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Publié : 14 mai 05, 18:39
par Bartlebooth
Alcatel a écrit :Je viens de voir Pauline à la plage, qui m'a convaincu de me tenir définitivement écarté de "l'oeuvre" de Rohmer. J'ai jamais vu autant de non-cinéma.
Alcatel a écrit :Franchement, y'a quoi à VOIR dans ce film ?
On peut être à côté et se contenter d'écouter des gens réciter le scénario, qui n'est même pas intéressant par lui-même. C'est comme si on me lisait un roman. Rohmer aurait mieux fait ainsi.
Lorsque la précieuse ridicule jouée par Arielle Dombasle parle de "brûler des feux d'amour" tandis que Marion va s'asseoir sur la margelle d'un foyer
éteint, l'image apporte un commentaire ironique et silencieux au dialogue. Il y a donc bien quelque chose à
voir ; et ce n'est qu'un exemple.
Le cinéma de Rohmer n'est pas plus bavard que celui de Scorsese, par exemple. Simplement, le dialogue n'y occupe pas la même fonction. Le verbe est action dans le cinéma américain (où il s'agit de convaincre, de se faire entendre, comme on tape du poing sur la table: "
Listen to me ! Let me tell you something !"). Tandis que ce qui intéresse Rohmer, c'est au contraire la parole vaine, la non-coïncidence des mots et des actes, les pièges du langage, riches de lapsus et d'actes manqués, par lesquels les héros rohmériens s'abusent sur la réalité de leur désir: "
Qui trop parole il se mesfait" (exergue de
Pauline à la plage), mais aussi : "
On ne saurait penser à rien" (sous-titre de
la Femme de l'aviateur).
En outre, le "problème" du dialogue reçoit chez Rohmer (comme chez Mankiewicz) une solution
visuelle : ses films reposent sur les décalages entre l'image et la parole, l'action et son commentaire, ce qui se voit et ce qui s'entend. Les quiproquos des
Comédies et proverbes cristallisent autour d'une
image trompeuse, source de méprise : le postier de
la Femme de l'aviateur a vu sortir un homme de chez sa petite amie ; Octave a cru voir Rémi avec la meilleure amie de Louise (
les Nuits de la pleine lune) ; Marion a aperçu une femme nue dans l'encadrement d'une fenêtre (
Pauline à la plage) : tous les trois en tirent des conclusions erronées.
Publié : 14 mai 05, 18:46
par AlexRow
Voila le post qui pouvait me donner envie de revoir Pauline à la plage. Je me redonnerai donc une chance de changer d'avis.
Publié : 14 mai 05, 18:51
par Bartlebooth
AlexRow a écrit :Voila le post qui pouvait me donner envie de revoir Pauline à la plage. Je me redonnerai donc une chance de changer d'avis.
Il faut bien reconnaître que c'est la plus "hard" des
Comédies et proverbes. Mais tente le coup avec
la Femme de l'aviateur (même si Roy surgit dans les trente secondes pour pousser un grand "Aaargh !") ou, mieux, avec
les Nuits de la pleine lune.
Publié : 15 mai 05, 07:58
par Jeremy Fox
Bartlebooth a écrit :AlexRow a écrit :Voila le post qui pouvait me donner envie de revoir Pauline à la plage. Je me redonnerai donc une chance de changer d'avis.
Il faut bien reconnaître que c'est la plus "hard" des
Comédies et proverbes. Mais tente le coup avec
la Femme de l'aviateur (même si Roy surgit dans les trente secondes pour pousser un grand "Aaargh !") ou, mieux, avec
les Nuits de la pleine lune.
Ou encore mieux :
L'ami de mon amie
Mais c'est vrai que pour moi aussi les expressions
anti-cinéma ,
non-cinéma sorties à tort et à travers commencent sérieusement à me faire monter l'adrénaline.
Ce n'est pas mieux que la lapidation de
l'incompris par le Monde il y a quelques années Alcatel
Et puis cinéma = images en mouvements me fait bien rigoler aussi.
La jetée de Chris Marker serait donc un non film également ?
Oui quoi, je suis un peu agacé

Publié : 15 mai 05, 09:17
par Momo la crevette
Jeremy Fox a écrit :
Oui quoi, je suis un peu agacée
Tellement agacé que ton coté féminin prend le dessus...
Momo
Publié : 15 mai 05, 15:24
par Leopold Saroyan
Alcatel a écrit :Du cinéma sans mise en scène, sans acteurs, sans montage et sans idée originale, j'appelle pas ça du cinéma.
Pas mal.
Alcatel a écrit :Le cinéma, c'est de l'image-mouvement. Y'a pas d'image et elle n'est pas en mouvement.
Collector's edition.
Publié : 15 mai 05, 15:34
par Fatalitas
Leopold Saroyan a écrit :
Alcatel a écrit :Le cinéma, c'est de l'image-mouvement. Y'a pas d'image et elle n'est pas en mouvement.
Collector's edition.
tu devrais la mettre en signature, Leopold

