
Akira Kurosawa (1910-1998)
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Concernant ces films, pourrais-tu m'indiquer les éditions DVD (zone 2) de qualité et à bon prix? J'ai justement un peu de mal à m'y retrouver vu les multiples sorties pas toujours fiables et bon marché (parce que ce n'est pas l'envie de découvertes qui me manque)Strum a écrit : J'espère que tu auras bientôt l'occasion de voir mes Kurosawa préférés ! (il y en a cinq : Les 7 Samourais, Chien Enragé, Vivre, Dersou Ouzala, Barberousse)


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Pour Chien Enragé, c'est facile. Tu le trouves chez Wilde Side en Pocket pour €11,99 ou €12,99 (ainsi que Entre le Ciel et l'Enfer et les Salauds d'ailleurs). Editions sans bonus mais corrects.
Pour les autres, c'est beaucoup plus difficile. Les Sept Samourais et Vivre sont sortis en zone 2 dans les Films de ma vie, mais ils sont un peu chers (25 euros ?). Editions correctes, que j'ai, avec quelques bonus pas trop mal (mais trop courts). L'image n'est pas restaurée.
Dersou est sorti chez Mk2 pour 25 euros à peu près je crois. Je ne sais pas comment est l'image mais si elle est identique à une ancienne édition que j'ai, ce n'est pas glorieux. C'est un des plus beaux films de AK mais il n'est jamais sorti dans une belle édition avec image restaurée je crois.
Pour Barberousse, je ne sais pas pour le zone 2. Il existe par contre en Criterion (les meilleures éditions des AK sont de manière générale chez Criterion avec le plus souvent une image restaurée et d'excellents commentaires audio de Stephen Price, mais c'est très cher). J'avais vu ce film lors d'une ressortie à l'Arlequin à Paris dans une copie neuve et j'en garde un grand souvenir.
Pour les autres, c'est beaucoup plus difficile. Les Sept Samourais et Vivre sont sortis en zone 2 dans les Films de ma vie, mais ils sont un peu chers (25 euros ?). Editions correctes, que j'ai, avec quelques bonus pas trop mal (mais trop courts). L'image n'est pas restaurée.
Dersou est sorti chez Mk2 pour 25 euros à peu près je crois. Je ne sais pas comment est l'image mais si elle est identique à une ancienne édition que j'ai, ce n'est pas glorieux. C'est un des plus beaux films de AK mais il n'est jamais sorti dans une belle édition avec image restaurée je crois.
Pour Barberousse, je ne sais pas pour le zone 2. Il existe par contre en Criterion (les meilleures éditions des AK sont de manière générale chez Criterion avec le plus souvent une image restaurée et d'excellents commentaires audio de Stephen Price, mais c'est très cher). J'avais vu ce film lors d'une ressortie à l'Arlequin à Paris dans une copie neuve et j'en garde un grand souvenir.
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Philip Marlowe a écrit :Du Kurosawa petite époque quoi


Concernant Rêves, on entend souvent dire, en effet, que c'est un film inégal. Mais je n'ai jamais compris quels sketches étaient moins bons que les autres.


Sinon pour les dvd, on peut trouver facilement Les sept Samouraïs pour trois fois rien. Du moins l'édition simple (image correcte), l'édition double au bonus assez moyens étant devenue difficile à trouver.
Par contre pour Vivre, l'édition zone 2 (Opening) est exécrable (voir test sur le site).
Barberousse : édition arte splendide, mais peu de bonus (le film ressortira en collector chez Wild Side)
Chien enragé (wild side) est à mon goût plus que correct. Comparé au ancienne vhs "les films de ma vie", la restauration est très bonne. (le film ressortira en collector également chez le même éditeur).
Dersou Ouzala : édition MK2 mauvaise, et film coupé en deux (sur 2 dvd) (ma déception de 2005)
Sinon, si tu souhaites acquerir Le château de l'araignée, c'est aujourd'hui l'édition Wild Side (sortie en juin) qu'il faut acquérir, semble t-il, et non le arte...

