
La Critique aujourd'hui
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
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- Machino
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Re: La critique aujourd'hui
Ah donc Moonlight est censé être une comédie musicale ? Je comprends pourquoi j'ai trouvé ça raté alors 

"On est juste une bande de glands qui n'a rien trouvé de mieux à faire de sa vie." (Colqhoun)
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Re: La critique aujourd'hui

Non, c'est moi qui n'ai pas prélevé assez large dans l'édito en question. Ciment faisait également référence, juste avant cet extrait, à l'accueil dithyrambique de La La Land.
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- Machino
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Re: La critique aujourd'hui
En tout cas, je trouve ce commentaire de Michel Ciment plutôt juste. Et je ne connaissais pas cette formule de Claude Chabrol - ça me rappelle une remarque que j'avais lue sur le forum Mad Movies, à propos de je ne sais plus quel blockbuster, où quelqu'un critiquait justement cet hyperbolisme de plus en plus courant : "C'est le meilleur film de l'année de la semaine" ^^
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- Alexandre Angel
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Re: La critique aujourd'hui
Michel Ciment tape juste lorsqu'il fustige la soumission de la critique au buzz. Plaie très contemporaine qui vient s'ajouter, à mon sens, aux papiers "peine-à-jouir" de ceux (souvent Libé et les Cahiers) qui se replient constamment sur une grille de lecture toute prête pour juger et commenter un film.
Mais il existe une autre tare à laquelle succombe, pour le coup, trop souvent Positif. J'ai lu la critique (sur deux pages) de Grave, de Julia Ducournau, film d'horreur français qui a l'air maîtrisé. Et bien, voilà typiquement le genre de papier qui m'insupporte à un degré presque équivalent à celui évoqué plus haut : la critique descriptive. Et que je commente ce que l'on voit dans le film, et que je compte sur toi, lecteur, pour piger la valeur du film rien que parce que je décris tout ce qu'il y a dedans
. Que ça m'énerve..
Mais il existe une autre tare à laquelle succombe, pour le coup, trop souvent Positif. J'ai lu la critique (sur deux pages) de Grave, de Julia Ducournau, film d'horreur français qui a l'air maîtrisé. Et bien, voilà typiquement le genre de papier qui m'insupporte à un degré presque équivalent à celui évoqué plus haut : la critique descriptive. Et que je commente ce que l'on voit dans le film, et que je compte sur toi, lecteur, pour piger la valeur du film rien que parce que je décris tout ce qu'il y a dedans

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Re: La critique aujourd'hui
Je ne lis plus les critiques qu'après avoir vu le film et me fie à des indices plus vagues pour savoir si je vais ou non voir un film.
D'abord, la fidélité aux auteurs aimés de manière plus ou moins fréquentes.
Ensuite, les BA, extraits, photos même si certaines font courir le risque de trop en savoir.
Enfin, les compte rendus plus rapides d'internautes lus en diagonale, les côtes de DVD classik qui peuvent être un indice précieux quand on connait les intervenants et leurs goûts.
L'édito de MC comme la citation de Chabrol sont très justes: j'ai beau avoir adoré La la land il faut raison garder car 2017 n'est pas terminée.Et soyons clairs: il n'y a pas un chef d'oeuvre par semaine.
Deux exemples:
1)Bonne intuition:
Quelques minutes après minuit de Bayona m'a appaté par son trailer il y a un an, son sujet énoncé à gros traits puis par les dessins illustrant le roman en plus de mon admiration envers L'orphelinat
2)Mauvaise intuition:
Je ne sentais pas Elle que ce soit pour le casting disparate, le matériau originel de Djian, la situation de Verhoeven et enfin les premières images...mais j'ai écouté la rumeur grandissante et hystérique en mai dernier et me suis bien planté: une soirée perdue qui sur petit écran ne serait pas allée au bout du film , je pense (45 mn maximum)
D'abord, la fidélité aux auteurs aimés de manière plus ou moins fréquentes.
Ensuite, les BA, extraits, photos même si certaines font courir le risque de trop en savoir.
Enfin, les compte rendus plus rapides d'internautes lus en diagonale, les côtes de DVD classik qui peuvent être un indice précieux quand on connait les intervenants et leurs goûts.
L'édito de MC comme la citation de Chabrol sont très justes: j'ai beau avoir adoré La la land il faut raison garder car 2017 n'est pas terminée.Et soyons clairs: il n'y a pas un chef d'oeuvre par semaine.
Deux exemples:
1)Bonne intuition:
Quelques minutes après minuit de Bayona m'a appaté par son trailer il y a un an, son sujet énoncé à gros traits puis par les dessins illustrant le roman en plus de mon admiration envers L'orphelinat
2)Mauvaise intuition:
Je ne sentais pas Elle que ce soit pour le casting disparate, le matériau originel de Djian, la situation de Verhoeven et enfin les premières images...mais j'ai écouté la rumeur grandissante et hystérique en mai dernier et me suis bien planté: une soirée perdue qui sur petit écran ne serait pas allée au bout du film , je pense (45 mn maximum)
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Re: La critique aujourd'hui
Moi j'ai simplement trouvé les gens avec qui je suis souvent d'accord et je m'en tiens à eux.
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Re: La critique aujourd'hui
Là-dessus, entièrement d'accord Michael Concrete. Récemment, à la sortie de la projo presse de Kong : Skull Island (non je ne suis pas Wontolla), un paquet de journalistes/twittos (des journalistes qui tweetent, donc) y est allé de ses petites formules chocs pleines de références, mais vides de sens en plus d'être mensongères sur la marchandise. Par exemple, lorsqu'un mec de 3 Couleurs et Cinemateaser parle du film comme un "truc pop à la Joe Dante", c'est purement mensonger. Mais le mec devait probablement être content de lui.Thaddeus a écrit :L’heure est plus que jamais à l’hyperbole où la critique et le marketing se confondent dangereusement.
Et c'est aussi le problème des réseaux sociaux, notamment lorsqu'ils limitent l'expression à 140 caractères maximum : il faut y aller vite et fort, quitte à écrire n'importe quoi.
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Re: La critique aujourd'hui
LOL ! Je confirmeRatatouille a écrit :Récemment, à la sortie de la projo presse de Kong : Skull Island (non je ne suis pas Wontolla)

