Ann Harding a écrit :Je comprends bien que le muet n'est pas 'rentable' économiquement. Mais, l'exclusion des films antérieurs à 1930 est à mon avis une grosse erreur. La firme Gaumont a un catalogue muet extrêmement prestigieux qui reste inexploité (à part les deux excellents coffrets Cinéma Premier). C'est dommage pour le patrimoine français muet qui restera invisible pour longtemps, voire pour toujours. On continuera à penser que le cinéma muet français est sans intérêt face aux Fritz Lang, Eisenstein, et grands classiques américains. Ce qui totalement faux. Mais, je crois bien que le mur du son est infranchissable en France. Dommage.
Vous trouverez ci-dessous quelques réflexions qui vont dans le même sens que les propos d'Ann Harding :
Les avancées technologiques à la fois en terme de restauration et à la fois en terme de support de diffusion (VHS, DVD, BR) permettent de présenter des films dans des conditons de plus en plus optimales et il faut s'en réjouir.
Chaque médaille a pourtant son revers et il existe des films qui sont laissés de côté au fil de ces avancées technologiques.
Il y a d'abord des films dont l'intérêt semble évident à la lecture du générique :
Je prends l'exemple de
Jenny (1936) premier film de Marcel Carné sur un scénario de Jacques Prévert. A ma connaissance, ce film n'a jamais été édité en VHS, ni en DVD.
Il y a ensuite les films dont l'intérêt n'apparaît que bien des années plus tard :
Je prends l'exemple de
La guerre des gosses (1936) de Jacques Daroy. Ce n'est qu'avec la réussite de
La guerre des boutons (1962) d'Yves Robert qu'il devient intéressant de découvrir cette première version du roman de Louis Pergaud. A ma connaissance, ce film est invisible depuis de nombreuses années.
Ces jours derniers était présenté à Lyon en version restaurée le film de Marcel Carné
Les enfants du paradis. Si les qualités artistiques de ce film sont immenses et indéniables, il a bénéficié à ce jour de plusieurs restaurations et d'une diffusion multiple sur tous les supports existants et on parle déjà d'une nouvelle édition en DVD et d'une sortie en BR pour la fin d'année. A côté de cela, qu'en est-il d'un film digne d'intérêt comme
Le destin exécrable de Guillemette Babin tourné en 1947 par Guillaume Radot, film fantastique autour de la sorcellerie, surprenante production française ?
La vie est injuste pour les hommes et je crois qu'elle l'est aussi pour les films.
Les avancées technologiques en terme de restauration et le coût économique qu'elles engendrent, l'exigence justifiée des consommateurs cinéphiles constituent un filtre terrible, impitoyable... et parfois injuste.