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Bon, dans ce là, je vais peut-être faire l'effort.k-chan a écrit :Ah mais pour Les sept samouraïs tu peux y aller sans soucis. Il n'est certes pas extraordinaire (le dvd heinJoe Wilson a écrit :Merci, je me méfiais de ces éditions chez Les Films de ma vie.), mais franchement c'est très correct (meilleur que le criterion actuel).


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Je commence tout juste à découvrir ce réalisateur très connu, mais dont l'envie de voir ses films est très récente. Et, pour moi qui ne suis pas très accro aux films asiatiques (j'essaye néanmoins avec plus ou moins de bonheur), la motivation est importante pour apprécier une oeuvre. L'occasion était trop bonne de visionner le coffret Films Noirs de Wild Side, étant très habitué au genre, cet angle pouvant faciliter l'adhésion (par rapport aux films en costumes par exemple).
1er essai avec CHIEN ENRAGE. Superbe. Ca commence très très fort...
D'un côté on a un polar très bien mené: un jeu de piste passionnant, qui propose en plus certaines scènes de vrai suspense. Un flic débutant, peu sûr de lui, en proie aux remords, qui fait équipe avec un vieux routier qui pourra lui apprendre les ficelles du métier et qui pourrait être en quelque sorte le modèle à suivre: il vit bien son métier (ne ressasse pas ses souvenirs) et a une famille unie.
Un pitch tout simple, mais savoureusement utilisé: la perte de l'arme. On découvre aussi, par la progression de l'enquête, une regard sur la société qui s'occidentalise (les danseuses de cabaret, les matches de base-ball...) et qui, surtout, a du mal à tourner la page de la guerre, et qui est toujours meurtrie, avec des séquelles. A la fin du film, la scène du tueur qui éclate en sanglots face à la nature innocente, réalisant ce qu'il est devenu, est marquante. C'est un aspect dramatique qui envahit peu à peu le film, jusqu'à la fin. Un sous-texte très intéressant qui enrichit considérablement le film: une ambiance désabusée, morose. Ambiance enrichie également par l'aspect météorologique très important dans ce film: la chaleur accablante, moite, pleine de sueur, qui ira jusqu'à l'orage, accompagnant un climax.
Je n'ai qu'une chose à dire: vivement la suite du coffret!
1er essai avec CHIEN ENRAGE. Superbe. Ca commence très très fort...
D'un côté on a un polar très bien mené: un jeu de piste passionnant, qui propose en plus certaines scènes de vrai suspense. Un flic débutant, peu sûr de lui, en proie aux remords, qui fait équipe avec un vieux routier qui pourra lui apprendre les ficelles du métier et qui pourrait être en quelque sorte le modèle à suivre: il vit bien son métier (ne ressasse pas ses souvenirs) et a une famille unie.
Un pitch tout simple, mais savoureusement utilisé: la perte de l'arme. On découvre aussi, par la progression de l'enquête, une regard sur la société qui s'occidentalise (les danseuses de cabaret, les matches de base-ball...) et qui, surtout, a du mal à tourner la page de la guerre, et qui est toujours meurtrie, avec des séquelles. A la fin du film, la scène du tueur qui éclate en sanglots face à la nature innocente, réalisant ce qu'il est devenu, est marquante. C'est un aspect dramatique qui envahit peu à peu le film, jusqu'à la fin. Un sous-texte très intéressant qui enrichit considérablement le film: une ambiance désabusée, morose. Ambiance enrichie également par l'aspect météorologique très important dans ce film: la chaleur accablante, moite, pleine de sueur, qui ira jusqu'à l'orage, accompagnant un climax.
Je n'ai qu'une chose à dire: vivement la suite du coffret!
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Ton enthousiasme me fait vraiment plaisir.Nestor Almendros a écrit : Superbe. Ca commence très très fort...
(...)
Je n'ai qu'une chose à dire: vivement la suite du coffret!

Comme Fata, je pense que la suite du coffret film noir devrait te combler.

Si ça t'intéresse, il y a un topic un peu plus "spécialisé", consacré aux films à caractère contemporains qu'a réalisé Kurosawa, et dont fait bien sûr parti Chien enragé. C'est d'ailleurs le premier film abordé dans le topic.


