Jack Griffin a écrit :Pour ceux que ça interesse, j'ai réussi à uploader sur Youtube, le clip d'Eric Rohmer " Bois ton café" de Rosette, dont les images ornent ma signature.
Enjoy
ah ouais, pas mal ! assûrément le meilleur rôle de Pascal Greggory
et la piquante Rosette (qui chante ici) a aussi réalisé toute une série de courts dont elle était l'héroïne (Rosette vend des fleurs, Rosette prend son p'tit Dèj', Rosette se caresse, etc.), et où apparaissaient d'autres acteurs rohmérissimes.
***
Pour revenir à nos moutons: ce clip de "Bois ton café il va être froid" était aussi livré en bonus sur le DVD des réjouissantes 4 Aventures de Rainette et Mirabelle (l'un des films les plus frais de Rohmer, je trouve; à redécouvrir de toute urgence).
Eric Rohmer
Publié : 17 juin 06, 14:01
par Jordan White
Ma nuit chez Maud
On peut adhérer ou pas aux films d'Eric Rohmer, à la préciosité de ses dialogues, à sa direction d'acteurs ou y être totalement insensible, mais ce Ma Nuit chez Maud pourrait convertir le dernier des hermétiques par sa facilité à traiter de thèmes aussi universels qu'intimes. Marier l'infinimement grand, avec ce qui n'appartient qu'à chacun, son propre ressenti. Le tout est emballé avec un panache, une force de vérité qui n'appartient qu'aux plus grands. D'un point de vue théologique, pour quiconque s'y intéresse, et plus largement sur les questions de la morale, de la religion, du rapport au catholicisme, au protestantisme, ou à l'athéisme le film propose une réflexion inépuisable qui vaut pour toutes les époques et les sociétés.
Plus que cela, par sa vision documentaire, en tout cas très proche de celui-ci, le film tend à montrer que les choses les plus simples sont aussi aussi régies par les questions existentielles, et que l'on est pas prêt d'épuiser ce formidable mystère qu'est celui de la rencontre amoureuse. Les personnages sont loin d'être de simples figures figées par leur questionnement. Ils vivent, s'émeuvent, bougent, doutent, se croisent, pour finalement se laisser entraîner par les aléas ou leurs convictions profondes.
Tourné en 1969, Ma Nuit chez Maud est représentatif d'une époque en pleine ebullition sociale et philosophique, où les contraires intellectuels s'attirent pour engager le débat ( les croyants et les athées/ la bourgeoisie et le marxisme/ la science et la littérature) sans compter le diptyque la brune et la blonde. Sans avoir l'impression d'assister à un cours magistral de philo malgré l'intro dans le café sur les Pensées de Pascal et le rapport aux mathématiques, surécrit, le reste, est brillant, savamment agencé, loin de la démarche du bon mot recherché à tout prix. L'intelligence des dialogues n'a d'égale que celle du propos.
L'arrivée de Françoise Fabian dans le récit m'a énormément touché, l'actrice se révélant vive, spontanée. Elle parle seule, et pourtant elle m'a envoûté. A ce moment de l'intrigue, mais de façon plus générale, mon modèle féminin. L'identification pour Jean-Louis qui ne sait pas encore comment s'y prendre avec elle n'en est que plus vrai. On veut la prendre dans ses bras, l'aimer. Follement. J'ai été touché par la réplique " J'aime les hommes qui savent ce qu'ils veulent". Dans un tel moment de trouble, je trouve cela gonflé.
Elle évoque une figure angélique, de celle qui vous font comprendre que l'amour peut être vécu, qu'il faut s'y accrocher, en trouvant la bonne personne. Sa rencontre avec Jean-Louis est déterminante. Pour lui comme pour elle. Elle avait déjà emporté mon adhésion dans La bonne année de Lelouch, elle confirme ici qu'elle est une de mes actrices françaises préférées.
Les dernières scènes évoquent une certaine sentimentalité, revoyant ces deux êtres sur une plage cinq ans après leur première rencontre, l'émotion submerge.
