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Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:04
par Miss Nobody
Rick Blaine a écrit :
Major Tom a écrit :Pour citer mon chouchou, Polanski trouve que les réalisateurs qui ne "montrent pas" (ou le font hors champ) ce qu'il est censé se passer à l'image font montre de couardise.
Sans l'appliquer directement au film dont il est question ici, je pense, de manière générale, totalement le contraire (mais je n'ai pas la prétention de me comparer à Polanski bien sur :D ). Montrer c'est souvent céder à une certaine forme de facilité. Ne pas montrer, quand c'est habilement fait, permet bien souvent de faire passer beaucoup plus de choses. C'est mon ressenti habituel en tout cas.
+1. Polanski est un imbécile sur ce coup là. Je suis une fanatique du hors-champ, y compris pour les films post-années 70.

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:08
par Père Jules
Major Tom a écrit :Pour citer mon chouchou, Polanski trouve que les réalisateurs qui ne "montrent pas" (ou le font hors champ) ce qu'il est censé se passer à l'image font montre de couardise.
Tu diras ça à Tourneur... :D

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:08
par Major Tom
Rick Blaine a écrit :
Major Tom a écrit :Pour citer mon chouchou, Polanski trouve que les réalisateurs qui ne "montrent pas" (ou le font hors champ) ce qu'il est censé se passer à l'image font montre de couardise.
Sans l'appliquer directement au film dont il est question ici, je pense, de manière générale, totalement le contraire (mais je n'ai pas la prétention de me comparer à Polanski bien sur :D ). Montrer c'est souvent céder à une certaine forme de facilité. Ne pas montrer, quand c'est habilement fait, permet bien souvent de faire passer beaucoup plus de choses. C'est mon ressenti habituel en tout cas.
Comme je l'ai ajouté, ça reste cependant un type écœuré par la violence gratuite au cinéma, mais son principe est pourtant évident: on est au cinéma, pas au théâtre. Macbeth ne peut plus sortir en coulisses et revenir couvert de taches rouges pour dire qu'il a assassiné le roi, il faut montrer le meurtre qui est censé se passer en coulisse. ;)

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:11
par Père Jules
Major Tom a écrit : Macbeth ne peut plus sortir en coulisses et revenir couvert de taches rouges pour dire qu'il a assassiné le roi, il faut montrer le meurtre qui est censé se passer en coulisse. ;)
Ça ne m'apparait pas être un nécessité absolue... certains réalisateurs étant des maîtres dans la suggestion peuvent se révéler très moyens dès qu'il s'agit de filmer ladite action.

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:15
par Rick Blaine
Major Tom a écrit : Comme je l'ai ajouté, ça reste cependant un type écœuré par la violence gratuite au cinéma, mais son principe est pourtant évident: on est au cinéma, pas au théâtre. Macbeth ne peut plus sortir en coulisses et revenir couvert de taches rouges pour dire qu'il a assassiné le roi, il faut montrer le meurtre qui est censé se passer en coulisse. ;)
Pas forcément, ça dépend ce que l'on veut faire avec cette scène. Même au cinéma, on a pas besoin de voir un meurtre pour comprendre qu'il a eu lieu. Si visualiser la scène d'un meurtre en elle même n'apporte rien a l'évolution de la situation ou des personnages d'un film, ce n'est pas la peine de la montrer.
Et puis, encore une fois c'est strictement personnel, mais typiquement, un meurtre m’impressionnera bien souvent plus hors champ, ou en parti masqué, que complétement filmé.

Et en plus:
Père Jules a écrit :Ça ne m'apparait pas être un nécessité absolue... certains réalisateurs étant des maîtres dans la suggestion peuvent se révéler très moyens dès qu'il s'agit de filmer ladite action.