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Pour répondre à Strum
(petite discussion sur Kurosawa ici , je préfère répondre dans un topic approprié, vu la longueur de mon intervention que je vais couper en trois partie
) :
"André Bazin, guidé par son goût pour le cinéma néo-réaliste, a eu le soucis et la curiosité de voir comment il a irrigué les films de son époque. c'est ainsi qu'il a élu des objets peu conformes aux canons du néo-réalisme dominant (le modèle De Sica), preuve que son intuition et son goût était parfois plus fort que les système formels et théoriques qu'il a pu échafauder. Si Bazin avait été l'éclaireur officiel et le chantre du néo-réalisme académique sur le plan du cinéma mondial, il aurait retenu Deux hectares de terre de Bimal Roy et n'aurait pas vu Pather Panchali de Satyajit Ray. Or c'est l'inverse qui s'est produit. C'est ainsi qu'il a été en phase avec Luis Buñuel au moment de Los Olvidados et avec Kurosawa au moment de Vivre (1952). Point précis sur lequel, aux Cahiers du cinéma, il n'a pas été suivi. On a beaucoup parlé de l'héritage bazinien, de son influence sur le futur cinéma de la Nouvelle Vague, tout en négligeant d'insister sur tout ce dont ses successeurs n'ont rien voulu savoir. Part d'héritage non transmise qui dépasse le cadre de l'anecdote pour engager une conception du cinéma qui chez lui, pour aller vite, en "raison" de ses qualités d'humaniste, était moins radicale et plus généreuse. Soyons clair toutefois, les cahiers du cinéma ont eu raison de préférer Mizoguchi à Kurosawa, sauf qu'il ne s'agissait pas de préférence mais d'ignorance et de mépris pour le second, la réciproque étant vraie à Positif où on "préférait"* de la même façon Kurosawa à Mizoguchi. Lorsque François Truffaut préface en 1975 le receuil d'André Bazin Le cinéma de la cruauté, il est amené, en présentant Kurosawa, à revenir sur le différent. Il cite une lettre qu'André Bazin lui a envoyé en 1958 : "Certes, qui préférerait Kurosawa serait un irrémédiable aveugle mais qui n'aime que Mizoguchi est un borgne." Quarante ans plus tard, pour ce qui est de la fonction critique, de son dicernement et surtout de sa capacité d'acceuil, il n'y a rien à ajouter."
*Faux, Positif n'a jamais méprisé Mizoguchi
Il s'agit d'une partie d'un texte que Tesson à écrit suite au décès de Kurosawa en octobre 98. Comme hommage on fait mieux. C'est aussi dans ce même texte qu'il dit plus loin : "Si Les bas-fonds de Gorki n'ont pas plus réussi à Renoir qu'à Kurosawa (un véritable naufrage pour le second), si l'adaptation de L'idiot à fort mal viellie, rendue supportable par la présence de Setsuko Hara et de Masayuki Mori, en revanche Shakespeare, ..., résite beaucoup mieux..."
Je suis bien content que Nicholas Saada, dans son interview face à Charles Tesson, dans les bonus de Scandale, descende complètement cette petite gue-guerre Mizoguchi-Kurosawa/Cahiers-Positif. Il encense complètement Kurosawa (je cite de tête) : "Rien n'est encore joué avec Kurosawa... Il y a une totale imcompréhension de son oeuvre... il y a une méconnaissance totale de ses films contemporains par exemple... Dès le milieu des années 40, Kurosawa maîtrisait totalement son art... C'est seulement 5-6 ans après sa mort qu'on commence à comprendre l'étendue de son travail... blah blah... selon moi, c'est un des 4-5 plus grands cinéastes..." (le plus grand, faut pas avoir peur de le dire !
). Et Tesson, avec un regard bête : "Oui... Oui... Oui... Scandale c'est un film formidable..." (et dans le disque de bonus de L'idiot : "L'idiot c'est un film formidable." . Totale contradiction avec son texte d'il y a 7-8 ans)
Je précise que si tout ce qu'a pu dire Tesson me hérisse le poil (sans compter les bazins, Rivettes ou autres), ce n'est pas du simple fait que kurosawa est mon cinéaste préféré. Je considère Mizoguchi comme aussi grand, et si ils avaient dit : "Kurosawa est plus grand que Mizoguchi, il faut être aveugle pour na pas le voir", je grincerais autant des dents. Je suis d'accord avec toi Strum, ce sont 2 cinéastes très différents, et aussi importants l'un que l'autre (même si en effet, l'influence de Kurosawa sur le monde du cinéma est nettement plus sensible) on a pas à les comparer ainsi pour savoir lequel est le best of the best. Tout dépend de la vision et de la sensibilité de chacun.
[edit : je corrige mes fautes
]


