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Publié : 25 févr. 06, 12:00
par Ouf Je Respire
Jack Sullivan a écrit :Ouf je suis un âne a écrit :
Je retourne voir "Le Nouveau Monde" aujourd'hui. Par besoin.
Je n'ai toujours pas pu le voir. Donc je te hais. Par besoin aussi.
Tu as vu "La Double Vie de Véronique" en salles, et tu l'as déjà en DVD. Donc je te hais. Aussi.
Publié : 25 févr. 06, 12:16
par tronche de cuir
Strum a écrit :Gounou, Malick ne fait pas
table rase de tous discours philosophique, puisqu'il adhère à une philosophie, et donc à un discours philosophique. Ensuite, effectivement, son film ne discourt pas sur la philosophie, il
est philosophique. C'est le mot
table rase qui a motivé mon intervention.
Edit: je viens de voir ton post, Trelko. Je suis d'accord, c'est un "geste de cinéma".

Malick cherche le point de rupture du discours. En d'autre termes, il cherche le sublime. C'est une démarche profondément philosophique.
Publié : 25 févr. 06, 14:00
par Max Schreck
Rah, déçu je suis.

Je ne sais pas ce qu'il aurait fallu pour que je "rentre dedans", comme on dit. J'étais pourtant super bien disposé. J'admire sincèrement ses précédents films, les échos super positifs m'avaient bien chauffé, j'étais prêt à toutes les expérimentations de narration libre, je reste toujours curieux de suivre les carrières de Colin Farrell et Christian Bale...
Ça commençait plutôt très bien, je me laisse porter par les premières images énigmatiques, le rendu de la lumière sur la Nature, j'hallucine des beautés du score de James Horner, de l'utilisation spectaculaire de Wagner et Mozart... Q'orianka Kilcher offre une performance époustouflante, magique et précieuse. Et puis, je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Je me suis rendu compte que j'étais toujours sur le seuil, attendant qu'une porte s'ouvre enfin. Je finissais par constater que Malick n'avait pas grand chose à raconter. Okay les hommes, la Nature et sa conquête. Impression de grosse redite en moins fort par rapport aux films précédents. La romance est plutôt légère, la dimension historique pas trop poussée (alors que les moyens sont là). J'ai bien compris que
là n'était pas le sujet de Malick mais rien n'y a fait.
Je n'y ai pas pensé tout de suite mais j'ai eu en fait l'impression d'avoir affaire à une sorte de bande annonce ultra longue (et ce n'est pas de la mauvaise foi de ma part), avec ces enchaînements abrupts, ce jeu avec la temporalité, ces souvenirs éclairs, etc. L'impression que le film est un montage de petits segments mais qu'il n'a pas vraiment de début ni de fin, pourrait commencer plus tôt, s'achever plus tard, durer 4h ou 20 minutes. Il y a clairement eu de la coupe sauvage au montage (John Savage et ses 30 secondes de présence)... J'en viens à conclure que c'est cette volonté radicale de jouer sur l'ellipse qui m'a empêché de rentrer dans ce monde.
Je n'ai pas eu de prise sur le film. La relation entre John Smith et Pocahontas est sans doute ce qu'il y a de plus beau dans le film, et je ne nie pas que j'ai été ébloui par certains passages vraiment sublimes, mais je demeurais dans l'attente de quelque chose et rien ne semblait vraiment se détacher. J'ai trouvé le personnage de Bale absolument inintéressant, pas touchant.
J'espère que je ne me montre pas absusivement sévère et que ma déception est perceptible.
Publié : 25 févr. 06, 16:12
par Roy Neary
Max Schreck a écrit :J'espère que je ne me montre pas absusivement sévère et que ma déception est perceptible.
Non pas du tout.
D'ailleurs tu me rappelles la seule grande réserve que j'aurais à formuler sur ce film. Ce montage particulier qui fait penser qu'intervertir des scènes n'aurait rien changé à l'ensemble, de même qu'augmenter ou raccourcir la durée du métrage dans de grandes largeurs. C'est sans doute le style qui veut ça mais il est évident que nombre de gens parleraient de facilité à ce niveau.