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:15
par hellrick
Cathy a écrit : Maintenant je suis de cette génération qui aurait pu voir le film à sa sortie et il semble que ce film n'ait pas marché à sa sortie, étions nous "conditionnés" autrement, je ne sais pas ! Le film est devenu culte depuis car on y a collé de nombreux messages dessus, mais si on reste sur le simple film d'épouvante qu'il est sensé être, il manque son but, enfin sur moi, car je n'ai jamais mais jamais tressauté !
J'ai vu le film au milieu des années '80, en VHS, je n'y ait collé aucun message, je ne lui en colle toujours aucun, j'ai pris une claque avec les effets spéciaux de folie et l'ambiance parano et ça foutait vraiment la trouille...et c'est toujours ainsi que je le prends, le film n'ayant pas quitté mon top 20 après 25 ans et de nombreux visionnage. :wink:

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:25
par Major Tom
Père Jules a écrit :
Major Tom a écrit : Macbeth ne peut plus sortir en coulisses et revenir couvert de taches rouges pour dire qu'il a assassiné le roi, il faut montrer le meurtre qui est censé se passer en coulisse. ;)
Ça ne m'apparait pas être un nécessité absolue... certains réalisateurs étant des maîtres dans la suggestion peuvent se révéler très moyens dès qu'il s'agit de filmer ladite action.
Ça reste une question de dosage. Polanski aurait pu montrer la bite de Kingsley quand Sigourney Weaver la sort de son pantalon dans La Jeune fille et la mort, mais non. Son propos s'arrête au strict nécessaire et ça se passe hors-champs. L'intérêt est qu'on sait ce qu'il se passe et qu'il n'a pas besoin d'en rajouter. Quand il montre des nazis jetant un vieux et sa chaise roulante du quatrième dans Le Pianiste, le plan coupe pile avant que le corps touche le sol. Un autre réalisateur, avec la liberté qu'on a aujourd'hui (et qu'on avait déjà évidemment en 1994 ou en 2002) aurait pu montrer la bite de Kingsley ou de sa doublure, ou montrer le corps du vieux s'éclater en lambeaux de chair sur le sol (comme l'aurait peut-être fait De Palma :mrgreen: ). Le propos de Polanski est aussi une question de logique: un vrai spectateur dans la vie (symbolisé par la caméra de Polanski) ralentirait sur l'autoroute et jetterait un coup d'œil rapide sur les corps que les pompiers sortent d'une bagnole accidentée. Sa caméra suit ce principe: personne ne resterait en retrait, derrière la porte de la chambre du roi, en attendant le retour de Macbeth armé de son couteau...

Pour The Thing, de toute façon, l'idée de cacher ça alors que les protagonistes voient la même chose, c'est idiot: si tu montres un mec en train d'avoir peur de ce qui se passe hors champ sans montrer le hors champ, tu finis avec un plan de ce type pendant cinq minutes en train d'essayer de faire comprendre au spectateur ce qui se passe de cette manière: "Oh mon dieu, il change de forme... il... il... il est devenu MacBrown! Qu'est-ce que... sa tête marche toute seule, mais comment est-ce possible??... Oh putain il me mord la gueule avec sa gummmhlllmmmmmmeuuuhuii..." :mrgreen:
Dans Les Dents de la mer, c'est l'inverse: moins on voit le requin et plus ça marche -et du coup le titre français est encore plus exceptionnel car c'est bien de la mer toute entière que surgit l'horreur (n'oublions pas d'ailleurs qu'à la base c'est pour une raison technique).

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:33
par Rick Blaine
Major Tom a écrit : Ça reste une question de dosage. Polanski aurait pu montrer la bite de Kingsley quand Sigourney Weaver la sort de son pantalon dans La Jeune fille et la mort, mais non. Son propos s'arrête au strict nécessaire et ça se passe hors-champs.
Ce qui rejoint un peu ce que je disais finalement.
Sur l'exemple que tu cites avec l'autoroute, oui est non, car on est tout de même au cinéma, il peut être tout de même plus intéressant de ne pas montrer dans ce cas, si ça sert au mieux les intérêts de ce qu'on raconte.