Publié : 15 mai 05, 15:35
par AlexRow
Alcatel a écrit :Le cinéma, c'est de l'image-mouvement. Y'a pas d'image et elle n'est pas en mouvement.
Je te conseille la Jetée de Chris Marker

Publié : 15 mai 05, 16:04
par Alcatel
Je l'ai vu, et celui-là est un chef-d'oeuvre.
Comment explique-t-on que je sois subjugué par la Jetée et que je m'emmerde devant Pauline à la plage ?
Publié : 15 mai 05, 16:14
par AlexRow
Peut-être pas l'absolue liberté de chacun et la très grande diversité des goûts en art comme en toute chose. Tu as parfaitement le droit de ne pas adhérer au cinéma de Rohmer. Je suis moi-même pas encore sûr d'aimer.
Mais j'ai envie d'approfondir la question. Je t'assure qu'il faut en tout cas essayer le voir l'Anglaise et le duc.
Publié : 16 mai 05, 12:24
par Roy Neary
Je suis loin d'être un admirateur de Rohmer, mais dire comme j'ai lu ici qu'il n'y a pas de direction d'acteur dans ses films m'apparaît comme un non sens total. C'est même justement le contraire et il n'existe aucun autre type de cinéma où les personnages s'expriment de cette manière. On pourrait dire la même chose de Bresson (les deux univers n'ont rien à voir bien sûr).
PS pour Bartlebooth (et Leopold) : La Femme de l'aviateur ? Aaaaaarrrrgggggghhh !!!!!
Publié : 16 mai 05, 15:32
par Bartlebooth
Roy Neary a écrit :PS pour Bartlebooth (et Leopold) : La Femme de l'aviateur ? Aaaaaarrrrgggggghhh !!!!!
Hmmmm... Les réflexes deviennent plus lents avec l'âge, mais ils sont toujours là, ça fait plaisir !
Publié : 1 juin 05, 20:04
par Art Core
Conte d'Automne d'Eric Rohmer.
C'est le premier Rohmer que je vois en entier. J'en ai vu pas mal en cours mais j'avais jamais eu le courage ou l'audace de tenter de regarder un des ses films. Et bien j'ai passé le pas. Les 5 premières minutes m'ont horrifiées, les acteurs sont tous simplement abominables, ils débitent un dialogue inepte en sonnant perpetuellement faux. La mise-en-scène quant à elle est digne de la moyenne du téléfilm France 3 Rhône-Alpes. Après ça j'étais persuadé de détéster et de ne plus jamais regarder un film de Rohmer de ma vie. Et bien contre mon grè j'ai été attiré par l'histoire et au final je ne me suis pas du tout ennuyé. Les acteurs restent tous globalement très mauvais, la mise-en-scène ne s'améliore pas mais il y a comme une magie qui s'est opéré et qui m'a fait m'intéresser à l'histoire du film et surtout à ces personnages. Je suis tombé amoureux de Marie Rivière qui je viens de le voir à beaucoup tourné avec Rohmer, il y a une simplicité et une beauté chez elle qui m'a étonné. Donc au final j'ai passé un moment agréable malgrè les scories sus-citées. J'aime beaucoup la fin qui semble dire, maintenant que le jeu, le vaudeville est fini, la vie peut commencer. C'est une jolie métaphore du cinéma (et c'est d'ailleurs bien la seule chose de purement cinématographique que j'ai trouvé dans ce film).
Je vais essayer de piocher dans ses premiers films la prochaine fois.
Publié : 1 juin 05, 20:08
par Jeremy Fox
Art Core a écrit :Conte d'Automne d'Eric Rohmer.
Et bien contre mon grè j'ai été attiré par l'histoire et au final je ne me suis pas du tout ennuyé. Les acteurs restent tous globalement très mauvais, la mise-en-scène ne s'améliore pas mais il y a comme une magie qui s'est opéré et qui m'a fait m'intéresser à l'histoire du film et surtout à ces personnages. .
Ne découlerait-elle pas justement de la mise en scène que personnellement je trouve très belle
Et ce n'est pas que l'interprétation soit mauvaise, c'est Rohmer qui décide de diriger ses acteurs comme ça.
Publié : 1 juin 05, 20:09
par Flol
Art Core a écrit :Les 5 premières minutes m'ont horrifiées, les acteurs sont tous simplement abominables, ils débitent un dialogue inepte en sonnant perpetuellement faux. La mise-en-scène quant à elle est digne de la moyenne du téléfilm France 3 Rhône-Alpes. Après ça j'étais persuadé de détéster et de ne plus jamais regarder un film de Rohmer de ma vie. Et bien contre mon grè j'ai été attiré par l'histoire et au final je ne me suis pas du tout ennuyé. Les acteurs restent tous globalement très mauvais, la mise-en-scène ne s'améliore pas mais il y a comme une magie qui s'est opéré et qui m'a fait m'intéresser à l'histoire du film et surtout à ces personnages.
Bon. Cela signifie-t-il que je devrais réessayer de tenir plus de 5mn devant un film de Rohmer ?