Charles Tesson :Strum a écrit :Est-ce que Tesson disait en quoi ils auraient eu raison (on peut toujours rêver) ? Car si l'on se réfère à l'évolution du cinéma pour les départager, Kurosawa a eu bien plus d'influence que Mizoguchi sur celle-ci. De toute façon, cette opposition, artificielle et liée à des contingences historiques, est particulièrement idiote s'il s'agit simplement dire : "Machin est plus fort que truc". Kurosawa et Mizoguchi sont deux cinéastes extrêmement différents, tant dans leur philosophie que dans leur style. Préfèrer l'un à l'autre, c'est affaire de tempérament et de conception de la vie.k-chan a écrit :Un peu comme lorsque dans les Cahiers, Charles Tesson () dit : "Les cahiers ont eu raison de préférer Mizoguchi à Kurosawa..." en revenant sur cette petite opposition d'époque avec Positif.
"André Bazin, guidé par son goût pour le cinéma néo-réaliste, a eu le soucis et la curiosité de voir comment il a irrigué les films de son époque. c'est ainsi qu'il a élu des objets peu conformes aux canons du néo-réalisme dominant (le modèle De Sica), preuve que son intuition et son goût était parfois plus fort que les système formels et théoriques qu'il a pu échafauder. Si Bazin avait été l'éclaireur officiel et le chantre du néo-réalisme académique sur le plan du cinéma mondial, il aurait retenu Deux hectares de terre de Bimal Roy et n'aurait pas vu Pather Panchali de Satyajit Ray. Or c'est l'inverse qui s'est produit. C'est ainsi qu'il a été en phase avec Luis Buñuel au moment de Los Olvidados et avec Kurosawa au moment de Vivre (1952). Point précis sur lequel, aux Cahiers du cinéma, il n'a pas été suivi. On a beaucoup parlé de l'héritage bazinien, de son influence sur le futur cinéma de la Nouvelle Vague, tout en négligeant d'insister sur tout ce dont ses successeurs n'ont rien voulu savoir. Part d'héritage non transmise qui dépasse le cadre de l'anecdote pour engager une conception du cinéma qui chez lui, pour aller vite, en "raison" de ses qualités d'humaniste, était moins radicale et plus généreuse. Soyons clair toutefois, les cahiers du cinéma ont eu raison de préférer Mizoguchi à Kurosawa, sauf qu'il ne s'agissait pas de préférence mais d'ignorance et de mépris pour le second, la réciproque étant vraie à Positif où on "préférait"* de la même façon Kurosawa à Mizoguchi. Lorsque François Truffaut préface en 1975 le receuil d'André Bazin Le cinéma de la cruauté, il est amené, en présentant Kurosawa, à revenir sur le différent. Il cite une lettre qu'André Bazin lui a envoyé en 1958 : "Certes, qui préférerait Kurosawa serait un irrémédiable aveugle mais qui n'aime que Mizoguchi est un borgne." Quarante ans plus tard, pour ce qui est de la fonction critique, de son dicernement et surtout de sa capacité d'acceuil, il n'y a rien à ajouter."
*Faux, Positif n'a jamais méprisé Mizoguchi
Il s'agit d'une partie d'un texte que Tesson à écrit suite au décès de Kurosawa en octobre 98. Comme hommage on fait mieux. C'est aussi dans ce même texte qu'il dit plus loin : "Si Les bas-fonds de Gorki n'ont pas plus réussi à Renoir qu'à Kurosawa (un véritable naufrage pour le second), si l'adaptation de L'idiot à fort mal viellie, rendue supportable par la présence de Setsuko Hara et de Masayuki Mori, en revanche Shakespeare, ..., résite beaucoup mieux..."
Je suis bien content que Nicholas Saada, dans son interview face à Charles Tesson, dans les bonus de Scandale, descende complètement cette petite gue-guerre Mizoguchi-Kurosawa/Cahiers-Positif. Il encense complètement Kurosawa (je cite de tête) : "Rien n'est encore joué avec Kurosawa... Il y a une totale imcompréhension de son oeuvre... il y a une méconnaissance totale de ses films contemporains par exemple... Dès le milieu des années 40, Kurosawa maîtrisait totalement son art... C'est seulement 5-6 ans après sa mort qu'on commence à comprendre l'étendue de son travail... blah blah... selon moi, c'est un des 4-5 plus grands cinéastes..." (le plus grand, faut pas avoir peur de le dire !

