
Akira Kurosawa (1910-1998)
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J'offre ma petite contribution à ce topic, puisque j'ai découvert le week-end dernier mon premier Kurosawa (avec une VHS traînant sur une étagère), Le château de l'araignée, qui pour l'instant est mon film du mois.
J'ai été fasciné par la puissance dramatique développée par Kurosawa, dès l'introduction avec ce brouillard insistant comme dans un songe. Le réalisateur s'approprie Shakespeare avec une force inouie, et sonde l'ambition humaine dévastatrice et destructrice de manière bouleversante. Le hiératisme du théâtre nô accentue la fatalité des actes et leur caractère tragique et se révèle un choix magnifique.
Interprétations et mise en scène sont au diapason: Toshiru Mifune est poignant dans sa déchéance et Isuzu Yamada compose une Asaji/lady Macbeth terrifiante dans sa froide détermination. A travers leur destin se dessine la vision d'une humanité pervertie par la soif du pouvoir. La splendeur épique de la réalisation magnifie cette réflexion par une inspiration toujours renouvelée. Les personnages semblent en permanence évoluer dans une brume sur le point de les engloutir, tant leur présence est fantomatique. Quant au final, il est en tout point gigantesque.
J'ai été fasciné par la puissance dramatique développée par Kurosawa, dès l'introduction avec ce brouillard insistant comme dans un songe. Le réalisateur s'approprie Shakespeare avec une force inouie, et sonde l'ambition humaine dévastatrice et destructrice de manière bouleversante. Le hiératisme du théâtre nô accentue la fatalité des actes et leur caractère tragique et se révèle un choix magnifique.
Interprétations et mise en scène sont au diapason: Toshiru Mifune est poignant dans sa déchéance et Isuzu Yamada compose une Asaji/lady Macbeth terrifiante dans sa froide détermination. A travers leur destin se dessine la vision d'une humanité pervertie par la soif du pouvoir. La splendeur épique de la réalisation magnifie cette réflexion par une inspiration toujours renouvelée. Les personnages semblent en permanence évoluer dans une brume sur le point de les engloutir, tant leur présence est fantomatique. Quant au final, il est en tout point gigantesque.

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on peut pas mieux dire.Joe Wilson a écrit :J'offre ma petite contribution à ce topic, puisque j'ai découvert le week-end dernier mon premier Kurosawa (avec une VHS traînant sur une étagère), Le château de l'araignée, qui pour l'instant est mon film du mois.
J'ai été fasciné par la puissance dramatique développée par Kurosawa, dès l'introduction avec ce brouillard insistant comme dans un songe. Le réalisateur s'approprie Shakespeare avec une force inouie, et sonde l'ambition humaine dévastatrice et destructrice de manière bouleversante. Le hiératisme du théâtre nô accentue la fatalité des actes et leur caractère tragique et se révèle un choix magnifique.
Interprétations et mise en scène sont au diapason: Toshiru Mifune est poignant dans sa déchéance et Isuzu Yamada compose une Asaji/lady Macbeth terrifiante dans sa froide détermination. A travers leur destin se dessine la vision d'une humanité pervertie par la soif du pouvoir. La splendeur épique de la réalisation magnifie cette réflexion par une inspiration toujours renouvelée. Les personnages semblent en permanence évoluer dans une brume sur le point de les engloutir, tant leur présence est fantomatique. Quant au final, il est en tout point gigantesque.

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Nice !Joe Wilson a écrit :J'offre ma petite contribution à ce topic, puisque j'ai découvert le week-end dernier mon premier Kurosawa (avec une VHS traînant sur une étagère), Le château de l'araignée, qui pour l'instant est mon film du mois.