Film du mois. Palme d'Or. 9/10
Publié : 17 juin 06, 14:05
par Jeremy Fox
Jordan White a écrit :Ma nuit chez Maud : On peut adhérer ou pas aux films d'Eric Rohmer, à la préciosité de ses dialogues, à sa direction d'acteurs ou y être totalement insensible, mais ce Ma Nuit chez Maud pourrait convertir le dernier des hermétiques par sa facilité à traiter de thèmes aussi universels qu'intimes. Film du mois. Palme d'Or. 9/10
Très content de lire ça mais ce n'est pourtant pas son film le plus abordable je trouve. As tu eu l'occasion de voir les autres sommets de sa filmographie que sont Conte d'automne, Conte d'été ou La collectionneuse ?
Publié : 17 juin 06, 14:15
par blaisdell
Jeremy Fox a écrit :
Jordan White a écrit :Ma nuit chez Maud : On peut adhérer ou pas aux films d'Eric Rohmer, à la préciosité de ses dialogues, à sa direction d'acteurs ou y être totalement insensible, mais ce Ma Nuit chez Maud pourrait convertir le dernier des hermétiques par sa facilité à traiter de thèmes aussi universels qu'intimes. Film du mois. Palme d'Or. 9/10
Très content de lire ça mais ce n'est pourtant pas son film le plus abordable je trouve. As tu eu l'occasion de voir les autres sommets de sa filmographie que sont Conte d'automne, Conte d'été ou La collectionneuse ?
Personnellement, je n'ai pas vu tous les Rohmer mais j'ai le sentiment que c'est l'un des plus accessibles, grâce surtout au quatuor Trintigant - Françoise Fabian - Antoine Vitez- Marie-christine Barrault..
Un autre grand Rohmer: L'AMOUR L'APRES -MIDI, merveille de finesse et de sensibilité.
Publié : 17 juin 06, 14:23
par Jordan White
Jeremy Fox a écrit :
Jordan White a écrit :Ma nuit chez Maud : On peut adhérer ou pas aux films d'Eric Rohmer, à la préciosité de ses dialogues, à sa direction d'acteurs ou y être totalement insensible, mais ce Ma Nuit chez Maud pourrait convertir le dernier des hermétiques par sa facilité à traiter de thèmes aussi universels qu'intimes. Film du mois. Palme d'Or. 9/10
Très content de lire ça mais ce n'est pourtant pas son film le plus abordable je trouve. As tu eu l'occasion de voir les autres sommets de sa filmographie que sont Conte d'automne, Conte d'été ou La collectionneuse ?
Je ne sais pas si c'est son film le plus abordable, je ne le connais vraiment pas assez pour le dire, mais celui-là a tapé dans le mille et je trouve que c'est un film qui peut paraître dur d'accès comme ça à priori, en raison de son sujet, du fait qu'on y parle philo etc.. alors que c'est aussi traité avec simplicité, surtout pendant cette fameuse nuit. Il y a de l'appréhension du côté de Jean-Louis, mais la femme en face de lui ne se montre pas distante, au contraire elle veut le comprendre sans aller jusqu'à lui sortir les vers du nez, ça vient naturellement.
Je crois que c'est le plus dur : marier un langage très fourni, très littéraire, avec une douceur, une approche du couple à la fois moderne et accessible.
Un très bon ami m'a parlé de Conte d'Eté qu'il a découvert il n'y a pas longtemps, et qui l'a bouleversé, grâce entre autres à la présence d'Amanda Langlet , et je dois dire que je suis assez impatient de le découvrir. J'en ai vu trois ou quatre autres de lui. Ma Nuit chez Maud est celui qui m'a le plus parlé. Et le fait de savoir que Françoise Fabian y jouait n'y a pas été étranger.
P.S: Je ne garde pas mes textes de façon générale. Je l'ai retrouvé grâce à une petite manipulation, sinon c'était perdu. Hormis ceux de la Selec TV.
Publié : 17 juin 06, 14:59
par Jeremy Fox
Jordan White a écrit :
Un très bon ami m'a parlé de Conte d'Eté qu'il a découvert il n'y a pas longtemps, et qui l'a bouleversé, grâce entre autres à la présence d'Amanda Langlet.
Comme je le comprends
Publié : 9 août 06, 21:00
par piazzi
Je viens de voir Pauline à la plage, le jeu d'Arielle Dombasle m'a laissé un peu perplexe sur le début du film, sur la fin ça passait mieux mais elle apparaissait dans moins de scènes !.