Je précise que si tout ce qu'a pu dire Tesson me hérisse le poil (sans compter les bazins, Rivettes ou autres), ce n'est pas du simple fait que kurosawa est mon cinéaste préféré. Je considère Mizoguchi comme aussi grand, et si ils avaient dit : "Kurosawa est plus grand que Mizoguchi, il faut être aveugle pour na pas le voir", je grincerais autant des dents. Je suis d'accord avec toi Strum, ce sont 2 cinéastes très différents, et aussi importants l'un que l'autre (même si en effet, l'influence de Kurosawa sur le monde du cinéma est nettement plus sensible) on a pas à les comparer ainsi pour savoir lequel est le best of the best. Tout dépend de la vision et de la sensibilité de chacun.

[edit : je corrige mes fautes

- k-chan
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Suite de ma réponse :
)
Phylute, des critiques d'époques sur Kurosawa, qui tendaient à le démonter, j'en ai lu des masses, et je ne m'en souviens d'aucunes qui tenaient la routes, et qui n'ont pas été réduites en miettes avec le temps. Que ce soit : "Kurosawa = cinéaste américanisé" ou autres. Je me ferais sûrement taper sur les doigts si je disais que Kurosawa est un cinéaste presque intouchable... On peut ne pas l'aimer bien sûr, mais je ne vois pas comment, en prenant son oeuvre dans sa globalité, on pourrait rationnellement mettre en doute son importannce.
Voilà le genre de choses qui pour moi se passent de commentaires :
Et pour ce qui est du rédacteur en chef des cahiers au japon, à savoir mr Yoichi Umémoto, voici ses propos suite au décès de Kurosawa :
"Kurosawa est mort à quatre-vingt huit ans. Il nous reste ses trente films. Mais cela fait longtemps que le cinéaste nous avait échappé, à nous les cinéphiles japonais. Car même après son expérience hollywoodienne malheureuse, conclue par une terrible tentative de suicide, même lorsque les studios japonais, à la suite de l'echec de Dodes'kaden, refusaient systématiquement ses projets, Kurosawa avait su trouver des alliés de par le monde, hors du Japon et pas trop près de Hollywood. Le gouvernement soviétique, Serge Silbermann, Francis Ford Coppola, Gearges Lucas, Martin Scorsese lui ont rendu ce service : lui permettent de travailler. Dersou Ouzala, Kagemusha, Ran, Rêves sont les produits de cette solidarité cosmopolite. Kurosawa ne fut jamais vraiment malheureux, ni maudit, ni oublié, contrairement à nombre cinéastes de sa génération qui ont totalement sombré avec la chute des Studios Japonais. Cependant, face à ses films internationaux nous nous sommes toujours sentis un peu frustrés. Dans Kagemusha et Ran, par exemple, le rôle principal est tenu par Tatsuya Nakadaï, qui n'est autre que le farouche adversaire que rencontrait Toshiro Mifune dix ans auparavant dans les films de Kurosawa. On ne pouvait s'empêcher d'y voir une sorte de trahison : un rénégat venait de monter sur le trône. Mais, aux yeux du monde, Kurosawa continuait de donner à voir la japonité.
De plus, dans ses films internatonnaux, une beauté colorée, sereine et apaisée, envahit des images jusqu'alors dévolues aux contrastes du noir et blanc et aux accès de folie de Toshiro Mifune. Nous nous sommes donc persuadés que Kurosawa avait changé après son long silence des années 70. Et nous avons essayé de l'oublier, et même de ne plus l'aimer. Le long plan-séquence qui ouvre Kagemusha et la scène de la bataille filmée en panoramique dans Ran nous ont peut-être émerveillés, mais elles nous ont surtout frappés d'étonnement, comme une nouvelle langue hérétique. Il avait préféré la tranquilité au dynamisme. Et l'arrêt plutôt que l'action. A la sortie de Rhapsodie en août, j'ai même écrit dans les Cahiers que Kurosawa manquait désormais de sauvagerie.