Publié : 25 févr. 06, 18:02
par Alfred Kralik
Beaucoup aimé, si ce n'est l'utilisation redondante du Cto 23 de Mozart souvent mal à propos à mon avis.
Il y a une volonté commerciale d'exploitation de ce "tube" du génial compositeur semble-t-il : je cherche une explication...
Effectivement très drôles les avis relevés ici et là concernant la "sublime musique de J.Horner" qui, apparemment n'a fait que plaquer quelques tapis de cordes ponctuels.
Reste un beau film mélancolique, moins bon toutefois que les précédents.
Farrel bien dirigé peut être un bon acteur.
Et ça, c'est une bonne surprise.
Publié : 25 févr. 06, 18:54
par Zelda Zonk
VISCONTIEN a écrit :Il y a une volonté commerciale d'exploitation de ce "tube" du génial compositeur semble-t-il : je cherche une explication...
Je ne pense pas que ce soit une "volonté d'exploitation commerciale" délibérée, mais c'est simplement l'un de ses plus beaux concertos, sinon le plus beau (à mon sens), notamment l'adagio, et il n'est pas étonnant qu'il soit si souvent utilisé au cinéma.
Un peu comme la symphonie de Malher.
Publié : 25 févr. 06, 19:33
par Art Core
Max Schreck a écrit :Rah, déçu je suis.

Je ne sais pas ce qu'il aurait fallu pour que je "rentre dedans", comme on dit. J'étais pourtant super bien disposé. J'admire sincèrement ses précédents films, les échos super positifs m'avaient bien chauffé, j'étais prêt à toutes les expérimentations de narration libre, je reste toujours curieux de suivre les carrières de Colin Farrell et Christian Bale...
Ça commençait plutôt très bien, je me laisse porter par les premières images énigmatiques, le rendu de la lumière sur la Nature, j'hallucine des beautés du score de James Horner, de l'utilisation spectaculaire de Wagner et Mozart... Q'orianka Kilcher offre une performance époustouflante, magique et précieuse. Et puis, je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Je me suis rendu compte que j'étais toujours sur le seuil, attendant qu'une porte s'ouvre enfin. Je finissais par constater que Malick n'avait pas grand chose à raconter. Okay les hommes, la Nature et sa conquête. Impression de grosse redite en moins fort par rapport aux films précédents. La romance est plutôt légère, la dimension historique pas trop poussée (alors que les moyens sont là). J'ai bien compris que
là n'était pas le sujet de Malick mais rien n'y a fait.
Je n'y ai pas pensé tout de suite mais j'ai eu en fait l'impression d'avoir affaire à une sorte de bande annonce ultra longue (et ce n'est pas de la mauvaise foi de ma part), avec ces enchaînements abrupts, ce jeu avec la temporalité, ces souvenirs éclairs, etc. L'impression que le film est un montage de petits segments mais qu'il n'a pas vraiment de début ni de fin, pourrait commencer plus tôt, s'achever plus tard, durer 4h ou 20 minutes. Il y a clairement eu de la coupe sauvage au montage (John Savage et ses 30 secondes de présence)... J'en viens à conclure que c'est cette volonté radicale de jouer sur l'ellipse qui m'a empêché de rentrer dans ce monde.
Je n'ai pas eu de prise sur le film. La relation entre John Smith et Pocahontas est sans doute ce qu'il y a de plus beau dans le film, et je ne nie pas que j'ai été ébloui par certains passages vraiment sublimes, mais je demeurais dans l'attente de quelque chose et rien ne semblait vraiment se détacher. J'ai trouvé le personnage de Bale absolument inintéressant, pas touchant.
J'espère que je ne me montre pas absusivement sévère et que ma déception est perceptible.