Il est très juste de souligner la présence fantomatique des personnages, qui fait écho à celle de la pièce de Shakespeare. Ce sont presque des reflets d'hommes, des pantins, emprisonnés dans une dimension du monde où le mal est cyclique et revient éternellement. Voir cette scène inouïe, en plan fixe, où Lady Macbeth plonge dans une pénombre totale, disparaissant semble-t-il corps et âme, pour reparaitre aussitôt.
C'est peut-être la plus belle et la plus fidèle adaptation d'une pièce de Shakespeare jamais tournées (aussi excessif et tendu que la pièce), où Kurosawa, se payant le luxe de quelques additions absolument géniales (entre autres l'incroyable mise à mort de Macbeth), trouve des équivalences visuelles inédites au verbe shakespearien. J'aime particulièrement ces plans de la forêts en marche (quel dommage qu'AK n'ai jamais tourné d'adaptation du Seigneur des Anneaux) qui berne Macbeth. La photo, comme dévoré d'un brouillard se faisant virus du mal (y compris sur un plan thématique) est de manière générale à tomber par terre. A noter que la scène de "la pluie de flêches" à la fin a été tournée presque sans truquage de montage (des archers tiraient véritablement des flêches autour du malheureux Mifune).
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En effet, je compte profiter de l'été à venir pour me plonger sérieusement dans le cinéma asiatique par rapport auxquels j'ai de sérieuse lacunes (Kurosawa/Mizoguchi/Ozu pour ne citer qu'eux).
La sortie des DVD Wild Side le mois prochain sera de trop pour mon portefeuille, mais j'en profiterai pour visionner les reprises de Kurosawa prévues au Cinémas Actions (Les salauds dorment en paix, Dodes'kaden et La forteresse cachée ), ce qui me permettra déjà d'avoir un aperçu plus large de la filmographie du maître.
La sortie des DVD Wild Side le mois prochain sera de trop pour mon portefeuille, mais j'en profiterai pour visionner les reprises de Kurosawa prévues au Cinémas Actions (Les salauds dorment en paix, Dodes'kaden et La forteresse cachée ), ce qui me permettra déjà d'avoir un aperçu plus large de la filmographie du maître.


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Enjoy ! Trois film très différents.
Note quand même que des quatre polars sociaux que Kurosawa a fait (L'Ange Ivre, Chien Enragé, Entre le Ciel et l'Enfer, Les Salauds dorment en paix), Les Salauds... est sans doute le moins bon. Dodes'kaden est un étonnant et émouvant film choral sur la misère humaine qui montre que le rêve et l'artifice ne peuvent que momentanément et de façon illusoire cacher la misère (le premier film en couleur de Kurosawa, un film de peintre avec des décors peints en couleurs criardes). Quant à La Forteresse Caché, c'est un Star Wars japonais avant l'heure (à plus d'un titre). Un pur film d'aventure, fort distrayant, en cinémascope.
J'espère que tu auras bientôt l'occasion de voir mes Kurosawa préférés ! (il y en a cinq : Les 7 Samourais, Chien Enragé, Vivre, Dersou Ouzala, Barberousse)
Note quand même que des quatre polars sociaux que Kurosawa a fait (L'Ange Ivre, Chien Enragé, Entre le Ciel et l'Enfer, Les Salauds dorment en paix), Les Salauds... est sans doute le moins bon. Dodes'kaden est un étonnant et émouvant film choral sur la misère humaine qui montre que le rêve et l'artifice ne peuvent que momentanément et de façon illusoire cacher la misère (le premier film en couleur de Kurosawa, un film de peintre avec des décors peints en couleurs criardes). Quant à La Forteresse Caché, c'est un Star Wars japonais avant l'heure (à plus d'un titre). Un pur film d'aventure, fort distrayant, en cinémascope.
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Be my guest !cody jarrett a écrit :bah permets moi de douter mon pote.Strum a écrit :des quatre polars sociaux que Kurosawa a fait (L'Ange Ivre, Chien Enragé, Entre le Ciel et l'Enfer, Les Salauds dorment en paix), Les Salauds... est sans doute le moins bon.

Je préfère largement Chien Enragé et L'Ange Ivre (je suis moins fan de Entre le Ciel et l'Enfer et, donc, des Salauds. Mais attention, cela reste du Kurosawa grande époque, bref du sacré cinéma !

