, la gourmandise, le vice, tout ça pour tenter de tromper l'ennui, de tromper son vertige quand elle se voit devenir reine alors qu'elle n'est pas encore femme, et que toutes les femmes autour d'elle deviennent mamans, et qu'elle ne l'est toujours pas, et qu'on la presse de tous les côtés ; comme si tout n'était que vanité, tout n'est que vanité sauf ces quelques instants où elle s'échappe au Trianon, ou alors quand elle sort au petit matin voir le soleil se lever, un verre de champagne à la main... Comme s'il fallait filer plus vite que la vie-même pour tenter de la saisir et de laisser derrière les commérages, et cet ennui lancinant...
Je comprends qu'on puisse ne pas adhérer, surtout pour ceux qui n'ont déjà pas aimé VS ou LIT, mais MA est la continuité logique de ces deux oeuvres, pas nécessairement plus aboutie mais qui en tout cas regroupe tout ce que les deux premiers laissaient déjà affleurer. Et Kirsten est absolument renversante, comme quoi, elle sait être une bonne actrice quand elle est bien dirigée...
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- Dédé du Pacifique
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Absolument d'accord. Mais il faut se résigner à ce qu'un film historique renseigne bien davantage sur le climat intellectuel de l'époque qui l'a vu naître que celle qui est censée être restituée. Et cela fonctionne certainement avec les romans de Dumas (mais de façon, comme tu le dis, plus légère; à un moment où le traitement artistique d'une époque était encore proche des scrupules de l'historien).andrino a écrit :Oui, mais enfin, un peu de verité historique n'aurait pas été de trop: Louis le quinzième n'etait pas ce roi libidineux, et louis xvi etait loin, tres loin même d'etre un nabot!!!
- cinephage
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Avec un pareil raisonnement, on balaie 90 % des films en costume hollywoodiens (des biopics de Dieterle aux westerns "inspirés de faits ou de personnages réels"), une bonne moitié des films de guerre, et quelques films tels que Les Diables, de Ken Russell.yaplusdsaisons a écrit :Absolument d'accord. Mais il faut se résigner à ce qu'un film historique renseigne bien davantage sur le climat intellectuel de l'époque qui l'a vu naître que celle qui est censée être restituée. Et cela fonctionne certainement avec les romans de Dumas (mais de façon, comme tu le dis, plus légère; à un moment où le traitement artistique d'une époque était encore proche des scrupules de l'historien).andrino a écrit :Oui, mais enfin, un peu de verité historique n'aurait pas été de trop: Louis le quinzième n'etait pas ce roi libidineux, et louis xvi etait loin, tres loin même d'etre un nabot!!!
Un choix bien curieux, et difficilement défendable, surtout s'il s'appuie sur le fait qu'aurait déja existé dans l'histoire du cinéma un moment "où le traitement artistique d'une époque était encore proche des scrupules de l'historien"...
(du temps de Griffith ? Dans les biopics de Cole Porter ?? Dans les chroniques préhistoriques des films Hammer ???)
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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- Dédé du Pacifique
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Je pense que la première partie de ton post concerne l'objection d'Andrino. Quant à ceci:
Et il s'agit bien de cela dans ce topic!
Vialatte le dit mieux que moi:"un historien vraiment soucieux de son style fait perdre ou gagner la bataille suivant les intérêts de sa phrase et non pas ceux d'une ressemblance photographique avec des faits qui auraient pu être tout différents!"; et Blondin, dans "Les enfants du Bon Dieu", illustrait à peu près la même chose.

j'avoue l'avoir préféré à la proposition contraire (celle qui a ta faveur) qui aurait cassé la cadence de ma phrase. Au lieu que "...scrupule de l'historien" s'emboîtait parfaitement. Les lois de la prose -comme celles du cinéma, j'espère ne rien t'apprendre, cher Cinéphage- ne sont pas celles des évènements.cinephage a écrit : "où le traitement artistique d'une époque était encore proche des scrupules de l'historien"...
Et il s'agit bien de cela dans ce topic!
Vialatte le dit mieux que moi:"un historien vraiment soucieux de son style fait perdre ou gagner la bataille suivant les intérêts de sa phrase et non pas ceux d'une ressemblance photographique avec des faits qui auraient pu être tout différents!"; et Blondin, dans "Les enfants du Bon Dieu", illustrait à peu près la même chose.