Tu reflètes exactement ce que j'ai pensé du film (sauf pour le personnage de Bale que je trouve vraiment intéressant) même si plus le film mûrit en moi, plus j'ai l'impression de rentrer dedans rétroactivement. D'avoir goûté à l'élixir mais que son effet n'est pas immédiat. Une seconde revision la semaine prochaine devrait confirmer ou infirmer cette impression.
Publié : 25 févr. 06, 20:04
par Ouf Je Respire
Revu.
Cette deuxième vision m'a permis de voir ce film dans de meilleures conditions techniques (image au top) et mentales (moins de pression liée à l'attente). Et là, en effet, toute retenue de ma part s'est estompée: les larmes montent, puis coulent. J'ai vu un film qui change ma vision de mon existence, et qui m'aide à me construire. J'attendais un tel film depuis 7 ans.
Publié : 25 févr. 06, 20:08
par John Ryder
Ouf je suis un âne a écrit :Revu.
Cette deuxième vision m'a permis de voir ce film dans de meilleures conditions techniques (image au top) et mentales (moins de pression liée à l'attente). Et là, en effet, toute retenue de ma part s'est estompée: les larmes montent, puis coulent. J'ai vu un film qui change ma vision de mon existence, et qui m'aide à me construire. J'attendais un tel film depuis 7 ans.
C'est beau.
Publié : 25 févr. 06, 20:09
par Jack Sullivan
RRRRRRRHHHHHHHAAAAAAAAAAAA ç'en est trop!
Publié : 25 févr. 06, 21:13
par Joe Wilson
Magnifique film que Le Nouveau Monde: Malick parvient encore une fois à éblouir et transmettre une émotion intense, un ressenti inoubliable, face auxquels les quelques faiblesses de l'ensemble ne pèsent pas lourd.
Ce qui me semble décisif est la croyance absolue de Malick envers le médium que représente le cinéma, retranscrite avec une telle sincérité que certains moments qui auraient pu être quelconques se révèlent sublimes.
Un souffle irrigue en permanence Le Nouveau Monde, celui d'une nature régénératrice: l'enjeu pour les hommes selon Malick est l'entretien d'un rapport quasi fusionnel avec celle-ci, la recherche d'une transcendance et d'une pureté absolues. Les scènes presque irréelles entre John Smith et Pocahontas sont à cet égard superbes, elles représentent cet élan intérieur qui anime les êtres, cette communion fugace entre l'homme et la nature. Le talent de Malick est de parvenir par sa mise en scène à faire ressentir ses aspirations: l'équilibre semble toujours miraculeux, mais la beauté visuelle, l'intensité de la lumière et la délicatesse des plans participent à cette recherche artistique d'une transcendance. Malick sait cet idéal inaccessible, mais son tour de force est de rendre cette tentative à la fois naive (terme employé ici dans un sens entièrement positif) et bouleversante. En cela, l'impression que laisse Le Nouveau Monde est toujours difficile à expliciter en mots, puisque le récit ne reste toujours qu'une surface dans laquelle s'immisce des angoisses, un questionnement, un murmure adressé aux sens.
Le rythme du film épouse une respiration ample: l'utilisation de l'ouverture de l'Or du Rhin est ainsi en complète adéquation avec cette sensation de fluidité. La phrase musicale exprime une naissance avec une dimension orchestrale de plus en plus soutenue. Utilisée à trois moments-clés, elle provoque des frissons grâce à son expression formidablement cinématographique. Le pauvre James Horner a d'ailleurs du mal à soutenir la comparaison, son score étant parfois correct mais souvent insignifiant (réserve cependant mineure à mes yeux).
