Knock Knock de Eli Roth
Eli Roth n'est pas dans la liste des réalisateurs que j'apprécie, ses films sont des hommages à tout une partie du cinéma que j'aime, mais il n'arrive pas à rendre un hommage efficace au genre et pourtant je dois dire que Knock Knock fut une véritable surprise. J'ai vue tous ses films et on sent qu'il veut bien faire, qu'il a la passion, mais il n' a jamais l'étincelle, le truc qui fait qu'on passe un bon moment et avec Knock Knock il y arrive enfin pour mon plus grand plaisir. Le film part pourtant d'un postulat très classique: Evan Webber est un heureux père de famille et architecte. Il se retrouve seul chez lui pour la Fête des pères, ses enfants et sa femme étant partis à la plage pour le week-end. C'est alors que deux belles jeunes femmes, Genesis et Bel, sonnent à sa porte et s'immiscent dans sa maison puis dans sa vie. Le début est donc très sobre et je pensais que le film dériverait vers un Death Wish ou un Death Sentence et il n'en est rien en faite. Le début nous situe le personnage, son environnement, mais on rentre très vite dans le vif du sujet. J'aime beaucoup la rupture qui s'opère dans le film, du moment ou le personnage de Evan (Keanu Reeves) rencontre Bel (Ana de Armas) et Genesis (Lorenza Izzo), on sait que tout va partir en live. J'aime beaucoup le décalage entre Evan, qui apparait comme cool, décontracté et amusant quand il est avec ses enfants, et le type coincé, le père de famille quand il est seul avec les deux jeunes femmes. Elles, elles apparaissent délurées, folles et par moments on a limite l'impression d'avoir des gamines, chose que l'on pensera confirmé à un moment dans le film avant de découvrir des nouveaux éléments. Cette rencontre entre les trois personnages est très amusantes, très libres dans les propos, même si on voit bien que les deux femmes n'étaient pas subtiles, on le voit venir d'avance, c'est pratiquement évident. D'ailleurs j'étais déstabilisés par un élément tout bête, j'ai eu l'impression de voir une amie avec le personnage de Bel, elle lui ressemble, mais j'ai aussi eu l'impression de voir l'actrice Lexi Belle. Le monde de Evan et celui des deux femmes sont deux mondes particuliers et la rencontre des deux sera explosive.
Plus on avance dans le récit et plus on se dit que ça ne pourra pas être pire et en faite si. Evan est totalement dépassé par ce qui lui arrive et a raison. Les deux jeunes femmes ont du charme on ne va pas dire le contraire et quand on voit ce dont elles abusent pour séduire le personnage, on ne peut que le comprendre... comment ça non? ^-^ En tout cas le point de rupture avec la scène de sexe (où on peut admirer la plastique des actrices et le physique de Keanu (et je dois dire qu'il est sympathique ma foi) est très classique, mais intense. Après cette rupture, on tombe peu à peu dans le glauque, dans le malsain et d'ailleurs le coup de Bel appelant Evan Papa est très gênant, d'ailleurs à ce moment j'imaginais une révélation sur le lien entre Bel et son père, mais il n'en est rien. On ne sait pas grand chose des deux femmes, on a quelques bribes d'information, comme la manière dont elles font disparaitre les corps. On imagine quelques trucs, mais jamais on aura confirmation et bon ce n'est pas réellement dérangeant. Bon on me vendait le film comme un Rape & Revenge et pour moi il n'en est rien. Oui il y a des prédateurs sexuels, mais il n'y a pas de vengeance derrière, c'est tout le contraire, le réalisateur coupe le film avant cette vengeance, si un jour elle arrive. Non, Eli Roth développe le film sur la partie des abus d'un R&R et il se fait plaisir. On souffre autant que le héros, qui par moments ne nous apparaît plus comme le héros qu'il est, on entre en quelque sorte dans le jeu du duo. A plusieurs reprises on croit réellement que le jeu va stopper et que Evan va changer la donne et pourtant il n'en est rien. Le film est glauque et pourtant il ne se prend pas au sérieux du début à la fin. A plusieurs reprises on a droit à des éléments qui provoquent l'hilarité, je pense par exemple à la scène de la baie vitrée ou bien celle avec tous les sous-entendus des deux femmes et surtout à la scène avec facebook qui est complètement nawak.
Le réalisateur propose de nombreux éléments dans son récit qui peuvent nous déstabiliser, à plusieurs reprises on ne sait pas ce que l'on voit, si ce que fait subir le duo à Evan est justifié ou non, un peu à la manière de Hard Candy, ou si justement, comme pour Evan, on tombe dans un piège, attiré par des éléments attrayants. J'aime beaucoup le rythme du film, le réalisateur nous propose des montagnes russes du début à la fin et ce n'est jamais ennuyeux, contrairement à d'autres films du réalisateur, on ne voit jamais venir certains passages et on a même droit à quelques surprises, notamment dans la fin et le manque de justification qu'il y a sur les agissements du duo. Le film est violent, excessif par moments, c'est limite un film de sale gosse, mais à mon sens maitrisé vu qu'il n’épargne rien au personnage principal, il ne tente pas d'amoindrir l'impact de ce qu'il montre et ne fait pas uniquement de son duo, de simple coquille vide, on apprend à la connaitre, même si comme je l'ai déjà dit, jamais on ne sait ce qui les motive réellement.
La mise en scène du réalisateur est assez sobre, il n'y a pas un plan qui me parle plus qu'un autre, mais c'est bien mis en scène, c'est lisible et le tout est englobé d'une bande son assez sympathique. Bref c'est une bonne surprise, distrayante, avec des moments marrants, glauques et surtout une tension constante. Si vous n'êtes pas fan du réalisateur, je pense qu'il peut vous convaincre avec celui-ci, en tout cas moi j'aime et je lui donne la note de
8/10.