Je n'attendais pas grand chose du
Dahlia Noir et dans l'ensemble, j'ai bien eu l'impression d'assister à un foirage complet.
Je retire uniquement les bouts d'essai d'Elizabeth Short (Mia Kirshner, qui transmet une belle émotion trouble) qui parviennent à sonner juste, et c'est bien le paradoxe du film puisque la figure du Dahlia, morte, a plus de substance que tous les autres personnages réunis.
A part cela, on reste dans la superficialité et l'illustration d'un récit. Le début est beaucoup trop long, tant la tension peine à s'installer. Et De Palma n'est pas aidé tant le casting, à part Kirshner, est catastrophique. Hartnett et Eckhart, dont le jeu se résume à quelques mimiques, ne semblent jamais vraiment concernés, tandis que Johansson et Swank sont à côté de la plaque. Hillary, que j'apprécie énormément par ailleurs, ne sait pas jouer les femmes fatales, et est réduit à quelques poses maladroites. Quant à Scarlett, elle ne saisit pas la profondeur du personnage de Kay Lake, délicat et tragique dans sa fidélité. Cette légereté contribue à amoindrir la portée dramatique du film.
De Palma s'attache en permanence à entretenir l'illusion glamour du Los Angeles des années 1940, à travers une imagerie sophistiquée, parfois séduisante et souvent creuse. Le problème est qu'Ellroy balaye cette illusion dès les premières lignes de son Quatuor. Il est légitime qu'un réalisateur prenne des libertés, signe son univers et personnalise son film, mais dans le cas d'une adaptation assumée (c'est le cas), il y a une fidélité et un respect à tenir. Ce n'est absolument pas le cas et De Palma, souvent maladroitement, ne parvient jamais à donner une intensité tragique, urgente et désespérée. La fascination de Blanchard puis Bleichert pour le Dahlia est en effet expédiée, caricaturée, et le scénario est jalonné de déséquilibres qui achèvent de rendre le film bancal et non crédible. Je m'attendais aussi à une fin différente (commentaires lus ici et là) mais celle de De Palma est faible, sans nuances, donne bonne conscience au personnage de Bleichert sans aucune autre considération.
Dans les scènes les plus spectaculaires
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- la mort de Blanchard, la découverte de l'endroit ou a été tuée le Dahlia, l'arrivée de Bleichert chez les Linscott jusqu'au décès de Ramona)
on sent aussi une attirance de De Palma pour le grotesque (qui vire d'ailleurs à l'auto-parodie) qui provoque une belle incompréhension par rapport à l'oeuvre d'Ellroy. L'horreur tragique est omniprésente chez l'écrivain (et bien plus dans
Le Grand Nulle Part) mais celle-ci n'est jamais observée avec distance ou avec une quelconque fascination.
A partir du moment on introduit un recul, une légereté, et une certaine complaisance visuelle, l'ampleur dramatique se détruit d'elle-même.
En tant que film de De Palma,
Le Dahlia noir est boursouflé et peu inspiré et en tant qu'adaptation d'Ellroy, l'échec est intégral.
Je ne retiens donc pas grand chose de ce qui reste une très large déception.