Le personnage de Pocahontas/Rebecca est le coeur du film, sa palpitation intime: le visage magnifique de Q'orianka Kilcher parvient à révéler l'émerveillement puis le manque et la nécessité d'une autre acceptation de soi. Si Le Nouveau Monde se rapproche en de nombreux points des Moissons du Ciel, notamment au niveau d'un triangle amoureux, le parcours de Q'orianka Kilcher se rapproche de celui de Linda Manz, témoins et actrices d'une rencontre et d'un conflit, contraintes de se reconstruire à partir d'un renoncement. Dans ce sens, la dernière partie du Nouveau Monde me procure une émotion comparable au final des Moissons du Ciel. Le carcan de l'Ancien Monde malgré une beauté plastique intacte et l'étouffement de "Rebecca" finit par magnifier cette impression de rêve de la première partie. Elle vit sur un souvenir, ce qui semble une parenthèse intemporelle: le cinéma de Malick quitte la contemplation pour le ressenti d'un asséchement. Ce passage est pourtant nécessaire pour une renaissance, celle d'une humanité dépouillée d'un idéal mais conduite par cette rupture vers la conscience d'une fragilité poignante.
Publié : 25 févr. 06, 23:22
par Jeremy Fox
La Ballade sauvage (Badlands) le faisait pressentir ; Les Moissons du ciel (Days of Heaven) venait le confirmer ; La Ligne Rouge (The Thin Red Line) l’entérinait ; 4ème film seulement en 36 ans, Le Nouveau Monde assied définitivement Terrence Malick au rang des plus grands poètes-peintres-cinéastes de l’histoire du 7ème art. L’histoire vraie des amours de Pocahontas et du Capitaine John Smith, qui, grâce surtout aux studios Disney a été connue du grand public, sert aussi ici de tremplin à une réflexion contemplative sur l’homme en rapport à la nature et à ses semblables. Mais qu’on ne s’y trompe pas, The New World s’adresse avant tout à nos sens plus qu’à notre intellect ; pas de discours puisque Malick réalise surtout un poème élégiaque envoutant, ample et d’une sensualité de tous les instants ; sa caméra toujours en mouvement, caresse les peaux, les herbes, s’envole dans les cieux, au sommet des arbres, plonge dans les eaux claires, tombe amoureuse de la nature qui l’entoure et de la jeune et époustouflante Q’Orianka Kilcher, superbe actrice très bien secondée par Christian Bale et Colin Farrell, tous deux également parfaits. La magie opère de la première à la dernière seconde pour celui qui aura été hypnotisé par ce film que l’on ressent paradoxalement à la fois empreint d’une grande liberté et totalement maîtrisé dans ses moindres détails. Chef-d’œuvre porté par un souffle unique qui l’irrigue de bout en bout, par un remarquable montage toute en ellipse et pourtant d’une fluidité étonnante, par une photographie à couper le souffle et par une utilisation de la musique qui finit de nous terrasser d’émotion. Certes Wagner et Mozart y sont pour beaucoup mais même James Horner, qui ne brille habituellement pas par sa légèreté, sort grandi de sa collaboration avec Malick et nous livre surement sa plus belle partition. Le lyrisme teinté de naïveté du réalisateur emporte tout sur son passage chez ceux qui arrivent à le suivre dans ses envolées. Certains autres ne décollent pas et restent sur le carreau, il faut quand même le savoir. Mais les fans lui trouvent un seul défaut, et de taille : ils se demandent comment ils vont pouvoir ressentir à nouveau une émotion aussi intense, comment le réalisateur va-t-il lui même pouvoir rivaliser avec un tel sommet. Un sommet à l’image de son final, harmonieux, délicat, bouleversant et touché par la grâce ! Mais trêve de prose dithyrambique qui risque d’en faire fuir certains ; il est très difficile de parler d’un film qui s’adresse avant tout à nos sens, le mieux est de tenter de vous laisser happer par cette œuvre unique.
Publié : 25 févr. 06, 23:40
par Ouf Je Respire
Jack Sullivan a écrit :RRRRRRRHHHHHHHAAAAAAAAAAAA ç'en est trop!
zut, j'ai oublié de te faire des captures! A la prochaine séance peut-être

Publié : 25 févr. 06, 23:54
par Jack Sullivan
La tondeuse de mon mépris ratiboise le gazon de ta mesquinerie. Humpf.
Publié : 26 févr. 06, 00:27
par kayman
Ouf je suis un âne a écrit :J'attendais un tel film depuis 7 ans.
7 ans ? La Ligne Rouge ?