hors ces échanges, HS et donc en passant, au-delà des qualités et/ou défauts du film, le voir en Imax 3D... c'est assez impressionnant.

- cinephage
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Re: La critique aujourd'hui
Le fait est qu'on ne privilégie plus aujourd'hui la lecture longue. On lit un avis de quelques lignes, on ne lit pas une critique qui fait 3 pages. Forcément, ça a un impact que ce qui est dit et comment c'est dit...
Après, concernant la remarque d'Alexandre Angel, il est vrai qu'il y a une catégorie de critique qui a quasiment disparu, c'est celle du critique qui essaie de construire une théorie esthétique du cinéma en tant qu'art... On peut lire des textes de Truffaut, Godard, Rosenbaum ou Kael qui ne décrivent presque rient du film qu'ils critiquent, mais qui s'attache à déconstruire la structure à l'oeuvre derrière le film, les références, l'implicite, le système narratif. Ce type de textes sont désormais vraiment rares (parfois Berthomieu s'y prête, mais je n'ai pas d'autre exemple en tête chez les jeunes critiques).
A l'inverse, la critique "descriptive", qui part du film et de ce qui y est montré pour élaborer un avis argumenté, voire une analyse de fond, est de plus en plus présente dans les diverses revues. Je m'y retrouve plus volontiers, parce que ça me permet de réévaluer mon avis, de repenser à ce que j'ai vu, de voir de choses que j'ai pu rater en premier visionnage. Mais c'est moins intellectuellement ambitieux que l'approche théorique dont je parle ci-dessus...
C'est peut-être lié à la façon dont le cinéma est enseigné dans les écoles, je ne sais pas...
Après, concernant la remarque d'Alexandre Angel, il est vrai qu'il y a une catégorie de critique qui a quasiment disparu, c'est celle du critique qui essaie de construire une théorie esthétique du cinéma en tant qu'art... On peut lire des textes de Truffaut, Godard, Rosenbaum ou Kael qui ne décrivent presque rient du film qu'ils critiquent, mais qui s'attache à déconstruire la structure à l'oeuvre derrière le film, les références, l'implicite, le système narratif. Ce type de textes sont désormais vraiment rares (parfois Berthomieu s'y prête, mais je n'ai pas d'autre exemple en tête chez les jeunes critiques).
A l'inverse, la critique "descriptive", qui part du film et de ce qui y est montré pour élaborer un avis argumenté, voire une analyse de fond, est de plus en plus présente dans les diverses revues. Je m'y retrouve plus volontiers, parce que ça me permet de réévaluer mon avis, de repenser à ce que j'ai vu, de voir de choses que j'ai pu rater en premier visionnage. Mais c'est moins intellectuellement ambitieux que l'approche théorique dont je parle ci-dessus...
C'est peut-être lié à la façon dont le cinéma est enseigné dans les écoles, je ne sais pas...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: La critique aujourd'hui
Très intéressante intervention de Cinéphage.
Je pense que dans Positif, Philippe Fraisse parvient à un équilibre entre les 2 pôles : il vise la première façon de faire tout en s'octroyant la possibilité d'user des moyens de la seconde.
Je pense que dans Positif, Philippe Fraisse parvient à un équilibre entre les 2 pôles : il vise la première façon de faire tout en s'octroyant la possibilité d'user des moyens de la seconde.
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Re: La critique aujourd'hui
Je vais prendre la défense de Renan Cros sur ce coup-là. Autant tu peux ne pas être d'accord avec lui, autant ne lui prête pas d'autre intentions que celles de s'exprimer. Il n'est clairement pas dans la pose et il est le dernier à jouer aux petit malin critique et encore moins à se mettre en avant à coup de punchline.Ratatouille a écrit :Là-dessus, entièrement d'accord Michael Concrete. Récemment, à la sortie de la projo presse de Kong : Skull Island (non je ne suis pas Wontolla), un paquet de journalistes/twittos (des journalistes qui tweetent, donc) y est allé de ses petites formules chocs pleines de références, mais vides de sens en plus d'être mensongères sur la marchandise. Par exemple, lorsqu'un mec de 3 Couleurs et Cinemateaser parle du film comme un "truc pop à la Joe Dante", c'est purement mensonger. Mais le mec devait probablement être content de lui.