Alors, par dépit, nous nous replongions souvent dans les anciens film de Kurosawa pour nous gaver de séquences de la violence. Chien enragé par exemple, où l'inspecteur incarné par Mifune poursuit un criminel dans la boue, suffocant de chaleur et d'humidité. Ou encore ses enfants survivants dans le japon de l'après-guerre, rendus à leur aspect et à leur caractère primitifs. Ou enfin les clins d'oeil de Mifune dans Yojimbo et Sanjuro lorsqu'il combat Nakadaï. Pour les cinéphiles japonais, Kurosawa restait et resterait à jamais l'auteur des plus beaux films d'action de notre histoire..."
Tout ça pour dire que depuis sa mort, Kurosawa est doucement, mais très sûrement, réabilité (disons qu'il y a eu des hauts et des bas, il a été porté aux nues autant que massacré). Et ce n'est pas fini. Quand on voit le travail éditorial de Wild Side sur leur collection Kurosawa, c'est un exemple intéressant.
On va me dire : "k-chan arrête !! T'as pas toute ta tête !" (si je l'admire autant, ce n'est quand même pas pour rien). Mais je le hurle : Kurosawa est un des plus grands cinéastes de toute l'histoire du cinéma. Un des plus importants. Un titan ! C'est les Cahiers du cinéma qui étaient aveugle, c'est bien fait pour eux !
Il a largement sa place à coté des Ford et Renoir qu'il admirait tant, et à coté desquels il ne se considérait que comme "vermisseau"
Je n'aurais pas pu répondre aussi bien. D'ailleurs dans son interview, Nicholas Saada explique aussi très bien pourquoi Kurosawa n'utilisait presque pas le champs/contre-champs (même si je trouve ça un peu complexeStrum a écrit :phylute a écrit :
J'ai l'impression que Kurosawa est tout de même très apprécié dans son pays d'origine. Le rédac chef des Cahiers Japon (qui n'a pas parole d'évangile non plus) soulignait que Kurosawa était un pur produit des studios, un cinéaste talentueux mais qui était surtout un cinéaste de commande.
Là le journaliste était très dur, c'était sur la capacité même de filmer de Kurosawa, qui selon lui ne savait pas filmer corectement un simple champ / contrechamp ou user du montage, et qui du coup utilisait une grammaire cinématographique "anti-Eisenstenienne" (je sais pas si ça se dit comme ça) mais sans véritable proposition alternative. En quelque sorte, il lui reprochait de rejeter l'écriture classique car selon lui Kurosawa ne savait pas l'utiliser et non car il voulait la rejeter artistiquement.
Mais c'est complètement idiot, ce qu'il dit.![]()
C'est justement tout ce qui fait le génie particulier de Kurosawa, et la raison de son influence sur le cinéma moderne, cette parcimonie dans l'usage du champs contre-champs (qu'il transcende via une composition du plan parfaite et souvent en triade, c'est à dire en opposant souvent trois forces, trois perspectives possibles, montrant par là que la vie est un combat, à l'opposée de la contemplation reine de Mizoguchi et Ozu qui traduit l'unicité de leur regard) et ce montage ultra-dynamique qui apparait chez lui quasiment dès le départ. Il y a une adéquation parfaite de la forme et du fond chez Kurosawa, ce qui est pour moi, la marque des grands cinéastes. Le rédac chef semble complètement imperméable à ce qui départ de sa conception manifestement étroite du cinéma.
Ensuite comment peut-on parler de "pur produit des studios faisant des films de commande" à propos d'un cinéaste japonais humaniste et existentialiste, qui signait ses propres scénarios et montait souvent lui-même ses films, s'est battu toute sa vie avec ses producteurs, était amoureux de la littérature occidentale, a débuté pendant la deuxième guerre mondiale au Japon et mettait en cause la vision collective de l'homme par le Japon ? C'est tout l'inverse ! Ce n'est pas parce que Kurosawa s'est fait la main à la Toho de 36 à 43 et a connu des triomphes publics au Japon avec ses films d'action qu'il est un cinéaste formaté.
Si c'est sur ce genre de commentaire lapidaire et bas de plafond que se fondent les Cahiers pour dire "nous avions raison sur Kurosawa", cela démontrerait leur peu d'esprit critique, paradoxalement.
En plus, prendre Eisenstein comme référence pour faire des critiques de film, ça ne fait quand même pas beaucoup avancer le schmilblick.