Vous pouvez me conseiller un autre film de Rohmer où elle serait un peu plus crédible dans son rôle?
Merci
Publié : 1 juin 07, 09:55
par Nomorereasons
Topic tristement oublié...
Voici mes cinq Rohmer favoris, que je n'ai pas eu le coeur de classer par ordre de préférence, n'en choisir que 5 étant un sacrifice suffisamment déchirant lorsqu'on les aime tous.
1- le trop souvent oublié la boulangère de Monceau, court-métrage pétrifiant, pour moi c'est une porte d'entrée idéale dans les films de Rohmer
2-Ma nuit chez Maud je l'ai vu huit ou neuf fois en un an, il est inusable
3-La Marquise d'O je ne prétends pas avoir compris la morale de ce film (qui veut faire l'ange fait la bête, ou quelque chose comme ça) mais ce qu'il s'y passe est merveilleux
4-L'arbre, le maire, la médiathèque avec sa galerie de portraits extraordinaires, à commencer par François-Marie Banier, atrabilaire et lointain cousin de Daniel Pommereulle...
5-Les nuits de la pleine lune pour moi le plus beau portrait (idéalisé bien sûr) des années 80.
Publié : 1 juin 07, 11:13
par Nicolas Brulebois
yaplusdsaisons a écrit :4-L'arbre, le maire, la médiathèque avec sa galerie de portraits extraordinaires, à commencer par François-Marie Banier, atrabilaire et lointain cousin de Daniel Pommereulle...
à mes yeux, Pommereulle était (dans La divine Collectionneuse) infiniment plus hard que Banier
Mais c'est vrai que dans le genre salopiaud, il se pose quand même là.
J'aime beaucoup l'idée même qui préside à L'Arbre, Le Maire & la Médiathèque: faire un film pour presque rien (c'est le moins cher de Rohmer), en vitesse (pour profiter de l'effet "spontanéité", mais aussi arriver juste avant les élections), le sortir quasi en loucedé (une seule salle parisienne, avec plusieurs mois d'exclusivité) et en faire un succès de bouche-à-oreille
Je trouve que les films "buissonniers" qu'il a réalisé au milieu de ses "cycles", par la fraîcheur qu'ils apportent au milieu d'oeuvres plus rigoureusement construites et pensées, comptent parmi les plus beaux et les plus libres de sa filmo.
exemple: Le Rayon Vert & Quatre Aventures de Rainette et Mirabelle, tous deux à moitié improvisés (pour les dialogues), qui ont entrecoupé les verbeuses Comédies et Proverbes... Et Les Rendez-Vous de Paris et cet Arbre, Maire & Médiathèque au milieu de la série des Contes des 4 Saisons.
Publié : 1 juin 07, 12:17
par Nomorereasons
Tu as raison, ses films "fauchés" (tous ceux que tu as cité en gras par exemple) sont épatants!
J'ai oublié "Reinette et Mirabelle" mais je l'aime bien aussi; il va falloir que je pense à une seconde liste de mes préférés! Et puis il me semble que si je faisais du cinéma (de préférence en amateur) je tirerais de précieuses leçons de ces travellings au caddie de supermarché en décors naturels, sans oublier le déroulement implacable de l'intrigue, la fluidité, etc etc. Ca changerait de tous ces Dardenne au petit pied -quoique j'apprécie énormément les originaux.
Même "Les rendez-vous de Paris" m'a sidéré: au début on se dit "tiens, encore du Rohmer en pilote automatique" et puis, très vite, ça captive quand même.
Je pense pareil pour Pommereulle: quel terrible personnage, et je ne crois pas qu'il composa réellement pour la Collectionneuse! Mais s'il est plus hard que Banier (comme j'aimerais ressortir son terrifiant monologue "silence petite conne, tu m'énerves!..." à une collègue qui n'aurait pas vu le film!!!) il est aussi moins cynique.
Rohmer a le don d'inventer (ou de choisir?) des salauds géniaux: Guillaume dans "la carrière de Suzanne", Patrick Bauchau, Feodor Atkine, Luchini, à la limite il ne manque plus que Bela Lugosi ou Richard Kiel...
