C'est marrant que tu opposes autant Bond et Diabolik car finalement le Bava veut lui ressembler. Même grandiloquence kitsch dans certains décors, même suggérés érotiques (les imprimés circulaires sur la vitre de la cabine de douche qui cachent commodément les seins et le pubis de Mell, ça vaut bien la dissimulation de la nudité d'Ursula Andress dans
Dr No), même dynamique musicale à base de guitares électriques et de chanson pop, mêmes méchants comploteurs (d'ailleurs qu'Adolfo Celi soit casté ne m'étonne même pas). C'est l'adaptation d'une BD populaire mais c'est aussi un film qui cherche à coller à ce qui était à cette époque la référence absolue du cinéma de divertissement/action (et les séquences d'action de
Diabolik font pitié, désolé de le dire).
AtCloseRange a écrit :il y a suffisamment de plans ou scènes qui à mon avis enterrent tous les James Bond (la discothèque, l'escalade, le "bain" de billets, le plan final).
Donc si je suis correctement ton raisonnement, ces exemples feraient de
Diabolik un meilleur film car ce sont des scènes ou des plans plus inattendus, plus stylés, plus bariolés et excentriques, que ce qu'offrent les Bond qui sont très classiquement réalisés. Sur le principe pourquoi pas, mais pour moi le Bava n'en reste qu'au stade des intentions mal concrétisées là où les Bond transforment l'essai même s'ils obéissent à un cahier des charges plus routinier. D'abord, je pourrais tout autant citer des pelletées de plans ou de scènes issues des Bond dont l'empreinte dans l’inconscient collectif prouve, ou du moins suggère, que leur impact visuel procède d'un style très marqué et marquant. A moins d'être vraiment fan hardcore du Bava, je vois mal comment on pourrait nier qu'une femme nue peinte en or sur un lit, que des batailles sous-marines d'hommes-grenouilles, qu'une base cachée dans un volcan, qu'un colosse avec une mâchoire de métal, etc etc, sont des images en carence de
style. Ensuite, les scènes que tu cites reposent sur le design du film et j'avoue ne pas comprendre en quoi la suprématie de la mise en scène de Bava est si évidente et ferait la différence. Le night-club avec ses lumières psychédéliques, le lit rotatif avec les billets, la caverne avec Diabolik prisonnier de l'or, tout ça c'est à mettre au crédit des décorateurs ou à l'esprit original de la BD. On peut reconnaître encore une fois à Bava son talent de coloriste baroque, mais à côté de ça sa réalisation n'a pas la rigueur de ses films d'horreur. Il met bien en valeur ses décors les plus extravagants, mais cette mise en valeur suffit-elle à estimer que c'est bien mis en scène ? Quand je vois tous les ratés techniques qui peuplent le film ou la direction d'acteurs inexistante, j'en doute sincèrement. Alors effectivement, on pourra toujours relever quelques "effets" stylistiques intéressants (mais maintenant datés), comme cette séquence animée de portrait-robot ou le plan à 360° qui introduit le générique. Mais c'est quand même très rachitique et à côté, même s'ils y vont moins à fond la caisse dans le délire décomplexé, et même s'ils sont moins expérimentaux dans la forme, les Bond font le boulot avec une efficacité souvent redoutable. Si le délire excuse tout, alors dans ce cas le
Batman de 1966 est génial.
D'ailleurs nanarland ne s'y est pas trompé
http://www.nanarland.com/Chroniques/Mai ... erdiabolik (enfin, eux soutiennent la thèse du "nanar volontaire")