Et puis je ne ralentis pas dans ces cas là sur l'autoroute, ça ne m’intéresse pas, et je pense même que ceux qui le font devraient être sévèrement châtiés! :twisted: :mrgreen:
Major Tom a écrit :si tu montres un mec en train d'avoir peur de ce qui se passe hors champ sans montrer le hors champ, tu finis avec un plan de ce type pendant cinq minutes en train d'essayer de faire comprendre au spectateur ce qui se passe
De manière générale, tout dépend, tu peux avoir peur parce que tu vois le mec avoir peur.
Perso dans la vie, si je vois une bête du genre de celle de la vidéo du chenil, je ne ferais pas le fier, par contre à l'écran bof. Donc il est peut-être plus payant de me montrer la peur de quelqu'un que sa cause.

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:42
par gnome
J'aime le film tel qu'il est mais pour reprendre cette simple scène, je pense que ne pas montrer la bête, jouer juste avec les bruitage en ne montrant que quelques tentacules dans l'ombre (les tentacules ça m'a toujours mis mal à l'aise... :mrgreen: ) aurait probablement généré un malaise nettement plus palpable que de montrer la transformation telle quelle. Ceci dit, on raccourcit la scène de 2 minutes dans ce cas...

Mais j'aime le film tel quel. Comme Hellrick, je n'y ait jamais collé aucun message, je ne lui en colle toujours aucun. Et je flippe chaque fois à mort lors de la scène du test sanguin...

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:45
par Major Tom
Rick Blaine a écrit :Donc il est peut-être plus payant de me montrer la peur de quelqu'un que sa cause.
http://www.youtube.com/watch?v=HyophYBP_w4

:mrgreen:

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:47
par Demi-Lune
Major Tom a écrit :
Rick Blaine a écrit :Donc il est peut-être plus payant de me montrer la peur de quelqu'un que sa cause.
http://www.youtube.com/watch?v=HyophYBP_w4

:mrgreen:
:lol:
Mais c'est que j'ai carrément envie de voir cette daube, moi, maintenant. :o

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:50
par Rick Blaine
Major Tom a écrit :
Rick Blaine a écrit :Donc il est peut-être plus payant de me montrer la peur de quelqu'un que sa cause.
http://www.youtube.com/watch?v=HyophYBP_w4

:mrgreen:
:mrgreen:

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:56
par Major Tom
Rick Blaine a écrit :Ce qui rejoint un peu ce que je disais finalement.
Oui comme quoi il est quand même plus nuancé. Mais sinon, attention de ne pas oublier qu'avec des principes comme ça, "c'est mieux quand on ne voit pas", on aurait pu se retrouver sans la scène de transformation du Loup-Garou de Londres (le plus grand moment du film) parce que... ça aurait été plus effrayant si on ne la voyait pas. :| Je vois bien Cathy nous la sortir celle-là. :mrgreen: N'oublions pas que The Thing part sur la même idée de performance technique: les créatures sont superbement monstrueuses. Les enlever représenterait une perte considérable au film qui repose quand même pas mal sur une série d'incroyables trucages. ;)

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:56
par ctiss
Dans le premier volet du documentaire " A history of horror with Mark Gatiss", John Carpenter est interrogé justement à ce propos et il critique vivement le style de tourneur.

Re: The Thing (John Carpenter - 1982)

Publié : 3 août 11, 13:59
par Rick Blaine
Major Tom a écrit :[Mais sinon, attention de ne pas oublier qu'avec des principes comme ça, "c'est mieux quand on ne voit pas", on aurait pu se retrouver sans la scène de transformation du Loup-Garou de Londres (le plus grand moment du film) parce que... ça aurait été plus effrayant si on ne la voyait pas. :|
Bien sur il y a un juste milieu. Mais la phrase de Polanski tel quel me paraissait justement un peu extrême.