Publié : 1 juin 07, 12:36
par Nicolas Brulebois
yaplusdsaisons a écrit :
Nicolas Brulebois a écrit :
à mes yeux, Pommereulle était (dans La divine Collectionneuse) infiniment plus hard que Banier
Mais c'est vrai que dans le genre salopiaud, il se pose quand même là.
J'aime beaucoup l'idée même qui préside à L'Arbre, Le Maire & la Médiathèque: faire un film pour presque rien (c'est le moins cher de Rohmer), en vitesse (pour profiter de l'effet "spontanéité", mais aussi arriver juste avant les élections), le sortir quasi en loucedé (une seule salle parisienne, avec plusieurs mois d'exclusivité) et en faire un succès de bouche-à-oreille
Je trouve que les films "buissonniers" qu'il a réalisé au milieu de ses "cycles", par la fraîcheur qu'ils apportent au milieu d'oeuvres plus rigoureusement construites et pensées, comptent parmi les plus beaux et les plus libres de sa filmo.
exemple: Le Rayon Vert & Quatre Aventures de Rainette et Mirabelle, tous deux à moitié improvisés (pour les dialogues), qui ont entrecoupé les verbeuses Comédies et Proverbes... Et Les Rendez-Vous de Paris et cet Arbre, Maire & Médiathèque au milieu de la série des Contes des 4 Saisons.
Tu as raison, ses films "fauchés" (tous ceux que tu as cité en gras par exemple) sont épatants!
J'ai oublié "Reinette et Mirabelle" mais je l'aime bien aussi; il va falloir que je pense à une seconde liste de mes préférés! Et puis il me semble que si je faisais du cinéma (de préférence en amateur) je tirerais de précieuses leçons de ces travellings au caddie de supermarché en décors naturels, sans oublier le déroulement implacable de l'intrigue, la fluidité, etc etc. Ca changerait de tous ces Dardenne au petit pied -quoique j'apprécie énormément les originaux.
Même "Les rendez-vous de Paris" m'a sidéré: au début on se dit "tiens, encore du Rohmer en pilote automatique" et puis, très vite, ça captive quand même.
Je pense pareil pour Pommereulle: quel terrible personnage, et je ne crois pas qu'il composa réellement pour la Collectionneuse! Mais s'il est plus hard que Banier (comme j'aimerais ressortir son terrifiant monologue "silence petite conne, tu m'énerves!..." à une collègue qui n'aurait pas vu le film!!!) il est aussi moins cynique Rohmer a le don d'inventer (ou de choisir?) des salauds géniaux: Guillaume dans "la carrière de Suzanne", Patrick Bauchau, Feodor Atkine, Luchini, à la limite il ne manque plus que Bela Lugosi ou Richard Kiel...
Dans ta litanie des beaux enfoirés rohmériens, tu oublies Barbet Schroeder (avec la voix post-synchronisée de Bertrand sic Tavernier) dans La Boulangère...
Publié : 1 juin 07, 12:45
par Nomorereasons
Ben... si je n'ai pas mis celui-là c'est parceque ça m'est arrivé de me comporter parfois de la même façon ... mais tu as raison, quel sale con lui aussi, à la fin...
Publié : 1 juin 07, 12:59
par Nicolas Brulebois
D'ailleurs, si le début de la filmo de Rohmer se concentre plus sur l'étude des "beaux enfoirés", ça se modifie ensuite: à partir des années 80's, le sujet d'étude change de sexe, et l'on s'attarde désormais + sur les "ravissantes emmerdeuses" (Marie Rivière dans la Femme de l'Aviateur, Béatrice Romand dans le Beau Mariage, Pascale Ogier dans les Nuits de la Pleine Lune, Charlotte Véry dans Conte d'Hiver, Gwenaelle Simon dans Conte d'Eté, ou l'inoubliable Aurore Rauscher dans les Rendez-Vous de Paris)
Publié : 1 juin 07, 13:20
par Nomorereasons
Gwennaëlle Simon? Si c'est la blonde qui sort de sciencepo je suis d'accord, mais je crois qu'en fait il s'agit de la belle brune.