Phylute, des critiques d'époques sur Kurosawa, qui tendaient à le démonter, j'en ai lu des masses, et je ne m'en souviens d'aucunes qui tenaient la routes, et qui n'ont pas été réduites en miettes avec le temps. Que ce soit : "Kurosawa = cinéaste américanisé" ou autres. Je me ferais sûrement taper sur les doigts si je disais que Kurosawa est un cinéaste presque intouchable... On peut ne pas l'aimer bien sûr, mais je ne vois pas comment, en prenant son oeuvre dans sa globalité, on pourrait rationnellement mettre en doute son importannce.
Voilà le genre de choses qui pour moi se passent de commentaires :
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Et pour ce qui est du rédacteur en chef des cahiers au japon, à savoir mr Yoichi Umémoto, voici ses propos suite au décès de Kurosawa :
"Kurosawa est mort à quatre-vingt huit ans. Il nous reste ses trente films. Mais cela fait longtemps que le cinéaste nous avait échappé, à nous les cinéphiles japonais. Car même après son expérience hollywoodienne malheureuse, conclue par une terrible tentative de suicide, même lorsque les studios japonais, à la suite de l'echec de Dodes'kaden, refusaient systématiquement ses projets, Kurosawa avait su trouver des alliés de par le monde, hors du Japon et pas trop près de Hollywood. Le gouvernement soviétique, Serge Silbermann, Francis Ford Coppola, Gearges Lucas, Martin Scorsese lui ont rendu ce service : lui permettent de travailler. Dersou Ouzala, Kagemusha, Ran, Rêves sont les produits de cette solidarité cosmopolite. Kurosawa ne fut jamais vraiment malheureux, ni maudit, ni oublié, contrairement à nombre cinéastes de sa génération qui ont totalement sombré avec la chute des Studios Japonais. Cependant, face à ses films internationaux nous nous sommes toujours sentis un peu frustrés. Dans Kagemusha et Ran, par exemple, le rôle principal est tenu par Tatsuya Nakadaï, qui n'est autre que le farouche adversaire que rencontrait Toshiro Mifune dix ans auparavant dans les films de Kurosawa. On ne pouvait s'empêcher d'y voir une sorte de trahison : un rénégat venait de monter sur le trône. Mais, aux yeux du monde, Kurosawa continuait de donner à voir la japonité.
De plus, dans ses films internatonnaux, une beauté colorée, sereine et apaisée, envahit des images jusqu'alors dévolues aux contrastes du noir et blanc et aux accès de folie de Toshiro Mifune. Nous nous sommes donc persuadés que Kurosawa avait changé après son long silence des années 70. Et nous avons essayé de l'oublier, et même de ne plus l'aimer. Le long plan-séquence qui ouvre Kagemusha et la scène de la bataille filmée en panoramique dans Ran nous ont peut-être émerveillés, mais elles nous ont surtout frappés d'étonnement, comme une nouvelle langue hérétique. Il avait préféré la tranquilité au dynamisme. Et l'arrêt plutôt que l'action. A la sortie de Rhapsodie en août, j'ai même écrit dans les Cahiers que Kurosawa manquait désormais de sauvagerie.
Alors, par dépit, nous nous replongions souvent dans les anciens film de Kurosawa pour nous gaver de séquences de la violence. Chien enragé par exemple, où l'inspecteur incarné par Mifune poursuit un criminel dans la boue, suffocant de chaleur et d'humidité. Ou encore ses enfants survivants dans le japon de l'après-guerre, rendus à leur aspect et à leur caractère primitifs. Ou enfin les clins d'oeil de Mifune dans Yojimbo et Sanjuro lorsqu'il combat Nakadaï. Pour les cinéphiles japonais, Kurosawa restait et resterait à jamais l'auteur des plus beaux films d'action de notre histoire..."
Tout ça pour dire que depuis sa mort, Kurosawa est doucement, mais très sûrement, réabilité (disons qu'il y a eu des hauts et des bas, il a été porté aux nues autant que massacré). Et ce n'est pas fini. Quand on voit le travail éditorial de Wild Side sur leur collection Kurosawa, c'est un exemple intéressant.
On va me dire : "k-chan arrête !! T'as pas toute ta tête !" (si je l'admire autant, ce n'est quand même pas pour rien). Mais je le hurle : Kurosawa est un des plus grands cinéastes de toute l'histoire du cinéma. Un des plus importants. Un titan ! C'est les Cahiers du cinéma qui étaient aveugle, c'est bien fait pour eux !

