Buster Keaton (1895-1966)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Supfiction
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Re: Buster Keaton (1895-1966)

Message par Supfiction »

HAL 9000 a écrit : 15 mars 24, 12:51
Sportif par amour (1927)

Un intellectuel va être amené à faire ses preuves sportives pour plaire à l'élue de son cœur. Cet apprentissage n'est pas forcément couronnée de succès, pas plus qu'un passage éclair comme serveur dans un bar. Le simple fait que Keaton se donne le rôle du chétif qui ne fait pas de sport est très drôle car on voit bien à l'écran qu'il a un corps sculpté et musclé.

Même dans un film de série comme Sportif par amour (College), Buster Keaton instille une véritable poésie, un sens du burlesque en apesanteur. Le final, où Buster Keaton utilise tout l'éventail des disciplines sportives pour sauver la jeune fille, est le clou du film.
Les scènes de sport avec John Travolta dans Grease m’ont toujours fait pensé à ce Sportif par amour.
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Barry Egan
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Re: Buster Keaton (1895-1966)

Message par Barry Egan »

HAL 9000 a écrit : 15 mars 24, 12:51 Les Trois âges (1923)

Premier long-métrage de Keaton, Three Ages n'est pas le plus abouti ; variation parodique d'Intolérance (Griffith, 1916), une suite de sketches montre une love story contrariée (deux hommes se disputant la même femme- à l'âge de pierre, durant la période de l'Empire Romain et en 1920 (contemporain au film). Keaton fera bien mieux par la suite (Cadet d'eau douce, La croisière du Navigator, Le Mécano de la Général, Les Fiancées en folie). Surtout, nous sommes ici dans le registre de la parodie, ce qui décale un peu la perspective d'humour burlesque par rapport aux films suivants de Keaton.

Pour la période de l'Empire Romain, un soldat utilise la boucle de son casque comme antivol pour son char, ou consulte sa montre sur laquelle est intégrée un cadran solaire. Keaton se disait qu'ainsi, si la formule en long-métrage de marchait pas, il pourrait scinder le le film en trois courts-métrages exploitables séparément. Cependant, il n'aura pas besoin de ça : le film fonctionna bien auprès du public.
Je me suis régalé de tous ces anachronismes. Une comédie brillante et qui en soi est aboutie. Elle est plus ouvertement "drôle" que les films suivants où c'est plus du comique d'observation. Ici, c'est place aux gags d'abord et ça garde une grande fraîcheur !
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The Eye Of Doom
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Re: Buster Keaton (1895-1966)

Message par The Eye Of Doom »

C'est bien dans celui/ci où Keaton se rase au resto apres avoir vu une femme se "refaire une beauté "?
J'ai toujours trouvé ce trait d'humour excellent en phase avec l'oeuvre keatonienne qui fait peu de cas des convenances sociales (et de genre, comme on dit aujourd'hui)
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Barry Egan
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Re: Buster Keaton (1895-1966)

Message par Barry Egan »

Oui, c'est celui-là ! Je trouve au contraire que ce gag remet en cause une convenance : pourquoi l'homme ne peut pas lui aussi se refaire une beauté en public ? :mrgreen:
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The Eye Of Doom
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Re: Buster Keaton (1895-1966)

Message par The Eye Of Doom »

Barry Egan a écrit : 4 mai 25, 20:36 Oui, c'est celui-là ! Je trouve au contraire que ce gag remet en cause une convenance : pourquoi l'homme ne peut pas lui aussi se refaire une beauté en public ? :mrgreen:
Justement le sens de ma remarque...
Keaton, sans en avoir l'air, est souvent assez distancié des convenances sociales ou ici de genre. Celles ci existent mais cette existence n'est pas une justification. Keaton y applique le meme regard qu'il porte sur latopologie urbaine. Seul le rationnel et l'efficient fait foi.
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Barry Egan
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Re: Buster Keaton (1895-1966)

Message par Barry Egan »

Une éthique raccord avec la légendaire "neutralité" de son regard !
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Kikunosuke
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Re: Buster Keaton (1895-1966)

Message par Kikunosuke »

J'adore cet aspect sociétal de Keaton également.
D'ailleurs, si son personnage ne comprend pas les machines qui l'entourent, se prend donc toujours les pieds dans les câbles, et finit par inventer sa propre façon d'utiliser les objets, ce n'est pas parce qu'il est idiot, mais surtout parce que l'usage des objets est dicté par une norme sociale qu'il ne comprend pas.
Et quand la norme est balayée par la réalité objective du monde (la tempête qui balaye tout dans Steamboat Bill Jr ou le couple à la dérive dans Navigator), c'est sa manière rationnelle d'affronter la situation sans à-priori, et de faire ce qui lui semble logique, qui sauve la situation, ou du moins permet d'assurer le quotidien (dans le deuxième).

La façon dont il réinvente les objets fait ainsi écho à celle dont il jongle avec les normes sociales dans des gags comme celui du rasage. C'est donc l'origine même de son humour, jusqu'à ses gags les plus voyants et physiques, que cette incompréhension des normes sociales d'usages, de comportements et de bienséance !
Et ça donne une deuxième jambe à son cinéma qui n'est pas qu'un cinéma d'action et de cascades (et pourtant, le mécano de la générale lui suffit pour être l'un des premiers grands maitres du cinéma d'action haletant.. tout en étant tordant), mais aussi un cinéma profondément émouvant, et presque satyrique, d'inadaptation sociale. D'ailleurs, les 3 âges, ce n'est que de la satyre, en replaçant nos codes sociaux dans des environnements inappropriés. C'est du Chabat/Astier version muet en quelque sorte.

C'est l'un des rares auteurs de "comédie" qui peut me toucher à travers le rire, tant son sens du gag fait souvent écho à des choses personnelles, qui d'ailleurs touchent sans doute tous les cinéphiles que nous sommes. Sherlock Junior, l'angoissé timide qui vit sa vie à travers le rêve que lui procurent les films, c'est l'un des plus beaux portraits "méta" de cinéphile.
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