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PORTRAIT OF A MOBSTER. Joseph Pevney. 1961
Avec Vic Morrow (Dutch Schultz), Leslie Parrish (Iris Murphy), Peter Breck (Frank Brennan), Norman Alden (Bo Wetzel) et Ray Danton (Legs Diamond).
Je ne rentre pas dans les détails de l'intrigue même en guise d'introduction...Trop de spoilers. C'est un classique : L'ascension et la chute d'un petit truand devenu un important
parrain New-Yorkais.
C'est le portrait romancé du gangster Arthur Flegenheimer (6 août 1902 - 24 octobre 1935) dit Dutch Schultz. A la fin des années 50 et dans les années qui suivront, le film de
gangsters en vogue dans les années 30, fit un retour sur les écrans. On verra alors de nombreuses biographies filmées de Gangsters des années 30 ayant réellement existé.
Pour citer quelques films marquants, il y aura :
Baby face Nelson de Don Siegel en 1957
Mitraillette Kelly de Roger Corman en 1958
Al Capone de Richard Wilson en 1959
La chute d'un caïd de Budd Boetticher en 1960 (sur Legs Diamond)
Celui ci est un des meilleurs et...pas le plus connu.
l'interprétation :
Vic Morrow est absolument formidable dans le rôle de Dutch Schultz. Il nous montre les multiples dimensions de cette personnalité hors du commun. Au départ, c'est une petite frappe
sans complexes du quartier du Bronx et il conservera jusqu'au bout l'agressivité et la violence du malfrat des rues malgré qu'une fois la réussite venue il passera plus de temps derrière
un bureau qu'un flingue à la main. Il tue...torture les bootleggers qui refuse de céder leurs affaires. Plein de morgue et fort en gueule, il provoque sans prendre aucunes précautions
les autres parrains de New-York, notamment les italiens qu'il ne cesse d'humilier.
C'est aussi, dans la grande tradition du portrait du gangster, un être vaniteux. Il faut voir comme il s'impose pour chanter dans un club huppé devant un public soi-disant conquis malgré
une voix de casserole...Mais il se dégage parfois du personnage un charme inattendu quand par exemple on le verra hésitant, maladroit et timide face à sa future compagne...et pourtant
plus tard il l'a traitera avec une vulgarité incroyable.
On pense à Rod Steiger mais un Steiger qui aurait décidé de garder les poses et les grimaces pour les jours de carnaval...
Peter Breck est en revanche le point faible du film. Il n'est pas aidé il est vrai par le personnage de flic un peu lâche et faible qu'il incarne après qu'il ai été brisé moralement par Schultz...
pour une raison dont je ne dirais rien.
Enfin, dans une petit rôle, on retrouve Ray Danton qui reprend son personnage de Legs Diamond qu'il tenait déjà mais en tant que tête d'affiche quelques années plus tôt dans "La chute d'un
caïd" de Budd Boetticher. Ici, c'est presque une apparition mais il trouve le moyen de se faire agréablement remarquer.
Le scénario qui suit l'ascension (très romancée) de Schultz est sans failles sauf pour pour la romance quasi obligatoire qui réunit comme par hasard un trio de personnages improbables. Encore
un de ces fameux hasards qu'on doit à des scénaristes manquant un peu d'imagination. Un peu agaçant mais pas très grave quand le reste tient la route et ici c'est le cas. Et d'ailleurs l'aspect
privé de la vie de Schultz sera nettement plus intéressante que ces prémisses dans la suite du récit.
A mi-chemin entre les activités du gangster et sa vie privé, la relation d'amitié avec Bo Wetzel, l'ami d'enfance, sera l'un des aspects les plus intéressants du film. Le personnage est plus qu'un
homme de main, c'est l'homme de confiance et pour Schultz, son porte bonheur (volontairement énigmatique). Habituellement, je n'aime pas beaucoup l'interprétationite, une maladie du
critique de cinéma lecteur occasionnel de tonton Freud, qui trouve des sous entendus homosexuels un peu partout...J'en ai lu quelques uns qui en voient décidément partout...mais ici on ne peut
pas ne pas y penser, surtout avec ce final extraordinaire digne du "Duel au soleil" de Vidor.
Au final, la voix off pourra compter les points et nous dire que cette fin prématurée est le lot de tous ces malfrats. Il nous indique la date de naissance et de décès de Dutch Schultz et le flic falot
et lache, incarné par Peter Breck, saisissant le chapeau de Schutz le laissera tomber dans le caniveau. Entrainé par l'eau courante, on le verra plonger dans l'égout le plus proche.
Et Dutch, en enfer ?
Mise en scène solide de l'expérimenté Joseph Pevney mais pas spécialement remarquable. Il a réalisé 5 ou 6 autres polars/Noirs que j'aime assez. J'y reviendrais plus tard.
Vu en VOST. Passé à la TV chez nous.