Et c'est aussi le problème des réseaux sociaux, notamment lorsqu'ils limitent l'expression à 140 caractères maximum : il faut y aller vite et fort, quitte à écrire n'importe quoi.
Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
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Re: La critique aujourd'hui
Mais justement, trop de critiques décrivent sans qu'il y ait un avis au bout! Et ce n'est même pas une tendance toute contemporaine : ça fait longtemps que je le déplore. Alors certes il y a du texte, on est à des lieues des exemples à la sauce tweet évoqués plus haut et là on est sur des revues de fond mais quand je lis ce genre de texte, je m'emmerde. Une des grandes plumes de Positif pour moi est Alain Masson, qui donne l'impression au lecteur de participer à l'élucidation d'une enquête policière. On comprend comment fonctionne le film en question, de quel bois il se chauffe.. Et sans même que Masson ait à dire qu'une œuvre vaut le coup, nous le comprenons à sa façon de faire saillir des arcanes formelles qui sont les preuves de son intérêt artistique.cinephage a écrit :A l'inverse, la critique "descriptive", qui part du film et de ce qui y est montré pour élaborer un avis argumenté, voire une analyse de fond, est de plus en plus présente dans les diverses revues.
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Re: La critique aujourd'hui
Peut-être, mais il n'a pas l'air d'apprécier que l'on puisse ne pas être d'accord avec lui. Et en l'occurrence, je réitère : je trouve sa comparaison Skull Island/Joe Dante totalement à côté de la plaque. Mais s'il préfère rester dans son petit pré carré constitué uniquement de gens qui l'adulent et boivent ses paroles...pol gornek a écrit :Je vais prendre la défense de Renan Cros sur ce coup-là. Autant tu peux ne pas être d'accord avec lui, autant ne lui prête pas d'autre intentions que celles de s'exprimer. Il n'est clairement pas dans la pose et il est le dernier à jouer aux petit malin critique et encore moins à se mettre en avant à coup de punchline.Ratatouille a écrit :Là-dessus, entièrement d'accord Michael Concrete. Récemment, à la sortie de la projo presse de Kong : Skull Island (non je ne suis pas Wontolla), un paquet de journalistes/twittos (des journalistes qui tweetent, donc) y est allé de ses petites formules chocs pleines de références, mais vides de sens en plus d'être mensongères sur la marchandise. Par exemple, lorsqu'un mec de 3 Couleurs et Cinemateaser parle du film comme un "truc pop à la Joe Dante", c'est purement mensonger. Mais le mec devait probablement être content de lui.
Et c'est aussi le problème des réseaux sociaux, notamment lorsqu'ils limitent l'expression à 140 caractères maximum : il faut y aller vite et fort, quitte à écrire n'importe quoi.
Bref, c'est un autre sujet qui n'intéresse personne.

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Re: La critique aujourd'hui
Se voir répondre « sérieusement ? » à un tweet, tu reconnaîtras qu'il y a meilleurs moyens pour entamer une conversation ?!Ratatouille a écrit :Peut-être, mais il n'a pas l'air d'apprécier que l'on puisse ne pas être d'accord avec lui. Et en l'occurrence, je réitère : je trouve sa comparaison Skull Island/Joe Dante totalement à côté de la plaque. Mais s'il préfère rester dans son petit pré carré constitué uniquement de gens qui l'adulent et boivent ses paroles...
Bref, c'est un autre sujet qui n'intéresse personne.

Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
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