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En tout cas Joe Wilson, tout comme Strum je ne peux que t'encourager. Ce qui est bien avec kurosawa, c'est qu'il a porté tout les genre qu'il a aborder à leur plus haut niveau. Que Les salaux dorment en paix soit ou non son meilleur thriller social ne change pas grands chose, car dans tous les cas c'est un sommet du genre. Tout comme La forteresse cachée est un sommet du film d'aventure épique (LE sommet ??).
Quant à Dodeskaden, c'est tellement unique en son genre...
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Je préfère peut-être aussi Chien enragé et surtout L'ange Ivre, mais j'ai un peu de mal à les associés à Entre le ciel et l'enfer et Les salauds dorment en paix, même s'il est vrai qu'on retrouve bien des choses de Chien enragé dans Entre le ciel....Strum a écrit :Je préfère largement Chien Enragé et L'Ange Ivre (je suis moins fan de Entre le Ciel et l'Enfer et, donc, des Salauds. Mais attention, cela reste du Kurosawa grande époque, bref du sacré cinéma !)
Joe Wilson, ils sont tous à voir absolument de toutes façon.

C'est malin, j'ai envie de revoir Les salauds dorment en paix maintenant. D'ailleurs Max Schreck l'a découvert il y a peu, et en a pensé beaucoup de bien

Sinon, Kurosawa petite époque, ça existe ?

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REVES
Avec ce genre de films non-narratifs, c'est que ce qui tient le spectateur est l'attente de l'état de grâce, du coup d'éclat, du moment de cinéma unique qui éblouit. Des moments de ce genre, le film en possède, c'est sûr, comme la danse des esprits des pêchers, l'apparition de la dame des neiges, ou le dernier plan, d'une simplicité bouleversante. Mais là vient le problème de beaucoup de films à sketches, et Rêves ne fait pas exception, c'est que toutes les parties ne sont pas d'un intérêt et d'une inspiration égales. Ces moments ne sont donc pas répartis de manière équilibrée, et ils sont parfois, à mon avis, plutôt ratés(comme le Mt Fuji en rouge). Du coup, on a le droit à quelques longueurs.
On sent aussi le film d'un homme en fin de vie. Ce qu'est devenu le monde, et le Japon en particulier, le rend mélancolique, et il n'y va pas par 4 chemins pour le faire comprendre, donc on peut trouver parfois la critique du monde moderne un peu lourdement assénée, même si ce côté désabusé la rend d'une certaine manière émouvante(un peu comme dans le conte de Borges Utopie d'un homme qui est fatigué-disponible dans le recueil Le Livre de Sable-, étrangement proche des derniers sketches du film de Kurosawa). Mais n'empêche que ça reste un peu lourd
En bref, même si Rêves est loin d'être un échec-il contient trop de beaux moments pour ça et Kurosawa était peut être le seul avec Fellini à pouvoir faire des coups d'éclat en se filmant en roue libre-, il ne m'a pas transmis le quart de l'émotion que je peux ressentir devant Entre le ciel et l'enfer, Barberousse, ou Les 7 Samourais. Du Kurosawa petite époque quoi
Avec ce genre de films non-narratifs, c'est que ce qui tient le spectateur est l'attente de l'état de grâce, du coup d'éclat, du moment de cinéma unique qui éblouit. Des moments de ce genre, le film en possède, c'est sûr, comme la danse des esprits des pêchers, l'apparition de la dame des neiges, ou le dernier plan, d'une simplicité bouleversante. Mais là vient le problème de beaucoup de films à sketches, et Rêves ne fait pas exception, c'est que toutes les parties ne sont pas d'un intérêt et d'une inspiration égales. Ces moments ne sont donc pas répartis de manière équilibrée, et ils sont parfois, à mon avis, plutôt ratés(comme le Mt Fuji en rouge). Du coup, on a le droit à quelques longueurs.
On sent aussi le film d'un homme en fin de vie. Ce qu'est devenu le monde, et le Japon en particulier, le rend mélancolique, et il n'y va pas par 4 chemins pour le faire comprendre, donc on peut trouver parfois la critique du monde moderne un peu lourdement assénée, même si ce côté désabusé la rend d'une certaine manière émouvante(un peu comme dans le conte de Borges Utopie d'un homme qui est fatigué-disponible dans le recueil Le Livre de Sable-, étrangement proche des derniers sketches du film de Kurosawa). Mais n'empêche que ça reste un peu lourd

En bref, même si Rêves est loin d'être un échec-il contient trop de beaux moments pour ça et Kurosawa était peut être le seul avec Fellini à pouvoir faire des coups d'éclat en se filmant en roue libre-, il ne m'a pas transmis le quart de l'émotion que je peux ressentir devant Entre le ciel et l'enfer, Barberousse, ou Les 7 Samourais. Du Kurosawa petite époque quoi