Ces filles-là sont en effet souvent insupportables mais le réalisateur n'a pas l'air de se moquer d'elles ou de leurs motifs de se comporter ainsi: il semble sous le charme, du coup on est clément nous aussi (enfin, un peu)
Je n'ai toujours pas vu "le beau mariage"...mais quelle remarquable Marie Rivière dans "la femme de l'aviteur", dans le style tu-peux-pas-me-comprendre-mais-fais-quelque-chose!
Je trouve que les hommes, chez Rohmer, sont mangés à une autre sauce: ils n'ont pas d'amis (ou alors c'est l'amitié truquée de deux rapaces), ils sont moins sympathiques (voire jamais...à part Perceval!) et ont moins de circonstances atténuantes que les femmes. C'est peut-être d'ailleurs ça qui me gêne chez ce réalisateur: ce sont toujours des gens très seuls. Mais enfin bon...on n'est pas chez Claude Sautet non plus!
(j'ai édité, il y a un truc qui m'avait échappé dans ton post)
Publié : 1 juin 07, 18:18
par Nicolas Brulebois
yaplusdsaisons a écrit :Gwennaëlle Simon? Si c'est la blonde qui sort de sciencepo je suis d'accord, mais je crois qu'en fait il s'agit de la belle brune.
Ces filles-là sont en effet souvent insupportables mais le réalisateur n'a pas l'air de se moquer d'elles ou de leurs motifs de se comporter ainsi: il semble sous le charme, du coup on est clément nous aussi (enfin, un peu)
Effectivement : la blonde qui sort de Science-Po, Léna, est incarnée par Aurélia Nolin, et c’est la reine des emmerdeuses… mais je trouve néanmoins que, dans son p’tit genre, la belle Solène en tient aussi une couche, avec ses « principes » un peu folklo (se peloter la première semaine, ce n’est pas « bien »… en revanche, sortir avec deux mecs à la fois, OK).
Pour ma part, et contrairement à toi, je trouve que le réalisateur se moque d’elles, et particulièrement de la Léna, idéalisée pendant les ¾ du film et qui s’avère être une sacrée désillusion à son retour. A mon avis, ces caractères impossibles contribuent à accentuer l’empathie du spectateur pour la dénommée Margot, qui est assurément le point de mire de tout le film (et le regret final du personnage).
Mais on est d’accord : Conte d’Eté n’est pas le Rohmer le plus salaud envers ses personnages féminins : je trouve que l’aveuglement (mêlé de sottise) des héroïnes du Beau Mariage ou des Nuits de La Pleine Lune est particulièrement cruel ; on sent presque le cinéaste ravi de les envoyer droit dans le mur (d’ailleurs, les 2 films culminent sur une scène de « révélation-coup de poing »).
Là, pour le coup, je trouve qu’il n’y a rien de « clément » – à ce propos, dans un numéro des Cahiers datant de 2004, une cinéaste (Siegrid Alnoy) écrivait ceci : « la précision et la méticulosité de son regard m’enchantent, mais, dans le même temps, il est celui d’un entomologiste, scrutant ses personnages, des êtres humains, comme des oiseaux en cage sans aucune compassion ».
Je trouve qu’il y a du vrai dans cette réflexion, du moins pour certains films.
yaplusdsaisons a écrit :Je trouve que les hommes, chez Rohmer, sont mangés à une autre sauce: ils n'ont pas d'amis (ou alors c'est l'amitié truquée de deux rapaces), ils sont moins sympathiques (voire jamais...à part Perceval!) et ont moins de circonstances atténuantes que les femmes. C'est peut-être d'ailleurs ça qui me gêne chez ce réalisateur
Je ne suis pas tout à fait d’accord, il y a aussi des rôles masculins attachants et pas forcément trop ambigus: le héros de La Femme de l’Aviateur (malgré sa relative lourdeur/maladresse) ; le type qui répond à la petite annonce dans Conte d’Automne… Ou encore le bibliothécaire amoureux (bonne poire) de Félicie dans Conte d'Hiver.
Mais bon, c’est vrai que l’on est quand même souvent, chez Rohmer, dans un « petit théâtre de la cruauté » qui peut faire froid dans le dos, en définitive. Cela dit, ce n’est pas une tare : il y a des cinéastes plus « gentils » dont l’univers est infiniment moins inspirant