Il a largement sa place à coté des Ford et Renoir qu'il admirait tant, et à coté desquels il ne se considérait que comme "vermisseau"
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Suite et fin
:

(et maintenant : pas taper !!
)

Réponse juste au-dessus donc. C'est malheureusement vrai ce que tu dis, mais c'est du passé.phylute a écrit :Mouaif, faut voir aussi que je cite de mémoire. Je dois bien déformer les propos du monsieur. Et puis retrouver le Cahier en question risque d'être chaud...Roy Neary a écrit :T'emballe pas Strum !![]()
Tu connais le proberbe : Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage.![]()
Voilà donc une démonstration parfaite de la pure mauvaise foi journalistique quand il s'agit de démonter un artiste qu'on a choisi de vilipender.
Ca ne me choque jamais de lire des attaques contre des artistes que j'aime, d'un côté ça peut permettre de se poser de bonnes questions sur une oeuvre où l'on peut être aveuglé par la passion, d'un autre ça permet d'aiguiser son sens critique en démontant les argumentaires. Je viens de lire un texte de Bergman sur Welles, à côté l'attaque sur Kurosawa c'est peanuts !
Ce qui ne m'empêche pas et d'aimer toujours tout autant et Welles et Bergman. Par contre, force était de constater que Bergman mettait le doigt sur des points interessants.
De plus la réaction du redac des Cahiers Japon dot être exacerbée par le fait qu'à l'étranger, le seul cinéaste reconnu soit Kurosawa (en caricaturant à peine). Ce journaliste prends certes la pose facile qui consiste à'attaquer une statue, mais il défend avec passion des cinéastes comme Fukazaku ou Suzuki... bien des années avant qu'ils ne soient à la mode.
Je suis d'accord, mais sur Kurosawa il n'y a rien à redire !Strum a écrit :C'est certain, je signe des deux mains, à condition bien sûr que la critique ou l'attaque initiale soit un minimum étayée et rationnelle.phylute a écrit :d'un côté ça peut permettre de se poser de bonnes questions sur une oeuvre où l'on peut être aveuglé par la passion, d'un autre ça permet d'aiguiser son sens critique en démontant les argumentaires.


(et maintenant : pas taper !!

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Je tenais au passage à remercier K-chan pour tous ses textes sur Kurosawa, qui ont donné envie à quelques-uns de mes amis et à moi-même de découvrir ses films alors qu'on avait pas la moindre idée de ce sur quoi on allait tomber. On a jamais regretté
Donc félicitations pour tout, si tous les cinéphiles intolérants avaient la même passion à défendre leurs idoles, mon compte en banque serait totalement vide

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